Robert Samedi 29 janvier 1977 glace !
La porte de la cave est ouverte et derrière la baie vitrée, Véro me fait signe
Robert Samedi 29 janvier 1977 glace !
La porte de la cave est ouverte et derrière la baie vitrée, Véro me fait signe de monter.
Tant pis pour la piscine.
Je referme sans bruit la porte derrière moi.
Me déchausse tout en jetant des regards à droite et à gauche. Je lance un :
- B'jour !
Dans la grande glace murale qui orne le mur juste à côté de leur porte d'entrée, je détaille l’ado qui me fait face.
Seize ans bientôt, et trente centimètres de plus, en presque deux ans... ma taille me convient, je me sens de mieux en mieux dans ma peau. Et je commence à apprécier mon physique et ma musculature naissante que je travaille presque quotidiennement dans la salle adjacente à la piscine du lycée.
Cela commence même à se ressentir à travers l’attitude vis à vis de moi des autres garçons. Bon, le fait que sache de mieux en mieux me défendre aussi, merci les cours de boxe. Et surtout auprès de la gente féminine, même si Gisou m’a douché en parlant de l’attrait de l’uniforme, pfff !.
Le truc qui m'énerve le plus, c'est ma tronche, je ne l'aime pas. En dehors de mes grands yeux violets, le reste c'est bof ! Bon, j'suis content de ne pas avoir un gros pif comme Marion ou Vivien, bon, lui il a un pif de nasique, il est hors concours.
Et pour l’instant qu’un ou deux tout petits boutons.
Véro me saute dessus par derrière.
- Maman veut savoir si tu veux venir avec nous faire des courses.
- Heu oui.
Gisou vient m'embrasser.
- Ah ! C'est bien ce qui me semblait de t'avoir entendu. Et bien alors allons-y. Et puis on en profitera peut-être pour t'acheter des pantalons. Car la dernière fois, avec Mamy au chalet, on a vu qu'on en avait plus à ta taille. Ou on en met deux comme toi dedans. Ou ils sont trop courts. Et puis Isabelle nous garde les petites. Elle ouvre la porte du salon où Isabelle assise à la grande table devant livre et cahier. N'est-ce pas Isabelle ?
Isabelle ne daigne pas lever la tête.
Véro me glisse à l'oreille :
- Elle est punie, ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas. Mais hier soir, c'était OK corral dans le bureau de Papa, ça gueulait tout azimut !
Je vais jusqu'à Isa et lui fais un bisou.
- Tu veux que je te ramène quelque chose ?
Elle me rends le bisou et murmure :
- Ouais, des parents moins cons.
Elle m’amuse.
- Aïe, tu crois que ça existe ?
Richard me sort de l'appart par le bras.
- Laisse-la, elle n'a qu'à pas sécher les cours.
Dès que nous sommes arrivés dans le grand magasin, j’ai décidé que c'était moi qui poussait le chariot, Gisou et Véro le remplissent, Richard me zonzonne avec un nouveau concours d'entrée dans une grande école où il m'a inscrit.
- Mais moi, ça ne m'intéresse pas.
- Tu vas le passer, vois ça comme un entraînement et puis comme ça, si tu ne peux pas entrer cette année à Salon, tu auras tout un panel d'écoles où aller pendant un an.
Je secoue la tête et hausse les épaules.
- Si j'y vais pas cette année, je pars aux US et je deviens pilote là-bas.
- Hum,tu n'oublies pas un truc ?
Je le regarde qui sourit amusé.
- Non quoi ?
- Tu es mineur.
Je souffle.
- T'es pas drôle. Elle a raison Isabelle.
Il fait un geste éloquent de la main.
- Oh elle !
Et il a un air tellement désabusé que je ne peux m’empêcher d’être amusé.
- Robert, viens ! J'ai un livre cool à te montrer.
D’un coup Véro me prend par la main et me tire jusqu'au rayon des livres juste au moment où Gisou se décide à quitter le rayon lessive.
- Regarde, il est génial celui-là.
Je lis le résumé sur la quatrième de couverture.
- C'est un polar, non ? Je n'aime pas. Je lui colle "Le Grand cirque." dans les mains. Ça c'est du livre, avec pleins de combats d'avions en plein ciel et puis c'est de l' Histoire avec un grand «H» .
- Oui, mais moi, je m'en fous. Viens, on rejoint les parents.
Cette fois, elle me tient les deux mains, me pique mon calot et le met sur sa tête.
Hum, à quoi elle joue ? Richard fronce les sourcils en nous voyant revenir, Gisou aussi.
- Gisou, je peux passer au rayon déo, j'en aimerais un.
Cette idée semble lui plaire.
- On va le choisir ensemble, sinon tu peux mettre le même que Richard.
Elle est folle ? Ça lui arrive de réfléchir ?
- Non, si j'ai le même que lui, ça va encore plus jaser et puis... j'suis toujours pas lui.
Oups qu’ai-je dis… Richard me fixe interloqué.
- Les gamins disent quoi sur toi ?
- Rien, rien, Richard, des conneries sans importance.
Il n’a pas l’air convaincu, heureusement, Véro nous bouscule en se précipitant pour saisir plusieurs flacons.
- C'est moi qui te le choisis.
Et je dois me battre contre elle qui veut m'asperger de tous les déos en spray qu'elle trouve même ceux de femme. Je finis par me planquer derrière Richard
- Véronique ou tu te calmes ou tu finis les courses en me donnant la main.
- Mais Papa !
Je jette rapidement un spray dans le chariot et récupère ma place pour le pousser, pratiquement couché dessus. Je rejoins Gisou plongée dans la contemplation du rayon eau de toilette homme.
- Montre-moi celui que tu as choisi. Oh mais tu cocottes !
Elle agite sa main au niveau de son visage.
- Ouais, grâce à Véro, je pue pire qu'une vieille dame.
Elle a d’abord l’air surprise puis pouffe.
- Ah tiens donc. Je dirai ça à Mammema.
- Mais non ! Mamy c'est l'exception qui confirme la règle, j'aime trop être avec Mamy, elle sent trop bon. Gisou me regarde bizarrement. Jalouse ? J'abandonne le chariot pour, passant par derrière la prendre dans mes bras. Toi aussi tu sens trop bon.
Derrière moi, Richard glousse comme une fille.
- Bien rattrapé garçon !
Véro a pris ma place mais me fait signe qu'elle me le rend mais lorsque je pose la main sur la barre. Elle pose sa main dessus et se glisse devant moi en montant sur la grille qui sert à poser les packs de bouteilles d'eau.
- Aller pousse esclave !
Elle aussi sent bon... trop bon. J'ai ses cheveux dans la figure. Je les respire. Je les mange. Qu'est-ce qu'elle peut être envahissante. Mais je pourrais rester comme ça vitam eternam.
Elle colle sa joue contre la mienne pour me parler à l’oreille.
- Si on était pas en public...
- Tu ferais quoi ?
- Je ne sais pas moi, c'est toi l'homme.
Je tique sur le fait qu'elle m'ait dit que j'étais un homme et non un pervers dégénéré, un bébé débile ou autre tendre qualificatif. C'est pas d'elle ça. Serait-elle malade ? Ou alors...
Je regarde subrepticement autour de nous et remarque vite un groupe de filles qui semblent nous suivre en se disant des messes basses. Lorsqu’elles surprennent mon regard, elles s’engagent dans un rayon avant le nôtre.
- Ah, ah, ce sont tes copines là-bas ?
Elle tourne la tête dans tous les sens comme si elle cherchait quelque chose.
- Ah bon, lesquelles ? Où ? me répond-t-elle avec un grand sourire que je connais que trop…
Puis j’ai une idée.
- Et si nous sortions attendre les parents sur le parking ?
Sa réaction est immédiate.
- Oh oui ! J’ai eu la bonne idée de me reculer, m’évitant ainsi de prendre sa tête dans la tête. Pa, nous aimerions vous attendre à la voiture, tu nous passes les clefs ?
- Tous les deux ? Je ne sais pas. Franchement, vu votre comportement depuis cinq minutes…
Lâchant le chariot, mains dans les poches de mon pantalon, je fixe le bout de mes souliers.
- Oh ! c’est juste le comportement stupide de deux ados qui s’ennuient...
- Et bien mon bonhomme, voilà qui a le mérite d’être franc ! Et vous vous ennuierez moins dans la voiture ?
Véro répond avant moi.
- Oui, il y a des cartes à l’arrière.
Petit partage de regards entre les parents et il nous tend les clefs du break.
- Bon, alors voici les clefs !
Nous nous éloignons sans montrer trop d’empressement. Je donne un coup de coude au truc roux à côté de moi.
- Véro, ils font comment pour se parler sans se parler ?
Elle se tourne vers moi, l'air surprise.
- Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?
Depuis que nous avons quitté les parents, je surveille discrètement les copines de Véronique qui bien évidemment nous suivent.
Je m'arrête.
- Tes potes nous suivent, on leur cause ?
Elle se tourne vers moi, avec ce petit air buté qui m'amuse toujours.
- Hé ! Pourquoi ? Tu veux faire leur connaissance ?
- Je ne sais pas, ce sont des filles, bref des proies pour le prédateur que je suis.
Et je fais mine de lui sauter dessus les mains en forme de serres, au-dessus d'elle. Elle sourit et glisse doucement ses doigts entre les miens. Là, je suis vraiment inquiet.
- OK ! Mais faut que tu saches, que j’ai... j’ai dit que je sortais avec un mec et en vrai, je n’arrive pas à en trouver un...
- Ah, bon ? Parce que je ne suis pas un mec moi ? Elle sourit et me donne un smack. J'espère que les parents sont loin. Cela te dit une glace, mademoiselle ?
- Tu as les sous ?
- Oui et même pour tes cops si tu veux... j’ai envie de faire leur connaissance et les parents sont loin d’avoir fini et si en sortant, s’ils nous voient avec elles, ils ne nous enquiquineront pas...
Elle hausse les épaules, me fait une grimace et me laissant seul à faire la queue à la petite cafétéria, elle va inviter les trois donzelles qui jouent les surprises. Ce qui a pour effet de m’énerver grave, mais je n’en laisse rien voir. Ce sont des filles après tout.
Je prends une glace au chocolat pour moi et à la fraise pour elle. Les autres prennent... comme moi.
Nous nous installons à une table à l'entrée de la cafétéria de manière à pouvoir surveiller l'arrivée des parents.
Véronique colle sa chaise à la mienne, je garde un bras sur ses épaules. Angèle, Béatrice et Lucie la regardent comme si elles la voyaient pour la première fois. Mais en fait, c’est moi qui ne la reconnais pas. Où est passée la brute qui dit encore plus d'horreur que moi ?
Je blague. Je lui dis dans l'oreille ce que m'inspire ses copines. Elle sourit mais reste silencieuse. Sa main gauche me broie juste le genoux.
Est-ce parce qu’elles sont intimidées ou parce que ce sont tout bêtement des filles mais je trouve qu’elles n’ont pas beaucoup de conversation. A part mes poser des questions sur mon lycée et sur moi. Bon celles-là comme d’hab j’élypse, j’aime pas parler de moi. Elles se taisent. Il me faut avouer que moi même je ne sais pas trop de quoi leur causer.
- Et plus tard vous comptez faire quoi ?
Béatrice ne sait pas… deux ans c’est trop loin pour savoir, peut-être la fac de lettres si faut en faire une. Lucie veut aller à l’IUT de Saint Jérôme en chimie. Et Angèle, aimerait ENA, son rêve devenir présidente. Là j’ai du mal à me retenir de rire. Une femme président, et puis quoi encore ?
Je n’enlève mon bras que lorsque je vois apparaître Richard dans mon champ de vision.
- Il y a tes parents ma puce.
Je me lève et vais les rejoindre pendant que Véro prend congé de ses copines.
- Bon les filles à lundi au lycée.
Le retour est silencieux, à peine entrés dans la voiture, nous nous appuyons chacun contre une fenêtre… Gisou derrière le volant, nous observe dans le rétroviseur et pose sa main sur celle de Richard avant de nous désigner discrètement. Il se tourne vers nous.
- Vous êtes bien calmes, vous vous êtes disputés ?
Je me redresse pour lui faire face, étonné.
- Non, Richard, pourquoi ?
Véro, elle, n’a pas bronché. Gisou l’interroge à son tour.
- Des copines à toi Véronique ?
Cette fois, elle se tourne vers ses parents. Moi je retourne à ma fenêtre.
- Oui Mam, je leur ai présenté Robert qui a eu la généreuse idée de nous offrir une glace.
Richard amusé, m’observe dans la petite glace du pare-soleil.
- Et bien bonhomme, tu as gagné à la loterie ?
Il se croit spirituel ? Je lui réponds cette fois sans le regarder.
- Non Richard, je pensais bêtement que tu me rembourserais.
Après le dîner, je file dans la chambre de Véro et Isabelle qui est retournée bouder sur son lit, pour éclaircir un peu les choses.
Mais d’abord je m’autorise à embêter Isa en me laissant tomber sur elle. Elle commence par râler puis accepte de réagir en riant. Coincé maintenant entre elle et le mur, je capitule.
- Isa, elle est comment au lycée, Véro ?
- Comment tu veux que je sache, j’suis pas dans sa classe. Pourquoi qu’est-ce qui c’est passé cet après-midi ?
Je lui raconte même si Véro pas d’accord est descendu de son lit pour me frapper puis s’est contentée de s’asseoir au pied du lit de sa sœur.
Isa semble assez surprise et avoue ne pas être au courant.
Je me redresse et m'assois entre les deux filles face à Véro.
- Bon maintenant je veux savoir, tout ce que tu as inventé sur toi et moi ? C’est qui ces filles ?
Je découvre alors que la Véro, si extravertie à la maison, n’a pas vraiment d’amies au lycée. Les autres élèves l’y considèrent comme la bêcheuse de service et ces trois petites garces l’emmerdent en permanence, transformant sa vie au lycée en enfer. Et surtout, elles sont arrivées à faire accepter à Ma Véro qu'elle est trop moche pour sortir avec un garçon... et là, j’hallucine. Je ne peux m’empêcher de lui dire que certains de mes camarades sont raides dingues d'elle et me jalousent ouvertement de pouvoir l’approcher. Quant à mes propres sentiments, elle ne les connaît que trop. Ce qui fait glousser l’autre dinde sur qui je me retourne et bourre de coups de poing tellement forts qu’elle se met à rire.
Quant à l’autre mocheté, je la prends par la main et la traîne devant le grand miroir de l’entrée. Là, je l’oblige à s'y regarder...
- Non mais franchement tu t’es vue ? Si toi t’es moche, alors tes trois copines, faut leur coudre un sac sur la tête. C’est là que je m'aperçois que ses parents se sont levés du canapé et appuyés au chambranle de la porte, nous observent. Et je leur lance énervé. Mais dites-lui qu'elle est belle !
Ils se regardent interloqués. Mais avant qu’ils n’aient pû dire quoique ce soit, Véro pique un fard et repart s’enfermer dans sa chambre. Quant à moi, je hausse les épaules. Leur souhaite une bonne nuit en enfilant mes chaussures, puis rejoint Claude dans sa chambre. Il est seul, Greg n'est pas là. Je lui raconte mon après-midi. Son commentaire est laconique.
- Laisse tomber ce sont encore des histoires de nanas tout ça !
de monter.
Tant pis pour la piscine.
- B'jour !
Je m'admire dans la grande glace murale qui orne le mur juste à côté de leur porte d'entrée.
Seize ans bientôt, et trente centimètres de plus, en presque deux ans... ma taille me convient, je me sens de mieux en mieux dans ma peau. Et je commence à apprécier mon physique et ma musculature naissante que je travaille presque quotidiennement dans la salle adjacente à la piscine du lycée.
Cela commence même à se ressentir à travers le regard des autres (bon, le fait que sache de mieux en mieux me défendre aussi, merci les cours de boxe.) et surtout danscelui de la gente féminine (même si Gisou m’a douché en parlant de l’attrait de l’uniforme, pffff !).
Le truc qui m'énerve le plus c'est ma tronche, je ne l'aime pas. En dehors de mes grands yeux violets, le reste c'est bof ! Bon, j'suis content de ne pas avoir un gros pif comme Marion ou Vivien, bon, lui il a un pif de nasique, il est hors concours.
Et pour l’instant que un ou deux tout petits boutons.
Véro me saute dessus par derrière.
- Maman veut savoir si tu veux venir avec nous faire des courses.
- Heu oui.
Gisou vient m'embrasser.
- Ah ! C'est bien ce qui me semblait de t'avoir entendu. Et bien alors allons-y. Et puis on profitera peut-être pour t'acheter des pantalons. Car la dernière fois, avec Mamy au chalet, on a vu qu'on en avait plus à ta taille. Ou on en met deux comme toi dedans. Ou ils sont trop courts. Et puis Isabelle nous garde les petites. N'est-ce pas Isabelle ?
Isabelle assise à la table de la grande pièce, livres et cahiers devant elle, ne lève même pas la tête.
Véro me glisse à l'oreille :
- Elle est punie, ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas. Mais hier soir, c'était OK corral dans le bureau de Papa, ça gueulait tout azimut !
Je vais jusqu'à elle et lui fais un bisou.
- Tu veux que je te ramène quelque chose ?
- Ouais, des parents moins cons.
- Aïe, tu crois que ça existe ?
Richard me sort de l'appart par le bras.
- Laisse-la, elle n'avait qu'à pas sécher les cours.
Je pousse le chariot, Gisou et Véro le remplissent, Richard me zonzonne avec un nouveau concours d'entrée dans une grande école où il m'a inscrit.
- Mais moi, ça ne m'intéresse pas.
- Tu vas le passer, ça t'entraînera et puis comme ça, si tu ne peux pas entrer cette année à Salon, tu auras tout un panel d'écoles où aller pendant un an.
- Si j'y vais pas cette année, je pars aux US et je deviens pilote là-bas.
- Tu n'oublies pas un truc ?
- Non quoi ?
- Tu es mineur.
- T'es pas drôle. Elle a raison Isabelle.
- Oh elle !
- Robert, viens ! J'ai un livre cool à te montrer.
Elle me prend par la main et me tire jusqu'au rayon des livres juste au moment où Gisou se décidait à quitter le rayon lessive.
- Regarde, il est génial celui-là.
- C'est un polar, non ? Je n'aime pas. (Je lui colle "Le Grand cirque." dans les mains.) Ça c'est du livre, avec pleins de combats d'avions en plein ciel et puis c'est de l' Histoire avec un grand «H» .
- Oui, mais moi, je m'en fous. Viens, on rejoint les parents.
Cette fois, elle me tient les deux mains, me pique mon calot et le met sur sa tête.
Hum, à quoi elle joue ? Richard fronce les sourcils, Gisou aussi.
- Gisou, je peux passer au rayon déo, j'en aimerais un.
- On va le choisir ensemble, sinon tu peux mettre le même que Richard.
- Non, si j'ai le même que lui, ça va encore plus jaser et puis... j'suis pas lui.
- Les gamins disent quoi sur toi ?
- Rien Richard, des conneries sans importance.
- C'est moi qui te le choisis.
Et je dois me battre contre Véro qui veut m'asperger de tous les déos en spray qu'elle trouve même ceux de femme. Je finis par me planquer derrière Richard
- Véronique ou tu te calmes ou tu finis les courses en me donnant la main.
- Mais Papa !
Je jette rapidement un spray dans le chariot et récupère ma place pour le pousser, accoudé dessus. Je rejoins Gisou plongée dans la contemplation du rayon eau de toilette homme.
- Montre-moi celui que tu as choisi. Oh mais tu cocottes !
- Ouais, grâce à Véro, je pue pire qu'une vieille dame.
- Ah tiens donc. Je dirai ça à Mamy.
- Mais non ! Mamy c'est l'exception qui confirme la règle, j'aime trop être avec Mamy, elle sent trop bon. Gisou me regarde bizarrement. (Jalouse ? J'abandonne le chariot pour, passant par derrière la prendre dans mes bras.) Toi aussi tu sens trop bon.
Derrière moi, Richard glousse comme une fille.
- Bien rattrapé garçon !
Véro a pris ma place mais me fait signe qu'elle me le rend mais lorsque je pose la main sur la barre. Elle pose sa main dessus et se glisse devant moi en montant sur la grille qui sert à poser les packs de bouteilles d'eau.
- Aller pousse esclave !
Oui, elle aussi sent bon... trop bon. J'ai ses cheveux dans la figure. Je les respire. Je les mange. Qu'est-ce qu'elle peut être envahissante. Mais je pourrais rester toujours comme ça.
- Si on était pas en public...
- Tu ferais quoi ?
- Je ne sais pas moi, c'est toi l'homme.
Je tique sur le fait qu'elle m'est dit que j'étais un homme et non un pervers dégénéré, un bébé débile ou autre. C'est pas d'elle ça. Serait-elle malade ? Ou alors...
Je regarde subrepticement autour de nous et remarque vite un groupe de filles qui semblent nous suivre en se disant des messes basses. Lorsqu’elles surprennent mon regard, elles s’engagent dans un rayon avant le nôtre.
- Ah, ah, ce sont tes copines là-bas ?
- Ah bon, lesquelles ? Où ? me répond-t-elle avec un grand sourire que je connais que trop...
- Et si nous sortions attendre les parents sur le parking ?
- Oui pourquoi pas ? Pa, nous aimerions vous attendre à la voiture, tu nous donnes les clefs ?
- Tous les deux ? Je ne sais pas. Franchement, vu votre comportement depuis cinq minutes...
- Oh ! c’est juste le comportement stupide de deux ados qui s’ennuient...
- Et bien mon bonhomme, voilà qui a le mérite d’être franc ! Et vous vous ennuierez moins dans la voiture ?
- Oui, il y a des cartes à l’arrière.
Petit partage de regards entre les parents et il nous tend les clefs du break.
- Bon, alors voici les clefs !
Nous éloignons des parents.
- Véro, ils font comment pour se parler sans se parler ?
- Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ?
Je surveille les copines de Véronique qui bien évidemment nous suivent.
Je m'arrête.
- Tes potes nous suivent, on leur cause ?
Elle se tourne vers moi, avec ce petit air buté qui m'amuse toujours.
- Hé ! Pourquoi ? Tu veux faire leur connaissance ?
- Je ne sais pas, ce sont des filles, bref des proies pour le prédateur que je suis.
Et je fais mine de lui sauter dessus les mains en forme de serres, au-dessus d'elle. Elle sourit et glisse doucement ses doigts entre les miens. Là, je suis vraiment inquiet.
- OK ! Mais faut que tu saches, que j’ai... j’ai dit que je sortais avec un mec et en vrai, je n’arrive pas à en trouver un...
- Ah, bon ? Parce que je ne suis pas un mec moi ? (Elle sourit et me donne un smack. J'espère que les parents sont loin.) Cela te dit une glace, mademoiselle ?
- Tu as les sous ?
- Oui et même pour tes cops si tu veux... j’ai envie de faire leur connaissance et les parents sont loin d’avoir fini et si en sortant, ils nous voient avec elles, ils ne nous enquiquineront pas...
Elle hausse les épaules, me fait une grimace et me laissant seul à faire la queue à la petite cafétéria, elle va inviter les trois donzelles qui jouent les surprises. Ce qui a pour effet de m’énerver grave, mais je n’en laisse rien voir. Ce sont des filles après tout.
Je prends une glace au chocolat pour moi et à la fraise pour elle. Les autres prennent... comme moi.
Nous nous installons à une table à l'entrée de la cafétéria de manière à pouvoir surveiller l'arrivée des parents.
Véronique colle sa chaise à la mienne, je garde un bras sur ses épaules. Angèle, Béatrice et Lucie, la regardent comme si elles la voyaient pour la première fois. Mais en fait, c’est moi qui ne la reconnais pas. Où est passée la brute qui dit encore plus d'horreur que moi ?
Je blague. Je lui dis dans l'oreille ce que m'inspire ses copines. Elle sourit mais reste silencieuse. Sa main gauche me broie juste le genoux. Je n’enlève mon bras que lorsque je vois apparaître Richard dans mon champ de vision.
- Il y a tes parents ma puce.
Je me lève et vais les rejoindre pendant que Véro prend congé de ses copines.
- Bon les filles à lundi au lycée.
Le retour est silencieux, au départ assis bien collé à elle, j’ai tôt fait de me détacher pour m’accoler à la fenêtre...
- Vous êtes bien sages, vous vous êtes disputés ?
- Non, Richard, pourquoi ?
- Des copines à toi Véronique ?
- Oui Mam, je leur ai présenté Robert qui a eu la généreuse idée de nous offrir une glace.
- Et bien bonhomme, tu as gagné à la loterie ?
Il m'observe dans le rétroviseur central, je lui fais une grimace.
- Non Richard, je pensais bêtement que tu me rembourserais.
Après le dîner, je file dans la chambre de Véro et Isabelle qui boude toujours sur son lit, pour éclaircir un peu les choses.
- Bon maintenant je veux savoir, tout ce que tu as inventé sur toi et moi ? C’est qui ces filles ?
Je découvre alors que la Véro, si extravertie à la maison, n’a pas vraiment d’amies au lycée. Les autres élèves l’y considèrent comme la bêcheuse de service et ces trois petites garces l’emmerdent en permanence, transformant sa vie au lycée en enfer. Et surtout, elles sont arrivées à faire accepter à Ma Véro qu'elle est trop moche pour sortir avec un garçon... là, j’hallucine. Je ne peux m’empêcher de lui dire que certains de mes camarades sont raides dingues d'elle et me jalousent ouvertement de pouvoir l’approcher. Quant à mes propres sentiments, elle ne les connaît que trop.
Devant son air étonné, je la prends par la main et la traîne devant le grand miroir de l’entrée. Là, je l’oblige à s'y regarder... et si elle, Véro, n’est pas jolie alors les trois autres sont de vrais cageots.
C’est là que je vois que ses parents se sont levés du canapé et appuyés au chambranle de la porte, nous observent.
- Mais dîtes lui donc vous, à votre fille qu’elle est trop belle !
Ils se regardent interloqués. Véro pique un fard et repart s’enfermer dans sa chambre. Quant à moi, je hausse les épaules. Leur souhaite une bonne nuit en enfilant mes chaussures, puis rejoins Claude dans sa chambre. Il est seul, Greg n'est pas là. Je lui raconte l’après midi. Son commentaire est laconique.
- Laisse tomber ce sont encore des histoires de nanas tout ça !