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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )
18 mars 2010

Robert Mardi 4 février 1976 une chambre sans araignées

Robert Mardi 4 février 1976 une chambre sans araignée

 

D’habitude quand les parents se lèvent, soit ça ne me réveille même pas, soit je me planque sous ma couette, histoire qu’ils m’oublient.

Mais ce matin, c’est une toute autre histoire, j’ai une chambre à m’occuper. En plus j’y ai pensé toute la nuit. Je me suis même disputé avec moi-même. Si, si, je suis assez barré pour y arriver. A vue de nez, je dirais qu’elle mesure trois mètres sur six mais mon autre moi, disait qu’elle était beaucoup, beaucoup, beaucoup plus grande. Et j’avais envie de taper sur cet autre moi débile. Bref, voilà, quand je vous dis que je suis barge . 

Donc quand je commence à les entendre discuter en chuchotant, je me lève vite, je rafle toutes les fringues sur “ma” chaise et je descends.

En bas, il y a déjà les grand-parents.

Je m’habille vite sur le canapé en face de la cheminée, avant d’aller les voir.

- Bonjour, avez-vous bien endormi ?

Si la grand-mère me sourit, lui, il fronce les sourcils.

- Tu es bien matinal et bien poli, serais-tu souffrant.

- Non monsieur, je suis toujours poli.

Elle s’est levée et je sens sa main tenter de recoiffer mes épis.

- Il a raison Raoul, cet enfant est toujours poli.

- Hum, les autres matins, soit il s’est déjà battu avec au moins une des filles, soit il ne daigne venir dire bonjour qu’après s’être d’abord rempli le bec dans la cuisine.

J’ai d’abord envie de lui clouer son bec à lui, mais je me retiens. Tant que je n’aurais pas ma chambre rien qu’à moi, je serai un ange, je supporterai même les piques de Véro avec le sourire. Mais après…

Ce qu’il y a de bien d’arriver en premier, c’est que c’est pas à toi de dire bonjour c’est aux autres de le faire.

Richard m'énerve, il me prend pour une de ses filles, il me fait pareil qu’à elle. Il me claque une bise en me faisant des chatouilles. Je déteste ça… et j’suis plus un bébé !

Quant à Gisou, elle fait comme la vieille, elle tripatouille mes cheveux, mais elles ont quoi avec mes tifs ? Et Sylvie va faire pareil.

- As-tu un peigne ?

Quoi ? Moi ? Un peigne ? Et à quoi il me servirait ? Même petit quand j’avais les cheveux longs, je ne me suis jamais coiffé, je secouais la tête et… ça suffisait !

- Non, pas besoin !

- Voilà ma fille, pourquoi se coifferait-il ? 

Pourquoi il se marre  le grand-père ? 

Ho hé  ! Non ! Le retour de la grand-mère sur ma tête, j’ai fini de manger. J’essaie de m’échapper mais rien à faire et en soupirant je subis le peignage en règle, le visage tenu d’une main.

Je me débarrasse d’elle, puis je viens voir le grand-père et… avec un grand, un très sourire et une voix mielleuse, la main droite dans le dos, doigts croisés, l’angelot total même la coiffure.

- Papapa, quand monterons-nous, nous occuper de la chambre ?

Il fume dans son fauteuil devant la fenêtre. 

- Alors mon petit gars, mon fils a dit qu’il s’en occuperait donc ce n’est pas à moi que tu dois le demander.

Derrière moi la voix du colon se fait entendre puis celle de Gisou. 

- Tu me laisses finir de déjeuner et on s’en occupe mais tu devras mettre une paire de chaussettes et de chaussures.

Chaussettes donc hop, direction la chambre !

- Robert, tu restes ici ! Je m’arrête en bas des escaliers me demandant ce que j’ai bien pu faire de mal. Richard, tu te débrouilles avec ton frère, mais ce gamin n’est pas en état de faire de gros travaux.

Quoi ? Hé non mais qu’est-ce qu’elle raconte, je suis en pleine forme moi.  Je fais demi-tour et redescends sur la première marche. Je vois le colon lever les yeux au ciel.

- Gisèle n’exagère pas, tout de même, il ne va pas avoir à manier la truelle ou soulever des sacs de ciment. Il va juste devoir passer l’aspirateur et se servir d’un torchon et d’une serpillière, ça ne va pas le tuer.

- Et bien s’il ne s’agit que de ça, je vais le faire moi.

Je sursaute comme toutes les autres personnes présentes lorsque le colon plaque ses deux mains à plat sur la table puis se lève et se dirige vers moi.

- Non Gisèle ça suffit ! Je ne suis pas d’accord, il s’agit de sa future chambre, c’est à lui de s’en occuper ! Il me fait faire demi-tour puis me fait signe de monter. A nous deux bonhomme !



L’escalier ça va, les mutter le nettoient et le couloir aussi. Par contre la chambre c’est une autre histoire. Sa porte n’a pas été ouverte depuis au moins une cinquantaine d’années.

Et ma première épreuve est d’arriver jusqu’à la fenêtre et de l’ouvrir. 

La pièce n’est éclairée que par la lumière provenant de la petite fenêtre au bout du couloir et par les fentes des très vieux volets en plein bois que le temps a écorché en de multiples endroits. Je ne vois pas où je mets les pieds et parfois j’ai l’impression de marcher sur de petits morceaux de pain dur et le bruit me dégoûte. 

Richard est derrière moi. Il m’observe trente secondes, puis me double pour l’ouvrir lui-même ainsi que les volets.

- Tu as peur de quoi ?

Je fais signe que c’est sans importance.

- De rien, pourquoi ?

Juste à ce moment-là, un de ces immondes trucs plein de pattes se met à courir sur le mur à côté de moi. Je suis d’un bond hors de la pièce. Richard a un large sourire mi-moqueur, mi-étonné .

- Non, ne me dis pas que tu as la phobie des insectes ?

J’ai honte, tellement honte. Je dois me battre pour résister à l’envie de redescendre et d’aller me jeter dans le puits. Debout dans le couloir, je fixe le sol de la pièce où je ne vois rien d’autre que de la poussière. 

Il passe à côté de moi sans un mot et va chercher l’aspirateur du premier étage.

- Il faudra en acheter un pour cet étage si on commence à y ouvrir des chambres. Ces engins pèsent une tonne, trop pour te laisser ou laisser les femmes les monter ou les descendre tous les jours.

Une fois branché, il me tend le tuyau de l’aspirateur. Je le saisis mais reste sans bouger.

- Je te laisse, je ne pense pas que t’ai besoin de moi pour ça. Quand tu auras fini, descends demander à Mammema ce dont tu as besoin pour la suite.

Bientôt je suis seul avec ma peur.

Du pied, je mets en route la grosse bête qui va manger toutes les petites qui m’effraie tant.

Je progresse petit à petit en terrain hostile. De toute façon si je veux pouvoir y dormir je n’ai pas le choix. Mais j’ai toutes les trente secondes l’impression qu’une de ces bestioles me tombe dessus. 

J’ai presque fini mais je dois m’arrêter tellement je suis sur les nerfs.

 Il pleut, mais je sors tout de même dans la cour, je vais m’appuyer à la margelle du puits. 

Sylvie, qui est seule dans la cuisine, me voit passer et me suit avec un parapluie.

- Robert ? Où vas-tu ? Tu n’as pas l’air d’être bien, tu es tout blanc ? Tu es sûr que ton bras ne te fait pas mal ?

- Non, non, je vais bien… 

Elle vient mettre le parapluie au-dessus de moi.

- Donc maintenant tu comptes faire fondre ton plâtre  ? Cette idée me fait sourire. Ah ! je préfère ça, mais tu es franchement très pâle. Dis-moi ce qui t’arrive, que je t’aide, si je peux. Tu es sûr que tu n’as pas mal ?

- Non c’est bon, merci. Ça pue là-haut, j’avais juste besoin de prendre un peu l’air. Vous pourriez me donner ce qu’il me faut pour nettoyer après avoir fini l’aspirateur.

Je rentre avec elle puis remonte.

A midi, la pièce est nickel.

Suis pas peu fier de moi, j’ai tout fait tout seul.

 

 Les autres sont déjà à table. Je vais me laver les mains.

Gisou vient derrière moi.

- Attends, je t’aide !

Elle s’est armée d’un gant de toilette et, comme un tout petit bébé, je dois subir un lavage de la figure et du cou. Elle m’enlève le pull et m’aide à en enfiler un autre. Je râle... pour le principe.

C’est là que je vois Mathilde venir dans la cuisine chercher de l’eau. Derrière son pansement, une grande partie de son visage a pris une couleur violette. Cela s’étend en ailes de papillon sur les deux joues. J’ai envie d’aller la voir, de m’excuser, de lui dire quelque chose de gentil, mais cela reste bloqué au fond de ma gorge. Si nous étions seuls, peut-être ! Mais devant tout le monde, ah ça non, c’est au-dessus de mes forces.

Nos regards se croisent, c’est elle qui détourne le sien en premier.

Gisou m’emmène à table.



Dans l'après-midi, Richard et Rémy déménagent un lit dans ma nouvelle chambre alors que je suis encore en train de passer un liquide sur les murs en bois. 

Rémy revient avec une échelle et d’autres chiffons ainsi qu’une autre bouteille du produit puis sans un mot commence comme moi à en enduire les murs.

- Arrête de  m’admirer gamin sinon nous n’aurons pas fini ce soir.

 

Dès que nous avons fini et redescendu au mutter, les chiffons et les bouteilles vides, j’y monte mon sac de vêtements. Je n'ai pas encore d'armoire, il faudra qu'on en prenne une du garage, qu'on la nettoie et qu'on la monte. Mais ça risque d'attendre les vacances de Pâques, qu'il ne pleuve plus autant. Pareil pour une table ou un bureau. Je n'ose leur dire que je rêve aussi d'un gros fauteuil devant la fenêtre pour pouvoir lire tranquille.

Mais je suis heureux, maintenant je suis sûr d’une chose : aux prochaines vacances je viendrai de nouveau avec eux. Et puis Rémy m’a agréablement surpris.



Après manger, je n'ai qu'une envie : monter me coucher.

En guise de table de chevet, j'ai remonté une chaise qui me servira aussi pour y ranger mes vêtements le soir. J'y pose mon livre car je n'ai pas envie de lire et j'éteins vite la lumière.

Il y fait froid, très froid mais je m'en fous. Je me suis réfugié sous ma couette. Froide mais qui sent si bon. Tout comme les murs. Alors comme un jeune chiot, je me roule en boule, serrant bien la couette autour de moi tel un cocon protecteur.



Je n'ai pas fermé les volets. La lune, juste en face de la fenêtre, est un tout petit croissant. Je la fixe, je lui dis merci. Pourquoi à elle ? Je ne sais pas, j’ai besoin de le dire à quelqu’un.



D’un coup je me relève et m’agenouille à côté du lit.

- Merci Seigneur, de me permettre de rester avec eux, car pour cela je suis prêt à tout. Même à renoncer à tous mes rêves. Amen.








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