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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )
19 janvier 2011

Robert Jeudi 27 Octobre 1977 Officiers !

Robert Jeudi 27 Octobre 1977 Officiers !



Réveil aux aurores.

Petit déjeuner.

Cours.

Déjeuner.

Sport.

Cours.

Cette journée n’en finit pas…





Dans la chambre, nous nous passons en revue mutuellement.

- Tu devrais redonner un coup de cirage à tes pompes.

- Les cravates, c’est l’invention du mal !

Comme d’habitude, Laurent se bat avec la sienne. C’est Mohamed qui lui refait.

- Mais pourquoi l’as-tu faite à l’envers ?

- J’suis gaucher.

- Chez nous, c’est la main du diable. Sers-toi de ta main droite.

- Oh ! Arrête avec tes conneries.

- C’est pas des conneries.

Laurent ricane.

- Si c’est débile.

Une fois de plus, nous devons intervenir avant que Laurent et Mohamed en viennent aux mains.

Mais ce soir nous sommes un peu tous sur les nerfs.



André entre dans la chambre, casquette à la main et vient directement jusqu’à moi.

- Bob t’es prêt ? Wahoo t’es beau comme un camion !

- Et moi ?

Nous nous tournons sur Wallach.

- Non, toi Laurent, t’es comme moi, gabarit deux chevaux.

Ma casquette à la main, je pousse André dans le couloir en soupirant.

- Bon bin la deux pattes, elle arrête de dire des bêtises. Tu crois que les filles sont prêtes ?

Il se met à rire puis se penche sur le côté pour regarder derrière moi.

- Je n’en… tiens, les voilà ! En tenue BUC comme nous mais en jupe et bottes, je les trouve très classe. Pour elles pas de casquette mais son drôle de chapeau. Oh la vache, tu t’es maquillée ? Canon !

J’allais le lui dire aussi mais vu comment elle regarde le Dédé, je préfère me taire.



- Oh les poussins, vous attendez quoi ?

Une vingtaine de voix répondent au capitaine qui soupire.

- Vous !

- Et donc, si je n’étais pas venu vous chercher, vous auriez attendu jusqu’à quelle heure pour descendre ? Là, il vient de nous poser une colle et nous nous regardons tous comme les imbéciles que nous sommes. Vingt-cinq débiles profonds que le capitaine suit dans les escaliers. Il descend à côté de moi et pose sa main sur mon épaule en rigolant doucement.  Maintenant, soyons honnête, nous avons fait la même… mais il faudrait que vous réalisiez que bientôt vous allez voler seuls car je vais bientôt rejoindre mon escadron.



En ordre serré, la promo pénètre dans le temple où se trouve déjà les aspis et le staff de l’école.

Derrière eux, tout autour de la salle, des anciens. Tous ces galons et ces étoiles sont impressionnants et intimidants.

En rangs serrés dos aux portes d’entrée du temple, nous attendons.

 

L’heure est solennelle. Ce silence, ces regards fixés sur nous, j’ai du mal, du fond de mon ventre remonte une envie… de rire. Je fixe la nuque brune devant moi et m’y tiens…



Déjà les rangs précédant refluent vers l'arrière leur poignard au côté.

Nous sommes les suivants. 

Je ne sais pas si j’arriverai à faire les dix pas qui me sépare de mon statut d’officier. J’y suis, cela me parait si irréel et pourtant…

Plus que deux rangs derrière nous et nous serons tous devenus des officiers.

Un rang de seconde années nous attend. Nous mettons genoux à terre devant notre parrain, mains tendues en avant pour recevoir le poignard, symbole de notre titre d'officier.

Tout est millimétré, les yeux dans les yeux, pas un bruit, pas un sourire, la passation se fait. 

J’entends un léger rire, l’un d’entre nous n’arrive pas à fixer le mousqueton de sa dague. Je ne le lui reprocherai pas, devant tous ces aînés au regard bienveillant, j’ai moi-même les doigts gourds, le souffle irrégulier. J’essaie de ne voir que le sourire moqueur de L’Oiseau. Moi je n’ai plus envie de rire mais je m’efforce de lui sourire à mon tour. 

Je me relève, salue et fais demi-tour. Mais mon inconscient a capté une image. Je continue comme si de rien n'était, mais là-bas, je l’ai vu, au fond de la salle, parmi les anciens du Piège, ceux qui ont été à notre place il y a vingt ans.

Je calcule vite fait, il est né en trente-six, il a dit qu'il avait vingt et un an. Quel enflure, il s'est bien gardé de me le dire. Il a fait parti de la promo cinquante-sept, celle qui partagera notre repas ce soir. Un ancien par poussin1.

Je croise les doigts de me retrouver face à lui.

 

Une fois de retour dans nos chambres, nous échangeons nos impressions, nos sentiments, bientôt nous sommes tous dans les couloirs, les filles sont montées nous rejoindre. Je ne le dis à personne mais mon esprit est resté avec lui là-bas. Ses yeux qui me fixaient, son sourire. 

Hubert de Saint Phalle lance un bon mot, en temps normal, personne n’y aurait réagi car comme d’habitude absolument pas drôle mais là, nous explosons tous de rire, relâchant momentanément la pression.





Vingt heures, les anciens sont déjà là. 

Debout à leur place, devant les tables. 

Nous nous séparons, un rang par table. 

Il est à ma table mais je  ne dois pas sourire. Je le fixe et croise les doigts. 

Il ne me regarde pas, il parle à son voisin puis à nouveau, fixe devant lui. 

C'est Momo qui s'arrête en face de lui. 

Moi, j'ai un colonel Mercurieux, beaucoup plus vieux que lui. Il était à Meknès comme Papapa et a fait ses classes au USA. Même si j’ai plaisir à parler avec lui, il ne sait rien sur la RAF et il est même foncièrement anti De Gaulle.

Je décide d’ignorer Richard, je le laisse rien qu'à Momo.




Le repas est festif.

Pour certains bien arrosé. Moi je ne ferai qu’y tremper les lèvres.

Celui-ci fini, nos anciens nous proposent d’aller sortir les aspis de leurs lits et de les bahuter à leur tour. Et c’est avec un plaisir de fins gourmets que nous les voyons descendre et se ranger en rangs devant nous en simple treillis puis exécuter quelques séries consécutives de pompes et de polichinelles sous nos quolibets et nos encouragements vicieux ainsi que de ceux, qui ont été à leur place il y a vingt ou quarante ans. Ces derniers d’ailleurs ont connu les premiers temps du Piège. Ce sont ceux qui sont les plus entourés et questionnés.

 

Mais vient le moment de nous quitter et en leur honneur nous entonnons avec eux une nouvelle fois, notre hymne : «race d’aiglons» que nous avons déjà chanté dans le temple avant le chant de notre promo en l’honneur du Capitaine Rougier. Ainsi que le chant «les rapaces».

 

Avant de partir Richard se débrouille pour me coincer et me retenir par le bras.

- Demain, tu rentres avec nous sur Aix ?

Aïe ! J’ai tout fait pour l’éviter pourtant.

Je fixe mes pieds peu fier.

- Non, pour moi pas de congé, je suis aux arrêts de rigueur.

Je m’attendais à une soufflante mais non. Au contraire, il éclate de rire.

- J’en connais une qui va râler. Mais pourquoi cela ne m’étonne pas de toi… qu’as-tu donc fait ?

- Rien, justement, j’ai laissé Dédé dormir dans l’amphi.

Et ça redouble son rire.

- Vous êtes une génération de pas doués. J’y ai fait quant à moi de délicieuses siestes. Et bien ce n’est pas grave, nous aurons tout de même plaisir à te voir demain. Bonne nuit mon garçon.

 

Momo s’appuie à mon bras et nous le regardons s’éloigner.

- Suis HS. Tu le connais ? Il était sympa en tout cas.

- Oui, un peu. Et si on allait se padger ? Demain sera encore une longue journée.















1 Élève de 1ere année de l’école de l’Air et de l’Espace de Salon de Provence.

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