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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )
30 décembre 1999

Véro 15 Août 1975

Caths Mardi 15 juillet 1975

 

Toute la nuit Catherine a fait le même cauchemar.

 

Karl, un sourire mauvais aux lèvres, remet sa ceinture.

Papa le bras autour de mes épaules la serre contre lui.

- Partons.

L'air est chaud pourtant elle frissonne.

Repoussant papa, elle part en courant vers la maison.



Dans mon cauchemar, le bruit du cuir qui frappe la peau douce et tendre de l’enfant, résonne encore dans sa tête. Gravés dans sa mémoire ses grands yeux qui lui adressent une supplique muette avant de se fermer lorsque sa tête se rejette en arrière à chaque morsure de la lanière de cuir. Elle aurait hurlé, lui, non !

Son père la fait se tourner pour l’empêcher de regarder Karl frapper Robert mais le bruit frappe mon cœur.

A cause d’elle ! Il s'est fait battre une fois de plus, une fois de trop par sa faute. Elle sanglote incapable de m'arrêter. Lui pardonnera-t-il un jour ? Demain elle ira le voir. Demain elle ira voir ses parents et elle osera les affronter. Elle portera plainte contre eux pour maltraitance. Et cette fois, elle le fera pour de bon, elle aura le courage qui lui a tant de fois manqué.

Elle ferme ma porte à clef. Elle ne veut pas, elle ne veut plus voir personne. Elle les déteste tous.

Elle ne pleure plus. Elle n'a pas dormi. Elle n'a pas pu, dès qu’elle ferme les yeux, elle voit Karl lever et baisser le bras. Et l’impression d’entendre le schlac de chaque coup qu’il lui a donné.

Elle a l'impression de sentir encore sur elle son odeur d’enfant qui se mélange à celle cuivrée de son sang. Elle a envie de se faire mal, de se blesser pour souffrir comme lui.

Elle me décide à quitter son lit. 

Il fait jour depuis un certain temps déjà.

Il est huit heures.

Sa mère n'a pas ouvert la boutique, qu'est-ce qui se passe ? Tiens il y a une voiture de gendarmerie devant la maison. Non ! Ils n'ont pas osé, ils n'ont pas osé porter plainte contre lui. Elle le leur interdit !

Elle descend les escaliers en courant. Elle bute contre William.

- Non petite soeur, tu remontes, vaut mieux que tu restes dans ta chambre, tu en as assez fait comme ça.

Elle se débat.

- Papa ! Maman ! Qu'est-ce qui se passe ? William lâche-moi !

Elle le mord. Il crie et elle prend une gifle mais c'est à peine si elle la sent. Elle veut savoir, elle veut qu'il me lâche. Un gendarme et Papa la libèrent. Elle hoquette. Elle a presque du mal à respirer. Son père la serre contre lui.

- C'est rien, là ma puce calmes-toi. Viens dans le salon nous allons en parler au calme, le brigadier voudrait te poser quelques questions. Là,  Papa s'assied avec moi sur le canapé et le militaire en face de moi sur une chaise. Mon bébé, hier après notre départ, Karl a commis un acte méprisable sur Robert. Pourrais-tu raconter à ce monsieur tout ce qui s'est passé hier ?

- Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Papa dis-le moi !

Il refuse.

- Plus tard, commence par tout raconter, il est pressé, après je te dirai tout à mon tour.

Alors elle se tourne vers l’homme en uniforme qui se tient debout devant elle, les pouces passés dans sa ceinture blanche .

- Que voulez-vous savoir ?

 

Il a une grosse voix grave.

- Qu'y a-t-il entre toi et le fils des Weissenbacher ?

Elle regarde son père. Elle a un peu peur de sa réaction et puis d'un coup elle s'en fout. Hier, Robert et moi, nous nous sommes donnés l'un à l'autre, nous nous sommes jurés que plus rien ne pourrait nous séparer.

- C'est mon fiancé !

Elle voit agacée les deux hommes sourire.

- Bien, mais qu'entends-tu par là ? Vous avez eu des rapports tous les deux ? Il n’y va pas par quatre chemins au moins. Je m'installe mieux, je ramène ma longue jupe que je n'ai pas enlevée autour de mes jambes que je serre dans mes bras et pose mon menton sur mes genoux. Je fixe le bout de mes orteils qui dépassent. Je suis mal à l'aise. Dois-je, ai-je le droit vis à vis de Robert de tout leur dire. J'observe le gendarme par en dessous comme si en fait je grattais le vernis écaillé de mon gros pouce de pied. Celui qu'hier il a embrassé en riant en me disant que j'avais de jolis pieds. Je fixe mon père. Non pas devant lui… je n’oserai pas. Le gendarme se tourne vers lui. Monsieur Lutz pourriez-vous sortir s'il vous plaît ? Allez donc m'attendre avec votre femme. Il accompagne mon père jusqu'à la porte qu'il referme après avoir regardé mon père s’éloigner. Il fonctionne à ce poste de radio ? Je réponds oui de la tête. Il me sourit et le met en marche puis vient s'asseoir sur le canapé à côté de moi. Voilà tu peux parler, personne en dehors de moi ne t'entendra. Je ne dirai rien à tes parents.

- Il a quoi Robert ?

- Il est à l'hôpital dans un coma profond. Nous espérons qu'il s'en sortira.

Au moins, il n'est pas mort.

- Merci pour votre réponse. Puisqu’il m’a dit la vérité, je lui dois de la lui dire aussi. Catherine alors se redresse et reprend sa respiration pour rassembler son courage. Oui nous avons couché ensemble mais il est trop jeune, vous voyez ce que je veux dire ? L’homme devant elle reste impassible. Mais nous nous aimons. Dès que nous pourrons, nous nous marierons et comme ça plus personne ne pourra plus rien nous dire. Il est où à Colmar ou à Strasbourg ?

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu peux me raconter sur son père ?

Alors sur ce sujet La jeune fille devient intarissable. 

Il part une bonne heure plus tard. 

Elle le raccompagne jusqu’à la porte de la boulangerie.

Il lui fait promettre qu’elle viendra déposer lorsqu’elle recevra sa convocation.

Maman en silence lui sert un chocolat avec des viennoiseries puis va ouvrir le magasin. 

Elle entend de suite dans la boutique le flot des commères qui accablent sa mère de questions. 

Catherine  n'a pas faim. Elle va écouter cachée derrière dans l’arrière boutique. Il va sans dire qu'elles parlent de l'autre salopard. Théo la fait sursauter en la tirant derrière lui dans le salon.

Là, il la tient par les bras et la fixe accusateur.

- Tu es contente de toi ? Il s'est fait tuer parce que tu es une belle garce.

Non c’est pas vrai, il n’est pas mort, elle sait qu’il n’est pas mort, il ne peut pas être mort !

- Il n'est pas mort, le gend…

Il la pousse violemment contre le canapé où elle s’affale.

- Pauvre pomme ! il voulait t'épargner.

Non ! Non ! Ce ne peut pas être vrai, elle déboule dans la boutique et saisit sa mère par les épaules, la secouant comme un prunier en lui hurlant dessus.

- Il est mort ? C'est vrai ? Je veux la vérité Maman !

Le sac avec des croissants est tombé au sol, elle shoote dedans. Sa mère roule des yeux aussi effarés que ceux des petites vieilles et de la jeune femme avec un bébé aux bras qui sort en courant du magasin. 

Catherine a compris. Elle ne lui dira jamais la vérité.

Elle disparaît et se renferme dans ma chambre. On frappe sur ma porte puis elle entend le bruit du tournevis pour l'ouvrir de force.Elle pousse alors son lourd bureau devant puis bloque ce dernier avec mon lit qui fait exactement la bonne taille, il va jusqu'au pied de la fenêtre qu’elle ouvre en grand. Je suis debout sur le lit et regarde en-bas Elle a envie de sauter mais elle réalise que c'est stupide. Au pire, elle me cassera une jambe, cela ne l'avancera pas à grand-chose. Elle voit alors William arriver avec la grande échelle en bois et la poser sur le mur. 

Oh les enflures ! 

Vite, elle ferme les volets puis la fenêtre. Voilà, ils sont bien embêtés maintenant. Elle ne peut s'empêcher de rire malgré mes larmes en voyant la tête de mon frère à travers les traits d'ouvertures du volet. 

Et elle reste dans le noir. 

Avec la fenêtre fermée, il fait vite chaud dans sa chambre. Elle se déshabille. Cela lui fait penser à hier soir. Elle se met toute nue et prenant son plus gros nounours dans les bras elle se met à danser comme s'il était Robert. Elle pleure et elle rit. Deviendrait-elle folle ? Malgré l'obscurité, elle se regarde dans les miroirs de mon armoire. Elle regarde son reflet et lui  jure que plus aucun autre garçon que lui ne la touchera puis s'endort épuisée. 

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