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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

20 janvier 2011

Robert Vendredi 28 Octobre 1977 Présentation au drapeau

Robert Vendredi 28 Octobre 1977 Présentation au drapeau





- Regardez droit devant, ne cherchez pas à voir si vos familles sont là ou pas. Vous le saurez bien assez tôt !

Les paroles du Capitaine trottent dans ma tête.

Les rangs des aînés qui nous précèdent ont commencé à marcher, nous allons les suivre.




Notre temps de formation militaire initiale est fini. Au vrai travail maintenant, bon, que dans une semaine en fait.

Marcher en chantant ça laisse le temps de penser à milles choses.

Il a dit qu’il viendrait. Mais et elle ? Et elles ?

J’ai plus de famille. Ce sont eux maintenant ? Un peu… ma famille.




Demi-tour gauche !

Garde à vous !




Voilà, en face de moi, en face de nous les officiels.

Le ministre aux armées est là aussi. C’est la tradition.




«Aujourd’hui le moment est venu de vous présenter au drapeau, symbole de notre pays. L’École de l’air vous lègue un héritage riche de gloire et de sacrifices. Elle est et restera une pépinière incomparable de combattants et de chefs militaires… » déclame le général de corps aérien derrière son micro lisant son discours sur des feuilles que le Mistral taquin aimerait transformer en légers aéronefs.




 Je suis on ne peut plus ému, car cette cérémonie célèbre notre évolution vers le corps des officiers et nous permet de partager ce moment avec ceux qui nous sont chers. Encore une des étapes les plus importantes et mémorables de mon début de carrière. C’est l’aboutissement de ma première phase d’instruction militaire au cours de laquelle nos aînés et nos instructeurs m’ont transmis les valeurs et les connaissances nécessaires à l’exercice d’un commandement de qualité. Je suis fier de faire maintenant officiellement partie du corps des officiers dans cette prestigieuse école qu’est l’École de l’air.

Et je sais que quelque part au milieu des spectateurs, il est fier de moi.

Mais… Je ne peux m’empêcher de penser à l’Autre. Aurait-il été fier de moi ? Il ne m’a jamais félicité...




Un nouveau défilé et deux chants plus tard, puis un  : «Rompez» et nous voilà libre de rejoindre ceux qui ont patiemment attendu.

Ceux qui nous ont mitraillés avec leur appareils photos.

Ceux qui nous ont filmés pour se le repasser et nous repasser le film plus tard en nous disant : «Tu te rappelles ?» «Tu aurais pu sourire un peu. Non, nous n'avions pas le droit, pas plus que de pleurer...»

Ceux qui nous ont tellement manqué ces deux derniers mois et surtout, surtout la dernière semaine.

Ceux dont la fierté fait briller leurs yeux en nous regardant et qui nous accueillent pour certaines pas qu' avec de la fierté dans les yeux.




Moi je suis fier de saluer un colonel puis de l’embrasser sous le regard étonné de mes collègues.

- Richard, tu sais qu’il est devenu plus grand que toi ?

Les paroles de Gisou de Gisou me valent une bourrade amicale et j’abandonne cet être violent pour serrer comme moi une femme qui sent merveilleusement bon.

Elle sourit mais je vois sa main serrer un mouchoir qu’elle tente de cacher.

- Que tu es beau.

- Pfff ! Pas plus que d’habitude. Tu sais, Gisou qu’il y en a de cent fois plus beau que moi.

Une rouquine exaspérante me le confirme malheureusement.

- Ah ça ! J’en vois certains que je croquerais bien au petit-déjeuner.

- Véronique !

La chieuse lève les yeux au ciel.

- Oh maman ! Si on ne peut plus s’exprimer.

Je me positionne devant elle, l’obligeant à me regarder, elle souffle mais me sourit amusée.

- Même si j’suis pas le plus beau, tu veux bien m’embrasser ?

Elle me fait une grimace.

- Hum, vouais, juste parce que c’est toi.

Derrière Véro, un petit truc roux se bat contre son grand-père qui refuse de la poser au sol. Je vais la libérer après avoir aussi embrassé Yvy qui m’ignore presque autant que Véro, toutes à la recherche du plus bel aviateur. Fanfan, elle tient absolument à me donner la main et j’en profite pour embrasser les grands-parents.

- Tu ne devrais pas la porter avec cette belle veste.

L'inquiétude de Mammema me fait sourire.

- Ça se nettoie. Mais qu’est-ce que vous faîtes ici ?

Mammema semble inquiète.

- Tu n’es pas content de nous voir ?

Quelle question, mais franchement quelle question ?

- Oh que si, très. Je ne m’y attendais juste pas.

Son visage devient triste comme sa voix.

- On s’était dit qu’on pourrait profiter de toi cette semaine.

Je fais une grimace en me cachant derrière Coco qui m’a volé ma casquette et qui pense que je joue.

- Richard vous a dit.

Elle sourit.

- Et oui c’est pour cela que j’ai employé l’imparfait.

- J’suis désolé.

- Ne t’inquiètes pas, c’est surtout nous qui le sommes. Mais on a bien rit quand il nous a raconté. On te verra à Noël si… tu n’es pas encore puni.

- T’inquiètes. Maintenant, je m’assieds seul tout en haut. Comme ça en plus, je peux étendre mes jambes sur le siège de devant.

La question de Papapa m’ennuie d’avantage.

- Pourquoi n’es-tu pas porte-drapeau ?

- Je ne l’étais pas non plus à Aix.

- Richard disait que c’était parce que tu étais trop petit de taille ce n’est plus le cas.

Je soupire et d’abord évite son regard. Et puis flûte m’en fous.

- Parce que je ne suis pas le meilleur et que je m’en fous. Là, j’ai l’attention des parents focalisée sur moi, d’abord grave puis des sourires moqueurs apparaissent. Cette année je ne veux pas me mettre en avant car c’est déjà assez dur d’être un fiston.

- Encore une fois nous y sommes pour rien dans cette dérogation, avec Richard et Rémy, nous avons toujours considéré que tu n’étais pas assez mûr pour intégrer Salon à seize ans. Nous te l’avons toujours dit. Mais tu nous as prouvé que nous nous trompions une fois de plus. Et que ce soit Richard ou moi, nous sommes très fiers de toi et nous te soutiendrons toujours.

- Merci Papapa je sais.

L’homme en face de moi n’est pas mon vrai grand-père mais c’est tout comme et une fois de plus ses paroles me touchent.

Mais je vais bientôt devoir les laisser pour réintégrer mon rôle de popotier mais d’abord je veux leur présenter Momo et André.



Momo à qui j’ai dit de me suivre et que Richard après m’avoir embrassé est allé rejoindre à quelques pas derrière moi.

- Oh mais pourquoi tu ne m’as pas dit qui c’était…

- Mon tuteur ? Pourquoi l’aurais-je fait ? Gisou et Mammema s’approchent en souriant. Non, vous deux je vous vois venir. Momo est moi, on est juste amis tout comme…

Je cherche l’albinos des yeux.

- Si c’est André que tu cherches, il est là-bas !

Momo me le montre un peu plus loin en grande discussion avec un civil dans la quarantaine, pas plus grand que lui, assez chauve et bedonnant. Son père sûrement.

- Viens Véro que je te présente un beau blond et lui ne me dis pas qu’il est moche.

Cette dernière se met à rire.

- T’es sûr que t’es pas un peu amoureux de lui ?

Mais bizarrement elle se tait lorsqu’il se tourne vers nous et que je les présente, lui et son père aux parents. 










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19 janvier 2011

Robert Jeudi 27 Octobre 1977 Officiers !

Robert Jeudi 27 Octobre 1977 Officiers !



Réveil aux aurores.

Petit déjeuner.

Cours.

Déjeuner.

Sport.

Cours.

Cette journée n’en finit pas…





Dans la chambre, nous nous passons en revue mutuellement.

- Tu devrais redonner un coup de cirage à tes pompes.

- Les cravates, c’est l’invention du mal !

Comme d’habitude, Laurent se bat avec la sienne. C’est Mohamed qui lui refait.

- Mais pourquoi l’as-tu faite à l’envers ?

- J’suis gaucher.

- Chez nous, c’est la main du diable. Sers-toi de ta main droite.

- Oh ! Arrête avec tes conneries.

- C’est pas des conneries.

Laurent ricane.

- Si c’est débile.

Une fois de plus, nous devons intervenir avant que Laurent et Mohamed en viennent aux mains.

Mais ce soir nous sommes un peu tous sur les nerfs.



André entre dans la chambre, casquette à la main et vient directement jusqu’à moi.

- Bob t’es prêt ? Wahoo t’es beau comme un camion !

- Et moi ?

Nous nous tournons sur Wallach.

- Non, toi Laurent, t’es comme moi, gabarit deux chevaux.

Ma casquette à la main, je pousse André dans le couloir en soupirant.

- Bon bin la deux pattes, elle arrête de dire des bêtises. Tu crois que les filles sont prêtes ?

Il se met à rire puis se penche sur le côté pour regarder derrière moi.

- Je n’en… tiens, les voilà ! En tenue BUC comme nous mais en jupe et bottes, je les trouve très classe. Pour elles pas de casquette mais son drôle de chapeau. Oh la vache, tu t’es maquillée ? Canon !

J’allais le lui dire aussi mais vu comment elle regarde le Dédé, je préfère me taire.



- Oh les poussins, vous attendez quoi ?

Une vingtaine de voix répondent au capitaine qui soupire.

- Vous !

- Et donc, si je n’étais pas venu vous chercher, vous auriez attendu jusqu’à quelle heure pour descendre ? Là, il vient de nous poser une colle et nous nous regardons tous comme les imbéciles que nous sommes. Vingt-cinq débiles profonds que le capitaine suit dans les escaliers. Il descend à côté de moi et pose sa main sur mon épaule en rigolant doucement.  Maintenant, soyons honnête, nous avons fait la même… mais il faudrait que vous réalisiez que bientôt vous allez voler seuls car je vais bientôt rejoindre mon escadron.



En ordre serré, la promo pénètre dans le temple où se trouve déjà les aspis et le staff de l’école.

Derrière eux, tout autour de la salle, des anciens. Tous ces galons et ces étoiles sont impressionnants et intimidants.

En rangs serrés dos aux portes d’entrée du temple, nous attendons.

 

L’heure est solennelle. Ce silence, ces regards fixés sur nous, j’ai du mal, du fond de mon ventre remonte une envie… de rire. Je fixe la nuque brune devant moi et m’y tiens…



Déjà les rangs précédant refluent vers l'arrière leur poignard au côté.

Nous sommes les suivants. 

Je ne sais pas si j’arriverai à faire les dix pas qui me sépare de mon statut d’officier. J’y suis, cela me parait si irréel et pourtant…

Plus que deux rangs derrière nous et nous serons tous devenus des officiers.

Un rang de seconde années nous attend. Nous mettons genoux à terre devant notre parrain, mains tendues en avant pour recevoir le poignard, symbole de notre titre d'officier.

Tout est millimétré, les yeux dans les yeux, pas un bruit, pas un sourire, la passation se fait. 

J’entends un léger rire, l’un d’entre nous n’arrive pas à fixer le mousqueton de sa dague. Je ne le lui reprocherai pas, devant tous ces aînés au regard bienveillant, j’ai moi-même les doigts gourds, le souffle irrégulier. J’essaie de ne voir que le sourire moqueur de L’Oiseau. Moi je n’ai plus envie de rire mais je m’efforce de lui sourire à mon tour. 

Je me relève, salue et fais demi-tour. Mais mon inconscient a capté une image. Je continue comme si de rien n'était, mais là-bas, je l’ai vu, au fond de la salle, parmi les anciens du Piège, ceux qui ont été à notre place il y a vingt ans.

Je calcule vite fait, il est né en trente-six, il a dit qu'il avait vingt et un an. Quel enflure, il s'est bien gardé de me le dire. Il a fait parti de la promo cinquante-sept, celle qui partagera notre repas ce soir. Un ancien par poussin1.

Je croise les doigts de me retrouver face à lui.

 

Une fois de retour dans nos chambres, nous échangeons nos impressions, nos sentiments, bientôt nous sommes tous dans les couloirs, les filles sont montées nous rejoindre. Je ne le dis à personne mais mon esprit est resté avec lui là-bas. Ses yeux qui me fixaient, son sourire. 

Hubert de Saint Phalle lance un bon mot, en temps normal, personne n’y aurait réagi car comme d’habitude absolument pas drôle mais là, nous explosons tous de rire, relâchant momentanément la pression.





Vingt heures, les anciens sont déjà là. 

Debout à leur place, devant les tables. 

Nous nous séparons, un rang par table. 

Il est à ma table mais je  ne dois pas sourire. Je le fixe et croise les doigts. 

Il ne me regarde pas, il parle à son voisin puis à nouveau, fixe devant lui. 

C'est Momo qui s'arrête en face de lui. 

Moi, j'ai un colonel Mercurieux, beaucoup plus vieux que lui. Il était à Meknès comme Papapa et a fait ses classes au USA. Même si j’ai plaisir à parler avec lui, il ne sait rien sur la RAF et il est même foncièrement anti De Gaulle.

Je décide d’ignorer Richard, je le laisse rien qu'à Momo.




Le repas est festif.

Pour certains bien arrosé. Moi je ne ferai qu’y tremper les lèvres.

Celui-ci fini, nos anciens nous proposent d’aller sortir les aspis de leurs lits et de les bahuter à leur tour. Et c’est avec un plaisir de fins gourmets que nous les voyons descendre et se ranger en rangs devant nous en simple treillis puis exécuter quelques séries consécutives de pompes et de polichinelles sous nos quolibets et nos encouragements vicieux ainsi que de ceux, qui ont été à leur place il y a vingt ou quarante ans. Ces derniers d’ailleurs ont connu les premiers temps du Piège. Ce sont ceux qui sont les plus entourés et questionnés.

 

Mais vient le moment de nous quitter et en leur honneur nous entonnons avec eux une nouvelle fois, notre hymne : «race d’aiglons» que nous avons déjà chanté dans le temple avant le chant de notre promo en l’honneur du Capitaine Rougier. Ainsi que le chant «les rapaces».

 

Avant de partir Richard se débrouille pour me coincer et me retenir par le bras.

- Demain, tu rentres avec nous sur Aix ?

Aïe ! J’ai tout fait pour l’éviter pourtant.

Je fixe mes pieds peu fier.

- Non, pour moi pas de congé, je suis aux arrêts de rigueur.

Je m’attendais à une soufflante mais non. Au contraire, il éclate de rire.

- J’en connais une qui va râler. Mais pourquoi cela ne m’étonne pas de toi… qu’as-tu donc fait ?

- Rien, justement, j’ai laissé Dédé dormir dans l’amphi.

Et ça redouble son rire.

- Vous êtes une génération de pas doués. J’y ai fait quant à moi de délicieuses siestes. Et bien ce n’est pas grave, nous aurons tout de même plaisir à te voir demain. Bonne nuit mon garçon.

 

Momo s’appuie à mon bras et nous le regardons s’éloigner.

- Suis HS. Tu le connais ? Il était sympa en tout cas.

- Oui, un peu. Et si on allait se padger ? Demain sera encore une longue journée.















1 Élève de 1ere année de l’école de l’Air et de l’Espace de Salon de Provence.

18 janvier 2011

Robert Mercredi 26 Octobre 1977 veillée d’arme

Robert Mercredi 26 Octobre 1977 veillée d’arme



Comme tous les matins avant de commencer à m’habiller, je coche un jour de plus sur le calendrier que j’ai affiché sur l’intérieur de la porte de mon armoire.

Didier en passant derrière moi, me tape sur l’épaule.

- Allez, tu la revois demain ta maman.

- J’suis orphelin de père et de mère.

- Ah merde, désolé.

Pourquoi ai-je dit ça ? Surtout que oui, je compte les jours où je pourrai les revoir. Ils ne sont ni mes parents ni mes sœurs mais oui, j’ai hâte de les revoir.



Le cri de douleur d’André résonne dans tout l’amphi me faisant sursauter alors que je m’y attendais ayant assisté aux précédentes tentatives de réveil par Momo.

Le conférencier s’est tu en soupirant.

- Pour la chochotte qui dort en cours et qui ne supporte pas qu’une jolie fille, le pince ce sera trois jours. Et pour vous le copain que cela fait marrer et qui l’avez laissé s’endormir ce sera trois jours de rigueur.

- Hé c’est pas juste, j’ai rien fait et me fait cranter et elle, elle n’a rien…

- J’ai entendu, je double pour vous.

Cette fois c’est André qui rigole et miss Sainte Nitouche qui continue à faire celle qui n’a rien fait.

Elle me le paiera. 



Vingt-deux heures, L’Oiseau me tire de mon lit.

- Aller debout le poussin, dans cinq minutes en tenue BUC devant le temple.




J’y retrouve Pineaux et nos deux parrains qui après un certain temps nous font entrer.

Nous allons nous mettre au garde à vous devant une des tables rondes où nos futures dagues nous attendent, à côté d’un des deux binômes déjà présent, l’autre est devant l’autre table. Nous nous tournons le dos.  Puis le binôme que nous venons remplacer, sans bruit, fait demi-tour et sort.

A notre tour de devenir, pendant un court instant qui semble long dans le silence oppressant de cette grande salle, les gardiens des poignards qui nous seront remis demain et qui trônent posés sur des foulards en soie aux couleurs de l’école, sur deux tables rondes, la pointe de leur fourreaux bleus à la pointe dorée vers le centre alors que vers l’extérieur pend le gland doré de leur dragonne.

Nous sommes là pour communier avec le souvenir de ceux qui nous ont précédés.

A la lueur dansante de simples chandelles, nous lisons les noms gravés sur les murs. Peut-être qu'un jour, d’autres poussins liront nos noms et se remémoreront comme nous sommes en train de faire, nos hauts faits d’armes.

Enfin, soyons honnête, ceux qui sont inscrits sur ces murs ont eu une fin glorieuse mais je ne sais pas si c’est celle à laquelle j’aspire car franchement, si je veux devenir pilote ce n’est pas pour une quelconque future gloire militaire mais pour voler dans un de ces merveilleux bolides volants qui me font tant rêver.

 

Mais déjà derrière nous les portes s’ouvrent sur nos remplaçants.

Nos parrains nous raccompagnent.

- Bon les petits poussins, au lit ! Et demain, pendant que vous ferez la fête, nous… nous dormirons.

Et c’est là, lors des paroles de son coreligionnaire que je capte une fugace expression mi-amusée, mi-anxieuse sur le visage de mon aspi. Que nous cachent-ils encore ?













17 janvier 2011

Robert lundi 24 Octobre 1977 huit semaines

Robert lundi 24 Octobre 1977  huit semaines



Ce soir c’est revue d’armoire.

Tout devra être propre, repassé et rangé.

Notre brigade est la dernière comme d’habitude à y passer.

Vingt-quatre bonhommes à remplir, vider les cinq lave-linge et sèche-linge puis à suer sur des fers à repasser archaïques qui ne chauffent pas, en mesurant à la règle en fer l’écartement réglementaire des plis de nos chemises.

 

Huit semaines se sont passées.

Huit très, très longues semaines où nous avons fait connaissance avec le sadisme, si si !  Le sadisme de ceux qui ont pour mission de nous rendre dingue et/ou (rayer la mention inutile… ) malade de fatigue.

Mais bon, avec tous ceux de ma chambrée, on a tenu, faisant mentir nos détracteurs au visages peints en vert. Pas comme certains qui ont abandonné. Immédiatement remplacés par des nouveaux, trop heureux de nous rejoindre après avoir désespéré de n’être pas pris. 

Despéro aussi a tenu le choc. Même si nous nous sommes un peu éloignés pour plus nous rapprocher des autres membres de notre brigade. Nous nous soutenons de loin en loin même lorsque nos brigades sont en compétition. 

 

Notre brigadier hier nous a dit que nous étions la brigade la plus soudée des quatre et qu’il était très fier de nous. 

Mais sur les vingt-cinq pax, j’ai quand même des préférences. Enfin, disons qu'avec certains, je m’entends mieux qu’avec d’autres. 

D’abord les deux blonds à ma droite et à ma gauche dans les rangs. André, un mec tellement pâle de cheveux autant que de peau que j’ai d’abord cru qu’il était un albinos. J’ai fini par lui refiler l'huile solaire que Gisou a collé dans mon sac car moi, je n'en ai pas besoin. J'aurais largement préféré des produits anti-moustiques, car je me suis fait vider de mon sang par ces minuscules vampires.

Puis Monique qui n’a de fille que le prénom. et les jupes quand elle les met avec sa tenue bleue. 

Ensuite Josef, un juif marocain qui a entrepris de m’enseigner parallèlement l’hébreu et l’arabe. 

Et enfin Moussef, un géant qui vient de Djibouti aussi noir de peau que le père fouettard mais qui arriverait j’en suis sûr, à le mettre dans sa poche.

 

Huit semaines que l’on a vécu coupés du monde, coupés de nos proches que l’on va revoir ce week-end. J’ai hâte, j’ai tellement de choses à leur raconter. 

 

- Regarde.

André me montre en rigolant Kro (De son vrai nom Corentin mais qui a hérité de ce pseudo car durant ces huit semaines, il n’a pas arrêté de dire qu’il rêvait d’une bonne Kro bien fraîche.) qui s’est endormi sur sa chaise devant son sèche-linge qui vient d’ailleurs de s’arrêter.

J’arrête son geste de vouloir le secouer.

- Ne le réveille pas. J’ai bien cru qu’il ne tiendrait pas les huit semaines. Lui on peut dire qu’il a tout donné. T’as fini ton linge ?

- Non, il sèche et je dois encore le repasser. Quelle corvée ! Plus tard, j’aurai une femme de ménage.

Je me demande ce qui revient le moins cher , une épouse ou une femme de ménage ?

- Pourquoi pas une femme tout court ?

Il fait tourner son index contre sa tempe.

- Ça va pas non ? Je ne vais pas m’aliéner avec une femme, alors que je peux en avoir cent.

Je soupire, il n’a pas tort en vrai et en même temps… Je lui montre les sèche-linges.

- Ouais, t’as bien raison. Tu me donnes un coup de main, on lui plie son linge comme ça on libère le sèche-linge. Et puis cela nous occupera sinon je vais finir par faire comme lui.

Il se met à rire mais me suit.

- Tu rigoles ? Toi tu m’épuises, tu ne t’arrêtes jamais.

Pourtant si. Là, je rêve de ne rien faire, de dormir deux ou trois jours d'affilée.

- Si ! Quand je suis à l’horizontal.

Il se met à rire et me répond avec un air mutin.

- Ah bin moi tu vois. C’est quand j’suis à l’horizontal que je n’arrête pas.

Nous nous mettons à rire tous les deux.

 

Sur ces huit semaines, j’en ai détesté une, la première. Celle où nous avons subi le bizutage, le bahutage des aspis. Même si après, on a tout autant souffert, l’ambiance n’était pas la même. En tout cas moi, cette semaine ne m’a rien appris. Si ce n’est la haine de ces petits chefs qui se sont cachés derrière un certain anonymat pour se défouler sur nous. 



 Après ces jours d’«amusements», nous avons continué à nous frotter à la vie militaire sous ses côtés les plus rudes.

L’un des premiers jours lors d’une de nos « balades », assis en tailleur sous les pins en respectant la distance de deux mètres, imposée entre nous, et dans un silence monacal, nous réceptionnons nos rations. 

Nous avons dix minutes pour manger, pas le temps de rêvasser. 

Chouette j'ai du poulet,  j’angoissais d’avoir du poisson. Devant moi la tête de Moussef a un mouvement que je connais bien. Il pose la boîte de conserve à côté de lui, je lis : choucroute. 

Je lui lance la mienne de façon qu'elle atterrisse juste à côté de sa cuisse. Il sursaute et la prend. Sa main saisit alors sa propre boîte qu'il lance vers l’arrière du bout des doigts. Je vois nos gardes chiourmes tiquer sans intervenir.

 

Mon côté casse-cou a plus apprécié les semaines suivantes que nous passons dans les Basses Alpes près de Gap.  Là-bas, je suis chez moi.

Le dernier jour, nous gravissons à la queue leu leu les 2464 mètres du mont Piolit.  Ascension qui clôture admirablement ces quinze jours qui nous ont vu morpionner1 sur des sentiers à flanc de montagne où les cailloux ont tous la même volonté farouche de s’enfuir de dessous nos semelles provoquant des chutes cruelles pour nos articulations mais aussi nos mains sur lesquelles nous nous réceptionnons.

Le sac sur notre dos pèse trente kilos. Les sangles nous scient les épaules, le soleil tape sur le casque ou sur l’espèce de chapeau de pêcheur. Le poids, je m'en fous. C'est la chaleur qui me pèse le plus. 

Cela faisait un certain temps que ma bouteille est vide et pesait des tonnes au bout de mon bras.  

Ils nous ont pourtant prévenus, mais la chaleur et la soif, c'est un truc que je ne sais pas gérer. Je continuais donc à avancer, pas le choix : arriver au bout ! 

Quelqu'un m’a doublé et d'un geste sec m’a fait lâcher ma bouteille pour la remplacer par une bouteille à moitié vide. Je reconnais cette nuque brune. Cette fois je vais me rationner, du moins... je vais essayer. 

Devant moi, la nana avançait d'un bon pas, par contre derrière l'albinos avait du mal à suivre, je restais à sa hauteur et comme la veille, je marchais à côté de lui en soulevant légèrement son sac dorsal par une lanière, le soulageant d'un petit peu de poids. Lorsque mon bras me faisait mal, je changeais de côté. Nous sommes arrivés ensemble, je l'ai aidé à poser ses sacs puis à enlever les miens. Ma bouteille était encore vide. Il me tendit la sienne. Nous l'avons partagée.

 

J'ai le sommeil lourd quand je suis HS alors je ne remercierai jamais assez ceux, qui, plus d’une fois, m’ont réveillé, presque habillé pour ensuite me traîner derrière eux.  Ou pour me permettre d’assurer sans retard mes gardes dans un froid déjà assez piquant en milieu de nuit.

Parlons du froid qui nous donne l’impression de dormir dans un sac mouillé.  Surtout que la toile de la grande tente qui accueille les vingt cinq pax de la brigade, ne protégeait guère du vent et du froid. De même que l’étroit lit Picot qui, s’il nous évitait de dormir directement sur le sol, était pour moi comme pour d’autres (déjà) trop court.

Momo est celle d’entre nous, je crois, qui en a le plus souffert. 

Un matin, réveillés sous les étoiles, je l’ai vu en pleurer.

- Mets tes mains contre ton ventre, elles se réchaufferont plus vite.

- Ça va pas ? J’suis déjà gelée.

J’ai alors ouvert ma veste matelassée et lui saisissant les mains je les ai glissées contre moi, contre mon ventre, la serrant contre moi. Je ne pus retenir un outch de surprise ne m’attendant pas tout de même à un contact aussi glacial.

- Mais à partir de ce soir porte des gants et un bonnet même pour dormir et même une ou deux autres paires de chaussettes. 

Elle a suivi mon conseil.

En tout cas, si moi, elle m’avait refroidi, ses doigts furent moins engourdis.



Ma mémoire nous sauve lorsqu’il faut se rappeler un carte et associée à la capacité d'analyse rapide d'un autre, notre groupe arrive à chaque fois en premier lors des parcours d’orientation.

On apprend vite à veiller les uns sur les autres. Car si l’un d’entre nous fait une connerie, oublie un truc c’est tout le groupe qui est puni. Et ça franchement ça fait chier.

Et pareillement, on pousse les plus faibles, on les soutient et on les aide car c’est toujours cool d’être récompensé… Comme pouvoir dormir en arrivant les premiers, en attendant que les autres brigades arrivent.

Aider un autre poussin qui n'arrive pas à remonter son arme en lui passant la nôtre et finir de remonter la sienne pour que tout notre groupe reste dans le temps imparti. Et le soir, sous la tente, sur notre temps de sommeil, se relayer pour le chronométrer en le dirigeant de la voix. 

Et puis, il y a notre arme avec laquelle nous dormons, mangeons, pissons. Je lui donne un petit nom : Fanny. Le soir, je lui souhaite une bonne nuit en la bordant dans mon sac de couchage et le matin, je l’embrasse pour lui dire bonjour.

Moussef me demande même un soir, comment nous appellerons nos enfants ?

Par contre cette bobonne là, ne nous réchauffe pas et prend une certaine place en étant d’une rigidité gênante.

Et c’est sans compter aussi sur ceux qui nous encadrent et ne se gênent pas pour récupérer celles qui tombent au sol durant notre sommeil ou que nous posons quelques millisecondes pour… par exemple, nous changer ou nous laver. Pour ensuite nous le faire chèrement payer.

Notre Famas n’est pas le seul dont nous devons toujours nous soucier. Il y a aussi nos camarades. 

Une brigade ce n’est pas vingt-cinq pax... ce n’en est qu’un seul corps et toutes les occasions sont bonnes pour nous le rappeler. Et c’est vrai que ces deux ans qui nous verrons suer ensemble scelleront des amitiés au-delà de nos spécialités et certaines que nous garderons toute notre vie.



Bref tout cela n’est déjà plus qu’un souvenir dont le lave-linge vient d’effacer les dernières traces et pourtant nous savons que demain nous réservera d’autres plaisirs.

D’ailleurs c’est bientôt l’heure du repas et nous ne pourrons nous rendre au mess que lorsque nous aurons tous fini. C’est pour ça qu’André n’a pas rechigné à m’aider pour le linge de Kro. Mais là un fer se libère et je dois me résoudre à le réveiller, il est le seul pour l’instant à avoir tous ses vêtements secs.



La porte claque, nous faisant nous retourner sur le nouveau venu.

- Oh les limaces, si vous voulez manger faudrait vous magnier.

Il est sympa le brigadier mais faudrait qu’ils augmentent le nombre de fers et de machines s’ils veulent qu’on aille plus vite.

Les premiers à avoir fini sont de retour et trépignent déjà. Aidant comme ils peuvent les infortunés retardataires que nous sommes.

 

- Que ça ? Tu peux pas en rajouter ?

Le cuistot rigole et me rajoute une énorme louche de purée qui recouvre toute mon assiette. Même cette dose me semble bien légère pour remplir le trou béant de mon estomac. Déjà que je ne suis pas gros, il y a plusieurs semaines que j’ai rétréci ma ceinture d’un trou. J’entends déjà Gisou râler. J’en rigole tout seul devant mon plateau que je n’ai que cinq minutes pour vider.

 
















 






16 janvier 2011

Caths vendredi 30 Septembre 1977 installation

Caths vendredi 30 Septembre 1977 installation

 

La porte d’entrée s’ouvre sur Dan avec sa copilote attitrée dans les bras.

Il la pose au sol et le petit monstre passe à côté de sa mère sans un regard pour elle et va tendre les bras à Michka qui la suit avec elle aussi une pile de cartons pliés.

- Non ma chérie, je ne peux pas. Et puis tu ne peux pas toujours être aux bras, marcher, ne te tuera pas. Nous voyons alors les coins de la petite bouche s’affaisser tout comme les bras.

Si cela les fait sourire, Dan lui, vient cueillir la gamine et la soulève.

- Viens avec papa Dan, je t’aime moi.

Amusées, les deux femmes le regardent s’éloigner vers la chambre où le sol commence à se recouvrir de jouets et de peluches.

 

Dans la cuisine Typh les regarde passer.

- Vous allez où avec tout ça ?

- Dans le cellier.

Elle soupire en levant les yeux au ciel.

- Vous ne voulez pas plutôt les jeter ?

- Ça va pas, non ? Comme ça quand nous repartirons, nous n’aurons pas à courir les poubelles pour en retrouver d’autres.

A nouveau elles la voient soupirer.

- Tach, mon petit Tach. Elle m’entoure le cou de ses bras, son ventre contre la pile de carton, qui me la pousse contre le mien. Tu comptes repartir quand ? Tu rentres à l’école d’infirmière demain, Dan aussi. Et nous ne savons pas quand nous aurons. Non, quand vous aurez des congés, alors ma puce, tes cartons, ne nous serviront pas avant très, très longtemps.

Elle n’a pas tort mais le fait de rester dans cet appartement et de commencer demain angoisse tellement Catherine qu’elle refuse volontairement d’accepter la vérité.

- Tant pis, on les garde. Vois ça comme une sécurité.



Dans la chambre, Michka et elle finissent de secouer les couettes et de les poser pliées sur un des quatre lits en quatre-vingt dix qu’ils ont mis côte à côte entre deux murs.

De petits bras les écartent et s’accrochant aux draps de ses petites mains, Roro se hisse sur le lit.

Elle aurait pu passer à côté d’elles, mais non. Il lui faut toujours passer entre eux. Quelques soient les deux personnes qu’elle écarte.

Elles la regardent se redresser. D’abord tendre les bras, appuyée sur ses mains, puis ses jambes, nous offrant la vue d’un fessier recouvert de couches.

- Dîtes la miss, on les enlève quand ces couches ?

La dite miss ne lui répond pas, elle tangue sur ses jambes, pas assurée sur cette surface molle. Mais ayant appris à marcher dans le camion sur ces mêmes matelas, elle se stabilise vite et se tourne vers elles en tapant des mains.

Ses cheveux ont encore poussé, bruns presque noirs, raides, ils lui arrivent en dessous des épaules. Sa mère les lui tresse tous les soir. Ce matin, personne ne l’a  défaite et des mèches entières s’en échappent.

Ils sont tous sûrs que ses yeux ont pris leur couleur définitive. Ce bleu foncé presque noir quand elle tourne le dos à la lumière et d’un violet lumineux lorsque le soleil les éclaire.

A travers eux, Catherine a l'impression qu'ils ont pris cette couleur pour l’empêcher d’oublier le père de l’enfant. Ils resteront pour elle, pour toujours, le signe de sa culpabilité.

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16 janvier 2011

Robert vendredi 30 Septembre 1977 au vent des hélices

Robert vendredi 30 Septembre 1977 au vent des hélices



Alors qu’au loin, derrière les bâtiments de l'école, le soleil se couche, remplacé par des lumières tricolores qui, maintenant, les éclairent. En tenue BUC cette fois, nous voilà face au cul de deux Epsilon aux moteurs ronronnant.

 

Au garde à vous, nous écoutons le discours du Lieutenant colonel qui vient de nous passer en revue.

Il nous rappelle que nous avons devant nous un long chemin emplit de courage, d’abnégation et de travail. Ceci à l’image de celui qui ici est notre Père à tous : Le Capitaine Guynemer dont nous devons faire notre, sa devise : «Faire Face» quoi qu’il arrive. Dans mon cas, Richard m’en abreuve depuis deux ans déjà.

- Poussins à genoux !

Comme nous l’avons répété des milliers de fois. Avec des gestes saccadés et d’un synchronisme parfait, les cent pax de notre promotion se mettent à genoux, casquette sous le bras, main droite sur le genoux gauche, le visage fier levé vers l’azur où le soleil a disparu.

 

Dans les rayons tricolores des projecteurs, la brume du champagne avec lequel nous arrosent quatre aspis debout sur les ailes des avions forme un arc-en-ciel.

Je me dis que c’est bon signe pour l’avenir.

Nous voilà baptisés au vent des hélices.

Et le commandant nous ordonne cette fois.

- Élèves-Officiers, debout !











15 janvier 2011

Robert mardi 20 septembre 1977 tarmac

Robert mardi 16 septembre 1977 tarmac




La lumière et la voix du capitaine, nous jettent une nouvelle fois en bas de nos lits.

- En tenue de combat sans ceinture dans la cour.

 

Il est trois heures.

Ça pique.

- Commencent à m’épuiser !

L’exclamation de Dimitri nous amuse. C’est bon de commencer une journée en riant.

Walach lui répond d’une voix désabusée.

- Parce que tu commences seulement ? Moi, il y a quinze jours que je suis déjà sur les rotules, j’ai l’impression que je vais finir cul de jatte !

Les portes d’armoire l’une après l’autre claquent, suivies par les clics des cadenas.

Nous vérifions mutuellement la rectitude de nos lits, de nos tenues, la propreté de la chambre puis comme un seul homme, nous nous précipitons hors de la pièce.

J’ai le lit le plus au fond de la chambre, je sors en dernier.

J'éteins la lumière mais laisse la porte ouverte.

Les marches des trois étages sont vites avalées et nous nous glissons à nos places dans les rangs de notre brigade.

A côté de moi, André et Momo n’ont pas l’air plus réveillés que moi. Nous avons tous des mines de déterrés avec des cernes que nous désespérons de voir disparaître un jour.

 

Ils ont éteint toutes les lumières extérieures et dans le noir au pas de course et en chantant. Nous longeons les bâtiments, pour rejoindre le tarmac. Le long duquel sont garés les avions de l’école.

Marius trois ans plus tard nous dira : “si ici, j’ai appris quelque chose, c’est à chanter.” Nous serons cinquante à lui assurer que non.

Ses deux milles mètres nous paraissent vingt milles.

Mais au fur et à mesure de notre approche, nous apercevons les aspis qui nous y attendent .

 

Encore une fois, ils sont en grand uniforme et nous en kaki pour bien nous montrer la distance qui nous sépare d’eux.

 

Le commandant D se fend encore d’un beau discours qu’il conclut par cette phrase : «Messieurs vous êtes arrivés ici nus, vous repartirez habillés.»

En fait, heureusement qu’on est pas vraiment à poil. Vu que le calot avec le charognard que l’on se voit remettre par notre parrain, ne nous aurait pas beaucoup réchauffés. Nous tremblons tous de froid sûrement à cause de la fatigue mais surtout du Mistral. Et nos couvre-chefs tout neufs (premier symbole de notre appartenance dorénavant à la grande famille de l’armée de l’air) ont bien du mal à rester sur nos têtes.

 

Étape marquante, la remise du charognard sur le calot.

Ah ! je l’aime mon épervier, comme lui, je chasserai avec dextérité, rapidité mais aussi avec discernement.

 

Encore un mois et je recevrai le poignard qui me consacrera officier.

J’ai hâte. Mais en attendant il nous faut finir notre période d’aguerrissement où on va nous enseigner à la dure, notre futur métier de soldat et surtout d’officier.

Certains autour de moi, angoissent vu les dix jours que nous venons de passer.

Quant à moi, je me dis que ce ne sera plus que du physique et qu’il n’y aura plus, toutes ces brimades et vexations débiles que j’ai enduré en serrant les poings.

Et si j’ai choisi l’Oiseau comme père tradi c’est aussi pour pouvoir un jour lui faire payer au centuple toute sa méchanceté gratuite à mon égard.

14 janvier 2011

Robert vendredi 16 septembre 1977 père tradi

Robert vendredi 16 septembre 1977 père tradi

 

 

Bon, voilà, la période dite « Pépida » où les aspis sont quasiment libres de faire ce qu’ils veulent de nous et avec nous se termine.

Certains d’entre nous n’ont pas tenu le choc.

Les quatre filles ont tout mon respect car ils ont été plus que limite avec elles mais aucune n’a craqué.

 

Il y a eu des moments drôles comme se transformer en bibendum, manger sans couvert et du dessous de la table ou devoir tous rester immobile sur un pied bras en l'air jusqu'à ce que nous nous soyons tous écroulés.

Et là se faire pourrir car nous ne nous sommes pas entraidés...

Ou encore quand on a du écrire l’année de notre promo avec des pneus de toutes tailles en compétition avec les autres brigades.

D’autres que j’ai détesté comme les sempiternels cheeze à chacun de nos retours de crapahutage dans le «crado1».

C’est là où on a compris pourquoi nous avions du donner à notre brigadier un double de la clef de notre cadenas.

Ils vidaient par les fenêtres tout le contenu de nos armoires et le paquetage de 100 bonhomme ça donne un sacré tas

J’avoue que la premier fois,que j’ai été impressionné et me suis dit qu’on y arriverait jamais.

Mais d’abord faut savoir qu’ils nous avaient fait marquer de notre matricule toutes mais alors toutes nos affaires même chaque chaussette et ceux qui ne l’avaient pas fait par flemme ou manque de temps le premier soir s’en sont bien mordu les doigts.

Nous avons du mettre au point une stratégie et beaucoup communiquer.

Et chaque jour nous avons battu le record de temps de la veille.

Lorsque la première fois, le zeff nous passe en revue pour vérifier nos tenues, il s'arrête devant moi et me crache.

-Toi le fiston, tu n'as rien à foutre parmi nous, on va t’abraser2, je te le promets.

Ah ça, c’est sûr qu’il s’est acharné.

J’’ai bien cru que j’allais perdre la vue à force d’avoir sa lampe torche à dix centimètres des yeux dès qu’il le pouvait en me hurlant dessus : «Regarde-moi ! Regarde-moi !»

Et il m’a aussi gavé de m’appeler uniquement «le fiston3» comme si j’avais demandé quoique ce soit à qui que ce soit. Les parents me l’ont tous dit : «Si piston, il y a eu, il ne vient pas de nous.»

Mais heureusement que j’avais pris l’habitude de satelliser avec Gâche car pendant ces dix jours que ce soit en brigade ou seul, la place PO4, j’ai bien tourné autour.

Pareil pour les polichinelles et les pompes.

Ah ça il s’est bien planté en croyant me faire craquer en me poussant dans mes dernier retranchements. Oui parfois j’avoue il s’est foutu de ma gueule en publique car je pleurais de rage, de fatigue et de douleur mais (merci Papa) je ne supporte plus de baisser les bras devant quelqu’un qui veut me faire craquer. Préférerais en crever.

Ce qui a failli me fait craquer durant ces dix jours et les semaines suivantes ce fut le manque de sommeil.

Se coucher à pas d’heure et à peine dans les bras de Morphée se voir jeter du lit pour une nouvelle marche ou activité.

Et aussi la faim.

 

Quand j’y repense, ça me fait marrer car le dixième jours, les aspis sont venus marcher avec nous lors de la «marche au père» dans le but que chaque poussin se trouve un «père tradi» qui durant toute l’année et peut-être qui sait toute sa carrière comme Sam pour Richard, deviendra celui sur qui, il pourra toujours compter.

Et moi, bin celui avec qui je matche le plus c’est le grand Zeff lui même… un drôle d’oiseau cet aspi à la voix qui porte sans besoin de mégaphone et qui comme moi semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Deux petites différences entre nous : il a vingt trois ans et c’est un ivrogne de la pire espèce. Bon je découvrirai qu’il n’est franchement pas le seul. Et la mixture au fond de laquelle je trouverai ma pucelle sera à 200 % de l’alcool agrémenté de piment. Me laissant KO à peine ma poitrine épinglée, l’obligeant à me porter jusqu’à l’infirmerie s’inquiétant de ma perte de connaissance.

 

Là-bas après un lavage d’estomac que j’ai apprécié à sa juste mesure et trois heures sous perf, j’étais remis sur pied pour la suite des réjouissances.

Un repas pris en commun poussin et aspis, où le vin servit par les aspis coule à flot sauf pour moi ce qui me vaut certains questions et réflexions.

- T’es PD ?

- Tu sais que tu ne seras jamais un homme !

- Gamin on t’apprendra à t’amuser.

- Boire c’est comme baiser une femme c’est orgasmique.

 

 

Nous sommes tous réunis en bas des escaliers.

Nous rêvons tous de nos oreillers…

- Les poussins vous avez cinq minutes pour être de retour ici en civil. Attention nous garderons toutes les lumières éteintes. Alors celui qui se casse une jambe, on l’achève et on l’enterre derrière la maison du Général.

Ses derniers mots nous font rire mais cinq minutes plus tard, nous sommes tous de retour en silence.

 

Chaque parrain et son filleul s’exfiltre en silence vers l’extérieur de l’école où en bordure de route deux bus nous attendent pour nous emmener jusqu’à Aix dans une boîte de nuit.

- François, tu sais qu’il est mineur et que ça se voit.

- Ouais fait chier ce bébé. Et le fiston tu restes bien au mieux du groupe.

Finalement dépassé par le nombre mais surtout prévenu de notre descente le videur ne vérifie aucune de nos pièces d’identité.

Pour moi c’est une grande première et un souvenir incroyable.

Nous sommes de retour peu avant l’heure du réveil, nous laissant juste le temps de nous allonger pour nous relever aussitôt. Enfin une demi-heure plus tard.

La journée promet d’être longue.

1Autre nom pour la Touloubre, petit ruisseau coulant sur le terrain de la 701 et où les gradés aiment bien faire barboter pendant des heures les poussins.

2On va pas te louper, on va détruire

3Synonyme de pistonné

4Pelletier Doisy

13 janvier 2011

Annie jeudi 1 septembre 1977 reportage

Caths jeudi 1 septembre 1976 reportage

 

 

- En cette journée de rentrée scolaire, nous avons eu envie de vous faire découvrir l’univers clos et très strict où des garçons de dix à vingt deux ans, vivent pendant dix mois : une journée dans une des dernières véritable école militaire en France.

 

 

- Chut ! Chut !

Gérard et Christophe font signe à Mariette de se taire. Cette dernière n’apprécie pas qu’on lui intime ainsi le silence. Les assiettes et les couverts s’entrechoquent. Théo les lui prend des mains en la fusillant du regard et va sans bruit les poser dans la cuisine. Christophe force sa femme à s’asseoir à côté de lui sur le vieux canapé qui gémit sous leur poids conjugués.

Gérard passe un bras autour des épaules de sa femme et lui serre la main. Annie pose en soupirant sa tête au creux de son épaule et pose sa main droite sur la main qui tient déjà son autre main.

Tous scrutent l’écran de télévision, où la caméra suit des couloirs sombres. Un enregistrement de sonnerie de réveil au clairon, puis des dizaines de jeunes garçons apparaissent, tous le même pyjama bleu, des escaliers où un nouveau flot de jeunes têtes rasées, bousculent le cameraman, des excuses murmurées, d’autres criées, des rires.

Deux étages de plus et l’ambiance plus feutrée, plus calme, des ados qui jettent à la caméra des regards inquisiteurs. Un puis deux étages de plus, cette fois les regards sont mauvais pour cette caméra surprenant un balai de torses imberbes et de serviettes nouées à la taille.

- Tu le vois ?

- Non, il doit avoir tellement changé.

- Oui, je te l’ai dit, il a beaucoup grandi.

 

Des rangs par deux, des classes qui bien alignées qui saluent un drapeau qui claque. Fouetté, par un mistral qui emporte des calots.

Un mess bruissant de chuchotements, de pas glissants sur un sol blanc avec de ci, de là, un carreau cassé. Puis le silence lorsque le directeur, un ancien de l’Armée de l’air, fait son apparition.

Des éclats de rire vite réprimés à la dernière table au fond du mess. Les plus âgés qui plongent vite le nez dans leurs bols. Nous suivons le Colonel qui se déplace jusqu’à eux. Ils se lèvent, raides dans un garde à vous rigide. Si des sourires s’esquissent encore, ils sont vite oubliés. L’homme s’éloigne pour passer de table en table parlant aux élèves, ayant un mot presque pour chacun, encouragement, félicitation ou encore pour tancer certains qui alors baissent les yeux.

Dès son départ, les grands saisissent leurs bols qu’ils ne tentent même pas de vider, un dernier bout de pain mis en bouche tel quel. Ils n’ont pas fini de déjeuner. Il n’y a pas eu un mot d’échangé, pourtant, ils ont compris quelque chose que nous ignorons. Un après l’autre, les bols sont posés sur une desserte, le premier retourne à la table, la nettoie puis y retourne dessus les chaises avant de rejoindre ses camarades.

Il passe devant la caméra qui capte un regard mauvais qui semble vouloir dire : fichez-nous la paix !

- Gérard c’est lui !

- Tu crois que Catherine regarde.

- Ils n’ont pas la télé dans leur camion.

 

La caméra les suit. Il a rejoint ses camarades. Tous ont remis leur calots et se rangent de nouveau en rang par deux et se mettent à courir le long des bâtiments.

 

Encore des couloirs. Des portes qui s’ouvrent sur des classes studieuses. Des sourires, des regards mais pas de bruit.

Une salle avec des ordinateurs, ce sont des «grands», ils se déplacent en silence. Certains sont debout derrière un de leur camarade, la main posée sur le dossier de la chaise ou leur épaule, parfois pianotant à sa place.

Une autre salle, de science cette fois, là encore toujours ce silence impressionnant.

Au détour d’un couloir, les «fautifs» de ce matin, assis sur des chaises, classeur ou livre en main, l’autre posé au sol à leur pied. Une porte qui s’ouvre, l’un d’eux sort, un autre entre. Cinq personnes derrière une table : des civils, homme et femme. Le garçon vient se positionner debout devant eux, les mains derrière le dos. Nous sommes surpris par la première question, lui non. Elle s’enchaînent sans même parfois lui laisser le temps de finir, mais il répond déjà à la suivant. Son calme est impressionnant. Les professeurs sourient ou restent sévères, cela n’a pas l’air de le toucher. Ils se taisent et lui disent de sortir, ça a duré cinq minutes.

Il retourne à sa chaise et reprend son classeur, nous n’existons pas pour lui.

 

Le clairon sonne le coucher, la caméra suit deux élèves qui s’éloignent avec un des surveillants, en portant le drapeau qu’ils ont décroché. Une à une les lumières des chambres, plus ou moins camouflées par de lourds rideaux s’éteignent.

 

 

 

 

- Mais cette année, tu sais où il est ?

- Non, le directeur nous a fait comprendre qu’il était trop jeune pour aller à Salon cette année et donc qu’il irait à Marseille en fac de mathématiques appliquées.

- Je ne le vois pas prof plus tard.

- Moi non plus.

- En tout cas il ressemble de plus en plus à Karl, c’est stupéfiant.

- En tout cas lui, ne finira pas comme homme à tout faire.

- Le principal c’est qu’il ne finisse pas comme lui en prison.

 

12 janvier 2011

Robert mercredi 31 Août 1977 prise en main

Robert mercredi 31 Août 1977 prise en main

 

 

Hier malgré un premier réveil aux aurores pour notre premiers lever des couleurs. Nous avons fini notre parcours d’incorporation par le passage dans les divers services médicaux en petite tenue, tout de même plus couverts qu’à Aix…

Robert mercredi 31 Août 1977 prise en main

 

Hier malgré un premier réveil vers deux heures puis un à six heures pour notre premier lever des couleurs. Nous avons fini notre parcours d’incorporation par le passage dans les divers services médicaux en petite tenue mais tout de même plus couverts qu’à Aix…

Mon dos fut par tous admiré, par contre mon explication du mixer géant peu appréciée surtout par le psy…

Nous avons ensuite été repris en main par nos gentils aînés qui ont un an d’ancienneté au Piège. 

Jusqu’à présent, nous avons eu droit à des «bleus» en chemise et pantalon bleu. Les sympas, qui blaguaient même avec nous. Mais là.. ceux qui nous harcèlent, ceux qui nous aboient dessus, qui nous font finir le repas de midi en cinq minutes même pas, sont en vert. Même leur visage est vert et eux ne sont pas sympas mais alors pas sympas du tout.

Et pourtant ce sont les mêmes…

Ils nous réapprennent à marcher, tout se fait au pas de course, le célèbre pas de gymnastique auquel ceux qui sortent d’écoles militaires sont au combien habitués. Les autres… ils s’y feront vite.

Pas d’individualisme non plus. Dorénavant c’est par brigade entière que nous faisons tout et gare à celui qui se goure de pied ou de bras, c’est tout le groupe qui recommence.

De même quelque soit l’endroit où nous devons aller, nous faisons le tour de la place PO (Pelletier d’Oisy). Nous finissons par savoir sa taille en nombre de pas. Ou du moins en nombre de foulées.

 

Le repas du soir comme celui de midi est vite avalé. Mais cette fois toute la compagnie se retrouve alignée face au mur extérieur sur le parvis de la salle des marbres.

Cette salle que j’ai hâte de connaître.

Je sais qu’une cérémonie se prépare. Mais laquelle, je ne sais pas.

Derrière nous des bruits de pas puis plus rien.L’attente nous semble longue et nous commençons à angoisser, que nous réservent-ils encore ? J’aime bien être dans les rangs du milieu, même si l’attente est plus longue, nous sommes moins surpris que ceux des premiers ou dernier rangs. Nous leurs cris ou grognements de surprises nous préviennent. Là, rien.

Puis la voix du commandant D retentit.

- Demi-tour droite !

 

Devant nous, nos aînés. Les aspis défilent, par brigades qui se croisent et se recroisent, nous faisant démonstration de ce qu’ils aspirent à nous voir arriver à faire à notre tour.

Je me dis qu’il y a encore du boulot.

Puis nous levons la tête pour nous voir survolés par quatre Fouga Magister de la PAF1.

 

Les aspirants de seconde année pénètrent dans la salle des marbres.

A leur suite, une brigade après l’autre nous les y suivons.

Les quatre brigades placées en étoiles, nous nous faisons face. Nous écartons nos rangs et nos colonnes de la longueur d’un bras tendu devant et sur la droite.

Les aspis qui ont rompu les rangs circulent entre nous.

 

- Poussins sortez de l’œuf, présentez-vous !

Le brigadier en charge de notre brigade (qui n’est d’autre que le capitaine qui m’a souhaité bonne chance lors de ma signature de contrat.) interpelle le commandant.

- Et si nous commencions par le petit rigolo ?

Alea jacta es… Ouvrons donc le ban des hostilités, au moins ce sera fini et ils n’auront pas eu le temps de s’échauffer.

 

Et à tour de rôle, sans ordre précis au bon vouloir des brigadiers ou des aspis, chacun de nous jusqu’au dernier, se présente sous les huées et les quolibets peu flatteurs de nos aînées reproduisant ce qu’ils ont eux-même subi l’an passé. 

L’an prochain… nous serons les secondes années.






1 Patrouille Acrobatique de France

Mon dos fut par tous admiré, par contre mon explication du mixer géant peu appréciée surtout par le psy…

Nous avons ensuite était repris en main par nos gentils aînés qui ont un an d’ancienneté au Piège. Jusqu’à présent, nous avons eu droit à des «bleus» : chemise et pantalon bleu.

Les sympas, qui blaguaient même avec nous. Mais là ceux qui nous nous harcèlent, qui nous font finir le repas de midi en dix minutes même pas, sont en vert. Même leur visage est vert et eux ne sont pas sympas mais alors pas sympas du tout.

Et pourtant ce sont les même…

Ils nous désapprennent à marcher, tout se fait au pas de course, le célèbre pas de gymnastique.

Pas d’individualisme non plus. Dorénavant c’est par brigade entière que nous faisons tout et gare à celui qui se goure de pied ou de bras, c’est tout le groupe qui recommence.

De même quelque soit l’endroit où nous devons aller, nous faisons le tour de la place PO (Pelletier d’Oisy). Nous finissons par savoir sa taille en nombre de pas.

 

Le repas du soir comme celui de midi est vite avalé. Mais cette fois toute la compagnie se retrouve alignée face au mur extérieur sur le parvis de la salle des marbres.

Cette salle que j’ai hâte de connaître.

Je sais qu’une cérémonie se prépare. Mais laquelle je ne sais pas.

Derrière nous des bruits de pas puis plus rien.L’attente nous semble longue et nous commençons à angoisser, que nous réservent-ils encore ?

Puis la voix du commandant D retentit.

- Demi-tour droite !

 

Devant nous nos aînés. Les aspis défilent, par brigades qui se croisent et se recroisent, nous faisant démonstration de ce qu’ils aspirent à nous voir arriver à faire à notre tour.

Je me dis qu’il y a encore du boulot.

Puis nous levons la tête pour nous voir survolés par quatre Fouga Magister de la PAF1.

 

Les aspirants de seconde année ont pénétré dans la salle des marbres.

A leur suite, une brigade après l’autre nous les y suivons.

Les quatre brigades placées en étoiles nous nous faisons face. Nous écartons nos rangs et nos colonnes de la longueur d’un bras tendu.

Les aspis qui ont rompu les rangs circulent entre nous.

 

- Poussins sortez de l’œuf, présentez-vous !

Le brigadier en charge de la seconde brigade ( qui n’est d’autre que le capitaine qui m’a souhaité bonne chance lors de ma signature de contrat.) interpelle le commandant.

- Et si nous commencions par le petit rigolo ?

Alea jacta es… Ouvrons donc le ban des hostilités, au moins ce sera fini et ils n’auront pas eu le temps de s’échauffer.

 

Et à tour de rôle, sans ordre précis au bon vouloir des brigadiers, chacun de nous jusqu’au dernier, se présentera sous les huées et les quolibets peu flatteurs de nos aînées reproduisant ce qu’ils ont eux-même subi l’an passé.

 

 

 

 

 

1Patrouille Aérienne de France

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