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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )
22 janvier 2011

Robert Samedi 12 Novembre 1977 hummmm

Robert Samedi 12 Novembre 1977 hummmm



Le truc roux dort toujours mais c’est le bruit de succion qui m’a réveillé. Non décidément je ne m’y habituerai pas.

Dans l’appart tout le monde dort.

Je réalise que je n’ai plus ma montre. Gisou m’énerve. Comment fait-elle pour me l’enlever sans que je ne m’en aperçoive ?

Après un tour au pipi-room puis dans le frigo, je retourne vers mon lit mais le bruit que fait Coco me donne envie de fuir. Alors je la fuis pour aller me coucher dans son lit.





Une main doucement me caresse les cheveux.

Suis pas un chat !

- Aller Coco, c’est l’heure de te lever ma chérie.

Il y a des fois où je me demande si Richard réalise qu’il n’est pas drôle.

- C’est bon, fous moi la paix, tu me gonfles là.

Je me retrouve dans l’instant sorti du lit superposé  sans douceur.

- Pardon ?

Je crois qu’il n’a pas apprécié de se faire envoyer bouler.

- Désolé !

-Tu peux ne pas être Coco mais tu peux prendre comme elle une fessée.

Il le fait exprès ou il n’est pas conscient de ce qu’il vient de dire ?

Mon air contrit disparaît instantanément, remplacé par un franc sourire.

- Ça, j’aimerais bien voir.

Et moi, faudrait vraiment un jour que j’apprenne à me taire. Quoique…

Fanfan se met à hurler.

- Maman ! Papa et Robert se battent.

- Et bien appelle-moi quand ils auront fini que je vienne avec l’arnica et l’alcool à 90.

Richard et moi nous regardons et nous nous mettons à rire en nous asseyant sur le lit de Coco.

Nous voyons alors apparaître les pieds de Fanfan sur son échelle. Un nouveau regard complice. Nous lui laissons descendre encore deux barreaux puis faisons semblant de nous battre à nouveau. Elle remonte très vite en criant.

- Maman ! ils recommencent !

Nous nous arrêtons en voyant une spatule au-dessus de nos têtes.

- De vrais gosses !

Et c’est en riant comme deux imbéciles que nous la suivons jusque dans la cuisine.




- Tu repars quand à Ancelle ?

Bonne question ! Je tente de lui répondre, avant d’enfourner la cuillerée suivante.

- Je ne sais pas. D’ailleurs si je l’avais su cet été. J’aurais descendu toutes mes tenues de ski.

Il a un geste de la main assez évasif.

- Ça peut s’arranger mais est-ce que tu rentres encore dedans ? Vaudrait sûrement mieux que tu t’en achètes d’autres.

Il en a de drôle l’autre…

- Et je ferai ça quand ? et avec quel fric ?

Ce que j’adore avec Mutti c’est son assurance. Je fais ceci, cela et tout le monde doit être d’accord.

- La semaine prochaine, je viens samedi à Salon et on s’en occupe.

Ah zut ! Bin non !

- Nan mutti. Le week-end prochain je serai à Vinon1.

Cette fois c’est Richard qui a un sourire jusqu’aux oreilles.

- Oh ! Dis-moi Gisèle si on allait s’oxygéner dans les basses Alpes le week-end prochain ? Quant à toi, ils te fourniront vêtements et équipement.

- Pourquoi pas. J’aimerais bien essayer le nouvel objectif de mon appareil photo.

Non ! Pas eux ? Pas ça ! Et lui, il doit connaître tout le monde là-bas. 

- Vous êtes sérieux là ? Je vous préviens, je ferai celui qui ne vous connait pas.

Elle sourit et lui se marre.

- Gisèle, dis moi ? On le connaît ce morveux ? D’ailleurs pourquoi laisses-tu traîner ce bout de gâteau ?

Je le laisse ramener à lui l’assiette vide, ayant pris le morceau de gâteau aux poires. Avec, je m’enfuis vers la chambre de Véro.



Cette dernière est assise en tailleur sur son lit. Elle a mis un très grand livre sur ses genoux, au-dessus un cahier dans lequel elle écrit. Sous sa main gauche, un manuel de latin qu’elle tient ouvert de sa main gauche.  

- Tu vis dans ton lit ?

Elle ne me regarde même pas.

- Non mais c’est le seul endroit où je me sens vraiment chez moi.Je mets les pieds sur le premier barreau de son échelle.

- Je peux monter ?

- Si tu veux.

Je m’assieds à côté d’elle dos au mur, jambes pliées face à la porte. Je lui pose un tee shirt de l’école de Salon sur la tête*.

- Tiens, bon anniversaire !

Sans poser son stylo, elle le saisit pour le regarder.

- Merci ! C’est un des tiens ?

Je baille et m’étire.

- Ouais mais je peux m’en acheter d’autres.

Elle le plie et le pose devant elle puis se penche vers moi et m’embrasse sur la joue.

- Je le mettrai pour le sport au lycée.

- Tu pourras dire que c’est celui de ton petit copain.

Elle me regarde en souriant.

- C’est un peu vrai, non ?

M’asseyant aussi en tailleur, je me redresse en secouant la tête.

- Bin non, justement. Pourquoi tu t’en cherches pas un vrai ?

Elle ferme son stylo et le range dans sa trousse puis fermant cahier et livre, elle range tout dans un sac militaire décoré de dessins de toutes sortes. 

- Et je fais comment ? Les seuls moments où je suis hors de cette prison c’est pour aller m’enfermer dans une autre prisons avec QUE des filles. Présente-moi des copains à toi.

Je souris amusé en prenant son sac.

- Je pourrai dessiner dessus moi aussi ? Elle me l’arrache des mains avec un regard noir. Tu as bien réussi à sortir avec moi. Purée, tu as tout de même trois cents représentants de mon espèce, en bas de ton immeuble. Tu ne vas plus à la piscine du bahut ?

- Si avec Yvette. Mais ils savent tous qu’on est les filles de Papa alors tu comprends, ils nous fuient.

Ah ça...

- Ouais, je les comprends un peu.

J’étends mes jambes et me cale une grosse peluche dans le dos puis pose ma tête en arrière contre le mur. 

Elle glisse le grand livre sous son oreiller et s’assied comme moi à l’inverse. Elle pose sa main gauche sur mon genou puis s’amuse à me tirer les poils de jambes. Je lui tape sur la main puis lui tiens. Elle fait pareil avec moi lorsque ma main gauche se pose sur son genou et se glisse de quelques centimètres sous sa jupe.

- Non , stop ! Et toi, t’en es où ?

Je soupire et me remets en arrière.

- Il y a quatre filles pour cent pax et hier c’était la première fois que je sortais de l’école, alors bon.

Elle tire sur sa jupe puis se met à examiner ses jambes.

- Bref on en est au même point tous les deux. Mais toi au moins, tu t’amuses. Moi, je me fais chier comme un rat mort.

Je me redresse, pas trop d’accord.

- Oui, bon, s’amuser, c’est vite dit. Regarde ça, et répète que je m’amuse. Je soulève mon tee shirt et lui montre mon flanc où s’étale un bleu magnifique qui commence ,seulement maintenant à virer au jaune. Souvenir de notre dernière marche. J’ai dérapé et c’est un tronc d’arbre qui a stoppé ma chute. Ce n’est que le soir que je m’en suis aperçu. Mais ne le dit pas à ta mère sinon ils vont vouloir m’emmener à l’hosto.

Elle pose ses doigts dessus. J’ai un frisson et repousse sa main.

- Tu l’as montré à personne ?

- Non. Pour qu’ils m’empêchent de finir le stage ? J’arrivais à respirer correctement donc pas de fracture, donc pas grave.

Son expression m’amuse.

- Pfff t’es un vrai malade toi. Mais sinon, vas-y, raconte-moi ce que tu fais tous les jours ?

Je soupire et m’étire à nouveau, en tendant mes bras parallèlement à mes jambes.

- Je stacke, je stacke, je stacke comme les autres.

- Ne me dis pas que tu ne fais que ça.

J’ai un sourire amusé. Elle croit quoi l’autre ?

- Et bien, en vrai si. Surtout qu’ils se sont aperçu que j’étais en avance sur les autres pour plein de choses comme en langue par exemple, alors ils m’ont filé du boulot en plus de ce que j’ai à faire en temps normal. Tiens, si veux savoir. Comme je suis le plus jeune, je suis le Popotier. Bref, ça fait de moi le clown de service et ça me gave. Mais alors, ça me gave au plus au point. Toi vois s’il y avait un truc qui pourrait me donner envie de démissionner, ce serait ça.

- Mais qu’est-ce que tu dois faire ?

Elle prend ma main gauche dans les siennes et joue avec mes doigts. Je la regarde faire.

- Plein de choses, trop de choses en fait. Et que des trucs que je déteste. Tu vas te foutre de moi. Mais faut que, lorsqu’il y a un repas un peu spécial comme celui des «pères-tradi» que je chante le menu en présentant les divers plats de façon rigolote. Enfin... plutôt de façon paillarde. Et comme suis nul mais alors absolument nul, je finis avec une partie de leurs repas sur moi. Ouais, vas-y rigoles. Mais c’est franchement pas drôle. Là tu vois, j’aimerais pouvoir aller dans une librairie et me trouver des recueils de chansons paillardes pour m’en inspirer. Je dois aussi m’occuper à gérer le stock de bouffe et de boissons de notre salle de repos mais aussi lors des sorties, des grands repas ou occasions spéciales . Et j’aurais jamais cru que c’était aussi difficile surtout avec le peu de temps que j’ai.

- Mais tes copains, ils ne t’aident pas ?

- Ce n’est pas leur boulot car tu sais, ils ont leurs propres tâches à gérer.

- Mais quel rapport avec le métier de pilote de chasse ?

Je hausse les épaules.

- Notre brigadier un jour m’a dit : « Vu ton âge mon gars, ça te prépare à ta vie future en escadron où tu seras encore popotier pendant un certain temps». Imagine ma joie en entendant ça.

On se tait. Nous n’avons plus rien à nous dire.

 

Je me laisse tomber sur le côté en chien de fusil la tête sur un gros nounours imprégné de l’odeur de Véro. Elle sort un livre de son sac puis se tourne, pose sa tête sur ma hanche, je relève la mienne pour regarder sa position. Elle a les pieds levés posés à plat contre le mur et sur ses jambes tendues, elle a posé son livre.

 

Gisou me réveillera à midi pour aller manger.

1  Vinon sur Verdon, un des terrains d’aviation squatté par les élèves de Salon.

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