Robert samedi 5 Novembre 1977 rêveries
Robert samedi 5 Novembre 1977 rêveries
Je sursaute en entendant mon nom.
- Weissenbacher, vous êtes bien silencieux. Seriez-vous malade ?
Tous les autres élèves me fixent dans un silence monacal.
- Non monsieur. Je rêvais, j’avoue.
Ma franchise je devrais l’oublier parfois.
- Donc mon cours ne vous intéresse pas ?
Et je me rattrape comment moi, maintenant ?
- Si, monsieur. Bien sûr que si.
Sa question suivante me fait sourire.
- Dîtes-moi êtes-vous croyant ?
- Oui monsieur.
Enfin, je crois…
- Très bien. Ne vous a-t-on pas appris que le mensonge fait partie des péchés capitaux ?
Gnia gnia gnia, on dirait Camerer. Qu’est-ce qu’il veut que je lui dise le petit bonhomme mal fagoté dans son costume en velours marron ? Que son cours je pourrais le faire à sa place ?
- Désolé monsieur, mais mon esprit est resté entre ciel et terre depuis hier. Alors oui je rêvais de renouveler cette expérience.
Derrière moi, j’entends des : « Un malade, ce mec !» «Non, je suis comme lui.» «Et mec dégage des PN et fais para. Avec les vrais hommes.» «Qu’est-ce à dire ? Qu’on en est pas ?» Je souris, le prof non. Il aurait mieux fait de me laisser à ma rêverie pour une fois où je ne l’emmerdais pas avec mes questions.
Le «schlack» de sa règle sur le bureau ramène le silence.
- Décidément cette année, dans cette promo que des gamins de maternelle. Weissenbacher deux jours qui prennent effet immédiat. J’ai envie de tout envoyer balader mais je retiens mon geste. Vous êtes un sacré fouteur de merde dans votre genre.