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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

5 janvier 2010

Robert samedi 19 juillet 1975

Robert vendredi 19 Juillet 1975 interrogatoires

 

Lorsque je me réveille durant la nuit, je suis à nouveau attaché, ce doit être une obsession pour elle.

C'est une nouvelle fois Josyane qui me détache. Elle m’a remis deux petits pains et deux confitures. Elle vient chercher mon plateau alors que la sadique et l’infirmière arrivent pour les soins.

A nouveau, elles lui disent de rester pour les aider.

Je vais avoir droit à une nouvelle séance de torture.

Comme j’ai les mains détachées, je peux m’asseoir.

Elle me tartine le dos avec un truc froid qui m'apaise un peu et ne me remet pas de pansement dessus.

- Puisque tu peux t'asseoir autant que ça sèche à l'air libre. Je te mets juste une alèse pour si ça suinte et pour la pommade d'accord ?

J'opine de la tête.

Elles me recouchent bien à plat dos. Je serre les dents, j'ai peur.

La douce m’explique que ça risque de faire un peu plus mal car elles vont enlever la sonde et les drains. Je suis "ravi" à cette annonce. Je suis un peu dans les vapes mais la douleur me réveille totalement. Mais pourquoi, on ne m’assomme pas vraiment avant, à chaque fois.

Plus de sonde, mais alors qu'est-ce qu'elle était longue cette merde, elle devait bien faire trois fois la longueur de ma queue, Quel intérêt ? Et puis, au lieu de l'enlever vite comme on retire un sparadrap, non cette salope a pris son temps en me regardant. Du coup, j’ai fermé ma gueule. Elle n'a même pas paru déçue que je ne crie pas au contraire, cette conne m'a félicité d'être un grand garçon. Je lui en foutrais moi de son "grand garçon "!

Puis c'est le tour des drains. Encore un vrai délice cette torture !

 

Et après, comme si cela ne suffisait pas, elles me forcent à aller à poil jusqu'à la table et revenir jusqu'au lit. Et bien sûr tout ça avec la porte grande ouverte !

Qu'elles laissent bien sûr ouverte en partant.

J'en ai marre que personne ne me respecte.

Merde, j'ai quatorze ans !

 

C'est la première aide soignante qui, à midi, m'apporte enfin un drap et une de leur chemise de nuit. Je peux enfin m'asseoir et non, rester couché sur le côté face à la porte à me cacher comme je peux.

Cette fille, elle est adorable avec moi depuis le début, sûrement parce qu' elle est beaucoup plus jeune que les infirmières. En plus pour ne rien gâcher, elle est très mignonne.

 

 

Peu de temps après, une femme d'un certain âge très BCBG entre, elle pousse un chariot avec des livres pour enfant dessus, elle me demande si je veux de la lecture. Comme je renifle, elle me donne une feuille d’essuie-tout et me demande si j’ai mal.

- Oui mais ça passera. Vous avez quoi comme livres ?

- Tu aimes quel genre? SF, historique, aventure ou BD ?

- Je m'en fiche, je lis un peu de tout.

Elle me lit les titres. Aucun ne m’intéresse sauf deux BD des chevaliers du ciel. Elle me laisse les deux, je les ai déjà lues mais au moins je pourrais rêver.

Elle est à peine sortie qu’une autre entre, sans frapper. De toute façon ma porte reste toujours ouverte. cela me gonfle un peu, comme d’être ainsi à poil sur mon lit. En même temps, je suis plus ou moins décent, mais ma fierté en prend un coup.

- Bonjour garçon, je suis Madame Courvitt, je suis ton assistante sociale, je vais dorénavant m’occuper de toi. Je voudrais que l’on parle tous les deux, que tu me racontes ce que ton vilain papa a fait et comment ta maman était avec toi.

- Je n’ai rien à vous dire, cassez-vous, foutez-moi la paix.

- Voilà donc une bien méchante humeur pour un si joli petit garçon, je reviendrai te voir demain, tu n’as pas beaucoup de visites à ce qu’on m’a dit.

- Vous pouvez vous en passer, je préfère être seul que mal accompagné.

- Allons, allons, ne sois pas aussi agressif, je ne suis pas ton ennemie, tu sais.

- Et je ne serai jamais votre ami.

Elle me le dit en posant sa main sur ma cuisse. Je me tortille pour m’extraire de ce contact, elle enlève sa main mais ma tentative de fuite m’a fait mal.

- Qu’est-ce qui t’arrive, tu as mal ?

Je lui crie.

- Oui, à cause de vous, partez ! Ne revenez pas !

C'est le moment que choisissent deux gendarmes pour entrer dans la chambre. En les voyant, une peur panique s’empare de moi.

- Je n’ai rien fait !

Ils éclatent de rire.

- On sait bien que toi tu n’as rien fait. Je suis l’adjudant Doulis et voici le brigadier-chef Kovak, nous venons pour te poser quelques questions. Ah ! mademoiselle Courvitt, comment allez vous ?

Je secoue la tête.

- Je n’ai rien à vous dire à vous aussi !

- Je lui ai déjà demandé de tout me raconter et il refuse, c’est un sacré numéro !

- Ah ! mais à nous, il va tout raconter, hein mon petit ? Pouvez-vous nous laisser Mademoiselle ?

Elle sort comme à regret. Le sergent va fermer la porte. Ils commencent à m’interroger, je fais non de la tête en fermant les yeux. Finalement, je me bouche les oreilles en leur hurlant qu’ils doivent sortir. C'est une infirmière qui vient leur dire de partir. Ils me disent au revoir et qu’ils reviendront. L’adjudant me tapote aussi la cuisse. J’ai la même réaction qu’avec l’assistante sociale. Lorsqu’ils partent, j’éclate en sanglots. L’infirmière me surprend en venant me serrer contre elle.

A midi, je dors, on ne me réveille pas. Pour le repas du soir. Je vais mieux.

Le docteur Péret est passé, il m’a laissé des magazines: science et vie, et science et avenir. Mais surtout, merveille des merveilles, deux pyjamas dont j'enfile de suite avec bonheur, un des pantalons.

Je bouquine après le repas jusqu’à ce qu’une nouvelle infirmière vienne pour la température. Ce n’est plus la sadique, je dors libre.

 

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5 janvier 2010

Richard vendredi 18 juillet 1975 proposition

Richard Vendredi 18 juillet 1975

 

Gisou essuie la sueur qui coule sur son front. Se servant de sa large capeline, elle s'évente.

C'est pile l'heure où la maison ne donne pas encore d'ombre sur la longue table en rondins qui trône dans le jardin, et où le grand cèdre ne l'abrite plus non plus, de l'ardeur du soleil estival.

Elle boit une gorgée de la limonade encore fraîche contenue dans le grand verre presque vide posé à côté de la pile de queues de rhubarbe qu'elle épluche depuis une heure.

Cette année, la récolte a été bonne et la mère de son homme pourra faire de la confiture pour tout l'hiver. Elle pourra même en offrir à ses propres parents.

Son esprit s'envole vers eux, il y a trop longtemps qu'elle ne les a pas vu. Son père lui manque, il faut qu'elle pense à l'appeler pour prendre de ses nouvelles. Elle en a reçu par son frère mais ce n'est pas pareil, elle voudrait entendre sa voix.

Elle arrête son ouvrage pour rester un instant le nez en l'air, la main sur sa capeline, scrutant le ciel à la recherche d'un tout petit point noir perdu dans l'immense ciel bleu.

- Richard, sois prudent, reviens-moi entier. Je t'aime mon bel oiseau.

Elle sait qu'il ne peut l'entendre de là-haut dans son maudit planeur avec son père.

 

Derrière elle, la sonnerie stridente du téléphone retentit.

Elle se lève en repoussant avec force le fauteuil de jardin qui refuse de reculer, bloqué par les graviers. Sa main se referme sur le bord de la lourde table, l'empêchant de suivre le mouvement du meuble qui se couche sur le dos. Elle se précipite alors vers la fenêtre ouverte où une seconde sonnerie déchire le silence. ( Oh non pitié, ne me réveille pas Coco... j'ai eu tellement de mal à l'endormir. ) Elle perd une de ses pantoufles en feutre en sautant pour se jucher sur le rebord du grand bac en béton où poussent les gros rhododendrons bleus de Mamie. En se projetant au maximum en avant, du bout des doigts, elle saisit le combiné alors que commence la troisième sonnerie. Inconsciemment, elle grimace et mime le geste de vouloir atténuer le bruit.

- Allô !

- Puis-je parler à Monsieur Granier ?

- Oui, bien sûr, lequel ?

- Pardon ? Il y en a plusieurs ?

- Oui le père et ses deux fils.

- Oh ! Monsieur Granier a déjà deux fils ?

- Mais attendez, vous êtes qui à la fin ? Gisou en équilibre instable sur le bout des orteils commence à s'énerver.

- Oui désolée, que je suis donc impolie. Madame Malatuffe, du service social à l'enfance. Je m'occupe du placement des enfants.

- Oh bonjour Madame, je pense donc que c'est à mon mari, Monsieur Granier Richard que vous vouliez parler.

- Oui voilà, tout à fait. Mais madame, j'ai plaisir à parler avec vous aussi. Je téléphonais juste pour vous avertir que j'ai peut-être un enfant pour vous et donc, que vous me disiez quand l'on pourrait se voir. Gisou a l'impression que son cœur va s'arrêter. 5Elle serre d'avantage le combiné et doit s' agripper au rebord de la fenêtre prise d'un vertige.) Allô ! Vous êtes toujours là ?

- Oui, oui, nous pouvons descendre quand vous voulez, nous pouvons être à votre bureau demain matin à huit heures, si vous voulez ?

Au bout du fil, la voix semble amusée.

- Non, non, lundi après-demain ce sera très bien , j'ai un créneau vers quinze heures, cela vous convient-il ?

- Tout à fait, je vous en remercie.

 

Son cœur bat à rompre.

Gisou n'entend pas le petit clic.

Elle se tourne, se retourne, le nez en l'air à la recherche du petit point noir dans le ciel, mais celui-ci semble avoir disparu.

Elle saute en bas de son perchoir en oubliant qu'elle tient toujours en main le combiné du téléphone. Et au lieu de le lâcher, elle s'y raccroche d'avantage, se sentant déséquilibrée. Elle entraîne ainsi à sa suite le lourd boîtier qui vient claquer contre le mur avec un bruit sec, son fil en se tendant renverse le petit guéridon faisant tomber au sol le gros aquarium rond contenant l'ancienne collection de billes des jumeaux. Il explose en les libérant en un bruit doux et régulier de cascades puis de roulement sur le sol en bois.

 

Son beau-frère est le premier en bas et empêche les gamines de descendre.

- Aller voir par le balcon.

Avant de se précipiter lui-même dehors.

 

Gisou assise sur le gravier, lève les yeux vers des têtes toutes aussi rousses qu'elle.

- T'as fait quoi Maman, t'as voulu sortir par la fenêtre ?

 

 

 

 

 

 

 

4 janvier 2010

Robert vendredi 18 juillet 1975

Robert vendredi 18 juillet 1975




C'est la ricaneuse du thermomètre, qui à six heures allume la lumière en grand et me le colle dans la bouche et le tient encore une fois comme si j'allais le lui cracher à la tronche.

Quoique l'idée pourrait me venir à force.

- J'ai mal, vous n'auriez pas un truc ? Elle reste un moment à me regarder puis touche à mon paquet cadeau. Ah bin tiens quelle bonne idée !!! Je pousse un cri de surprise, elle sourit. Mais vous êtes une pourriture, je vous dis que j'ai mal et vous faîtes en sorte que j'ai encore plus mal.

Elle semble contente d'elle, elle sort et éteint la lumière sans fermer la porte. Même si je sais qu'elle ne reviendra pas, je pleure en l'appelant pendant un moment.





C'est une autre femme en blouse rose qui me porte le plateau du petit déjeuner, plus âgée celle là, et moins souriante.

Elle ouvre les volets.

- Votre chocolat jeune homme.

Je lui souris, elle a l’air gentille, elle.

- Vous me détachez les mains ?

Hélas, pas plus gentille que les autres.

- Ah non, moi on m’a juste dit, de vous faire manger. Ce que je vais faire.

Malgré la douleur, je me m’agite, tel Héraclès, je tente de briser mes liens. Mais je ne suis pas lui. Un jour peut-être si je survis.

- Je ne mangerai rien tant que je serai attaché.

Je ferme les yeux. Je l’entends sortir puis revenir avec quelqu’un. J’ouvre les yeux, c’est la folle de cette nuit. Je ne peux pas réprimer un frisson.

- Alors le vilain bébé nous fait un caprice ? Je te détacherai après les soins. Maryse va te faire manger et tu vas être un gentil petit garçon.

Elle me remonte la tête de lit. 

Je serre les poings. M’en fous, je ne mangerai pas, je mourrai plus vite !

- Non, je ne mangerai pas, si je suis attaché !

Salope, tu peux te le garder ton sourire ! Je vous déteste toutes !

- Et bien, tant pis pour toi. Maryse, allez donc servir les autres enfants, puis revenez voir si monsieur a décidé d’être coopératif. Après, je pense que nous aurons besoin de vous pour ses soins.

Elle sort.

J’ai faim et l’odeur du chocolat est atroce.

Quand je dis que c’est une sadique cette folle. Comme si je ne souffrais pas assez physiquement, elle y ajoute la torture mentale.

La Maryse revient. Je refuse encore. Elle me propose un marché : une main, je mange et elle me remet les liens. Je refuse. Elle me prend pour quoi ? Je ne céderai pas !

- Et bien tant pis pour toi !

Elle s'en va et laisse le plateau sur la table au-dessus de mon lit. Putain, mais qu’elle le vire ! J’essaie de donner des coups de genoux dans la table mais même pas et ça me fait mal. Même mes mains sont trop loin, je pleure de rage et de douleur.

Peu de temps après elle revient avec la folle et une autre infirmière.

Malgré les fenêtres ouvertes, la chaleur dans la chambre est étouffante, le gant d’eau tiède que sa collègue me passe sur le corps, je l’apprécie mais j’aurais préféré le faire moi-même.

Je crie et essaie de m’enfuir lorsque la sadique arrache le premier sparadrap. Je ne m’y attendais pas.

- Tu vois, je te l’avais dit qu’il ne se laisserait pas faire. Maryse, vous nous aidez à le tenir.

Ça ne l'arrête pas, elle continue. J’essaie de bouger le moins possible, mais bientôt la douleur est telle que je lui hurle d'arrêter.

L’autre infirmière, pose sa main sur son bras.

- Arrête-toi, je vais l'aider.

Elle soupire.

- Plus on fait vite, moins il souffre.

L’autre me sourit.

- Pauvre gosse, il me fait pitié.

Je tremble, je suis en nage mais je ne veux pas de sa pitié ! Quoique ? Si ça la pousse à me libérer.

Avec un gant, elle m’essuie à nouveau. Elle est douce et elle me parle gentiment. Mais elles reprennent, il faut bien qu'elles finissent.

Elles m’abandonnent avec un nouveau pansement mais épuisé et en pleurs.

La douleur met un certain temps avant de s’atténuer.

Et j'ai toujours mes bracelets de la honte. J’ai le dos en feu mais à cause d’eux, je ne peux m’écarter du matelas.

C'est la Maryse qui me détache en me portant le plateau du repas de midi. Je m’assieds de suite, heureux de soulager mon dos.

Une femme en blouse blanche vient voir si je mange bien. Marre de toutes ces bonnes femmes qui rentrent comme ça dans ma chambre. Peuvent pas fermer cette putain de porte et me demander avant d’entrer ?

- Bonjour mon garçon, on m'a dit que tu avais des soucis d'alimentation.

J’hésite, je l’envoie chier ou pas. Je décide d’être poli, elle ne m’a encore rien fait.

- Bonjour. Moi non, aucun, sauf si on me donne des trucs que je n'aime pas.

Elle sort un calepin et un stylo de sa poche, j'essaie de voir ce qu'elle écrit mais elle est assise sur le fauteuil trop loin pour que j'y arrive.

- En tout cas là, je vois que tu manges tout, c'est bien. Et donc qu'est-ce que tu n'aimes pas ?

Et vous, quelqu’un vient vérifier ce que vous mangez ou pas ? Me gonfle ! Je fais ce que je veux !

- Tout ce qui vient de la mer.

- Mais c'est bon le poisson, c'est bon pour la santé et spécialement pour la mémoire.

- Vous n'êtes pas la première à me le dire mais tout ce que je vois, je le retiens, donc en ai-je besoin ?

Je la vois sourire, sceptique. Je m'en fous qu'elle me croit ou pas, je n'ai rien à lui prouver. J’ai fini de manger, je la fixe.

- Sinon, vous pourriez faire en sorte que j'ai un drap ? J'ai plus deux ans et être à poil H24 avec la porte ouverte, c'est sympa, mais moi ça me gonfle un peu à force.

Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a à me regarder comme ça ? Elle n’a peut-être pas vu que j’étais à poil ?

- Un drap, je verrai avec celle qui s'occupe de toi, mais il fait plus de trente et avec cette température, on n'en donne pas aux enfants.

Il se fout de ma gueule, là ?

- Je ne suis plus vraiment un enfant.

- Ah ! parce que tu crois être un adulte, on m'avait prévenu, t'es un petit rigolo, toi.

Amusée, elle sort de la chambre et me laisse encore une fois, seul avec mon désespoir.





Le bruit du petit chariot dont les roues grincent et qui porte tout le matériel de soin me sort de ma torpeur lorsqu'elles entrent dans ma chambre.

- Non, c'est bon, mon pansement est toujours aussi propre, je n'ai pas bougé de mon lit, je n'ai pas pu le salir, il tiendra bien une dizaine de jours.

Je reconnais l'infirmière, c'est celle qui m'a parlé gentiment ce matin. Elle me sourit. L’autre je ne la connais pas mais elle a aussi des gestes doux, pas comme l’autre folle.

- Ne t'inquiète pas, on y touchera pas, je viens juste t'enlever ta voie centrale et tes perfusions puisque tu alimentes normalement, d'accord ?

Je hoche la tête.

Pour la voie centrale la sensation est très étrange mais pas vraiment douloureuse.

Elle m'enlève aussi la perfusion que j'ai au bras gauche.

- Vous pouvez me détacher et me donner un drap ?

Là, les deux se regardent un peu surprises.

- Mais c'est une vraie obsession chez toi. Oui, je vais t'enlever ça, de toute façon tu n'as plus rien à t'arracher cette fois.

Cette fois c’est moi qui suis surpris.

- Je n'ai rien arraché moi.

- Oh si ! Ta voie centrale, ta perf et même certains de tes pansements, c'est pour ça qu'ils t'ont attaché. Et c'est pour cela que tu as été sous coma artificiel pendant trois jours.

J'enregistre l'information. Je n'en ai absolument aucun souvenir, c'est dingue.

- C'est bon maintenant que j'ai repris tous mes esprits, je ne le ferai plus.

Mais non, rien à faire, je reste à poil et attaché.

Lorsqu'elle s'en va, je me laisse aller à somnoler jusqu'au soir, de toute façon, j'ai rien d'autre à faire en dehors d’essayer de temps en temps d’arracher mes liens, mais non, toujours pas assez costaud…. et je m'emmerde comme un rat mort, alors dans ma tête je réfléchis à comment me venger.




- Ouvre la bouche ! Elle me cale le thermomètre dans la bouche mais cette fois ne le tient pas. Elle soulève une poche en plastique suspendue sous mon lit. Tu dois boire plus car tu ne fais pas assez pipi. J'ai envie de l'envoyer paître en lui disant que j'aimerais bien aller pisser normalement et que si je n’avais pas été attaché, j’aurais pu boire beaucoup plus. La preuve maintenant la cruche sur ma table de chevet est vide. Mais c'est la folle sadique, je me tais. Par contre semblerait que tu saignes toujours. Et ça, c'est parce que tu bouges trop. Tant que tu saigneras, tu auras des drains et une sonde, mais si, c'est ce qui te plaît.

Je la hais cette nana, qu'est-ce que je peux la haïr, mais comme son sadisme me fait peur, je ne lui réponds rien, je veux juste qu'elle sorte de ma chambre.



Cinq minutes plus tard, je me venge sur ma sonnette. Je l’accueille avec la cruche vide à la main.

- Je vous prie de m’excuser mais ma chope est vide.

Elle me fusille du regard mais va me la remplir et me la repose à côté de moi sans un mot.

Je vide la chopine sans passer par la case verre. Elle veut que je boive ? OK !



La troisième fois, je m’endors en attendant qu’elle me la ramène.












3 janvier 2010

Robert jeudi 17 juillet 1975 Toujours un garçon !

 Robert jeudi 17 juillet 1975 Toujours un garçon !



Une douleur lancinante au niveau de mon sexe me réveille, je veux y porter la main car mes poignets et mes chevilles sont attachés.

Je suis couché sur le dos, dès que je bouge, j'ai l'impression que l'on m'en arrache la peau. Je veux crier mais quelque chose dans ma bouche m’en empêche. Juste au-dessus de ma tête un appareil émet des sons en continu ou des sifflements à intervalles réguliers. J’ai aussi très mal à la tête.

Je réalise que je suis à l’hôpital, mais je ne comprends pas pourquoi.

Et cette douleur !

Je m’agite. Je veux m’asseoir mais je suis bien trop bloqué. Je remarque un tube qui sort du creux de ma clavicule. Lui me brûle. J’en ai aussi un au bras gauche. Mais qu’est-ce qui a bien pu m’arriver ?

Une infirmière attire mon regard en m’appelant par mon prénom. Elle disparaît pour revenir au bout d'un temps qui me semble durer un siècle, avec ce que j’identifie comme un médecin.

- Bonjour mon petit, content que tu reviennes parmi nous.

Revenir ? J'étais parti ? Et je serais parti où d'après eux ? Surtout ficelé comme je le suis.

Je bouge les bras pour leur montrer mais ils ne semblent pas comprendre. Je renonce. Ce qui m'importe c'est qu'ils m'enlèvent de ce lit de fakir qui me bousille le dos.

Et voilà, cette fois ils disparaissent tous les deux.

Je comprends que je dois prendre mon mal en patience. Je me laisse aller à somnoler, je n’ai que ça à faire. Et puis, si je ne bouge pas, mon dos me lance moins.

On me touche, une peur indicible m’envahit, je me réveille en hurlant en silence. J’ai toujours ce maudit tube en bouche.

Ce sont deux infirmières différentes, avec le même médecin

- Là, là, calme... Nous n'allons pas te faire de mal. J'enlève l'oreiller le temps de t'ôter le tube que tu as dans la gorge, puis je te le remettrai, là, sois sage, ne bouge-pas !

C'est très désagréable, mais je me laisse faire, je n’ai pas le choix de toute façon. Et puis après je pourrai parler et leur demander pourquoi je suis là.




- Tu as mal ?

Tiens c’est vrai, la douleur a plus ou moins disparu.

- Non, là, ça peut aller. Tout à l’heure oui, j’avais très mal. Pourquoi est-ce que je suis là ? Pourquoi suis-je attaché ?

Il a l’air surpris. 

- Tu ne te souviens pas ?

Bin non puisque je le lui demande, pas très fut fut le toubib.

- Non !

Mon regard va de l’un à l’autre. 

- Le docteur t’expliquera, dors tant que tu peux, le temps passera plus vite pour toi, d’accord ? Et dès que tu as mal, tu m’appelles. Je te mets la sonnette dans la main droite.

L'infirmière me relève la tête pour me remettre l'oreiller, immédiatement mon dos m’arrache presque des larmes et je cherche à voir cette fameuse sonnette. Mais ce que je vois c’est mon torse puis mon ventre et surtout mon bas-ventre.

Je suis nu mais la moitié inférieure de mon ventre et mon entrejambe sont recouverts de gazes d’où sortent deux tubes. Et des genoux à mon cou pratiquement, mon corps a pris une couleur allant du noir au violet clair zébré de noir et je suis devenu un hérisson car j'ai sur tout le corps des petits fils noirs durs dressés.

L’infirmière doit sentir que je m’affole, elle me plaque sur le dos.

- Qu’est-ce que j’ai ? Mais répondez moi ? Et là d’un coup, tout me revient, en un flash rouge. Je ne suis plus un garçon, c’est ça ? Il l’a fait ? Il m’a tout coupé ? Non, je ne veux pas !

Je hurle, je me débats.

La douleur revient, intense, intolérable.

Je ne sais pas ce qu’ils m'injectent mais tout redevient noir.

…………………………………………………………………

Il est là devant moi, immense, il n’y a que lui, je ne vois que lui.

Son bras se lève et s’abaisse.

“Tu n’as pas le droit de vivre !”

Je hurle.

J’aimerais partir, j’aimerais m’enfuir mais je ne peux pas.

Je suis attaché.

Ses mains brillent dans la nuit, phosphorant à la lumière de la lune.

Et toujours cette douleur.

Et toujours ces coups.

“Tu n’as pas le droit de vivre !”

Ses paroles résonnent, rythmant les coups et mes cris.

Je veux fuir, je veux vivre.

J’ai le droit de vivre.

Je veux qu’il s'arrête.

“Je t’aime mon fils !”

Non, non, tu ne peux pas, je ne peux pas être ton fils !

Lâche-moi ! 

Et toujours ce bras qui se lève, qui s’abaisse et toujours cette douleur. 

…………………………………………………………………

Je me réveille à nouveau, je suis toujours sur le même lit mais ailleurs, dans une chambre, seul.

Je suis toujours attaché. J’essaie de me contorsionner mais cela ne fait qu’accentuer la douleur de mon dos. Je dois trouver sa fameuse sonnette, j’appuie dessus de toutes mes forces et avec frénésie. Une infirmière entre, lentement, trop lentement à mon goût.

- Détachez-moi ! Vous n’avez pas le droit de m’entraver comme cela. Je veux savoir ce qu’il m’a fait, ce que j’ai ! Et j’ai mal, j’ai mal.

Je sanglote.

- Bon tout d’abord mon petit, tu vas te calmer. Regarde-moi, plus tu t'agites, plus tu auras mal, alors ne bouge plus. je te détacherai lorsque tu seras plus calme. Tu es un véritable tsunami. Même endormi, tu te tortilles comme un petit vers, c’est pour cela que nous t’avons attaché, non pour te punir mais pour ton bien pour que tu ne te fasses pas mal.

La femme qui me parle avec un très fort accent alsacien, est blonde, ses cheveux tirés en arrière, avec un visage rond assez doux mais elle m’est de suite antipathique et je me mets à la détester.

- j’ai soif.

Elle me fait boire une gorgée d’eau.

 

- Voilà, je reviendrai tout à l’heure t’en redonner. Et si tu es calme à midi, je te détacherai les bras pour que tu puisses manger. Je pense que le docteur Péret viendra te voir cet après-midi comme tous les jours depuis que tu es avec nous.

- Depuis combien de jours ?

- Nous en sommes déjà au matin de ton troisième jour. Elle me laisse, je la regarde sortir.

Je la déteste de me laisser.

J’ai encore soif, très soif. Faim non.

Je redresse ma tête autant que je peux pour regarder mon ventre mais je ne vois qu’un tas de gazes et mon dos me lance. Je dois encore attendre, je finirai bien, malheureusement, par savoir ce qui me reste. Et elle a raison, il faut que je dorme et tenter de ne pas y penser.

J'ai dû m’endormir.

Une jeune femme d'une vingtaine d'année pas plus, habillée d’une blouse rayée rose pose un plateau sur la table. Elle me sourit en me voyant réveillé puis regarde ma fiche au pied de mon lit.

- Bonjour Robert, c’est ça ? Tu as faim je pense, je vais t’aider à manger un peu.

Elle redresse ma tête de lit pour que je sois en position semi-assise, met la table au-dessus de moi, au-dessus de mon ventre. J’ai déjà repéré la salade de betterave, et quand elle soulève le cache et que je vois le poisson, je secoue la tête.

- Je ne veux pas manger, je n’ai pas faim. J’ai soif, je veux juste boire.

- Allons, allons, un garçon comme toi a besoin de manger pour devenir un homme fort et costaud.

Elle approche la fourchette avec du poisson, je m’éloigne au maximum. Elle ne me propose que du riz, mais dessus il y a de la sauce dans laquelle nage le poisson, je secoue la tête. J’ai trop faim, je mange les betteraves. Au dessert, c’est une poire au sirop, j’accepte ainsi que le fromage, du camembert semble-t-il.

Elle me donne ensuite, seulement, à boire.

L’ infirmière de tout à l’heure revient.

Elle voit que je n’ai mangé que je n’ai pas touché au plat principal.

- Qu'est-ce que c'est que ça, tu es un petit peu difficile ? Un petit capricieux. Elle rapproche la table et tente, elle aussi. Juste une bouchée de poisson et un peu de riz. Tu ne veux pas me faire plaisir ? Elle me bloque le visage d'une main et force mes lèvres avec la fourchette qui me pique et me blesse la gencive, les dents restant serrées. Je me débats. Je ne la déteste plus, je la hais.  Allons, allons, il faut que tu manges.

Le goût même léger me révulse, j'ai un haut le cœur, elle abandonne.

Je me penche au-dessus de l’assiette et crache le grain de riz resté entre mes lèvres.

La femme à la blouse rose repart avec son plateau. Je réclame à boire. L’infirmière me présente un demi verre d’eau.

- S'il vous plaît, détachez-moi au moins une main.

- C’est le docteur qui décidera, si tu es sage mais franchement…

Avant de partir, elle me propose de l’eau, lorsqu’elle pose le verre contre mes lèvres, je fais exprès de lui faire pencher davantage. L’infirmière jure car si j’ai pu avoir plus d’eau, le reste s’est répandu sur mon torse et mes pansements. Et c’est énervée que je la vois s’éloigner. 

J’ai toujours très soif et je commence à en avoir marre qu'on me dise d'être sage comme si j'étais un tout petit bébé.





Je somnole lorsque le docteur Péret entre.

- Salut bonhomme, comment vas-tu aujourd’hui ? Tu sais que tu nous en as fait une de ces peurs ?

- J’ai quoi exactement et pourquoi je suis attaché ? Et pourriez-vous fermer cette porte ?

- Pendant que je suis là, je vais te détacher, après je verrai avec l’interne, d’accord ? J’apprécie de pouvoir m’asseoir, mon dos , mes fesses me lancent. Je me contorsionne autant que je peux, pour toucher mon dos. Sous mes doigts, un pansement qui va du cou aux fesses qui elles sont nues et sous mes doigts je sens les stigmates laissés par la ceinture de mon père. Par contre, quand je veux toucher à mon gros paquet cadeau, il me retient la main. Non bonhomme. Si tu veux que ça guérisse bien n’y touche pas. Ils ont mis six heures à tout recoudre, normalement tout sera comme avant, du moins il me l’a promis. Je pense que le chirurgien devrait passer te voir, ce soir ou demain. Je te sais intelligent alors soit patient.

La porte s'ouvre sur l'infirmière.

- Pourquoi cette porte est-elle fermée ? Dans ce service, les portes doivent rester ouvertes. De plus, Monsieur, qui vous a autorisé à le détacher ?

- Je suis son médecin.

- Vous êtes interne ici ? non . Alors vous n'avez aucun droit pour décider ce qui doit être fait ou pas. Allons, donne-moi ton bras.

Je m’éloigne tant que je peux, agrippant de ma main les barres du lit opposées à elle.

- Non !

- Et bien on va voir qui décide, mon petit.

Je me débats, je suis à deux doigts de la mordre. J'ai mal à nouveau et je me mets à pleurer de douleur et de rage.

- Non, non, nooooon.

Le docteur Péret se met entre elle et moi.

- Attendez, laissez ce gamin, allez chercher un interne, il décidera. 

Elle me lâche et furieuse sort de la chambre, il ferme la porte derrière elle. J'ai mal, je me laisse glisser vers le fond du lit malgré la râpe dans mon dos, pour ne plus avoir les jambes droites, les plier, les bouger.

Le docteur Péret soupire et m'enlève aussi les bracelets de chevilles. Doucement car chaque geste m'est douloureux, je bouge les jambes.

La porte va claquer contre le mur lorsqu'elle l'ouvre.

Je sursaute, effrayé, je voudrais me mettre en boule, mais je ne peux même pas.

Elle semble proche de l'apoplexie quand elle voit mes jambes libres. Mais ne dit rien car un médecin la suit.

- Bonjour collègue, comment vas-tu ? Alors c'est toi, celui qui nous l'a amené ? Mademoiselle Meyer, faîtes donc confiance au docteur Péret. Personnellement, je lui confierais ma vie sans problème.

- Docteur s'il vous plaît.

- Oui bonhomme.

Il doit avoir à peu près le même âge que le docteur Péret.

- J'ai quoi exactement ?

- Ah ça c'est l'urologue qui répondra à ta question lorsqu'il passera te voir.

A dix-huit heures, on me laisse manger sans aide, ma soupe, mon poulet, ma purée, ma tranche de gruyère et ma compote. Cela me change des repas de la maison.

Le docteur Péret ne part que quand j’ai fini de manger mais sans avoir réussi à m'obtenir un drap pour me couvrir..

Dans la soirée, l’infirmière vient me prendre elle-même la température, surveillant que je garde bien le thermomètre en bouche suffisamment longtemps en l'y tenant.

Puis elle éteint la lumière, je m’endors assez rapidement malgré une soif inextinguible.

Deux infirmières me réveillent en me remettant les bracelets aux poignets puis aux chevilles. J’essaie de résister, de les supplier rien n’y fait.

- Désolé mon petit, tu bouges beaucoup trop quand tu dors, tu te fais du mal sans le vouloir.

- Pitié, je ne dormirai plus s'il le faut mais non pas ça. L'une des deux sourit, l'autre ricane, elle, je ne l’aime déjà pas, elle me fait peur. J'ai mal, vous n'auriez pas un truc ? Elle reste un moment à me regarder puis touche à mon paquet cadeau. Ah bin tiens quelle bonne idée !!! Je pousse un cri de surprise, ça la fait sourire. Mais vous êtes une pourriture, je vous dis que j'ai mal et vous faîtes en sorte que j'ai encore plus mal.

Très contente d'elle, elle sort et éteint la lumière sans fermer la porte. Même si je sais qu'elles ne reviendront pas, je pleure en appelant pendant un moment.















 



2 janvier 2010

Caths Mardi 15 juillet 1975 Ce n’est pas possible !

Caths Mardi 15 juillet 1975 Ce n’est pas possible !

 

Toute la nuit Catherine a fait le même cauchemar.

 

Karl, un sourire mauvais aux lèvres, remet sa ceinture.

Son père, le bras autour de ses épaules, la serre contre lui.

- Partons.

L'air est chaud pourtant elle frissonne.

Repoussant son père, Catherine part en courant vers la maison.

 

Le bruit du cuir qui frappe la peau douce et tendre de l'enfant dans son cauchemar, résonne encore dans sa tête. Elle garde gravés dans sa mémoire ses grands yeux qui lui adressent une supplique muette avant de se fermer lorsque sa tête se rejette en arrière à chaque morsure de la lanière de cuir. Elle aurait hurlé, lui, non !

Son père la fait se tourner pour l’empêcher de regarder Karl frapper Robert mais le bruit frappe son cœur.

A cause d’elle ! Il s'est fait battre une fois de plus. Une fois de trop… par sa faute. Elle sanglote incapable de s'arrêter. Lui pardonnera-t-il un jour ? Demain elle ira le voir. Demain elle ira voir ses parents et elle osera les affronter. Elle portera plainte contre eux pour maltraitance. Cette fois, elle le fera pour de bon. 

Elle aura le courage qui lui a tant de fois manqué.

Elle ferme sa porte à clef. Elle ne veut pas, elle ne veut plus voir personne. Elle les déteste tous.

Elle ne pleure plus. 

Elle n'a pas dormi. Elle n'a pas pu. Dès qu’elle ferme les yeux, elle voit Karl lever et baisser le bras. Elle a  l’impression d’entendre le schlac de chaque coup.

Elle a l'impression de sentir encore sur elle son odeur d’enfant qui se mélange à celle cuivrée de son sang. Elle a envie de se faire mal, de se blesser pour souffrir comme lui.

Elle se décide à quitter son lit. 

Il fait jour depuis un certain temps déjà.

Il est huit heures.

Sa mère n'a pas ouvert la boutique ? Qu'est-ce qui se passe ? Tiens il y a une voiture de gendarmerie devant la maison. Non ! Ils n'ont pas osé, ils n'ont pas osé porter plainte contre lui. Elle le leur interdit !

Elle descend les escaliers en courant. Elle bute contre William.

- Non petite soeur, tu remontes, vaut mieux que tu restes dans ta chambre, tu en as assez fait comme ça.

Elle se débat.

- Papa ! Maman ! Qu'est-ce qui se passe ? William lâche-moi !

Elle le mord. Il crie et elle prend une gifle mais c'est à peine si elle la sent. Elle veut savoir, elle veut qu'il la lâche. Un gendarme et Papa la libèrent. Elle hoquette. Elle a presque du mal à respirer. Son père la serre contre lui.

- C'est rien, là ma puce calmes-toi. Viens dans le salon nous allons en parler au calme, le brigadier voudrait te poser quelques questions. Là, son père s'assied avec elle sur le canapé et le militaire en face d’elle sur une chaise. Mon bébé, hier après notre départ, Karl a commis un acte méprisable sur Robert. Pourrais-tu raconter au brigadier tout ce qui s'est passé hier ?

- Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Papa dis-le moi !

Il refuse.

- Plus tard. Commence par tout raconter. Il est pressé. Après je te dirai tout à mon tour.

Alors elle se tourne vers l’homme en uniforme qui se tient debout devant elle, les pouces passés dans sa ceinture blanche .

- Que voulez-vous savoir ?

 

Il a une grosse voix grave.

- Qu'y a-t-il entre toi et le fils des Weissenbacher ?

Elle regarde son père. Elle a un peu peur de sa réaction et puis d'un coup elle s'en fout. Hier, Robert et moi, nous nous sommes donnés l'un à l'autre, nous nous sommes jurés que plus rien ne pourrait nous séparer.

- C'est mon fiancé !

Elle voit, agacée, les deux hommes sourire.

- Bien, mais qu'entends-tu par là ? Vous avez eu des rapports tous les deux ? Il n’y va pas par quatre chemins, lui au moins. Elle s'installe mieux, ramène sa longue jupe qu’elle n'a pas enlevée autour de ses jambes qu’elle serre dans ses bras et pose son menton sur ses genoux. Elle fixe le bout de ses orteils qui dépassent. Elle est mal à l'aise. Doit-elle, a-t-elle le droit vis à vis de Robert de tout leur dire. Elle observe le gendarme par en dessous comme si en fait, elle grattait le vernis écaillé de son gros pouce de pied. Celui qu'hier il a embrassé en riant en lui disant qu’elle avait de jolis pieds. Elle fixe son père. Non pas devant lui… Elle n’y arrivera pas. Le gendarme se tourne vers lui. Monsieur Lutz pourriez-vous sortir s'il vous plaît ? Allez donc m'attendre avec votre femme. Il accompagne son père jusqu'à la porte qu'il referme après avoir regardé l’homme s’éloigner. Il fonctionne à ce poste de télévision ? Elle répond oui de la tête. Il lui sourit et le met en marche puis vient s'asseoir sur le canapé à côté d’elle. Voilà tu peux parler, personne en dehors de moi ne t'entendra. Je ne dirai rien à tes parents.

- Il a quoi Robert ?

- Il est à l'hôpital dans un coma profond. Nous espérons qu'il s'en sortira.

Au moins, il n'est pas mort.

- Merci pour votre réponse. Puisqu’il m’a dit la vérité, je lui dois de la lui dire aussi. Catherine alors se redresse et reprend sa respiration pour rassembler son courage. Oui nous avons couché ensemble mais il est trop jeune, vous voyez ce que je veux dire ? L’homme devant elle reste impassible. Mais nous nous aimons. Dès que nous pourrons, nous nous marierons et comme ça plus personne ne pourra plus rien nous dire. Il est où à Colmar ou à Strasbourg ?

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu peux me raconter sur son père ?

Alors sur ce sujet La jeune fille devient intarissable. 

Il part une bonne heure plus tard. 

Elle le raccompagne jusqu’à la porte de la boulangerie.

Le gendarme lui fait promettre qu’elle viendra déposer lorsqu’elle recevra sa convocation.

Sa mère en silence lui sert un chocolat avec des viennoiseries puis va ouvrir le magasin. 

Elle entend de suite dans la boutique le flot des commères qui accablent sa mère de questions. 

Catherine  n'a pas faim. Elle va écouter cachée derrière la porte de l’arrière boutique. Il va sans dire qu'elles parlent de l'autre salopard. Théo la fait sursauter puis la tire derrière lui dans le salon.

Là, il la tient par les bras et la fixe accusateur.

- Tu es contente de toi ? Il s'est fait tuer parce que tu es une belle garce.

Non c’est pas vrai, il n’est pas mort, elle sait qu’il n’est pas mort, il ne peut pas être mort !

- Il n'est pas mort, le gend…

Théo la pousse violemment contre le canapé où elle s’affale.

- Pauvre pomme ! il voulait t'épargner.

Non ! Non ! Ce ne peut pas être vrai, elle déboule dans la boutique et saisit sa mère par les épaules, la secouant comme un prunier en lui hurlant dessus.

- Il est mort ? C'est vrai ? Je veux la vérité Maman !

Le sac avec des croissants est tombé au sol, elle shoote dedans. Sa mère roule des yeux aussi effarés que ceux des petites vieilles et de la jeune femme avec un bébé aux bras qui sort en courant du magasin. 

Catherine a compris. Elle ne lui dira jamais la vérité.

Elle disparaît et se renferme dans ma chambre. On frappe sur sa porte puis elle entend le bruit du tournevis pour l'ouvrir de force.Elle pousse alors son lourd bureau devant puis bloque ce dernier avec mon lit qui fait exactement la bonne taille, il va jusqu'au pied de la fenêtre qu’elle ouvre en grand. Elle est debout sur le lit et regarde en-bas Elle a envie de sauter mais elle réalise que c'est stupide. Au pire, elle se cassera une jambe, cela ne l'avancera pas à grand-chose. Elle voit alors William arriver avec la grande échelle en bois et la poser sur le mur. 

Oh les enflures ! 

Vite, elle ferme les volets puis la fenêtre. Voilà, ils sont bien embêtés maintenant. Elle ne peut s'empêcher de rire malgré ses larmes en voyant la tête de son frère à travers les persiennes du volet. 

Elle reste dans le noir. 

Avec la fenêtre fermée, il fait vite chaud dans sa chambre. Elle se déshabille. Cela lui fait penser à hier soir. Elle se met toute nue et prenant son plus gros nounours dans les bras elle se met à danser comme s'il était Robert. Elle pleure et elle rit. Deviendrait-elle folle ? Malgré l'obscurité, elle se regarde dans les miroirs de son armoire. Elle regarde son reflet et lui  jure que plus aucun autre garçon que lui ne la touchera puis s'endort épuisée. 


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1 janvier 2010

Généalogie Tome 1

Généalogie Tome 1



élèves de sa classe :

Sup

D' Aureilhan Claude Darmon

Garrot Marion Lefêvre

Rapin Arthur Dominieux

Nguyen Jacques Martinez

Michel Simon Fontenay Ghislain

Jussieu Hugo Auriol

Nevière Xavier Doramé

LeCam Gabriel Dugast Laurent

Despéro Claude Endolfo

Bachelet Christian

Morvan Yann

Duverger Sully

Autret Jean-Jacques

LHiver Michel

Le Moine Jean

Vermont Thierry

Bex Olivier

(Tramoni Alexandre)

Andréani Jean-Luc

Archaimbeau Maxime

Dejean de Saint Marcel Thibeau

Rivals Guillaume

Orzoni Jean

Saulnier Pierre-Yves

Berrettau Jean-Charles

Crémieux Max

Scheffer Marc

Leroy Yann-Marie

Roquette de Saint Pierre Gilles






Karl

Adélaïde ( + mars 1991 )

. Annie ( Gérard ) 1945

. Angélique 1946 

. Alice 1949 

. Astrid 1952 

. Agathe 1955

. Annick 1959 

. Alisée 1960 

. Robert 1961 

. Victorine et Victoire 1965 

 

Adrien Lutz 1910 

Jacqueline 1911

 

Christophe Lutz 1930

Mariette Rozer 1935

. Gérard ( Annie) 1945

       . William   1948

. Jocelin 1950

. Théodule dit Théo 1955

. Catherine dit Caths ou Tach 17/11/1959

Caroline Adèle



Papi Raoul 1908 (+ 1997 )

Mamie Lucette 1912 (+ 2002)

Richard 1936 ( retraite 01 )

Rémy 1936 ( retraite 02)







Richard Granier 30/05/1936

Gisèle MacDailly 1938 

. Isabelle 2/06/1959

. "Robert" 10/02/1961

. Véronique 11/11/1961

. Yvette 28/04/1964

. Françoise 18/02/1970

. Corine 10/08/1974

 

 

Rémy Granier 1936

Sylvie MacDailly 1936

.Maïté 1960 

.Mathilde 1962 

et Marthe 1962

 

 

Grand-père MacDailly William 12 décembre 1896 

Grand-mère Sophie Lattry 2 juillet 1903 

. Sylvie (Rémy) 23 septembre 1936

. Gisèle (Richard )

et

 Olivier ( Marc ) 2 Mars 1938



Samuel Weisembacher 1907 

31 décembre 1999

Origines

Robert Mes origines

 

Ma mère s'appelle Adélaïde Weissenbacher.

Elle naît à Strasbourg en 1928. Son grand-père est rabbin, et elle est élevée très strictement dans la religion israélite.

Son père est professeur de mathématiques à la faculté de Strasbourg.

Lorsque la guerre éclate, il emmène sa famille à Bordeaux pour la mettre à l'abri avant de rejoindre le général De Gaulle et s’engager en tant que pilote dans l'Air Force. Personne ne devait plus jamais le revoir. Concomitamment, Adélaïde et sa mère sont prises dans une rafle en 1944 puis conduite à Dachau.

Elle venait tout juste d'avoir seize ans. C'est une magnifique adolescente blonde aux yeux bleus.

Sa mère, comme la plupart des survivants, tient à peine debout à l'ouverture des portes. Adélaïde, elle, refuse son destin. Elle essaie de rester propre. Elle parvient même à se recoiffer et passe devant les officiers SS la tête haute, en les toisant.

Comme elle l'espérait, l'un d'eux succombe à son charme. La prenant sous sa protection, il lui évite la chambre à gaz, mais pas la sienne et son lit. 

En Avril 1945, à la libération des camps, le jeune officier Karl lui apprend qu'il a sauvé sa mère. Il espère du coup son aide en retour.

Portant son enfant, elle lui offre son identité et sa religion, drôle de retour des choses !

Rapidement, Karl trouve un petit travail de secrétaire bilingue à Colmar auprès de l’État Major britannique. Son nouvel État Civil lui cause quelques problèmes de conscience. Il décide alors de reconvertir sa nouvelle famille à sa véritable confession : le catholicisme.

Seule la belle-mère s'y refuse.

Elle reste vivre avec eux, pour aider sa fille qui enchaîne grossesses sur grossesses.

Elle meurt presque vingt ans plus tard après la naissance de son unique petit-fils, emportant dans sa tombe sa haine profonde pour ce gendre dont sa fille s'est éperdument éprise. Il faut avouer qu’ils sont parfaitement assortis physiquement, grands et blonds, ils paraissent faits l'un pour l'autre.

Par chance, on offre à Karl une place d'homme à tout faire dans un grand hôtel de la vallée de Munster.

S'il est mal payé, le couple y trouve de nombreux avantages, dont celui de plus ou moins disparaître.

Ils sont logés spacieusement et blanchis gratuitement. Ils deviennent vite indispensables à la bonne marche de l'établissement.

Fin 1959, pour compléter leurs revenus, Adélaïde prend en nourrice Catherine ( Caroline, Adèle), née le même jour que sa fille Annick.. 

Les parents de la petite fille tiennent la boulangerie juste en face de l'hôtel et possèdent aussi les trois autres seuls magasins du village ainsi que divers immeubles. Cette fille, née plus de quinze ans après le premier garçon, comble mais encombre aussi le vieux couple.

En 1960, Karl et Adélaïde ont déjà sept filles et le 10 février 1961 à neuf heures quarante-cinq du matin, Adélaïde met au monde un minuscule petit garçon brun de 2 kilos 600 qu'ils appellent Robert Adolphe Samuel. Du haut de ses deux ans, Catherine l'accueille comme son frère.

Quatre ans plus tard, deux petites jumelles viendront compléter la famille.

 

30 décembre 1999

Véro 15 Août 1975

Caths Mardi 15 juillet 1975

 

Toute la nuit Catherine a fait le même cauchemar.

 

Karl, un sourire mauvais aux lèvres, remet sa ceinture.

Papa le bras autour de mes épaules la serre contre lui.

- Partons.

L'air est chaud pourtant elle frissonne.

Repoussant papa, elle part en courant vers la maison.



Dans mon cauchemar, le bruit du cuir qui frappe la peau douce et tendre de l’enfant, résonne encore dans sa tête. Gravés dans sa mémoire ses grands yeux qui lui adressent une supplique muette avant de se fermer lorsque sa tête se rejette en arrière à chaque morsure de la lanière de cuir. Elle aurait hurlé, lui, non !

Son père la fait se tourner pour l’empêcher de regarder Karl frapper Robert mais le bruit frappe mon cœur.

A cause d’elle ! Il s'est fait battre une fois de plus, une fois de trop par sa faute. Elle sanglote incapable de m'arrêter. Lui pardonnera-t-il un jour ? Demain elle ira le voir. Demain elle ira voir ses parents et elle osera les affronter. Elle portera plainte contre eux pour maltraitance. Et cette fois, elle le fera pour de bon, elle aura le courage qui lui a tant de fois manqué.

Elle ferme ma porte à clef. Elle ne veut pas, elle ne veut plus voir personne. Elle les déteste tous.

Elle ne pleure plus. Elle n'a pas dormi. Elle n'a pas pu, dès qu’elle ferme les yeux, elle voit Karl lever et baisser le bras. Et l’impression d’entendre le schlac de chaque coup qu’il lui a donné.

Elle a l'impression de sentir encore sur elle son odeur d’enfant qui se mélange à celle cuivrée de son sang. Elle a envie de se faire mal, de se blesser pour souffrir comme lui.

Elle me décide à quitter son lit. 

Il fait jour depuis un certain temps déjà.

Il est huit heures.

Sa mère n'a pas ouvert la boutique, qu'est-ce qui se passe ? Tiens il y a une voiture de gendarmerie devant la maison. Non ! Ils n'ont pas osé, ils n'ont pas osé porter plainte contre lui. Elle le leur interdit !

Elle descend les escaliers en courant. Elle bute contre William.

- Non petite soeur, tu remontes, vaut mieux que tu restes dans ta chambre, tu en as assez fait comme ça.

Elle se débat.

- Papa ! Maman ! Qu'est-ce qui se passe ? William lâche-moi !

Elle le mord. Il crie et elle prend une gifle mais c'est à peine si elle la sent. Elle veut savoir, elle veut qu'il me lâche. Un gendarme et Papa la libèrent. Elle hoquette. Elle a presque du mal à respirer. Son père la serre contre lui.

- C'est rien, là ma puce calmes-toi. Viens dans le salon nous allons en parler au calme, le brigadier voudrait te poser quelques questions. Là,  Papa s'assied avec moi sur le canapé et le militaire en face de moi sur une chaise. Mon bébé, hier après notre départ, Karl a commis un acte méprisable sur Robert. Pourrais-tu raconter à ce monsieur tout ce qui s'est passé hier ?

- Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Papa dis-le moi !

Il refuse.

- Plus tard, commence par tout raconter, il est pressé, après je te dirai tout à mon tour.

Alors elle se tourne vers l’homme en uniforme qui se tient debout devant elle, les pouces passés dans sa ceinture blanche .

- Que voulez-vous savoir ?

 

Il a une grosse voix grave.

- Qu'y a-t-il entre toi et le fils des Weissenbacher ?

Elle regarde son père. Elle a un peu peur de sa réaction et puis d'un coup elle s'en fout. Hier, Robert et moi, nous nous sommes donnés l'un à l'autre, nous nous sommes jurés que plus rien ne pourrait nous séparer.

- C'est mon fiancé !

Elle voit agacée les deux hommes sourire.

- Bien, mais qu'entends-tu par là ? Vous avez eu des rapports tous les deux ? Il n’y va pas par quatre chemins au moins. Je m'installe mieux, je ramène ma longue jupe que je n'ai pas enlevée autour de mes jambes que je serre dans mes bras et pose mon menton sur mes genoux. Je fixe le bout de mes orteils qui dépassent. Je suis mal à l'aise. Dois-je, ai-je le droit vis à vis de Robert de tout leur dire. J'observe le gendarme par en dessous comme si en fait je grattais le vernis écaillé de mon gros pouce de pied. Celui qu'hier il a embrassé en riant en me disant que j'avais de jolis pieds. Je fixe mon père. Non pas devant lui… je n’oserai pas. Le gendarme se tourne vers lui. Monsieur Lutz pourriez-vous sortir s'il vous plaît ? Allez donc m'attendre avec votre femme. Il accompagne mon père jusqu'à la porte qu'il referme après avoir regardé mon père s’éloigner. Il fonctionne à ce poste de radio ? Je réponds oui de la tête. Il me sourit et le met en marche puis vient s'asseoir sur le canapé à côté de moi. Voilà tu peux parler, personne en dehors de moi ne t'entendra. Je ne dirai rien à tes parents.

- Il a quoi Robert ?

- Il est à l'hôpital dans un coma profond. Nous espérons qu'il s'en sortira.

Au moins, il n'est pas mort.

- Merci pour votre réponse. Puisqu’il m’a dit la vérité, je lui dois de la lui dire aussi. Catherine alors se redresse et reprend sa respiration pour rassembler son courage. Oui nous avons couché ensemble mais il est trop jeune, vous voyez ce que je veux dire ? L’homme devant elle reste impassible. Mais nous nous aimons. Dès que nous pourrons, nous nous marierons et comme ça plus personne ne pourra plus rien nous dire. Il est où à Colmar ou à Strasbourg ?

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu peux me raconter sur son père ?

Alors sur ce sujet La jeune fille devient intarissable. 

Il part une bonne heure plus tard. 

Elle le raccompagne jusqu’à la porte de la boulangerie.

Il lui fait promettre qu’elle viendra déposer lorsqu’elle recevra sa convocation.

Maman en silence lui sert un chocolat avec des viennoiseries puis va ouvrir le magasin. 

Elle entend de suite dans la boutique le flot des commères qui accablent sa mère de questions. 

Catherine  n'a pas faim. Elle va écouter cachée derrière dans l’arrière boutique. Il va sans dire qu'elles parlent de l'autre salopard. Théo la fait sursauter en la tirant derrière lui dans le salon.

Là, il la tient par les bras et la fixe accusateur.

- Tu es contente de toi ? Il s'est fait tuer parce que tu es une belle garce.

Non c’est pas vrai, il n’est pas mort, elle sait qu’il n’est pas mort, il ne peut pas être mort !

- Il n'est pas mort, le gend…

Il la pousse violemment contre le canapé où elle s’affale.

- Pauvre pomme ! il voulait t'épargner.

Non ! Non ! Ce ne peut pas être vrai, elle déboule dans la boutique et saisit sa mère par les épaules, la secouant comme un prunier en lui hurlant dessus.

- Il est mort ? C'est vrai ? Je veux la vérité Maman !

Le sac avec des croissants est tombé au sol, elle shoote dedans. Sa mère roule des yeux aussi effarés que ceux des petites vieilles et de la jeune femme avec un bébé aux bras qui sort en courant du magasin. 

Catherine a compris. Elle ne lui dira jamais la vérité.

Elle disparaît et se renferme dans ma chambre. On frappe sur ma porte puis elle entend le bruit du tournevis pour l'ouvrir de force.Elle pousse alors son lourd bureau devant puis bloque ce dernier avec mon lit qui fait exactement la bonne taille, il va jusqu'au pied de la fenêtre qu’elle ouvre en grand. Je suis debout sur le lit et regarde en-bas Elle a envie de sauter mais elle réalise que c'est stupide. Au pire, elle me cassera une jambe, cela ne l'avancera pas à grand-chose. Elle voit alors William arriver avec la grande échelle en bois et la poser sur le mur. 

Oh les enflures ! 

Vite, elle ferme les volets puis la fenêtre. Voilà, ils sont bien embêtés maintenant. Elle ne peut s'empêcher de rire malgré mes larmes en voyant la tête de mon frère à travers les traits d'ouvertures du volet. 

Et elle reste dans le noir. 

Avec la fenêtre fermée, il fait vite chaud dans sa chambre. Elle se déshabille. Cela lui fait penser à hier soir. Elle se met toute nue et prenant son plus gros nounours dans les bras elle se met à danser comme s'il était Robert. Elle pleure et elle rit. Deviendrait-elle folle ? Malgré l'obscurité, elle se regarde dans les miroirs de mon armoire. Elle regarde son reflet et lui  jure que plus aucun autre garçon que lui ne la touchera puis s'endort épuisée. 

30 décembre 1999

Grâce à vous, Introduction

Robert c'est un enfant que la Vie va façonner en un de ces hommes qu'on déteste mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer.

Ce livre est une fresque sur la capacité de l'humanité en chacun de nous de s'exprimer dans ces pas chassés entre masculinité et féminité. Cette guerre des sexes qui peut détruire ou faire grandir.

En m'appuyant sur mon vécu, mes expériences, celles de mon entourage, sur des personnalités volées car ignorées, je donne vie à des hommes et des femmes qui même sans le vouloir font tout au long d'une Vie se détruire pour mieux se reconstruire.

 

 

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