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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

8 février 2010

Robert Jeudi 2 Octobre 1975 parrain et filleul, oups !

Robert Jeudi 2 Octobre 1975 parrain et filleul, oups !

 

 Même quand je suis au milieu de mes collègues de classe, je ne peux m’empêcher de surveiller les copains de Maxime du coin de l’œil. Ce type a réellement remplacé Desmongeot dans mes angoisses, même alors qu’aujourd’hui qu’il n’est plus élève ici.

Pour l’instant, ils sont de l’autre côté de la cour et je n’irai pas les chercher.

Devant moi, un Kharré1 est en train de nous expliquer que ce soir, il viendra faire une inspection de nos chambres. Mais je n’arrive pas à m’expliquer comment un mec qui devrait avoir honte (d’après moi.) d’avoir redoubler se permet ainsi de faire son petit chef. Enfin, je ferme ma gueule, de toute façon je serai dans mon tort. Mais ça me gonfle. En plus, vu ma taille et son courage, c’est sur moi qu’il va se défouler, je pense. Surtout qu’hier j’ai refusé de lui refiler le biscuits et le chocolat que Firmin nous avait distribué pour le goûter, et s’il n’y avait pas eu D’Aureilhan, j’aurais bouffé autre chose que le chocolat.

C’est que moi, je les apprécie cette barre de chocolat et ces deux biscuits. Ce n’est pas grand-chose et ça ne me remplit pas le ventre mais ça permet d’attendre dix-neuf heures et le repas du soir.

Pour l’instant seuls les sixièmes et les cinquièmes sont en train de passer devant la porte de la cuisine récupérant, l’un après l’autre leur dîme. La classe des quatrième fait déjà la queue et les troisième s’y préparent mais alors que font ces troisièmes devant ce groupe de sixièmes.

Mon instinct de proie, me dit qu’il y a un truc de pas normal.

- Hé les mecs regardez Trudeau et Mongeot. Qu’est-ce qu’ils font ?

Le Kharré me bouscule et je perds l’équilibre. Autret me retient par la manche.

- De quoi tu te mêles le minus ?

Xavier se met entre lui et moi.

- Ces sixièmes sont nos filleuls, il a raison de s’inquiéter pour eux. (Me prenant par le poignet, il me tire.) Viens on va voir.

- Heu Xav, ce sont pas les petits que je surveillais mais Trudeau qui a pris le relai de Lorenzo.

- Ah c’est vrai ça que t’as pas de… Ah mais si ! Maintenant t’en as un. Puisque t’as pris le lit de Tramoni t’as aussi pris son filleul.

- Hein ? Quoi ? C’est quoi encore cette histoire de lit avec son filleul ?

Là Nevière s’arrête et me fixe comme si je venais de le frapper puis pique un fou rire. Je me sens de plus en plus largué.

Derrière moi Claude et deux autres qui nous ont suivis se mettent aussi à rire.

- T’es trop con, mec. Heureusement qu’on doit pas se fourrer nos filleul dans notre lit, on serait mal. Xav veut simplement dire que le filleul d’Alexandre maintenant c’est le tien.

Oh ! Et ça rime à quoi exactement d’être parrain ? Car soyons franc, j’ai rien écouté du tout lors de la cérémonie.

 

 

Nous voyant arriver, les deux troisièmes se barrent.

Mes collègues se dirigent chacun vers leur filleul. Claude me pousse vers un sixième, bien évidement, largement plus grand que moi.

- Salut ! C’est toi le filleul d’Alexandre ?

Le garçon opine de la tête.

- Pourquoi ? Qu’est-ce que t’en as à fiche ?

Je soupire. Me redresse au max et bombe le torse, mais je me sens ridicule.

- Parce que à partir de maintenant, je le remplacerai en tant que parrain.

Il a d’un coup l’air absolument dépité.

- Et bin, je suis sûr de ne pas avoir de goûter jusqu’à la fin de l’année.

D’un coup, je sais ce que trafiquaient les copains de Lorenzo.

Je l’abandonne et cours rattraper mes deux ex-tortionnaires qui viennent de prendre place dans la queue pour recevoir leur pitance.

- Hé Mongeot, je comprends mieux pourquoi t’es un gros tas de graisse. En plus de votre part, vous vous tapez le goûter des sixièmes que vous rackettez. Mais aujourd’hui c’est la dernière fois, vous allez maigrir les mecs, je vous le promets.

Leurs camarades de classe les regardent en souriant et se mettent à chuchoter. Je l’ai dit suffisamment fort pour que même Firmin m’entende ainsi qu’une bonne part des élèves présents dans la cour autour de nous.

Eux par contre n’ont pas réagi et Trudeau me tourne même le dos. Cela m’est égal. Je sais qu’il m’a entendu.

Au loin, je vois Gâche s’approcher, je retourne vers mon groupe et celui des sixièmes.

 

Mon filleul s’appelle Hector, Hector Malliol et je sens qu’entre nous ça va être compliqué…

- Au moins avec mon autre parrain je savais qu’il pourrait me défendre et m’aider.

- Ah ! Parce qu’il t’a aidé contre Trudeau et Mongeot ?

- Non, mais je ne lui avais rien dit.

- Et à moi non plus. Pourtant je te jure qu’ils ne viendront plus vous racketter.

- Tu parles ! Ils avaient l’air d’avoir drôlement peur de toi.

- Crois ce que tu veux je m’en tape.

- Bob ça va être à nous.

Je rejoins les autres pour récupérer notre du.

Lorsque je passe devant Firmin, il me donne deux barres et quatre biscuits et me fait un clin d’œil.

La récrée est presque terminée et je me dirige lentement vers mon rang. Mais avant, je bifurque pour passer devant Hector à qui je donne sa part. D’abord surpris, il l’air ravi.

- Merci !

- Dis ça au cuistot.

 

 

Gâche est debout devant notre rang. Je me place à côté de Nevière, nous allons bientôt monter en cours.

- Rien à me dire Weisembacher ?

- Non mon capitaine.

A côté de moi, Xavier regarde ses souliers, moi je décoche à notre brave cerbère un grand sourire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1Élève redoublants de spé.

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7 février 2010

Richard mercredi 1 octobre 1975 fin de la partie 2

  Richard mercredi 1 octobre 1975 fin de la partie 2

 

Richard se laisse retomber en arrière.

- J'aime bien les journées qui commencent comme ça !

Gisou se  lève et enfile son peignoir.

- Aller, debout jeune homme, qu'une longue journée nous attend.

 

Richard arrête de se raser pour regarder sa femme disparaître entièrement sous l'eau pour rincer ses cheveux. Il pose son rasoir puis prenant appui sur les poings et les orteils sur les bords de la baignoire, il surplombe ainsi sa femme. Lorsqu'elle émerge, sa bouche se pose sur la sienne, elle ouvre les yeux, surprise mais de ses mains le repousse.

- Oh mon dieu Richard, je vais garder cette vision toute la journée dans ma tête.

- Et elle est si ignoble que ça ?

Son sourire parle pour elle.

- Je dois aller réveiller tes filles, allez ouste, pousse-toi !

 

Avant de sortir, Gisou tire son homme par l'oreille pour l'attirer à elle et lui dépose un smack léger, puis sa main caresse la hampe raide avant de faire claquer sa main sur une de ses fesses nues.

- Aie !

- Je t'aime mon homme !

 

Quand Richard arrive dans la chambre tout habillé, Gisou se brosse les cheveux. Il lui prend la brosse.

- J'aime tes cheveux ! Mais tiens. Il lui rend la brosse. À cause de toi, je suis déjà en retard.

- A cause de moi ? Elle se retourne en riant. Attends ! Elle lui redresse le nœud de cravate. Voilà ! Tu es très beau.

- Merci ! Sinon Mademoiselle Dionis me dirait encore : "Alors mon colonel, on a eu un réveil mouvementé ?"



Tous les garçons sont déjà en place pour le lever de drapeau. Il rend son salut à Gâche puis il fait signe au petit sixième d'y aller. Celui-ci empreint de sérieux passe devant chaque classe écrivant ce que le chef de classe lui crie.

- Troisième, deux absents !

- Gâche pourquoi deux absents ?

- Lorenzo à l'infirmerie et Weissenbacher aux arrêts.

- Encore ? Bon, je verrai ça tout à l'heure.



A peine a-t-il ouvert la porte que Madame Lang se précipite vers lui.

A chaque fois qu’il la voit, il se demande comment les gamins n'ont pas peur en la voyant. Une coupe au carré au ras des oreilles, des petits yeux fuyants, des oreilles si petites qu’elle semble presque ne pas en avoir et ses mains ? Oui il sait qu’elle a de l’arthrite, elle en parle et s’en plaint à chaque repas, mais tout de même, lui n’aimerait pas être touché par de telles mains toutes tordues.

- Bonjour ! Alors Lorenzo ?

Madame Lang lui serre la main.

- Deux points de suture, il les cumule. Sinon ça va, mais j'ai préféré le garder de peur qu'il ne se venge sur l'autre gamin que j'ai aussi vu et qui lui n'a rien.

- Vous savez ce qui s'est encore passé ?

- J'ai plus ou moins réussi à sortir les vers du nez des deux mais la conclusion c'est qu'il y en a un, le plus grand déteste le plus petit et le lui fait payer mais la raison de cette haine, impossible de savoir.

- Ouais comme chaque année. Mais cette fois, il semblerait qu'il soit tombé sur un os.

- Disons plutôt dans ce cas précis sur la barre du pied de lit du gamin puis sous ses phalanges et je préfère que ce soit lui que moi car le petit Pimousse, n'a pas fait semblant. Il est dans la chambre à côté, venez.

 

Lorsqu'il voit le colonel, le gamin sort de son lit et se met au garde à vous.

- Alors Lorenzo, je pense que l'on va annoncer une bien mauvaise nouvelle à vos parents. Les deux années précédentes vous aviez attendu le second trimestre pour terroriser un plus petit que vous. Mais là, il semblerait que vous l'ayez mal choisi. Et moi, je n'en peux plus. Vous êtes bon en classe et cela m'attriste de devoir me séparer de vous. Vous resterez à l'infirmerie jusqu'à l'arrivée de vos parents comme ça vous ne pourrez pas lui donner l'occasion de vous coller une autre trempe.



Lorsque Richard pousse la porte du couloir qui donne sur son bureau, sa secrétaire appuyée sur une main sur son bureau répond au téléphone. Il fixe la croupe ferme de la jeune femme moulée dans sa jupe bleu.

En l’entendant arriver, elle se redresse et se tourne vers lui.

- Ah mon colonel, vous avez l'air préoccupé ?

- Oui, je sors de l'infirmerie, préparez-moi le dossier de Lorenzo que j'appelle ses parents.

Elle lui sourit avec un petit air entendu.

- Vous devrez aussi appeler ceux de Tramoni, mon colonel car il vient de passer pour me dire qu'il démissionnait et voulait nous quitter.

L’homme semble déçu mais pas surpris.

- Lui aussi ? Décidément cette année c'est une année de paresseux. Et bien, préparez-moi aussi, son dossier mais vous me le convoquerez d'abord.

Là, c’est de la fierté quasi s’affiche sur le visage de sa secrétaire, puis de l’interrogation.

- Les deux dossiers sont déjà sur votre bureau et j'ai voulu y joindre celui du petit Weissenbacher mais je ne l'ai pas trouvé et d'ailleurs en y réfléchissant, je ne l'ai jamais vu passer.

Le colonel pénètre dans son bureau et s’assied dans son fauteuil.

- Normal, il est dans mes tiroirs et moi seul, peux m'en occuper.

Il la fixe et se demande si elle est surprise ou vexée ? Peut-être un peu des deux mais peu lui chaut.

- Oh !

Il ne lui laisse pas le temps d’ajouter quoique ce soit.

- Tiens d'ailleurs en premier faîtes moi amener ce gamin par Lorient.

- Bien mon colonel. Ah oui, je dois aussi vous annoncer que la chaudière du bâtiment C a définitivement rendu l'âme.

Richard soupire, dire que cette journée avait si bien commencé.

 

On toque à sa porte.

- Entrez ! Ah Firmin que vous arrive-t-il ?

- Nous n'avons pas reçu la commande de viande.

Le colonel fait claquer ses mains à plat sur son bureau.

- Et bien les gamins mangeront végétarien aujourd'hui et allez-vous plaindre au comptable, pas à moi.

- Oui, je sais, mon colonel mais vous, vous êtes plus efficace que lui au téléphone.

Richard soupire.

- Donnez-moi leur numéro.



Lorient fait entrer le gamin.

- Garde à vous !

La porte se referme sur Lorient pour s'ouvrir à nouveau mais cette fois sur Mr Vecchini, le comptable.

- Je peux vous parler ?

- Oui mais toquer aussi avant. Je viens.

 

Quand il revient, Mademoiselle Dionis lui fait signe de ralentir et de regarder dans son bureau. Ah merde, il l'avait oublié celui-là ! Toujours au-garde à vous,

Le gamin n'a pas bougé, juste ses doigts serrant son calot, bougent, faisant tourner ce dernier.

- Mademoiselle Dionis, venez, j'ai deux dossiers à vous donner.



Richard referme le dossier de Lorenzo et le tend ainsi que celui de Tramoni, à sa secrétaire qui sort en refermant la porte derrière elle. Bon maintenant, à nous deux, mon gaillard. Mais le téléphone sonne.

- Oui... Non, vous blaguez là ? J'arrive !

Et bien, mon petit, tu attendras encore.



Sa femme l’accueille fraîchement.

- Il est toujours dans ton bureau ?

Il soupire en se lavant les mains.

- Oui, je veux voir quand il craquera.

Elle semble horrifiée.

- Mais c'est de la torture mon cher mari.

Tout en s’asseyant à table, il la fixe.

- Ouais et bien écoutes, si tu voyais le visage de Lorenzo, tu ne le plaindrais pas.

Elle ne semble pas convaincue puis l’interroge.

- Lorenzo ce n'est pas celui qui a poussé deux gamins à démissionner l'année dernière.

Mais déjà elle ne l’écoute plus, ouvrant la porte de leur salon.

- Oui c'est bien lui et j'ai appelé ce matin ses parents pour leur dire que je le renvoyais. Tu sais ce qu'il a dit à Madame Lang qu'il allait égorger le gosse. Je plains ses parents, ce gamin finira en prison.

Gisou devant la baie vitrée observe la grande fenêtre du bureau de son mari.

- Et lui, tu vas en faire quoi ?

Il vient regarder, debout derrière elle.

- D'abord l'envoyer manger puis je vais le changer de chambrée. Le coloc de D' Aureilhan vient de démissionner, je vais lui octroyer ce lit. J'ai confiance en Aureilhan, il le protégera. 

Une demi-heure à peine plus tard.

- Bon et bien, j' y vais, ton repas était délicieux. Il va sortir de l'appartement quand il fait demi-tour. Chérie pourras-tu déposer une paire de draps, une couverture, un oreiller et une taie chez Madame Calliop qu'elle les marque.

- Comme si je ne savais pas le faire ?

- Oui, mais elle, je la paie pour ça mon amour.



Mademoiselle Dionis n'est toujours pas revenue de sa pause de midi et Lorient joue avec un stylo assis au bureau de cette dernière.

- Alors ?

- Il n'a pas bougé, il bat le record d' Andrieu.

Richard ferme la porte derrière lui, l'enfant frémit et les articulations de ses doigts blanchissent autour de son calot. Il va jusqu'à la fenêtre et voit Gisou debout derrière les rideaux du salon, du tissu dans les bras. Il secoue la tête. Ah celle-là ! 

Il se retourne et va s'asseoir sur le bureau face au gamin.

- Bon et maintenant, que fait-on de vous ?

Il est mûr à point. Une larme roule sur sa joue. Gisou a-t-elle raison, j'suis réellement un tortionnaire ?

- Pitié, mon colonel ne me renvoyez pas, je ne sais pas où j'irai sinon .

La voix aiguë de l’enfant est chevrotante.

- Te renvoyer ? T'inquiètes pas pour ça. Par contre tu déménages. Tu t'entends bien avec D' Aureilhan ?

Le gamin le regarde surprit puis renifle avant de répondre.

- Oui mon colonel, il est sympa.

Le colonel retourne derrière son retour, prend deux mouchoirs en papier dans un tiroir et va les donner à l’enfant qui a encore reniflé.

- Repos ! Et bien Le Caporal Lorient t'aidera à transporter tes affaires mais avant, vas voir le cuistot qu'il te donne à manger.

 

Il le regarde sortir puis ouvre le tiroir et en sort son dossier. Mademoiselle Dionis entre et vient se pencher sur le bureau. Il referme le dossier et le remet dans le tiroir. Son regard s'attarde sur le décolleté qui s'offre à lui. Et l'autre là-haut, elle ne doit pas en manquer une miette. Il soupire.

- Hum, oui, Mademoiselle Dionis, vous désirez ?




6 février 2010

Robert Mercredi 1 Octobre 1975 fin de la partie 2

Robert Mercredi 1 Octobre 1975 fin de la partie 2

 

 - Debout le fou furieux, Vas te préparer pour aller en cours.

 

C'est le caporal Caprais qui vient me réveiller.

Cette nuit j'ai dormi au mitard, mais je m'en fous, et si je suis renvoyé tant pis, car cette fois, l'autre con ne fera plus chier personne pour un certain temps et tout cas, plus moi.

 

J'arrive en retard en cours sans passer par la case petit déjeuner mais par la case infirmerie où j’ai vu Lorenzo au fond d’un lit. Quand il m’a vu, il s’est tourné.

Sans surprise, mon cher professeur me tend un vieux livre de physique avec un papier dedans, bref deux ou trois pages d'exos à rendre pour la veille.

 

- Il parait que tu l'as massacré et qu'il va être renvoyé.

 

Ça, je le sais, Caprais me l'a dit, mais que je serais sûrement moi aussi renvoyé. Hier en m'enfermant au mitard il m'a dit que cette nuit ne serait que la première qu'il fallait que je m'y habitue.

 

Nguyen au tableau m'énerve, je lève la main pour le remplacer.

- Toi, pas besoin de la lever pour la journée.

Je vais répondre au prof que ce n'est pas juste puis je me laisse partir en arrière sur ma chaise comme une flaque et pose ma tête sur le bureau derrière moi. Je me redresse, le prof s'est assis sur son bureau devant moi, me tournant le dos. J'ouvre mon cahier à la dernière page puis au crayon, écris en gros le début de la bonne réponse et le montre à Nguyen qui, ce con, fait une tête surprise. Le prof se retourne, je suis sage, les mains croisées sur le cahier fermé. Je vais pour le remontrer quand on toque à la porte, c'est Lorient. Il me signe de le suivre. Le prof me fait signe d'y aller.

- Tu sais où tu vas ?

- A l'échafaud ?

- Tu es un rigolo toi ? Nous verrons tout à l'heure si tu rigoles encore.

 

Lorsque Lorient toque à la porte du colon, la secrétaire me regarde en secouant la tête avec un air pincé.

Il me fait entrer et mettre au garde à vous devant le bureau du colon.

Ce dernier est en train d'écrire et ne s'arrête pas.

Par contre, il envoie péter le comptable qui entre sans toquer puis le suit et je reste seul.

Je passe en revue son bureau, des dossiers d'élèves, d'après la photo, je reconnais celui de Lorenzo qui cache celle du dossier du dessous. Sûrement le mien.

Juste devant moi, il y a un prisme doré avec son grade et son nom marqué dessus : Colonel Richard Granier. Ça sert à quoi ? Il a déjà son nom sur la porte, ça fait très imbu de lui-même, je trouve. Et puis, son nom tout le monde le connaît dans l'école.

Je crève d'envie d'aller voir la photo qui est dans le cadre doré dont je ne vois que le dos, mais je ne peux pas, je ne dois pas bouger car s'il ne me trouve pas là où il m'a laissé, je ne ferais qu'aggraver mon cas.

D'ailleurs, j'entends quelqu'un venir dans le couloir et s'arrêter au bureau de la secrétaire.

Je lève bien la tête.

 

C'est bien lui, il entre avec Mademoiselle Dionis, sa secrétaire.

- Tenez voici les dossiers des deux gamins, j'ai fait le brouillon des lettres, vous y mettez les formules d'usages. Vous ne pouvez imaginer ce que c'est dur pour moi d'en renvoyer un, c'est la preuve de mon incapacité.

- Mon colonel vous êtes trop dur avec vous même, ce gamin est irrécupérable, pour moi c'est surtout la faute des parents, vous avez vu comment, ils ont toujours été avec lui ?

- Oui mais justement que va-t-il devenir maintenant ?

- Ah ça ! Vous ne pouvez sauver tout le monde et votre priorité doit être de protéger d'abord les autres élèves.

- Oui sûrement, sûrement.

 

Je ferme les yeux très fort car à ne pas en douter, ils parlent de moi, là ! Je ne dois pas pleurer, ne pas leur donner ce plaisir. Mais ce n'est pas juste, je n'ai fait que me défendre.

 

Derrière moi, la porte se ferme, il est assis sans bouger, les bras à plat et les mains croisées sur le sous main vert de son bureau, je sais qu'il me regarde même si je ne vois pas ses yeux derrière ses carreaux noirs. Moi, je regarde dans la cour, c'est l'heure de la récrée du matin, les petits ont une balle qu'ils se lancent.

 

Le téléphone me fait sursauter, depuis combien de temps sommes nous là sans parler ? Il se lève et encore une fois disparaît. Je ne l'ai pas entendu fermer sa porte. Il me laisse sous la surveillance de sa secrétaire.

 

Je l'entends répondre plusieurs fois au téléphone, prendre des rendez-vous avec des parents. Elle est sèche avec eux. Mademoiselle Dionis fait rêver beaucoup de garçons. Faut dire que dans l'école, on a pas beaucoup de femmes ou de filles et c'est vrai aussi qu'elle est bien roulée surtout qu'elle ne porte que des jupes super collantes et des chemisiers qui ne demanderaient qu'à s'ouvrir comme disent certains. Sait-elle qu'ils la dessinent dans des positions assez... je ne sait pas comment dire assez provocantes et très déshabillées. D'y penser me fait sourire et me fait oublier où je suis.

 

J'ai mal aux jambes et j'ai failli lâcher mon calot.

Depuis combien de temps suis-je là ?

Dehors, je vois les mecs se regrouper devant le mess, j'ai faim. La cloche m'a fait sortir de mes rêves. Je m'aperçois que c'est pas plus mal qu'il ne soit pas là mais bon le colon aurait été là, mon cerveau d'ado débile ne m'aurait pas emmené si loin.

Derrière moi, j'entends la secrétaire dire à quelqu'un qui vient d'arriver, un homme car il a le pas lourd, qu'elle me laisse sous sa surveillance. Un bruit de chaise qu'on bouge puis plus rien. Qui est-ce ? Gâche ou un des capots.

 

J'en peux plus, j'ai faim maintenant.

La cours est vide.

Un bruit de chaise, il se lève ? On le relève sûrement ou il s'en va me laissant seul, mais faut pas rêver. Je pourrais me retourner mais non, je ne bougerai pas.

Je fais bouger mes orteils avec difficulté, mes pompes sont déjà trop petites et j'ai eu la flemme d'aller voir Madame Calliop.J’attends que mes pantalons soient trop courts pour aller lui en demander d'autres. Mais là, j'ai mal aux pieds. Pareil, j'ai envie de me gratter le nez mais j'hésite. Oh et puis zut, ça prend trente seconde et il n'y a personne devant moi.

 

Ça y est les autres sortent du mess, je me demande ce qu'ils ont eu à manger. C'est mercredi aujourd'hui, donc au dessert, c'était forcément ces petits triangles de gaufrettes enrobés de chocolat avec, avant, du fromage, ces carrés que l'on gobe comme ça alors qu'il faudrait les étaler sur du pain, mais on a pas le temps et puis c'est plus rigolo d'avoir ce truc pâteux qui t'en fout plein les dents et en fait moi je mange les deux ensemble ça donne un goût space qui m'amuse.

 

La porte claque derrière moi, je me redresse.

Il vient se planter devant moi, posant juste une fesse sur son bureau.

Je craque. Son silence m'achève. Là, franchement je préférerais qu'il me frappe. Je sens des larmes que je n'arrive pas à contenir.

- Pitié mon colonel ne me renvoyez pas, je ne sais pas où j'irai sinon .

- Vous renvoyer ? Ne vous inquiétez pas pour ça. Par contre vous déménagez. Vous vous entendez bien avec d'Aureilhan ?

- Oui mon colonel, il est sympa.

Pourquoi me pose-t-il cette question ? Claude n'a rien à faire dans l'histoire ? C'est juste entre Lorenzo et moi.

- Repos ! (Ouf ! C'est terminé ? Mais il ne m'a rien dit, ni puni. J'ose le regarder, il n'a plus ses lunettes, je le fixe aussi puis détourne les yeux. Ne pas le provoquer, même si là… je le ferais bien. Histoire de savoir à quelle sauce il compte me manger.) Le Caporal Lorient vous aidera à transporter vos affaires. Mais avant, allez voir le cuistot qu'il vous donne à manger.

Alors là, je ne m'y attendais pas. Je dois avoir l'air d'un poisson hors de l'eau. Je ne suis même pas puni ? Mais pourtant, je me suis battu.

Quand Lorient me pose la main sur l'épaule, je sursaute. Ça fait sourire le colon qui se lève et va se mettre debout devant la fenêtre les mains croisées dans le dos. Il regarde vers le haut. On le voit souvent comme ça quand il est dans son bureau. Qu'est-ce qu'il peut bien regarder?

 

- Bonhomme, tu sais que tu m'as fait gagner cinquante francs ?

- Hein ? Pourquoi ? Qu'ai-je fait encore ?

Lorient m'aide à défaire les draps de mon lit.

- Gâche et d'autres avaient parié que tu craquerais, Moi et madame Lang, on a gagné. T'es un petit con résistant, tu as tout mon respect. Tiens, vas rapidement porter ces draps à la blanchisserie, je t'attends ici.

Là-bas, ils refusent de m'en donner d'autres et je me creuse la cervelle pour savoir comment je vais faire mon lit sans drap ni couverture, enfin je verrai bien.

 

Lorient s'est couché sur mon matelas, il se lève en m'entendant.

- Aller accélère, je dois aller remplacer Caprais en salle de permanence. Je vide le contenu de mon armoire sur mon lit et soulève la pile. Il me prend les tennis et les boîtes de cirage. Go ! go !

 

Il me fait monter deux étages, et m'introduit dans une des chambres doubles, dessus il y a marqué : d'Aureilhan, Tramoni.

- Tram est parti, donc tu peux prendre son lit. Tu verras, je pense que tu t'entendras bien avec D'Aureilhan, c'est un garçon sérieux et travailleur. Il avait ton âge quand il est arrivé ici. Bon, par contre t'es consigné dans ta chambre cette après-midi donc profites-en pour faire tes pages de punitions et t'installer.

- Mais mon sac est resté en classe.

Je le vois soupirer.

- Bon OK ! Viens, je t'accompagne puisque les profs ne sont pas là !

 

En classe, il me dit de vider mon casier et de tout ramener dans la chambre. Je suis fier de passer dans la cours les bras chargés de mes livres, devant les collègues du dortoir de troisième qui me regardent.

Là-haut, je pose tout sur le bureau qui dorénavant sera le mien puis redescends à la cuisine avec lui.

Firmin et Jul m'accueillent en me tapant dans le dos. Je m'installe devant une platée de raviolis et au dessert, j'ai droit non seulement à mon triangle mais aussi à une glace. Purée, du coup, je me rebattrais volontiers !

 

Dehors avant de remonter, je serre la main à plusieurs mecs du premier cycle qui me disent merci ! Je suis surpris puis je comprends : Lorenzo est renvoyé !

 

 

 

 

 

 

5 février 2010

Robert Mardi 30 septembre 1975 fin de la partie 1

Robert Mardi 30 septembre 1975 fin de la partie 1

 

 Le prof de français m'a donné le tome un de l’histoire de France de Michelet à lire, alors une fois en pyjama, je tente de m'y plonger.

- Robert, j'ai un soucis en allemand, l'alsacien et l'allemand c'est pareil, non ?

- Ça ne va pas? Et pourquoi tu me sors ça ?

- Je pensais que tu aurais pu m'aider en allemand.

- Ah ! Tu aurais pas pu le dire de suite maintenant vu que tu m'a presque traité de bosh je ne sais pas...

- Non, mais non, désolé...

Il a l'air de réellement s'en vouloir.

- C'est bon montre ! Mais c'est vrai que dire à un alsacien qu'il parle allemand c'est pas malin, tu as de forte chance de le vexer.

- Mais t'as fait de l'allemand au moins ?

- Oui, en première langue et anglais en seconde langue. Qu'est-ce qui te pose problème ?

Philippe s'assied sur le lit à côté de moi et pose son livre et son cahier devant nous. Il doit traduire du Goethe et ensuite donner une suite au court passage. Le pauvre.

 

- Aller messieurs, extinction des feux !

 

Je suis content car depuis que je me suis fait massacrer par les terminales, Philippe et les autres sont plus sympas avec moi et les 3 cons m'ignorent, ce qui me va totalement.

 

Un bruit me réveille.

On m'enlève ma couverture pendant que les deux mecs me saisissent les bras, ma tête percute un front. Un cri. Celui qui me baisse le froc se mange la barre au pied de mon lit et tombe derrière celle-ci. J'évite le troisième larron en le repoussant vers le lit de Philippe, je saute à pieds joints, liés par mon froc au chevilles, sur le gars au sol. C'est Maxime. Je me laisse tomber sur sa poitrine et je lui tape sur la gueule, un poing puis l'autre. J'ai envie de le tuer. Et cette fois, il est à ma merci. Il va prendre pour toutes les autres fois. La lumière s'allume mais ça ne m'arrête pas. Deux collègues me prennent par les bras et me tirent en arrière, je vais me retourner contre eux, je suis devenu hors de contrôle. Une claque me rappelle à la réalité.

- Weisembacher remontez votre froc et sortez de la chambre.

J'obéis.

Au garde à vous, j'attends à côté de la porte. Je vois Gâche passer en portant Lorenzo. Mes nerfs on lâché. Je renifle.

 

Caprais sort et me tirant par le bras me traîne derrière lui. Dans les escaliers, il éteint la lumière des dortoirs.

Où va-t-on ?

Au rez de chaussée, il dépasse leurs chambres et va jusqu'à une porte verte qu'il ouvre puis me pousse derrière, dans une pièce sans lumière et referme la porte.

Je suis dans le noir complet.

Je m'accroupis et serre mes genoux.

Où suis-je ?

Mes yeux s'habituent petit à petit à l'obscurité qui n'est pas totale à cause du léger trait de lumière qui filtre du bas de la porte derrière moi.

J'aperçois un lit avec une couverture pliée en quatre dessus. Je vais m'y coucher et m'en recouvre.

Maintenant, je sais où je suis. Au mitard. Philippe m'en a parlé. J'éclate en sanglots car ceux qui y sont enfermés sont dans la plupart des cas renvoyés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 février 2010

Richard Mardi 18 septembre 1975 infirmerie

Richard Mardi 18 septembre 1975 infirmerie

 

- Allô chéri ?

Il fait reculer son fauteuil vers la fenêtre et lève les yeux vers son appartement dans l’immeuble d’en face.

- Oui, oui, mon amour, je vais rentrer mais c'est la rentrée justement, tu sais ?

Là-haut, derrière la vitre, il la voit, serrant son gilet sur la poitrine de son bras gauche et du droit tenant le combiné du téléphone contre son oreille.

- Encore ton excuse de la rentrée ? Oh, mais tu sais, tu peux dormir dans ton bureau avec ta secrétaire, grand bien t'en fasse..

Il s’énerve.

- Gisèle, arrêtes ça !

Il fait déjà nuit et il ne peut pas le voir mais il sait qu’elle sourit.

- Bon, en tout cas, regarde un peu par ta fenêtre, allez lèves donc tes grosses fesses.

- Tu les trouves grosses ?

Gisèle a un petit rire.

 

- Non elles sont parfaites pour moi, ce que je ne trouve pas parfait c'est ce qui se passe dans la cour. Ton gros balourd…

Il sait qu’elle déteste son subalterne mais ne supporte pas qu’elle l’appelle ainsi.

- Ne l'appelles pas comme ça !

Elle soupire.

- Bref, ton gros balourd fait encore courir le petit gamin à moitié nu et avec quatre grands gaillards qui sont en train de lui faire manger le gravier à coup de poings et ton gros balourd ne réagit pas.

Il se lève et effectivement voit le gamin se faire pousser par un garçon beaucoup plus grand que lui. 

- Hum, je vais aller voir ça, mais toi, arrête de tout surveiller !

 

Le colonel quitte son bureau et s’avance vers son subalterne debout devant l’entrée des escaliers du milieu du bâtiment.

- Capitaine Gâche, vous prenez le frais ? Il lui montre les garçons en train de courir. Alors qu'ont donc encore fait ces garçons ?

- Ils étaient très agités, j'ai craint encore une descente d'un dortoir sur un autre.

- Et pour cela, vous laissez quatre gaillards du secondaire s'en prendre à un gamin de sixième ?

- Ce n'est pas un sixième mon Colonel, c'est le petit  prépa.

- Et donc, quand même, vous ne voyez pas une certaine différence de taille ? Je penserai à vous envoyer voir un ophtalmo Capitaine. l’enfant finit son tour de cours et s’approche d’eux. Stop gamin, viens ici ! Fichtre, heureusement que Gisou ne voit pas dans quel état, il est. Au garde à vous, l'enfant fait face aux deux hommes. Ses genoux, ses mains mais aussi ses avant-bras sont écorchés. Même son menton et son nez ont pris. Alors, vous ne tenez pas sur vos jambes ou faut-il que je demande des explications à vos camarades là-bas ?

Le gamin s’arrête, il est essoufflé et secoue la tête.

- Je suis fatigué mon colonel et avec tout ce gravier, j'ai plusieurs fois dérapé.

Richard fixe son capitaine qui laisse tomber sa cigarette derrière lui et discrètement pose son pied dessus.

- Weissenbacher, allez à l'infirmerie au pas de course puis allez vous coucher.

- Merci, mon Capitaine.

 Et en plus, il le remercie. Mais de quoi ? De l'avoir volontairement donné en pâture à ces terminales ? Maintenant aux quatre autres ! 

 

Lorsque le gamin pousse la porte de l'infirmerie, Gisou discute avec Madame Lang à qui elle a porté innocemment un bout de tarte.

- Et donc pour vous de l'argile verte sur des boutons de varicelle, c'est le mieux, et bien je vais donc en acheter. Merci Madame Lang. Elle se tourne vers lui, et cache sa bouche derrière sa main pour retenir le hoquet de surprise qu’elle a en le voyant. Mais comment mon garçon, as-tu pu te mettre dans un tel état ?

Madame Lang soupire.

- Oh encore un qui s'est battu. Je sature dès fois de devoir suturer. Sa blague la fait sourire mais apparemment pas la femme du Colonel qui fait déjà tourner l'enfant sur lui-même du bout des doigts. Oh, je pense que ce ne sont que des égratignures mais je vois des petits graviers dedans. Tiens, vas te doucher. Elle lui tend une serviette. Tu es couvert de poussière cela te fera du bien. Combien de fois devrais-je me plaindre des dégâts de ces graviers, quand vont-ils tous les faire enlever ? Lorsque le garçon ferme la porte de la petite salle de bain, elle s'approche de Gisou et sur le ton de la confidence.  Celui-là, c'est un habitué, il passe sa vie à se battre depuis la rentrée. Mais avez-vous vu la jolie couleur de ses yeux ? Il va vite devenir mon chouchou, je sens car il est adorablement poli et gentil. Elle tend une pince à épiler et une gaze à Gisou. Vous m'aidez ?

Gisou accepte un peu horrifiée : il va se doucher et va remettre des vêtements sales ?

 

Une demi-heure plus tard, la porte de l'infirmerie s'ouvre sur le Colonel, l'enfant veut se lever, il est immédiatement plaqué sur le lit, d’une main par les deux femmes.

- Ah ! tu... Son regard passe de sa femme à l'infirmière. Vous... Puis au gamin sur lequel elles sont penchées. Vous êtes encore là mon garçon ? Ils t'ont bien amoché dis donc. Bon puisque je ne sers à rien ici, je rentre me coucher. Mesdames ! L'infirmière jette un regard amusé à la femme du colonel qui lui répond par un sourire entendu. L'homme immobile semble tout de même attendre quelque chose. Puis soupire et sort pour revenir. Madame Lang pourriez-vous l'accompagner jusqu'à son lit s'il vous plaît, j'ai un peu peur qu'il soit attendu.

L'enfant a un frisson.

- Je peux le garder ici si vous voulez ?

- Non, il a un lit !

La porte claque et les deux femmes se mettent à rire, le regard étonné de l'enfant va de l'une à l'autre.



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3 février 2010

Robert Mardi 18 septembre 1975 infirmerie

Robert jeudi 18 septembre 1975 infirmerie

 

Depuis la descente des gars de ma classe, Maxime semble s'être calmé ou du moins me fiche une paix royale.

Le matin, je monte deux étages puis en redescends cinq sans que pour l'instant, personne ne semble trouver ça louche qu'un garçon d'un des dortoirs du second, sorte par l'escalier que seuls, ceux des deux derniers étages ont le droit d'utiliser. Peut-être, parce que tout petit, je suis camouflé par leurs grandes tailles ou ils me confondent avec Nevière qui ne fait que cinq centimètres de plus que moi ?

Enfin bref, Je trouve belle la vie.

En plus ce matin, c’est super fier que je suis descendu en survêt porter mon treillis à laver pour ensuite aller récupérer mon uniforme chez Madame Calliop et remonté le mettre.

 

 

Je n'ai pas vu son pied, je n'ai pas vu son pied, je n'ai pas vu son pied... mais quel con !

Par contre, j'ai vu son sourire. Et le café voler vers le dos du terminal devant moi. Le lait, lui ce fut seulement pour mes pieds, heureusement...

- Pardon, désolé, on m'a fait un croque en jambe.

- Et moi, je fais te faire la peau !

Heureusement que je m'arrête avant lui. Et le lâche que je suis, va se planquer en bout de table contre le mur, derrière le plus grand de ma classe.

Lorient renvoie le Terminal se changer mais ses collègues sont encore là. J'en ai trente à me promettre de me faire passer un sale quart d'heure et vingt qui se foutent de moi en commentant, m'expliquant en détail ce qu'il va m'arriver. Lecam prend le service à ma place.

Quinze gardes du corps m'accompagnent un bout de chemin puis me lâchent avant l'entrée de mon escalier car tous les terminales sont déjà montés.

Cette fois, je redescends directement, j'suis pas fou, j'suis pas prêt de remonter et passer par l'étage des terminales même si certains maths sup y logent.

Les mecs de mon dortoir ont pris le relais des gars de ma classe mais pas pour les mêmes raisons. Plutôt en opposition à Maxime and co, qui m'expliquent en long et en large ce qu'ils espèrent que les grands me feront.

 

Le Maxime a bien réussis son coup, le crime parfait, il gardera les mains propres quand je serai mort.

 

A midi, je reste dans le ventre mou de mon groupe mais les terminales passent le repas dès que je regarde vers eux et je ne ne peux pas m’en empêcher, c’est atroce… à me montrer avec deux doigts, leurs yeux puis moi. Heureusement, il y a du poisson, j'ai une excuse pour pas manger car j'ai mal au ventre. Et à la fin du repas, si c'est Jussieu qui est de service c'est moi qui reste après et je trouve une excuse pour rester le plus tard possible puis file direct en cours. Par bonheur, le prof d'anglais est déjà là et je trouve l'excuse bidon de vouloir parler d'un livre avec lui.

 

A dix-huit heures, j'arrive en salle de permanence sans apercevoir l'ombre d'un de mes futurs assassins et monte au dortoir avec les autres. Tous chuchotent en me regardant. Maxime et ses collègues rigolent.

- Alors on se sent comment à la veille de son exécution ?

 

Comment on se sent ? A y réfléchir je suis à deux doigts d'aller voir le terminal que j'ai caféiné et de lui dire vas-y frappes, comme ça, j'angoisserai moins mais je suis trop lâche.

 

Le repas se passe bien et je suis de service sans problème. C'est Philippe qui est aussi de service et je sors avec lui mais à peine dehors, il me pousse m'évitant de me faire chopper par un grand qui m'attendait. Je pars en courant avec eux sur les talons vers mon entrée d'escalier mais Gâche me gâche la soirée.

- Alors toi et tes copains vous avez envie de courir ? Tous les cinq, je vous veux ici, en tenue dans moins de deux minutes. Et chaque minute de retard c'est un tour de plus.

Je vous jure que je fais très vite pour redescendre.

Déjà, je suis content d'être le premier à partir mais j'ai oublié un truc, je ne cours pas vite et j'ai des petites jambes.

Ils sont quatre et à chaque fois que l'un d'eux passe à côté de moi, je mange du gravier et je commence aussi à avoir sacrément mal au dos à force d'y prendre des coup de poings.

- Vous êtes des lâches, vous vous mettez à quatre contre un mec qui fait la moitié de votre taille !

Le second tour, je ne prends pas de coup par contre lorsqu'on passe au niveau du CDI où, juste après il y a un renfoncement bien sombre, je vole contre le mur et là se sont ses phalanges que je mange.

J'aime aussi peu que les graviers.

Il me laisse à genoux à cracher du sang.

C’était mon dernier tour à faire alors quand j'arrive devant Gâche, je m'apprête à m'arrêter.

- Tu as disparu où encore ? Tu as voulu prendre du bon temps ? Un tour de plus pour t'être reposé.

Putain, il ne voit pas que je pleure du sang ?

Je n'ai pas le choix mais je courre en essayant d'entendre quand ils passent à côté de moi pour éviter les coups.

Au loin, je vois le colon que se dirige vers Gâche.

Cette fois, j'aurais vraiment fini et s'il m'en recolle un autre, je vide mon sac au colon et tant pis si je prends une autre punition.

- Hep gamin, venez ici avant de monter. (Je le salue. Il me prend le menton.) Alors, vous ne tenez plus sur vos quilles ou il faut que je demande des explications à vos camarades de manège ?

- Non, mon colonel, je suis fatigué et avec tout ce gravier, j'ai dérapé plusieurs fois.

Il me lâche mais se tourne vers le capitaine qui n'a pas l'air très fier. C'est lui qui m'envoie à l'infirmerie.

- Merci mon capitaine !

 

A l'infirmerie, j'y vais en boitant, j'ai mal partout. Je rase les murs pour encore éviter les quatre autres, mais en me retournant, je vois qu'ils sont au garde à vous devant le colon et Gâche a disparu.

 

J'ouvre la porte de l'infirmerie en reniflant.

Il y a l'une des infirmières de la visite médicale, celle qui nous accueillait à l'entrée.

Elle doit bien avoir cent ans mais elle sourit. Avec elle, il y a une femme aux cheveux d'un roux pétant que j'ai déjà plusieurs fois vu dans l'école.

C'est cette dernière qui s'approche de moi et m'inspecte de la tête aux pieds.

- Mais mon garçon comment as-tu pu te mettre dans cet état ?

- J'ai renversé du café.

- Pardon ?

Je l'ai dit trop bas pour qu'elle le comprenne.

L'infirmière s'approche de moi avec un bout de savon et une serviette.

- Vas te doucher. Là, tu es trop sale pour que je puisse te soigner.

Le fond de la douche est rouge mais l'eau chaude est agréable.

 

Lorsque je reviens avec la serviette blanche tâchée de sang, je ne suis pas à l'aise devant ces deux femmes.

- Je suis désolé.

- Pourquoi ? Elle en a vu d'autre. Viens ici, enlèves ton tee shirt et monte là-dessus.

Couché sur le lit d'examen, je les laisse passer en revue mon corps car soit-disant, j'ai des petits cailloux dans mes plaies. Ouais, tu parles. Demain, je vais ressembler à un peau-rouge et les autres vont se ficher de moi.

 

Oh ! Cool, le colon, je vais en profiter pour filer.

- Non, jeune homme, vous ne bougez pas.

Non, pitié, je jette des regards suppliant à l'homme qui semble bizarre. Hé ! Non, ne me laissez pas !

 

Un peu plus tard, sous les draps propres du lit de l'infirmerie, je me dis qu'au moins demain, j'aurais une excuse pour arriver en retard en cours et il parait qu'à l'infirmerie au petit déjeuner, on a droit à du chocolat et à de la brioche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 février 2010

Robert Mercredi 17 septembre 1975 bizuth

Robert Mercredi 17 septembre 1975 bizuth1

 

Lorsque j’arrive au mess, je m’aperçois que mes camarades sont en tenue de combat.

- Qu’est-ce que tu fous en bleu ?

- J’ai pas de tenue comme la votre et puis on ne m’a rien dit.

Je commence à déjeuner lorsque la porte du mess s’ouvre sur de jeunes militaires en grande tenue. Leur apparition est accueillie par un concert de Tusss admiratifs.

Firmin ferme la porte de la cuisine . C’est mauvais signe.

Ils s’avancent jusqu’aux tables des profs où ils sont accueillis avec de grands sourires et de larges poignées de mains.

Mais sur leur chemin, notre table et celle de nos collègues de l’autre côté de l’allée, se sont retrouvées pilées. Mon bol fini dans l’estomac d’un biffin2 qui ensuite me fait me lever et m’entraîne derrière lui en me tenant par derrière, plus ou moins soulevé par la ceinture de mon pantalon et par le col de mon blouson. Position inconfortable et douloureuse.

Arrivé devant Gâche, il me soulève et me pose à plat au sol devant Gâche puis pose son pied sur mon cou.

- C’est quoi ce truc bleu ?

C’est Lorient qui répond :

- il est logé avec les troisième, il n’a pas perçu de treillis dans son paquetage.

- Lorient, Lorient, tu mériterais qu’on t’emmène avec eux.

Ils se mettent tous à rire, moi non et je serre les poings. Quand il me lâchera je lui volerai dans les plumes à cet espèce de con.

- Je l’emmène moi-même réparer cet oubli.

- Non, je m’en charge, comme ça je ferai parler ce moustique.

Et la seconde d’après je suis tel un sac de patates jeté sur son épaule. Mais je n’apprécie pas ce traitement et me débats.

- Arrêtes ou je vais devenir méchant.

Alors là, c’est pas en me demandant comme-ça que j’obtempérerai.

- POSEZ-MOI !

Il me pose mais sur le comptoir des garde-mites.

- Une tenue verte pour ce truc.

Je saute au sol mais il me récupère plus ou moins au vol et plaque au mur un main sur ma gorge.

- Stop ! Et on pourra causer, OK ? (Je ne bouge plus, il me repose au sol, je frotte ma gorge.) T’es un taupin3 ?

- Oui.

- T’as quel âge ?

- Quatorze.

Une des fourrière nous tend une tenue complète qu’il saisit.

- A poil ! Habilles-toi et grouilles que tu nous fous en retard.

J’obéis en fixant les trois femmes derrière lui. Madame Calliop, les fait entrer dans son bureau.

Je tremble.

L’autre devant moi affiche un sourire que je n’aime pas.

 

Les autres élèves de ma classe attendent déjà en rang dans la cours, les mains sur la tête. Garrot et Lecam font des pompes.

- Alors le minus on doit l’embarquer aussi ?

- Oui, il fait parti de cette bande de lopettes.

Ils nous font monter dans le bus qui nous attend devant la porte de l’école.

Lorsque nous passons devant Monsieur Cohen, il arrête deux des jeunes officiers avec qui il semble se prendre la tête…

Enfin, ce n’est pas mon problème, le mien c’est de me coucher jambes écartées dans l’allée centrale du bus, la tête posée sur le bas du dos de celui qui me précède. Celui qui me suit prenant la même position, ceci, car sinon nous n’entrons pas dans la longueur du bus.

Un mec me soulève la tête que j’avais posé de côté et me la positionne bien la face, le nez contre la couture du pantalon.

Nous ne restons pas longtemps ainsi car le trajet n’est pas long, nous avons juste fait le tour du lycée pour aller derrière gymnase.

 

 

Lorsque nous revenons au lycée, il fait déjà nuit.

Même si nous sommes tous complètement crevés et boueux, nous sommes tous contents d’être encore en vie après notre journée de bizutage menait sur un train d’enfer par nos aines ayant quitté l’école en juin. Dans deux ans ce sera notre tour de martyriser «gentiment» les petits nouveaux.

Gâche m’accompagne jusqu’à mon lit pour m’éclairer le temps que je me mette en pyjama.

- Laisses tes vêtements sales devant ton armoire. (il hausse le ton pour être entendu par les autres.) si la moindre chose disparaît ou est abîmée, c’est tout le dortoir qui se fera cranter et aura affaire à moi.

 

 

Je crois que je n’avais pas autant apprécié mon lit et aussi bien dormi depuis longtemps, même si mes rêves furent assez boueux et sportifs.

1Élève de première année de prépa

2Militaire de l’armée de Terre

3Élève de classe préparatoire

2 février 2010

Caths Mardi 16 septembre 1975 réveil

Caths Mardi 16 septembre 1975

 

 

Doucement je rejette le bras que la fille vient de mettre sur moi.

Cette dernière alors se tourne et enlace avec un soupir l'autre fille.

Je me soulève pour les regarder. Les deux dorment à poing fermé. Un p

Caths Mardi 16 septembre 1975  réveil



Doucement Catherine rejette le bras que la fille vient de mettre sur moi.

Cette dernière alors se tourne et enlace avec un soupir l'autre fille.

Elle se soulève pour les regarder. Les deux dorment à poing fermé. Un peu de jour arrive à percer le long des carrés de mousse isolante qui occultent les fenêtres du hayon arrière du C35.

Elle frissonne, pourtant elle n'a pas froid, au contraire, même. Elle se recouche paresseusement et se colle au large dos de l'homme à côté d’elle.

Catherine ne l'aime pas. Elle n’est pas attiré par lui et lui par elle. Lui, il aime les garçons, comme celui qu'il tient dans ses bras d'ailleurs et qui semble minuscule par rapport à lui. Mais avec lui, elle se sent en sécurité.

Un mois qu’elle vit avec eux.

Un mois qu’elle sait qu'un petit être vit en moi. Cadeau post mortem de la Vie. Encore deux mois de fuite et elle pourra, si elle veut, retourner voir ses parents, mais ça, elle n'en est pas très sûre. Chez Marie oui... sûrement.

Nous avons quitté Paris.

C'est Dan qui l'a décidé. C'est toujours lui qui décide, au début, elle ne trouvait pas ça juste puis elle a compris. Cela évite les prises de tête. Il est le papa de tous, le grand frère qui trouve une solution à tout.

Jusqu'à présent, nous avons vécu sur les milles francs qu’elle a piqué à ses parents. Mais là, nous n'avons plus un centime. Alors hier, avec les filles, elle a fait le tour du marché du grand village breton où nous avons posé le camion depuis une semaine, et elles ont proposé leurs bras. Un vendeur de légumes a engagé Catherine et elle a gagné vingt-deux francs ainsi que des fruits et des légumes plus vendables, ce n'est pas le Pérou, mais nous avons pu manger.

- Tu ne dors plus ? Ça va ?

Il s'est retourné, il a la bouche qui pue. Catherine se dit qu’elle aussi sûrement car il y a longtemps qu'ils ne se sont pas lavé les dents, ni le corps d'ailleurs. Et si cette vie de bohème si elle l'amusait au début, commence à lui peser.

- Oui, mais il faut qu'on trouve le moyen de se laver.

Il soupire et s’assied.

- On va regarder sur la carte où trouver un coin de rivière.

- Dan, j'ai envie d'une vraie douche, d'une brosse à dent et, et... et de pouvoir me raser.

Il sourit puis lui passe la main sur la tête.

- Moi, j'aime bien ta coupe.

Elle repousse sa main.

- Oh ça, je m'en fous, je parle de ça ! 

Je lui montre une jambe.

Il l'attrape et l'approche de sa figure ce qui la fait rire et réveille les autres.

- Vous voyez des poils sur cette gambette, vous ?

La petite brune s'est assise et elle aussi lui montre une jambe couverte de poils noirs.

- Moi aussi, je me raserais bien.

- Les filles, les poils c'est naturel.

- Parle pour toi, espèce d'homme des cavernes !

L'homme des cavernes écarte les deux couvertures star war qui sépare la cabine conducteur de l'arrière du camion et un flot de lumière nous fait cligner des yeux.

- Et bien, l'homme des cavernes va vous ramener à la civilisation !

eu de jour arrive à percer le long des carrés de mousse isolante qui occultent les fenêtres arrières du camion.

Je frissonne, pourtant je n'ai pas froid,. au contraire, même. Je me recouche paresseusement et me colle au large dos de l'homme à côté de moi.

Je ne l'aime pas. Je ne suis pas attiré par lui et lui par moi. Lui, il aime les garçons, comme celui qu'il tient dans ses bras d'ailleurs et qui semble minuscule à côté de lui. Mais je m'y sens en sécurité.

Un mois que je vis avec eux.

Un mois que je sais qu'un petit être vit en moi. Cadeau post morten de la Vie. Encore deux mois de fuite et je pourrai, si je veux, retourner voir mes parents, mais ça, je n'en suis pas très sûre. Marie oui... sûrement.

Nous avons quitté Paris.

C'est Dan qui l'a décidé. C'est toujours lui qui décide, au début, je ne trouvais pas ça juste puis j'ai compris. Cela évite les prises de tête. Il est le papa de tous, le grand frère qui trouve une solution à tout.

Jusqu'à présent, nous avons vécu sur les milles francs que j'ai piqué à mes parents. Mais là, nous n'avons plus un centime. Alors hier, j'ai fait le tour du marché du grand village breton où nous avons posé le camion depuis une semaine, et j'ai proposé mes bras. Un vendeur de légumes m'a engagé et j'ai gagné vingt-deux francs ainsi que des fruits et des légumes plus vendables, ce n'est pas le Pérou, mais nous avons pu manger.

- Tu ne dors plus ? Ça va ?

Il s'est retourné, il a la bouche qui pue. Je me dit que moi aussi sûrement car il y a longtemps qu'on ne s'est pas lavé les dents, ni le corps d'ailleurs. Et si cette vie de bohème si elle m'amusait au début, commence à me peser.

- Oui, mais il faut qu'on trouve le moyen de se laver.

- On va regarder sur un carte où trouver un coin de rivière.

- Dan, j'ai envie d'une vraie douche, d'une brosse à dent et, et... et de pouvoir me raser.

Il sourit puis me passe la main sur la tête.

- Moi, j'aime bien ta coupe.

- Oh ça, je m'en fous, je parle de ça ! Je lui sors une jambe.

Il l'attrape et l'approche de sa figure ce qui me fait rire et réveille les autres.

- Vous voyez des poils sur cette gambette, vous ?

La petite brune s'est assise et elle aussi lui montre une jambe couverte de poils noirs.

- Moi aussi, je me raserais bien.

- Les filles, les poils c'est naturel.

- Parle pour toi, espèce d'homme des cavernes !

L'homme des cavernes pousse les deux couvertures star war qui sépare la cabine conducteur de l'arrière du camion et un flot de lumière nous fait tous cligner des yeux.

- Et bien, l'homme des cavernes va vous mener à la civilisation !

1 février 2010

Robert samedi 13 septembre 1975 conséquences

Robert samedi 13 septembre 1975 conséquences

 

Debout devant nos lits, nous attendons.

Cette fois ce n'est pas Gâche qui lui, est resté dans le couloir devant notre porte. C'est le colon qui tourne dans notre dortoir sans rien dire.

Il s'arrête devant chacun d'entre nous de façon aléatoire. Intimidation psychologie de base, il est lourd, il me donne envie de rire mais je dois rester sérieux.

Nous sommes en retard pour aller en cours, ça me gonfle au plus au point surtout pour moi, le samedi c’est jour de Khôlle1.

Lorient se pointe, le colon le regarde, Lorient fait non de la tête. On voit le colon soupirer.

- Alors messieurs, lequel d'entre vous les a provoqué ? Il est devant Lorenzo qui garde des stigmates visibles de la descente de cette nuit. Les deux autres ont aussi des bleus mais contrairement à leur copain, aucun sur la figure. Bon alors vous l'aurez voulu. Il s'approche de mon armoire. Ouvrez-la ! J'obéis. Il la vide sur le sol de son contenu. Passe la main au-dessus après avoir enfilé un gant blanc et me la montre : elle est couverte de poussière. Ouvrez tous, vos armoires. (puis) Garde à vous !

Gâche et Caprais entrent dans le dortoir.

Immobiles nous les voyons systématiquement tout vider puis consciencieusement, arracher draps et couvertures qui finissent sur le tas de l'armoire.

Gâche a ce petit sourire sadique qui fait que nous le haïssons tous. Caprais lui, a son air triste de quand il doit amener quelqu'un chez le colon.

Une heure plus tard, après deux mises à sac et deux nettoyages à fond de la chambre, nous allons enfin en cours.

Legrand, mon prof de physique, me tend sans un mot un vieux livre de cours avec un papier entre deux pages. Je l'ouvre pour lire : exercices des pages 58, 59 et 60 pour lundi. Bref, je sais à quoi je vais passer mon samedi.

Mais ce n'est pas juste, j'en veux à ceux qui m'entourent, je ne leur ai pas demandé de venir !

Je remarque sur le coin de tous les bureaux, le même livre et le même petit papier.

Le colon remonte un peu dans mon estime.

 

1Interrogation orale d’un petit groupe d’élèves (3 ou 4) par plusieurs professeurs qui les mitraillent de questions.

31 janvier 2010

Robert vendredi 12 septembre 1975 baston

Robert vendredi 12 septembre 1975 baston

 

 

Demain c'est samedi, je me couche content car pendant deux jours, les trois abrutis ne seront pas là, surtout que j'ai entendu Maxime inviter ses deux copains à venir chez lui pour profiter de sa piscine. Et bien profitez en bien, car moi aussi, j'irai à la piscine ayant hâte de mieux savoir nager. Je me vois déjà tenant une coupe en haut d'un podium.

En plus, derrière la salle des bassins, il y a une autre salle : une salle de muscu, j'ai envie d'aller y faire un tour.

J'ai encore les paroles du doc qui tournent dans ma tête : tu vas grandir ! Je ne veux pas devenir immense, non, ça ne m'intéresse pas mais juste assez pour pouvoir casser la gueule à Maxime et sa clique.

 

 

Une main se pose sur ma bouche.

- Ne cries pas, couches-toi sous ton lit.

Cette voix, je la connais, c'est celle de Nevière. Je lui obéis. A peine en-dessous, mon matelas se fait retourner ainsi que tous les autres avec leur locataire. Des armoires aussi, celles non fermées sont vidées de leur contenu. J'entends des coups. Il y en a qui se font tabasser, des cris puis plus rien.

La lumière s'allume, je sors de dessous mon lit. Le dortoir est dévasté.

- C'est quoi ce bordel ? Vous avez cinq minutes pour tout ranger.

Gâche est debout dans notre chambre, devant la porte, les bras croisés.

- Philippe, tu m'aides, je t'aides.

Je le vois hésiter puis il m'aide à remettre mon matelas et refaire mon lit. Je l'aide à mon tour, son lit puis son armoire.

On a finit, d'autres non, on s'est compris, on va ensemble en aider un autre.

A l'entrée de la chambre, les trois cons ont dérouillé, c'est eux qu'on a entendu crier.

Je tire Philippe par la manche.

- Carlos a l'air d'avoir vraiment mal, tu viens on va l'aider ?

- Lui, l'âme damnée de Maxime, il peut crever !

- Moi, j'y vais !

Carlos reste un moment immobile à me regarder ranger son armoire mais continue à galérer avec son lit. J'ai fini, je lui donne un coup de main puis vais vers mon lit.

Gâche m'appelle.

- Weisembacher venez ici ! Venez aider Lorenzo et Trudeau.

Je suis à deux doigts de lui dire non, quitte à me faire punir mais j'y vais. Je sais que cela les fera autant chier que moi. Ils me détestent autant que ce que je peux les détester.

 

 

 

- Garde à vous ! (Nous sortons de nos lits et nous venons nous mettre devant ceux-ci. Gâche passe devant nous. Il s'arrête devant moi, le regard mauvais.) Tu ne t'en sortiras pas toujours mon gars.

Je joue l'étonné mais je ne peux ni répondre ni bouger.

 

La lumière est éteinte depuis un certain temps mais je n'arrive pas à dormir, un mauvais pressentiment. Je vois le poing arriver et je me laisse tomber de mon lit.

- Robert puisque tes copains ont déclaré la guerre, c'est toi qui en feras les frais, maintenant tous les coups sont permis, je te tuerai !

- Eh ! ce ne sont pas mes copains, moi aussi, ils m'ont viré de mon lit !

Mais Maxime est déjà retourné dans le sien sans m’écouter.

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