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14 octobre 2010

Robert Samedi 22 Février 1977 le contenu de la bouteille

Robert Samedi 22 Février 1977 le contenu de la bouteille




A l'entrée du mess, un carnet à la main, Lorient m'arrête.

- Cette après-midi, tu sors avec les autres ? D’abord je ne comprends pas pourquoi il me le demande, puis…

- Moi ? Mais... Oh purée, c'est vrai j'ai seize ans maintenant, je peux sortir. Oui, pourquoi pas. Claude, tu vas en ville cet après-midi ?

Là, j'ai dix gars qui m'entourent en riant.

- Oh oui, on sort tous et surtout toi !

Lorient se met à rire et me tape sur l’épaule puis nous fait signe de passer. Je ne pige pas mais ce n'est pas bien grave après tout. L’important c’est que cet aprem, je serai avec eux, hors du bahut.

Les quatre heures de cours et le repas me paraissent durer des siècles.

Je vais pouvoir suivre Claude et les autres. Ils n'auront plus à me raconter, je serai avec eux. Je suis, on ne peut plus, excité. Déjà qu'en temps normal, j'ai du mal à tenir en place, là c'est quasiment une torture. C'est Noël et la quille tout à la fois.

A quatorze heures, je passe les grilles, fier comme un paon, au milieu des autres mais aussi très angoissé, et si, lorsque je vais passer devant lui, monsieur Cohen m'empêchait de sortir ? 

Je retiens mon souffle et ne peux m'empêcher de pousser un : “Ouais !” de plaisir qui fait rire mes camarades.

- T'as vu c'est cool quand on sort pour la première fois ?

Claude me passe le bras autour du cou en riant.

- Tu vas voir la suite aussi va te plaire.

 Maxime, le plus vieux d’entre nous d’enchérir.

- Ah ça aujourd'hui il sort de l'enfance.

Jean-Jacques prend un air docte.

- Tu verras ça fait tout drôle d'être un homme.

Marion se met alors à rire.

- Lui un homme ? Faudrait qu'il ait un peu plus de poils au menton pour ça !

Et Max d’ajouter.

- Ou ailleurs.

Et les voilà tous qui éclatent de rire et moi qui rougis.

Oui bon, je ne commande pas à la nature !

J'ai pris les quelques francs qui me restent de mon dernier Noël et le coca que je m'offre me paraît être le meilleur de tous.

Je les suis, avide de savoir où ils vont, ce qu'ils font tous les samedis.

Ils m'entraînent en riant dans une petite rue où des prostituées tapinent. Ne voulant pas être le dernier à donner mon avis, je joue le connaisseur, décrivant pour chacune de ces dames leurs charmes ou leurs défauts. Les autres me poussent à leur dire laquelle me plaît le plus. Il y en a quatre, deux brunes, une blonde et une rousse. Le trouve la blonde trop vieille, les brunes soit trop grosse, soit trop moche, la couleur de cheveux de la rousse m'en rappelle une autre mais je n'ose le dire.

Xavier s’exclame un peu trop fort à mon goût.

- Moi je sais que Robert aime les rouquines.

Et les autres se mettent à rire.

Jérôme se tape le front comme s’il venait de piger un truc.

- Ah oui, comme celles de la piscine !

Ils se mettent tous à pouffer.

Nous nous sommes arrêtés de marcher et elles nous regardent en souriant, nous faisant signe de traverser pour venir vers elles. Jérôme traverse la rue et va voir la rouquine qui le suit jusqu'à nous. Puis d'un coup, je me retrouve seul devant elle, tous se sont dispersés en courant.

- Bonjour ma puce, alors c'est Robert ton prénom ? J'ouvre et ferme plusieurs fois la bouche sans qu'un son ne sorte, je dois ressembler à un poisson rouge sorti de son bocal. Allez viens, je t'emmène chez moi, pour une première fois ce sera plus sympa qu'une chambre d'hôtel, qu'en penses-tu ?

Je n'en pense rien, mais alors absolument rien, mon cerveau s'est mis tout seul sur off. Elle me prend par la main et me fait entrer dans un immeuble à dix mètres de là. La porte s'ouvre sur des poubelles et un escalier miteux au mur lépreux qui n'a plus rien de blanc. Je n'ai qu'une envie : m'enfuir mais je ne peux pas. Je sais que les autres sont tous en train de m'observer et puis si Claude l'a fait, j'en suis capable aussi. 

Ainsi, c'était ça, le cadeau traditionnel des dix-huit ans, mais j'en ai que seize, bordel ! Oui, c'est le bon mot en plus !

Nous entrons dans un tout petit appartement qui sent la javel et le patchouli. Lorsqu'elle referme derrière moi, la porte en donnant un tour de clef, j'ai un sursaut.

- Oh la ! Ne t'inquiète pas, je ne veux pas te retenir contre ton gré. Je laisse la clef, tu sors quand tu veux. C'est juste pour ne pas être dérangés. Tu as quel âge ? Parce que je ne crois pas ton copain qui m'a dit que tu viens d'avoir dix-huit ans.

- ...

Encore une fois, je ne réussis pas à articuler le moindre son. Je n'ose pas la regarder et fixe la clef. Partirais-je ou ne partirais-je pas ? Elle se met à rire doucement, m'enlève le calot, ouvre mon blouson qu'elle m'enlève et pose sur le dossier d'une chaise. Je la laisse continuer en fermant les yeux.

- Ne me dis pas que je fais peur à un grand gaillard comme toi ? Oh mais attends, tu n'aimes peut-être pas les filles et tes copains ne le savent pas, c'est ça ? Elle s'est arrêtée, et a lâché ma chemise, je secoue la tête en rougissant. Je ne peux honnêtement pas lui dire que j'ai honte et gêné, mais aussi la trouille. La trouille de n'être pas à la hauteur, de ne pas me comporter en homme comme tous ceux qu'elle a déjà pu voir. Ah ! je préfère. Alors tu dois être timide, de cela, j'ai plus l'habitude. Tu sais j’ai vu des hommes d’âge mûr, aussi timides que toi. Tu as de beaux yeux en tout cas, les filles doivent tomber comme des mouches en les voyant, je ne comprends pas comment tu peux être encore puceau. J'ouvre la bouche pour nier mais la referme encore une fois. Elle éclate de rire et me caresse la joue de sa main droite.T'es trop mignon ! Ah s'ils pouvaient tous être comme toi. Elle soupire. Et aussi doux encore, toi le rasoir ne doit pas encore te servir bien souvent.

Je ne me trouve pas mignon du tout là, mais plutôt  totalement stupide, pas du tout à ma place et surtout, surtout mal à l'aise. 

Elle s'est mise à genoux devant moi pour délacer mes chaussures et j'ai encore plus honte. Honte d'être ainsi le pantalon ouvert, torse nu devant cette femme à mes pieds mais je ne sais pas quoi faire. 

Je me serais bien déshabillé moi-même mais je n'ose pas. 

Je suis comme paralysé. 

Lorsque ses mains font glisser mon pantalon le long de mes cuisses, je sens mon désir monter et fermant les yeux, je me mets à envier les filles chez qui ce genre de choses n'est pas si visible ! Enfin, je crois.

Par contre, le contact de sa main dessus me fait de nouveau ouvrir la bouche mais cette fois plus pour la même raison. Je plonge mon regard dans le sien, elle a les yeux aussi verts que Véro.

Mais déjà elle se lève et me prenant par la main m’entraîne vers sa salle de bain.

- Avant toute chose, un brin de toilette ne nous fera pas de mal.

Du mal non mais quand sous son «nettoyage» énergique je repeins le carrelage de sa douche, j’ai envie de mourir me disant que j’ai tout fini avant d’avoir commencé. Mais elle se met juste à rire.

Il n'y a pas photo ce n'est ni Cath, ni Anaïs, et encore moins Véro même si je ne l'ai jamais vu qu'en maillot. Elle a des seins siliconés et ses gestes sont sûrs et précis. 

C’est certes agréable mais je ne comprends pas comment tant d'hommes peuvent les préférer à leur petite copine.

Comme avec Caths, je ne fais rien, enfin si un peu mais c’est elle qui fait le plus gros, même encapuchonner mon meilleur copain.

Elle est plus rapide que moi pour récupérer et m’enlever mon emballage de latex que j’ai angoissé de voir rester au fond d’elle.

Et je ne sais pas si tous ses clients ont droit à la douche avant et après, ainsi que se faire proposer un chocolat chaud. Il est vrai que tous n’ont pas un corps couvert de cicatrices qui l’intriguent et lorsque je lui raconte leurs origines, je la vois presque pleurer.

Une heure plus tard, je sors dans la rue, en remettant mon calot bleu à crête rouge, je redresse la tête avec un grand sourire, fier comme un coq.

Bon et bien voilà, je suis un homme maintenant.

Au coin de la rue, Claude m'attend patiemment, le dos appuyé contre un mur, il sourit en me voyant venir vers lui, les mains dans les poches de mon pantalon.

- Alors, c'était bien?

J’accompagne ma réponse d’une moue.

- Ouais, mais moins qu'avec Cath !

Il éclate de rire et me donne une grande tape dans le dos.

- Ah, toi ! On ne te refera pas.

Ce soir-là, après le couvre-feu, notre chambre est prise d'assaut par tous les autres mecs ayant déjà eu droit au même cadeau avant moi, chacun y allant de son anecdote. Et lorsque Lorient se pointe, il n'allume pas la lumière et ne nous engueule pas, ancien calisson1, malgré ses vingt-six ans, il n'est plus à cette occasion que l'un d'entre nous !



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