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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

29 mars 2010

Robert Samedi 20 Mars 1976 vacances de Pâques 1

Samedi 20 Mars 1976 vacances de Pâques 1

 

- Tu vas encore allé en vacances avec le colon ?

- Comment veux-tu que je le sache ?

 

Allongé, à plat ventre sur mon lit, appuyé sur mes coudes, la tête posée sur mes mains, je regarde Claude tasser son oreiller et sa couette dans son placard. J'attends qu'il ait fini ses bagages pour descendre déjeuner avec lui.

Aujourd'hui l'école se vide de 99 % de sa population, seuls les punis et ceux que les parents ne peuvent récupérer restent, dont normalement je fais parti...

 

La porte de la cave est ouverte, je regarde vers l'appart, Isabelle me fait signer de monter. J'attrape Claude par

la manche.

- Viens !

 

C'est Gisou qui nous accueille.

- Ah, tu as emmené Claude avec toi.

Il a droit à la bise lui aussi. Nous nous déchaussons et nous la suivons dans la cuisine, les filles sont à table. Isabelle plisse les yeux en regardant Claude méchamment puis se lève et quitte la cuisine.

- Je crois qu'elle t'en veut toujours.

- La faute à qui ?

- A Aline peut-être ?

Je vois son poing se serrer, mais je lui lance un grand sourire, ici je suis en sécurité.

- Vous comptez manger debout ? Robert prend le tupperware rouge dans le frigo, c'est le gâteau fromager, je pense que vous pourrez me le finir, les filles n'ont pas aimé et si Richard mange tout, il va être malade.

Dans la grosse boîte ronde il reste les trois quart du gâteau et des parts qui ont la pointe en moins.

- Et donc nous, si nous mangeons tout ça, nous ne serons pas malade? (Gisou veut m'enlever la boîte. Je l'éloigne dans l'autre sens.) Mais je je n'ai pas dit que nous ne voulions pas être malade !

Véro se lève et va poser son bol dans l'évier.

- Maman ces mecs ce sont de vraies poubelles à pattes !

- Véronique ton langage !

- Quo ? Je n'ai rien dit de mal ? Elle fixe sa mère quelques secondes. Oh ! Les hommes, non ces garçons car pour moi ce ne sont pas encore des hommes sont de vraies poubelles. J'suis contente de ne pas être un mè.. un garçon.

- Moi, ça me va d'être une poubelle tant que cela me permet de me régaler, il est très bon ton gâteau Gisou.

- Oui madame je confirme, il est très bon.

- Et des fayots en plus ! Vous me dégoûtez.

Gisou passe derrière moi pour aller dans le placard ranger un torchon puis me fait pencher la tête sur la côté.

- Tu as des boutons toi ?

- Oui hélas, mais pas trop sur la figure pas comme certains.

- Claude ton train est à quelle heure ?

- A quinze heures madame.

- Gisou tu crois que je pourrais avoir le droit de l'accompagner ?

- Faut que tu vois avec Richard.

 

 

Sur le quai de la gare il fait une chaleur étouffante.

- Purée que j'aimerais partir avec toi.

- Purée que je suis content de partir sans toi.

- Ah ! ah ! bin ne me demande plus jamais de te passer mes classeurs. Et contrairement à toi Anaïs aurait-été contente de me voir.

 

 

C'est la première fois que je suis hors de l'école tout seul, j'ai l'impression d'être... je ne sais pas quoi mais différent. J'essaie de paraître le plus grand possible. Dans une vitrine je me vois. A l'école, à part au-dessus des lavabos il n'y a pas de miroir. Ça va, je me plais, j'suis pas trop mal. Dans le magasin justement il y a des filles, je leur souris, elles doivent croire que c'est pour elles que je me suis arrêté, oh quel con ! Je pique un sprint jusqu'au coin de la rue. Pourquoi ? Je ne sais pas. Honte d'avoir été surpris, peut-être.

De toute façon, ce sont des gamines plus jeunes que moi, elles ne m'intéressent pas.

Je rajuste ma tenue puis je mets les mains dans les poches, ça fait plus cool et je rentre lentement à l'école. J'ai hâte de vieillir.

 

 

- Qu'est-ce que tu faisais hors de l'école toi ?

- J'ai accompagné D' Aureilhan à la gare.

- Et depuis quand as-tu plus de seize ans, toi !

- J'ai l'autorisation de mon tuteur.

- Mais oui, bien sûr, viens un peu ici, mon gars !

J'ai beau répéter au capitaine Gâche que j'ai reçu l'autorisation, rien ni fait. Je me retrouve traîné par le bras en salle de permanence où les punis travaillent.

- Monsieur Landrieu donnez donc des feuilles à cet animal qu'il me noircisse au moins six feuilles de son explication au fait d'être sorti de l'école sans autorisation et ce soir pas de repas pour vous jeune homme et j'y veillerai personnellement . Puis avec sa tendresse toute personnelle il me balance derrière un bureau où il jette un stylo piqué au petit quatrième devant moi, et le tas de feuilles.

J'ai renoncé à me défendre et à m'expliquer de toute façon,il ne m'écoutera pas.

Je réfléchis à comment je vais remplir ces feuilles. D'abord je demande au petit, un stylo rouge et avec, j'écris en gros sur chaque feuille un mot ou plusieurs de cette phrase :" J'avais l'autorisation écrite du colonel pour sortir du lycée." Je rends les stylos au gamin puis me lève et vais tendre mes feuilles au capitaine qui devient aussi rouge que mes écrits.

- Ah ! tu te crois malin, tu te crois intelligent, tu as quinze ans, avec ou sans autorisation tu n'as pas le droit de sortir de ce bahut ! (Là, je crois que j'ai les oreilles débouchées pour quelque temps, tellement il a hurlé.) En slip de suite !

(Quoi ? Il a pété une durite ou quoi ?) Dépêche-toi ou je le fais moi-même.

- On a pas le droit d'aller courir au soleil mon capitaine.

Bon, même protégé par Richard je préfère m'exécuter, tellement je le sens capable de frapper.

Traîné par le cou, il m’emmène jusqu’à l'escalier central.

- Tu vas jusqu'en haut puis tu descends jusqu'en bas en courant. Et tu as intérêt à courir mon gars.

Monter les trois étages ça va, descendre les cinq étages ça va, mais les remonter c'est plus dur. Quand je passe devant lui un peu trop lentement à son goût, je prends un coup dans le dos qui m'envoie valser sur les marches. Je me mords la lèvre et accélère. Quand je descends, je rase le mur loin de lui. Le retour est lent mais je puise le peu d'énergie qui me reste pour passer devant lui en courant. Dernière descente, j'espère. En bas la main posée sur la rambarde, je reprends mon souffle mais je l'entends m'intimer de me dépêcher, de toute façon mes fringues sont là-haut.

- Qu'est-ce que tu fous dans cette tenue ?

Je regarde le colon.

- C'est Gâche. il m'a puni, je dois monter et descendre en courant.

- Encore ! Sa dernière marotte depuis qu’il ne peut plus vous faite satelliser.

Je commence à remonter. Richard me double, son pas est plus lourd que le mien, surtout que je suis en chaussettes mais actuellement, largement plus rapide.

Quand j'arrive Richard a, dans une main mes vêtements et dans l'autre les feuilles. Gâche est au garde à vous, il ne me jette même pas un regard.

- Prends tes pompes et vas à l'appart, file ! je commence à m'habiller. Non disparaît !

Je ne me le fais pas dire deux fois. Je m'habille en bas, l'oreille restée à l'étage mais je n'entends rien. Je suis déçu.

La porte de la cave est fermée. Je dois sortir du bahut pour aller sonner de l'autre côté... Cohen me laisse passer sans problème.

 

C'est Véro qui m'ouvre, elle est seule, Gisou n'est pas là, elle est au docteur pour Coco et Fanfan qui ont plein de boutons. Isabelle et Yvy sont chez des copines.

Je fanfaronne, moi je ne l'ai pas eu, na !

- Et bien, tu l'auras adulte et tu vas en chier.

- Tu sais que tu parles mal ?

- Gnia gnia gnia.

- Gisou ne serait pas contente du tout de ta façon de parler et de ta tenue qui n'est pas digne d'une demoiselle.

Elle lit dans le gros fauteuil assise en travers, adossé à un des bras, les jambes passées au-dessus de l'autre. Je regarde le méli-mélo de photos faites à Noël. Sous le verre quelqu'un a glissé une photo d'identité de moi.

- T'as vu le petit chéri à Maman a sa photo avec celle de la famille. Il est content le petit chéri ?

Je ne l'ai pas entendu se lever et elle s’est collée à moi derrière moi. Elle me dépasse encore mais beaucoup moins, j'ai pris huit centimètres en sept mois. Je veux la repousser, elle cherche à m'attraper les poignets, on finit mains contre mains. Et là, je m'aperçois que je suis devenu aussi fort qu'elle. Mais je me retrouve parterre tout de même, elle fait du judo et s'en sert contre moi. Ce n'est pas juste. Elle veut s'asseoir sur moi mais j'arrive à la faire tomber, et c'est à mon tour de me retrouver sur elle en travers de son torse. J'écrase des trucs tout mous, ça me fait sourire et elle comprend. Elle s'agite, bat des jambes que ne recouvre plus sa jupe. J'y mettrais bien les mains. Elle a lâché mes mains et cette fois la lutte reprend d'une façon plus classique avec elle, elle me griffe le visage et me mord le bras. Je dois lui coincer les mains à nouveau


- Eh ! mais c'est quoi ça ?

Je la lâche et nous nous remettons debout, je regarde mes chaussettes.

- C'est lui qui a commencé, il m'a dit des choses méchantes.

Je la regarde offusqué.

- Moi ? t'es gonflée.

- Véronique tu es punie dans ta chambre, quant à toi, suis-moi.

Gisou a dans les bras une Coco couverte de boutons qui comate sur son épaule. Elle la pose sur son lit. Fanfan se déshabille est se glisse toute nue dans son lit. Je ramasse ses vêtements et les pose au pied de son lit puis vais m'asseoir à côté d'elle et l'embrasse sur la joue.

Tenu par l'oreille, je finis dans la salle de bain, assis sur le rebord de la baignoire.

- Elle ne t'a pas loupé, mais c'est bien fait pour toi.

L'alcool pique mais stoïque je ne dis rien. Lorsqu'elle sort je lui emboîte le pas. Elle me montre le fauteuil d'un doigt, je m'y assieds, le livre de Véro ( Les quatre filles du docteur March.) est posé ouvert, à côté, je note la page cent trente-sept puis commence à le lire.

 

- Alors comme ça, vous vous êtes battus ? (Je vais pour répondre à Richard. Il me fait signe de me taire.) Je ne veux pas savoir. Tu es puni comme elle. (Il me tend les feuillets que j'ai rendu à Gâche.) Assieds-toi à cette table, et tu as six feuilles recto verso pour m'expliquer pourquoi ton comportement était impoli et pourquoi tu mérite d'être puni. Mais en tout cas, elle ne t'a pas loupé.

J'aime pas sa punition mais il faut que je me vois dans une glace.

 

Elle se glisse derrière lui et m'arrache le livre des mains puis retourne dans sa chambre.

- C'est MON livre !

- Page cent trente sept.

- Oui, je sais.

Je m'ennuie. Je me roule en boule les feuilles serrées contre ma poitrine. Pose la tête sur le bras du gros fauteuil, il sent bon, il a l'odeur de cette famille.

 

Richard me secoue.

- Vas faire un sac avec tes vêtements et ton cartable. Tu défais ton lit et ramène tes draps ici. Aller ne lambine pas ! On va passer à table donc tu as juste le temps de faire l’aller-retour ?

 

On part ce soir ? De nuit ? Enfin m'en fous moi, tant qu' ils ne me laissent pas, pour moi, c'est ça l'essentiel. Ma hantise là, c'est juste de croiser Gâche mais ni à l'aller, ni au retour, je ne le vois.

 

- Tu peux les mettre directement dans la machine s'il te plaît ? Je m'exécute puis vais sortir de la cuisine quand elle me fait signe de m'approcher. Elle regarde ma joue griffée puis tire mon col de chemise. Profite que tu es là pour aller te baigner.

- Dans votre salle de bain ?

- Et tu vois un autre endroit où il y a une baignoire ? (Elle sourit.) Tu as déjà pris un bain moussant ? Je secoue la tête. Bon rejoins moi là-bas avec ton pyjama.

 

La pièce sent les fleurs, la rose et la lavande je crois. Le robinet coule et en-dessous se forme un cratère de mousse.

- Aller dépêche-toi qu'on puisse manger. Pose ton linge ici, elle me montre le sol à côté de la porte. Je viendrai le chercher.

Ah ça, dès qu’elle est sortie, je suis vite à poil, j'ai hâte d'être dans l'eau.

Je note la différence de température entre la mousse et l'eau qui me brûle mais tant pis. C'est rigolo. J'oublie de fermer le robinet et n'y pense que quand la baignoire déborde un peu. Vite j'ouvre la bonde et évacue le trop plein.

Cette baignoire est immense, allongé, je ne touche ni d'un côté ni de l'autre. Je reste couché au fond, les yeux me piquent mais c'est trop drôle.

Une tête au-dessus de la baignoire. Je m'assieds en cachant mon entre-jambe.

- Ouf, j'ai eu peur que tu ne te sois noyé. Je passais juste prendre tes vêtements. Et te poser une serviette, elle me la montre, posée sur la chaise au-dessus de mon pyjama. Tu t'amuses bien ?

Je hoche la tête. Je suis horrifié et je n'ai qu'une hâte qu'elle s’en aille. Alors, vite, vite, je sors de la baignoire et enfile mon pyjama en m'étant presque pas séché. Puis je reste là, adossé au lavabo, je n'ai pas envie de sortir, je tremble de froid et de honte.

Je me regarde dans le miroir. J'ai cinq belles estafilades qui courent de la limite de mes cheveux à mon menton. Par contre autre chose me fait les oublier, au-dessus de ma lèvre supérieure il y a un léger duvet brun.Oh merde comment j'ai fait pour louper ça ? Faut que je me rase mais j'ai rien. Je demanderai à Richard si j'arrive à sortir d'ici et affronter le regard de Gisou.

La porte s'ouvre et reste ouverte sur le vide.

- A table !

- A quoi tu joues ?

- Maman m'a dit de te le dire sans regarder dans la salle de bain.

- Bou ! Yvy part en courant et en riant.

Richard dans la cuisine nous regarde. Nous sommes tous en pyjama sauf Gisou. Je rougis en passant devant elle.

- Ton pyjama t'es largement trop petit, tu as bien grandi, c'est Mamie qui sera contente.

Hein ? Pourquoi Mammema devrait être contente de me voir grandir ?

 

Je regarde Richard et Isabelle ouvrir le canapé du salon.

- Vous savez que j'aurais largement pu dormir dessus ?

- Et j'y aurais dormi aussi. Alors tais-toi et aide-nous plutôt.

(Au lieu de ça, je reste immobile et rigole car j’imagine le colon dormant sur le canapé.) Hou hou l'ahuri, donne-nous la couverture.

 

Tout le monde dort, sauf moi. L'appart est silencieux. Je me lève et regarde par la baie vitrée restée ouverte. En bas devant l'escalier central, deux points de braise. Gâche sûrement et Lorient ou Caprais. Je parcours les fenêtres des dortoirs. Les chambres sont situées plus haut que l'appart car sous les toits.

- Tu ne dors pas ? Je rougis. Gisou fait un nœud avec la ceinture de son peignoir. Je ne veux pas la regarder, je pense à ce soir. Je lui en veux et j'ai honte. Elle passe sa main sur ma joue. Je m'écarte d'elle et me glisse sous les draps jusqu'au dessus de ma tête. Je sens qu'elle s'assied sur le lit. Je suis désolée pour tout à l'heure. Mais j'ai eu vraiment peur. Tu sais c'est mon cœur de Maman qui a réagi. (Ouais et c'était peut-être une de tes filles dans l'eau ? Je ne dis rien mais je n'en pense pas moins. J'aurais fait un mètre quatre-vingt dix, tu serais aussi venu voir dans la baignoire ? Marre marre marre.) Bon et bien bonne nuit mon garçon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 mars 2010

Robert Lundi 15 Mars 1976 varicelle 3

1976 Robert Lundi 15 Mars varicelle 3

 

Cool, il y a quatre varicelleux dans notre classe et trois chez les spé.

Chez les petits, c'est encore pire. Les dortoirs se vident car les parents viennent chercher leurs boutonneux, ils ont de la chance, ce sont les vacances avant l'heure pour eux. La cantine est silencieuse mais je suis déçu car il n'y a pas plus de rab.

Claude est de super mauvais poil car il loupe plein de cours.

 

- Purée mais t'écris comme un goret !

- Tu sais ce qu'il te dit le goret ? Les mecs au lycée quand je faisais leur boulot, ne se plaignaient jamais de mon écriture, eux !

Je lui récupère mon classeur, du moins, j'essaie, il me repousse et me tient à distance de sa main gauche.

- T'as écris quoi là ?

- Groin groin !

Je vais sur mon lit avec mon bouquin de Franck Herbert.

- Aller fais pas ton petit con, viens me traduire tes pattes de mouche.

- Alors là, celle-là, elle est pas mal, tout le monde me dit que j'écris trop gros et pour toi ce sont des pattes de mouches. Mais va donc piquer le classeur à quelqu'un d'autre à la fin.

- Bon OK ! je m'excuse. Mais pitié aide-moi !

 

 

 

 

 

27 mars 2010

Robert Dimanche 14 Mars 1976 varicelle 2

Dimanche 14 Mars 1976 varicelle 2

 

Ça fait tout drôle de ne pas avoir à descendre et à poireauter pour l'appel.

Par la fenêtre, nous regardons les deux glandus volontaires d'office, choisis parmi ceux ayant déjà eu la varicelle, monter les couleurs tout seuls avec Gâche et Lorient.

Ce matin c'est l'infirmière qui passe faire l'inspection "boutons".

Debout dans le couloir en slip à côté de la porte de notre chambre, nous attendons qu'elle nous passe tous en revue.

Il y a un petit courant d'air glacial qui me donne envie de lui dire : "aller, on se dépêche !" et puis, on a pas l'air débile comme ça.

En face de moi Darmon se gratte la cuisse. Je crois qu'elle l'a remarqué car elle va directement à lui. Mais ça ne doit pas être ça car elle l'abandonne très vite pour passer au suivant.

- Lève la tête, tourne toi. Je serre les fesses quand elle tire mon slip. Lui, ça va !

- D' Aureilhan, il l'a déjà eu.

- Mon colonel, vous acceptez de me prêter des vieux comme lui pour m'aider à soigner les plus jeunes, j'y gagnerais du temps.

- Pas de problème pour moi. D' Aureilhan, Coste, Longrain et Nguyen vous serez de corvée toute la semaine avec Madame Lang vous verrez avec elle pour les horaires. Rompez les garçons mais ce sera comme ça tous les matins et le soir jusqu'au vacances. Habillez-vous et aller déjeuner puis en cours. Pour ceux qui ne sont pas malades rien ne change si ce n'est interdiction de rester au soleil.

 

- Bin te voilà, infirmière.

Il a l'air ravi, moi ça me donne juste une raison de plus de le charrier.

26 mars 2010

Robert Samedi 13 Mars 1976 varicelle 1

Robert Samedi 13 Mars 1976 varicelle

 

Le 13 n'a pas porté bonheur à certains.

Ce matin, deux petits de cinquième se sont levés ou plutôt ne se sont pas levés, malades avec des boutons.

Le lever du drapeau a eu lieu, mais au lieu d'aller manger, ils nous ont fait remonter dans nos chambres où nous attendons, L'infirmière et le docteur passent dans les rangs.

- Ça te gratte quelque part ?

- Non monsieur.

- Tu as déjà eu la varicelle ?

- Je ne sais pas monsieur.

Et il passe au suivant. Je le plains le pauvre surtout avec des mecs comme ceux avec qui j'étais en septembre qui ont plein de boutons d'acné, il fait comment pour repérer ceux qui ont des boutons de varicelle ?

Enfin, c'est son job pas le mien.

Dans la classe deux seulement savent s'ils ont eu ou pas la varicelle. Honnêtement, moi, je ne crois pas l'avoir eu et je m'en tape.

A midi, au moment du repas, on nous annonce que toutes les permissions et sorties sont annulées, mais que certains parents ont décidé de récupérer leur fils une semaine en avance sur les vacances de Pâques mais que les cours seront assurés normalement sauf si absence des professeurs car déjà le prof de philo des terminal l'a semble-t-il attrapé.

Et jusqu'aux vacances plus d'appels et de récréation sous le soleil. Aucun d'entre nous ne s'en plaindra, Gâche doit être malheureux, il ne peut plus nous faire tourner autour de la cour.




25 mars 2010

Robert dimanche 29 février 1976 grattouille

Robert dimanche 29 février 1976 grattouille

 

J’ouvre un œil puis deux.

Il fait jour.

Je regarde ma montre : six heures et quart.

Je commence à m’affoler, nous sommes en retard. Puis je me rappelle qu'aujourd’hui c’est dimanche. Je me laisse retomber sur mon oreiller. Le réveil de Claude nous tirera du sommeil à sept heures.

J’ai fini tout mes devoirs, je pourrai passer ma matinée à lire ou aller à la piscine.

L'après-midi, j’irai sûrement leur rendre visite, histoire de découvrir quel gâteau dominical, Gisou aura fait et m’en régaler d’une grosse part.

 

La porte claque contre le mur.

Ahuri, tout comme Claude, nous nous retrouvons au garde à vous au pied de notre lit sans trop comprendre pourquoi l’intendant vient de faire cette entrée fracassante dans notre chambre.

- Alors messieurs, vous comptiez vous accorder une grasse matinée ? Je suis déçu, pour des majors vous ne donnez pas le bon exemple.

Avec Claude, nous nous risquons un bref regard, il me fait signe qu’il ne comprend pas. L’homme passe devant nous pour se mettre entre nos deux lits. J’entends le bruit caractéristique des matelas que l’on fait tomber. Je n’ose pas regarder derrière moi. Monsieur Vecchini revient devant nous se dirigeant vers nos bureaux devant la fenêtre. J’en profite comme Claude pour regarder ma montre : 8 heures ! Le réveil n’a pas sonné. Claude me fait un geste d’impuissance, il l’a tout simplement oublié la veille, l’extinction des feux l’ayant surpris plongé dans son bouquin.

Devant nous, l'homme d’un geste très ample, allant du mur de droite au mur de gauche nettoie de son avant-bras l’intégralité de la surface de nos bureaux, projetant au sol tout ce qu’il y a dessus. Heureusement rien ne casse. Puis il fait de même avec le contenu de nos quatre tiroirs et des deux étagères où se trouvent nos livres de cours et les autres. Contrairement à Monsieur Davis, la dernière fois, il ne fait pas attention à ne pas marcher sur ce qu’il a mis par terre. Il s’arrête à notre porte puis nous fait signe de sortir et de le suivre. Je saisis mes vêtements, il me fait non d’un doigt. Je les repose donc sur la chaise et avec une envie de rire, nous le suivons.

Dans la cour les autres élèves sont au garde à vous pour le salut aux couleurs.

Deux autres garçons, nous ont remplacé pour porter le drapeau.

Le colonel tourne juste la tête puis nous regarder rejoindre nos places.

Il y a quelques fous rire... vite contrôlés. Il gèle, ce qui n’est rien d’étonnant pour un mois de février même dans le sud-est dans la France surtout qu’il y a du mistral par dessus le marché.

Normalement en tant que majors nous aurions du être au premier rang, mais vu notre tenue légère, pourrons nous dire, nous nous glissons à la place de nos seconds.

Je regarde vers le balcon, les volets sont ouverts, pourvu que les filles ne viennent pas nous admirer comme elles le font souvent. Bon, nous n’étions par miracle, pas à poil mais tout de même, pas à notre avantage !

Nous sommes à peine de retour dans notre chantier et habillés que le colon s’encadre dans l’entrée de notre chambre.

Je ne peux réprimer une grimace en me remettant au garde à vous. Il me sort dans le couloir en me tenant par le col de la chemise.

- Tenez, Lorient vérifiez-le, lui aussi ?

Le caporal me force à pencher la tête en avant et je sens ses doigts fouiller dans mes cheveux. Et merde !

- Oui mon colonel !

- Bon et bien rappel général dans le gymnase, nous savons à quoi nous allons passer notre dimanche, vous nous faîtes chier les mecs !

Comme si c’était de notre faute, et puis il n'y a pas deux semaines, j’étais avec ses filles. Mais ça... je n’ose pas le lui dire. Je me contente de les imaginer la tête rasée. Je dois passer avec Claude et nos seconds, de chambre en chambre pour avertir tous les autres que la chasse aux poux commence dans cinq minutes.

A l’entrée du gymnase une immense panière nous attend où nous jetons tous, nos deux calots, nous serons pendant deux jours têtes nues mais c’est mieux que ces saloperies.

Nous devrons aussi changer à nouveau nos draps et les surveillants passeront avant, pour asperger nos literies d’un insecticide.

 

En rang, nous attendons notre tour pour aller nous asseoir sur un des six tabourets afin que l’un des caporaux use sur nous de la tondeuse.

Le colonel montre l’exemple suivi du capitaine puis des caporaux.

Nous devons à tour de rôle nous mettre torse nu puis nous asseoir sur le tabouret,

En rigolant, Caprais me pose une cape plastifiée sur les épaules et la tonte peut commencer...

Pour finir, ils nous inondent d’un produit qui pue et brûle les yeux.

Apparemment, ils jugent qu’à six, ils ne vont pas assez vite et ils obligent Claude et Darmont, à les aider.

Moi, je retourne à la chambre que je dois seul remettre en état.

A cette perspective, un profond sentiment d’accablement et de haine me saisit, autant envers l’intendant qu'envers Claude !

Je commence par les lits que je dois défaire intégralement

comme après chaque passage au coupe-tifs. Je descends les draps de suite pour les poser comme les autres sur une pile devant la porte de la buanderie et attendre qu’on m’en donne d’autres.

Les bureaux sont bientôt rangés, tiroirs et étagères comprises lorsqu’une photo tombe d’un des livres de maths de Claude. C’est Aline en maillot devant l’océan, je me mets alors à inspecter de plus près les autres bouquins pour voir s’il n’y en a pas d’autres lorsque je les remets vite sur l’étagère pour me précipiter vers sa table de chevet.

Je suis sûr qu’il doit en planquer des beaucoup plus intéressantes, l’ayant déjà vu en train d’un regarder au moins une alors qu’il se servait de la veuve poignet.

Dans son chevet, son livre de bibliothèque “obligatoire” et dans le tiroir une bible. Je la saisis avec respect. Non ? Il n’aurait pas osé ? Mais le livre saint me dévoile rapidement une image qui vient s’incruster au plus profond de mon cerveau. Un polaroid vite fait, Aline assise dans une pose des plus suggestives, jambes écartées. Je claque le livre que je tiens trente secondes serré contre ma poitrine, complètement estomaqué.

Des pas dans le couloir me font ranger le livre précipitamment.

Je fais mine de ramasser différentes petites choses ayant roulé sous le lit mais l’image reste imprimée sur ma rétine se superposant à mon environnement familier. Je me serais bien isolé mais je dois finir cette saloperie de chambre et j’en veux encore plus à Claude.

Les chaises à l’envers sur nos bureaux, je passe un coup de balai puis vais vider la poubelle pour revenir avec une lavette espagnole. La petite poubelle rejoint les chaises.

J’ai presque terminé lorsqu’il pose sa main sur mon épaule.

- Waouh nickel, mec ! Il entre dans la chambre, inspecte les vitres, passe la main sur l’armoire, sur les coins de lit. Franchement parfait jeune homme je n’aurais pas fait mieux !

- Tu parles ! Pas envie d'un nouveau coup de Mistral! Pousse-toi que je finisse ! Merde mais tu as laissé des traces, je dois tout refaire.

Il sort puis m’aide en allant vider le seau et tout ranger. Nous fermons la porte, signe que notre chambre est prête pour une éventuelle inspection, qui ne viendra pas d’ailleurs, l’intendant ayant maintenant d’autres soucis.

- Aller le nabot, allons manger, j’ai faim ! pas toi ?

- Si ! (Ah s’il savait de quoi j’ai faim aussi...) Au fait, j’ai trouvé une photo de Aline. (Je ne m’attendais pas à une réaction aussi violente de sa part : il me saisit par le cou et soulevé, me plaque contre le mur du couloir. Des collègues qui sont derrière nous, hésitent à réagir puis jugent qu’il doit avoir ses raisons et nous doublent en vitesse faisant même semblant de ne rien voir. Je saisis ses poignets.) Elle était avec toi sur la plage.

Il me lâche en riant puis me pousse en avant d’une bourrade. Je pars en courant en ayant envie de lui crier :  «Oui, oui, mon coco, l’autre aussi je l’ai vue !» mais je reste silencieux.

 

 

 

 

 

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25 mars 2010

Robert mardi 10 février 1976 15 ans

Robert 10 février 1976 15 ans !

 

Le mois de février arrive avec mon anniversaire.

A midi au mess, tous les jours la traditionnelle distribution du courrier. Moi, normalement, je n'en reçois pas et pour cause.

- Weisembacher, une lettre et un colis.

La lettre vient d'Anaïs avec encore un dessin de surfeur, ce doit être obsessionnel chez elle. Et le colis des grand-parents posté de Chamonix, avec dedans des livres. C'est alors que Claude percute et gueule .

- Bon anniversaire !

A midi, c'est purée et cordon bleu. Et en toute bonne tradition, je me retrouve vite recouvert de purée en guise de cadeau d'anniversaire. Et viré avec Claude du mess.

 

- Au fait vous avez fait quoi à Noël, toute la nuit, toi et Anaïs ?

- Des ballons.

- Même pas des bisous ?

Claude me regarde me doucher, assis à cheval sur la chaise de son bureau avec laquelle il m’a suivi, le menton sur ses mains posées sur son dossier.

Retour dans la chambre où je mets un uniforme propre avec lui toujours sur sa chaise.

- En tout cas, je déteste cette tradition.

- De se faire des bisous ?

- Mais non, de balancer de la bouffe sur les gens. Moi je préfère la manger.

- De suite les grands mots. Alors Anaïs ?

- Quoi Anaïs ? C'est ta sœur, elle est mignonne, elle a douze ans et elle est trop jeune pour moi. Et avec tout ça, grâce à toi, on va être puni et j'ai pas pu finir de manger.

- Mais tu ne penses qu'à ça !

- A quoi ?

- A grailler.

- Oh ! Bin oui, je ne suis pas un sale obsédé comme toi.

 

 

 

- Atout cœur !

- Non Robert, là, tu me fends le cœur.

- Eh les mec, on joue à la belote pas à refaire Pagnol.

Assis sur le lit de Nguyen, nous jouons aux cartes.

- Weisembacher, vous n'avez pas oublié de venir me remettre quelque chose à mon bureau ce soir ? D' Aureilhan, vous aussi, bougez vos fesses, venez soutenir votre collègue dans sa punition.

Richard est debout à l'entrée de la chambre en civil.

On s'est tous mis debout mais on hésite, vu qu'il est en civil, on salue ou pas ? Finalement non, mais tous les deux, nous le suivons en se demandant ce que nous avons bien pu faire et ce qui va nous arriver.

Il fait nuit et on se pèle lorsqu'il nous fait traverser la cours en courant jusqu'à la porte de la cave de son immeuble. Heureusement que nous ne sommes pas encore en pyjama.

A peine, je passe la porte de l'appart que j'ai les yeux cachés par les mains d'Isabelle. Je me déchausse comme je peux et elle me pousse vers la cuisine.

- Hé, mais il a grandi, non ?

Son père se met à rire.

- Normal, il a un an de plus.

Je comprends alors pourquoi nous sommes là.

Je n’en reviens pas. Ils y ont pensé !

Elle ne me lâche que devant la table où trône un énorme gâteau.

- Bon anniversaire !

Je souffle les quinze bougies.

Coco, assise sur mes genoux souffle aussi. Elle tape des mains, on dirait que c’est son gâteau.

Fanfan me donne un dessin.

Richard me tend une petite boîte. A l'intérieur, une montre : un vrai chrono comme celui des pilotes. Mon poignet nage dans son bracelet métallique, mais je suis ravi.

- Comme ça, tu n’auras plus d’excuses pour arriver en retard ! (Je le remercie.) Ho là, je n'y suis pour rien, remercies la, elle !

Il me pousse vers Gisou. Elle est en train de couper le gâteau, elle m’embrasse.

- Elle te plaît ? Ne le crois pas, c’est SON idée, et c’est lui qui l’a choisie. Tu serais soit disant tout le temps en retard.

Isabelle m’offre un livre sur les avions de chasse américains.

Véro me tend à son tour un petit paquet. C'est du parfum, un vrai, pas un à deux balles de supermarché, de l' Azzaro. Isabelle me glisse à l'oreille : «Elle s'est ruinée. Je souris gêné. Radine comme elle est, elle doit réellement t'aimer !» Cette fois, je me sens devenir cramoisi. Je rencontre le regard du colonel, il affiche un visage de marbre. Je baisse les yeux, mal à l'aise.

Nous mangeons notre part de gâteau, mais je force Claude à vite prendre congé, prétextant une grande fatigue.

Lorsque j’embrasse Richard pour lui dire au revoir, je lui demande tout bas ce que j’ai fait. Il est surpris

- Mais rien ! Pourquoi me demandes-tu cela ?

 

 

 

24 mars 2010

Robert lundi 9 février 1976 rentrée et dispense

Robert lundi 9 février 1976 rentrée et dispense.

 

 

- Mais tu t'es battu avec quoi pour être dans cet état ?

- Le bras c'est avec mon lacet et maintenant le truc cool c'est que je ne peux plus les faire et les morsures, c'est une vouivre voleuse de cahier.

- Bref, Véro, n’est-ce pas ? Purée je ne m'approche plus d'elle. Attends, bouge pas, tu veux que je te fasse les lacets ?

- Non regarde je les rentre dans mes pompes et je mets le pieds dessus et ni vu ni connu.

- Hum, ouais, je ne sais pas si ça passera.

 

En tout cas, pour moi, ça tient. Par contre, je renonce à passer mon bras dans les emmanchures de mes fringues donc quand j'arrive en bas, on dirait que je suis manchot.

 

- Mais ce n'est pas vrai, c'est une épidémie ! Sors ton bras que je vois. Je montre donc à Gâche, mon plâtre qui me va de au-dessus de mon coude jusqu'à mes premières phalanges. Bon OK ! rhabilles-toi.

Et je le regarde s'éloigner vers le colon qui nous passe en revue.

 

Nevière me montre un sixième en fauteuil avec la jambe en extension et un élève de quatrième, avec des béquilles.

 

Richard s'arrête devant moi.

- T'as réellement l'intention de te casser l'autre bras ? (Et le voilà, un genou au sol, qui m'enlève les pompes et me les remet pour me fermer les lacets.) LeCam cela vous amuse ? Je vous nomme responsable des lacets de votre major, et gare à vous, si je ne les vois pas correctement faits.

- Oui mon colonel !

Là, c'est moi, qui ai de plus en plus de mal à me retenir.

- Ah toi aussi ça t'amuse ? Et bien, cinquante pompes ! (Là, il a vingt gars qui explosent de rire.) Ah zut c'est vrai. Et bien jeune homme, votre main droite n'est pas cassée ? Six pages, pour m'expliquer pourquoi il n'y a rien de risible dans le fait que votre camarade vous aide et combien vous lui êtes redevable. Vous m'emmènerez ça demain soir dix-huit heures sur mon bureau.

- Oui mon colonel !

Et là, je me mets à le haïr, ce bras cassé c'est SA faute tout de même, enfin presque.

23 mars 2010

Robert dimanche 8 février 1976 retour

Robert dimanche 8 février 1976 retour

 

Il n'a pas arrêté de neiger et dès le petit déjeuner avalé, je dois aider à déneiger car Rémy veut partir le plus tôt possible et ce, jusqu'aux cris d' orfray de Gisou lorsqu'elle s'en aperçoit..

- Mais vous êtes malades ? Demandez plutôt à Véronique, elle a deux bras, elle. Et cela la fatiguera suffisamment pour qu'elle dorme durant le voyage de retour.

C'est le dernier jours des vacances.

J'espère qu'à Pâques il y aura encore de la neige pour que je puisse aller skier.

 

Une semaine de vacances ce n'est pas assez.

Demain je reprends les cours et pour une fois je n'en ai pas envie.

 

Dans la voiture comme en octobre, nous sommes très calmes, peut-être les filles sont-elles comme moi, nostalgiques de ces quelques jours de liberté.

 

 

22 mars 2010

Richard samedi 7 février 1976 dessins

Richard samedi 7 février 1976 dessins

 

 

- Maman, tu veux bien nous faire des dessins à colorier ?

Sylvie regarde sa fille puis sa sœur.

- Vas-y dessines leur, on se débrouillera très bien sans toi. Et tiens, quand tu auras le temps fais m’en un aussi, j’ai aussi envie de colorier.

Sylvie se met à rire.

- Fichtre, je vais y passer ma journée. Marthe passe-moi les set de table que m'a donné Jean-Yann.

Bientôt devant elle, une vingtaine de feuille de papier format A3 avec d'un côté une pub pour une marque de cidre et une face blanche où son feutre noir glisse en fines courbes formant de multiples fleurs enchevêtrées et transformant la page en une jungle inextricable.

Les filles l'entourent et l'une après l'autre, repart avec une feuille présentant un dessin différent.

Des fleurs pour les jumelles, une ville futuriste aux immeubles aux formes étranges pour Maïté. Des papillons pour Fanfan et Isabelle. Pour Coco de gros dinosaures très effrayants.

- Gisou qu'est-ce que je dessine pour Véro ?

- Des martinets.

Les gamines déjà des crayons à la mains se mettent à rire.

Bientôt, une nuées d'hirondelles ont pris leur envol sur la feuille qu'elle pose un peu plus loin.

Elle va pour se lever puis se rassied.

- Gisou j'allais t'oublier, tu veux quoi ?

- Des oiseaux. Et pour mamie la gourmande : des gâteaux.

Cette dernière apparaît à l’entrée de la cuisine avec une grosse tablette de chocolat à la main.

- Moi gourmande ? Gisèle tu me vexes-là. (Un bruit la fait se tourner.) Mon Dieu mais d'où il sort celui-là ? Gisèle viens vite ton gamin est plein de sang. Mais qu'est-ce que tu faisais dehors pieds nus et en pantalon de pyjama. Mais tu es trempé. Comment et par où es-tu sorti, que l'on ne t'a pas vu passer. Le torchon que mamie récupère sur la barre du four lui sert autant à s'essuyer les mains qu'à essuyer les cheveux de l'ado, puis son visage tout en le poussant devant la cheminée.

Au même moment où Véronique apparaît en bas des escaliers poussée par son oncle lui-même suivi par son père. Ils la font s’asseoir sur la chaise réservée aux punis dans un coin de la pièce.

- Il est déjà lui ? Mais il est passé par où ?

Gisou passe devant Richard qui devant son regard noir, stoppe et la laisse passer. Elle remplace mamie devant le garçon.

- Mais ce sont des morsures? Véronique ?

- Non, ce n'est pas elle.

Elle suit le regard du gamin qui fixe son mari.

- Richard, c'est toi qui l'a mordu ? Ce dernier croise le regard de son frère et tout deux se mettent à rire. Bon tu me réponds.

- Une viouvre.

Gisou qui tient le plaid dans lequel mamie a emballé l'ado, attire l'ado près elle.

- C'est quoi encore ce truc ?

- Une sorte de monstre femelle qui vit à votre étage et c'est pour la fuir que j'ai sauté dans la neige.

- Et si je te donne une bonne fessée parce que tu me prends pour une andouille, je deviendrai quoi ?

- Juste une mauvaise mère, brutale, sans cœur et sans imagination.

- Une mère ? Celle de qui ?

Derrière elle, toutes les filles et même Sylvie se sont arrêtées de crayonner et les fixent. L'ado a oublié son sourire moqueur et semble autant surpris que Gisou puis réapparaît un léger sourire gêné.

- La mienne puisque c'est moi qui vais prendre la fessée.

Gisou soupire et en souriant se dit que si ça fait d'elle sa mère, elle veut bien lui donner toutes les fessées du Monde.

- Bon, tourne-toi que je vois ton dos. Et ça, c'est ta vouivre qui te l'a fait aussi ? Richard tu veux bien m’apporter une chaise ?

- Non ça, c'est la fenêtre ouverte sur laquelle Richard m'a balancé.

- Si tu n'étais pas couché sur l’autre, je n'aurais pas du vous séparer.

- Couché sur Véronique ?

- Elle n'avait qu'à pas me voler mon cahier.

- Quel cahier ? Véro vient ici ?

- Mais, non, mais elle n'y est pour rien.

- Toi, tu te tais ou je te la donne pour de bon la fessée. Il sourit et se tortille pour se dégager des mains qui lui tiennent les bras ? Véro c'est quoi cette histoire de cahier ?

- Oh lui, un cahier où il raconte tous ses fantasmes.

Le gamin se retourne furieux, poings serrés, prêt à sauter sur Véronique.

- Hé c'est même pas vrai ! C'est mon cahier de physique. (Gisou fait la moue pour lui montrer qu'elle ne le croit pas.) Non mais c'est vrai, si tu veux on monte et je te le prouve, il est toujours sur mon lit.

Gisou soupire, penche un peu la tête avec cette expression qu'il commence à bien connaître, elle n'est pas dupe et ses limites sont atteintes.

Elle le regarde s'éloigner vers Sylvie qui lui a fait signe de venir. Il a drapé le plaid comme une toge par-dessus son bras blessé.

- Regarde, pour toi, je t'ai dessiné des avions, te plaisent-ils ?

- Oui, je vais le mettre sur le mur de ma chambre.

- Non, c'est pour que tu les colories.

Sa feuille dans la main droite, il regarde la jeune femme surpris.

- Ah ! Moi, je le préfère comme ça et puis je ne sais pas colorier.

- Mais oui, je te crois. Tu n'as jamais fait de coloriages ?

- Si avant de savoir écrire, mais je colorie comme je dessine, hyper mal. Donc, comme je trouve ton dessin très beau, je ne vais pas le dégueulasser en crayonnant dessus. Pour ça aussi que je ne peins pas mes maquettes. Il regarde alors les autres feuilles dessinées. Tu vas voir, je vais colorier ceux-là !

Il se saisit de la feuille avec les hirondelles et va s'installer à sur le banc à côté des jumelles, accroupi, les pieds à plat enveloppé dans la petite couverture.

Sylvie, elle, continue à dessiner, bientôt un immense quatre mâts vogue sur une mer déchaînée. Rémy qui joue aux échecs avec Papy se lève et vient entourer le cou de sa femme de ses bras.

- Ajoutes quatre drapeaux le long de ses cordes et un autre à l'arrière le long de celle là. Quel nom vas-tu lui donner ?

- Le Flamboyant.

- Tu comptes le peindre ?

- Rémy, je dessine mais je ne peins pas, d'accord. Tiens, vas donc le colorier toi-même !

- Donnes Papa, c'est moi qui vais te le mettre en couleurs.

- Merci ma chérie. Il porte la feuille à Marthe qu'il embrasse sur la joue. Puis se penche au-dessus du gamin qui, appliqué, tente de ne pas dépasser en remplissant chaque oiseau d'une couleur différente. Ma femme, les hirondelles abandonneront leur deuil cette année.

Les filles pouffent sans arrêter de crayonner. L'ado rougit et d'un geste rageur froisse la feuille puis se lève et s'en va dans les escaliers avec son dessin d'avions.

- Ah bravo, mon cher beau-frère. Bravo !

- Quoi ? Je n’ai rien dit de méchant.

Isabelle prend la feuille froissée des mains de sa sœurs furieuse et l'étale avec ses poings.

- Moi, je trouve jolies toutes ces couleurs.

 

- Peut-être mais moi, en attendant, à cause de lui, j’ai plus de dessin à colorier ! Je le déteste !

 

22 mars 2010

Robert samedi 7 février 1976 la vouivre

Robert samedi 7 février 1976 la vouivre

 

Aurais-je des souris dans ma chambre ?

En tout cas celle qui est devant mon bureau a une sacrée tignasse rousse.

- Tu fais quoi ?

- Je lis, c'est très instructif.

- Hé, t'as pas le droit !

De mon lit, je lui saute sur le dos, elle s'écarte, et ma main saisit juste une grosse poignée de foin d'automne tout doux mais elle n'en lâche pas pour ça mon cahier.

Je veux juste qu'elle me rende mon bien !

Elle hurle et tournant la tête, me mord le bras.

A mon tour de gueuler mais je ne la lâche pas.

Je la pousse sur le lit pour pouvoir l'écraser sous moi.

Elle a lâché mon bras et c'est dans mon cou qu’elle plante ses dents maintenant.

Je valse à l'autre coin de la pièce et me prends le coin de la fenêtre dans le dos. Là, je crie, une nouvelle fois.

- Stop tous les deux !

Elle profite que Richard m'a écarté pour tenter de filer.

- Pas avec mon cahier !

Je me précipite mais Richard me saisit à bras le corps.

- Non, tu restes ici !

- Mais c'est mon cahier !

- Ça ? Et il contient quoi que cela vaille un pugilat ?

Rémy tient Véro devant lui, son bras gauche la ceinturant. Il agite mon cahier. Richard le prend et doit le tenir tendu au-dessus de sa tête car j'essaie de le récupérer à mon tour.

- C'est à moi ! C'est mon journal, vous n'avez pas le droit de le lire !

- Richard tu sais qu'il saigne dans le dos ?

- Je m'en fous, je veux mon cahier !

- Je te le rends, si tu arrêtes de t'agiter.

Debout devant lui, je tends la main mais il prend son temps. Il l'ouvre.

- Non ! T'as pas le droit !

- Tu crois que je ne l'ai pas déjà fait ? Il me le rend mais je reste sidéré. Ce qu'il vient de dire me laisse sans voix. Alors, il sait tout pour Véro et moi, pour Isa et Claude ? Toutes mes conneries au bahut. Il se met à rire. Bon range-le ou plutôt planque-le. Maintenant que cette peste sait que tu en tiens un, elles ne vont pas se gêner pour retourner ta chambre pour le trouver. Et arrête de me regarder comme ça, non, je ne l'ai pas lu. Par contre, quand les femmes l'apprendront, elle feront comme leurs filles, malheureusement pour toi.

- Hé mais moi aussi je veux le lire ?

- Oh ça frangin, pourquoi cela ne m'étonne guère.

Rémy lâche Véro qui disparaît et descend poussé par son père.

Le planquer, facile à dire, mais où ?

Maintenant je m'aperçois que j'ai mal au dos, en plus du bras et du cou. Cette fille est dingue réellement.

Oh ! j'ai une idée !

La chambre des parents est vide, fermer la porte, ouvrir la fenêtre. La cour en-bas est couverte de neige, c'est à peine si on voit les voitures. Je sors sur le balcon, mes chaussettes sont de suite trempées, normal je veux masquer mon passage en marchant dans tous les sens d'un bout à l'autre. Je suis gelé. C'est bien, les chaussettes font ventouses. Le petit rebord est à peine visible, du bout du pied, je déneige. Comme prévu, le creux est libre de neige. J'y pose le cahier emballé dans du plastique. Maintenant demi-tour.Trois pas plus loin, je glisse, heureusement pour moi, la poudreuse m'accueille mais je galère pour m'en extraire. Et là, je suis intégralement trempé et congelé mais mon cahier est à l'abri et la chute même si d'abord effrayante, m'a donné envie de recommencer.

- Mais tu sors d'où ? Et tu es blessé, Gisèle vient vite t'occuper de lui.

Mammema me pousse devant la cheminée où j'ai une fois de plus droit à un emballage dans une couverture.par Gisou

- Mais qui t'a mordu ? Je regarde Richard et Rémy, les deux tournent la tête. Eux ? Elle a l'air tellement hallucinée que je me mets à rire comme eux et secoue la tête. Véronique, vient ici.

- Non ce n'est pas elle.

- Alors c'est qui ?

- Une vouivre.

- C'est quoi encore ce truc ?

- Une sorte de monstre femelle qui vit à votre étage et c'est pour la fuir que j'ai sauté dans la neige.

- Et si je te donne une bonne fessée parce que tu me prends pour une andouille, je deviendrai quoi ?

- Juste une mauvaise mère, brutale, sans cœur et sans imagination.

- Une mère ? Celle de qui ?

Elle marque un point. Tant qu'on y est, je prends un air le plus innocent possible.

- La mienne puisque c'est moi qui vais prendre la fessée. Ça fonctionne , je vois poindre un sourire puis...

- Richard amène moi une chaise. Et toi tourne-toi que je vois ton dos. Et ça, c'est ta vouivre qui te l'a fait aussi ?

- Non ça, c'est la fenêtre ouverte sur laquelle Richard m'a balancé.

- Si tu n'étais pas couché sur l’autre peste, je n'aurais pas du vous séparer.

- Couché sur Véronique ?

- Elle n'avait qu'à pas me voler mon cahier.

- Quel cahier ? Véro vient ici ?

- Mais, non, mais elle n'y est pour rien.

- Toi, tu te tais ou je te la donne pour de bon la fessée. Véro c'est quoi ce cahier ?

- Oh lui, un cahier où il raconte tous ses fantasmes.

- Hé c'est même pas vrai ! C'était mon cahier de physique.

(Je sens que Gisou n’en peux plus. Je ne crains pas sa menace de fessée mais plus de nous faire punir jusqu'à la saint glin glin.) Oui ! Si tu veux on monte et je te le prouve, il est toujours sur mon lit. En face de moi, Richard n'en peut plus lui aussi, il secoue la tête et fuit vers la cuisine.

Dix minutes plus tard, j'ai trois gros sparadraps qu'elle me présente comme ayant été achetés "rien que pour moi" ! Honnêtement, s'il n'y avait pas Véro, je me ferais moins mal.

 

 

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