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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )
20 février 2010

Robert dimanche 26 Octobre 1975 les Alpes 2

Robert dimanche 26 Octobre 1975 les Alpes

 

Bordel mais qu'est-ce que je fais encore dans ce lit.

Les volets sont ouverts.

Les adultes et Coco ont disparu.

Le lit de bébé et le lit une place sont faits.

Bon, je demanderai au colon.

Je me lève.

Je suis en slip et je me gèle, purée non. Mon sac est vide... j'ouvre l'armoire, hou la,C’est remplis de fringues et draps mais ce ne sont pas les miennes.

Sur une chaise sont posés des fringues mais plus aucune trace des miennes. Bon tant pis, si j'attends encore je vais me pisser dessus.

En bas des escaliers, je sprinte pour éviter Rémy qui veut me choper puis la vieille.

Hou que ça fait du bien quand ça sort !

Dehors j'entends la vieille et les deux mutter. Va falloir que je me la joue fine là.

J'ouvre doucement la porte des toilettes, j'ai pas tiré la chasse, histoire de passer ni vu, ni connu...

- Mais sors de là, espèce de jeune inconscient ! Et tirer la chasse, tu ne sais pas ?

Ouille, la Mammema a de vraies serres. J'essaie de lui enlever sa main de mon bras mais cette fois c'est Gisou qui me prend la main.

- Viens ici toi ! Qu'est-ce que tu fais dehors dans cette tenue ?

- La prochaine...

Elle s'arrête, me pose son index sur la bouche.

- Chut ! Tais-toi, n'aggrave pas ton cas !

Hier je l'ai vu faire pareil avec ses filles.

- Gisou.

On se tourne tous les deux vers la vieille qui lui montre nos mains et les toilettes. La dite Gisou soupire puis me tire jusqu'à l'évier où elle se met derrière moi, ouvre l'eau, et me tient les deux mains sous le jet. Je regimbe, vexé, suis plus un gamin !

- Hé ! je...

Et encore le doigt sur la bouche mais cette fois, j'ai de la flotte sur tout le visage et le torse. Je me laisse faire, en fait ça commence à m'amuser.

Derrière nous, le colon pose des vêtements sur le rebord d’une des cuves.

- Gisou, ce sont ceux-là ?

- Oui, merci, mon amour.

Je n'ai pas le temps de réagir que déjà, je me fais habiller. Marcel puis chemise dont la Sylvie n'a pas le temps de fermer tous les boutons que j'ai déjà le pull sur la tête. Hé ! mais ce sont les frusques qui étaient sur la chaise. Gisou me tend un pantalon en velours rouge.

- Il n’est pas à moi.

- Maintenant, oui.

Je regarde la femme du colon, l’air butté.

- Heu, non, je veux les miens.

- Tu n'es pas à l’école ici, donc pas d’uniforme, habille-toi !

- Bon, tu le mets seul ou il faut aussi qu'on te le mette ? La vieille commence à me gonfler. Ah bin voilà, fichtre, on dirait Richard petit.

- Hé ce pull était à moi !

Le frangin du colon rigole en me regardant.

Oh ! Ce ne sont pas des vêtements de filles mais des deux hommes ?

- Non Rémy, celui-là, c'est celui de ton frère, j'en aurais mis deux comme lui dans le tien. Hep là !... tu vas où mon grand ?

- Pisser un coup ma chère Maman. Il passe un bras autour des épaules de sa femme. Tu m'accompagnes ?

- Rémy ! Les trois femmes en chœur.

- Quoi ? Ne me parlez pas d'oreilles chastes car je vous rappellerais à tout hasard, que ce moucheron a déjà couché avec une fille et donc qu'il n'a plus rien à apprendre.

Il sort avec un air désabusé mais les trois nanas me regardent devenir cramoisi. Oh bordel, le colon leur a tout raconté ! Je repousse sans douceur sa femme et fonce dans la grande pièce où il s'occupe de sa dernière.

- C’est dégueulasse mon colonel, vous n’étiez pas obligé ! J'exige que vous me rameniez sur Aix en tout cas quoiqu'il arrive, je ne reste pas un jour de plus ici !

Sur ce, je gravis les escaliers quatre par quatre, bouscule le grand-père qui s'y engage et m'enferme dans la chambre. Je m'appuie contre la porte.

Je veux me casser d'ici.

Je vais à la fenêtre, cette dernière donne sur le balcon qui courre tout le long de la façade. J'y sors, il passe devant quatre autres chambres identiques à la leur. 

Je retourne dans la chambre et vais enlever le verrou de la porte, puis retourne sur le balcon. Je referme avec le bout de mes ongles rongés les portes vitrées et vais jusqu'au bout du balcon.

La bâtisse est appuyée à une sorte de petite falaise qui s'arrête juste au niveau du toit. Je vais l’escalader et me casser.

Le long du mur contigu au balcon une petite corniche courre jusqu'au rocher. J'y prends pied et commence lentement à progresser lorsque je les entends sur le balcon.

- Alors toi, je te tuerai après avoir tué ce gosse, t'es un abruti qui ne sait pas tenir sa langue. Purée, mais où est-il ?

 

Au bout de la corniche, je découvre qu'il y a plus d'un mètre entre la falaise et le chalet, je ne pourrai jamais l'atteindre, mais il y a un espace dans le mur, je m'y glisse autant que je peux et là, j'éclate en sanglots.

Ça m'apprendra encore une fois à faire confiance.

J'entends une voiture démarrer. Qu'ils me cherchent !

 

- Robert sort de ce trou, je vois tes pieds mais je suis trop vieux pour venir te chercher, mes fils ont  toujours été trop crétins et trop pleutres pour découvrir ma cachette, mais toi tu l'as trouvée et de ça, j'en étais sûr. Allez viens gamin, qu'on cause tous les deux et moi contrairement à mes fils et mes belles-filles, je sais tenir ma langue. Bon, alors, tu viens ? Écoutes, je redescends mais s'il te plaît, fais-moi confiance d'accord ?

 

D'abord, je commence par essayer de me faire encore plus petit et rentrer les pieds mais je ne tiens pas longtemps alors je décide de quitter ma cachette.

Le retour est plus dur, je ne saurais dire pourquoi mais j'y arrive tout de même peut-être parce que cette fois, je réalise le danger. Mais le Papapa en me comparant au colon et son frère, m'a rendu très fier.

J'arrive en bas des escaliers en même temps que le colon. Quand je le vois, je veux remonter mais il est plus rapide que moi et me bloque, ce qui me fait tomber sur les marches, mon front tape sur l'une d'elles. C'est sonné qu'il me porte pour m'asseoir sur le canapé.

- Pousse-toi, espèce de grosse brute, il est chez nous depuis deux jours et tu vas déjà me l'amocher. Entre toi et Rémy, on n'est vraiment pas gâté.

La Mammema me met un gant froid sur le front qu'elle remplace par un glaçon.

- Vous voyez Gisou et Sylvie, c'est ça que j'appréciais avec vos filles, ne plus avoir à penser à garder la pharmacie à portée de main. Ça va ma puce ?

J’opine de la tête.

Papy les écarte.

- Il n'est pas mort ? Alors, il va aller mettre ses souliers et nous allons faire un tour en voiture tous les deux.




- Tu vas avoir une belle bosse mais comme on dit : “c’est la Vie qui entre.” Mais dis-moi, veux-tu te la jouer beaux gosses avec moi ? Mais, attention ! Je te fais confiance, tu ne le diras pas à Mamie, s’il te plaît ?

- Oui Papapa

- Papapa ?

- Papy en alsacien.

- Oh ! Bon faut qu'on parle tous les deux de ce que Richard nous a dit ou pas, sur toi, d'accord ? Je hoche la tête. Tu as pu remarquer qu'on est tous très proches. Alors effectivement, il nous a parlé de toi, il a dit par exemple que ton père avait disjoncté juste parce que tu t'étais payé du bon temps avec une fille et franchement vu le passé de mes deux zigotos, cela ne nous a pas choqué outre mesure. Par contre, vois-tu, nous sommes  incapable de comprendre ton géniteur car pour nous ton père n'a rien d'un père. Si j'avais du trucider mes fils pour chaque fille qu'ils ont sautée, ils seraient morts, je pense, beaucoup plus jeune que toi, surtout Richard. Et si on allait se boire un coup ?

Il arrête sa voiture devant un café et nous prenons place à une table. Il m'offre un coca et commande une bière pour lui. Il ne ressemble en fait, en rien à ses deux fils qui tiennent plutôt de leur mère.

Il est originaire d'ici.

Un vrai savoyard, né les skis aux pieds mais la tête dans les nuages. Le plus jeune de cinq garçons. C'est son père aidé par ses frères et de ses oncles qui ont construit le chalet pour en faire une sorte d'hôtel. Puis, il y a eu la guerre, le chalet servant de QG aux allemands n'a miraculeusement pas été détruit mais son père, et ses frères ont été tués et lui seul pourtant au front avec la RAF a survécu. 

Les jumeaux ont été élevés sur Paris en grande partie par leurs grands-parents maternels pendant la guerre puis à Toulouse où leur père travaillait en tant qu'ingénieur et c'est à la retraite pour faire plaisir à sa femme, vraie titi parisienne qu'ils s'y sont installés pour leur retraite.

Il me fait rire en remettant la capote au cabriolet, juste avant d'arriver au chalet.

- Sinon, je vais me faire gronder par Mamie. Mais toi, tu vas me promettre que si tu en as gros sur la patate au lieu d'aller les envoyer chier directement, tu viens me parler, promis ? Et saches que quoique tu me raconteras, je serai muet comme une tombe, d'accord ?

Si je dis oui, au fond de moi, je ne suis pas prêt de refaire confiance à l'un d'eux.

 

Ils n'ont pas commencé à manger car ils nous attendaient. Mamie m’accueille en s’inquiétant pour ma bosse puis à nouveau, elle me fait m’asseoir à table à côté d'elle, tout comme au repas du soir.



Par contre, je passe l'après-midi enfermé dans la chambre à dormir roulé en boule sur mon lit et le soir, c'est Gisou qui vient me chercher.

Elle ne toque pas. Elle entre directement.

Je suis assis sur le lit adossé au mur.

Elle s’assied sur le lit en souriant, s’essuie les mains avec le tablier qu’elle porte sur sa robe puis me prend le livre des mains. Il parle d’un requin qui terrorise la population d’une petite ville côtière des USA. Absolument débile et ennuyeux mais c’est le seul que j’ai trouvé.

- Tu l’as trouvé dans ma table de chevet ?

- Oui désolé.

- Ce n’est pas un livre pour un enfant de ton âge. Un silence gênant s’installe, je ferme le livre et le lui tend, prêt à m’excuser à nouveau. Non, garde-le, je pense qu’il ne t’apprendra rien de bien nouveau. Maintenant, viens, descendons manger.




Dans la nuit, je fais à nouveau ce cauchemar : mon père au dessus de moi, répéte : «Tu n'as pas le droit de vivre car je t’aime, tu n'as pas le droit de vivre car je t’aime» et cette douleur qui me fait hurler même si je sais que je n'ai plus mal.

Mais cette nuit, une voix est plus forte que celle de mon père, une voix douce et féminine. Je me réveille carrément sur les genoux de la mutter, et elle me berce comme un enfant. Bon ok, je suis un enfant, enfin en taille. Fichue taille qui cette fois me sert agréablement.

Je referme vite les yeux et la laisse me serrer contre elle avec des mots doux. J'ai croisé le regard du colon assis sur son lit. Il n'a rien dit. Je me laisse aller à penser qu'elle est ma vraie mutti, et sans m'en rendre compte, je me rendors apaisé.








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