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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

6 décembre 2010

Robert samedi 25 juin 1977 fête de fin d'année

Robert samedi 25 juin 1977 fête de fin d'année

 

Richard m'arrête au détour d'un couloir.

- Dis-moi bonhomme, si je te dis presque trois cents filles, tu en penses quoi ?

Quelle drôle de question, trop pour moi en tout cas. Moi une me suffirait, quoique deux peut-être… ou trois. Mais trois cent, il est fou !

- Hum, une par élève du bahut. Plus une par membre du staff même si je ne vois pas Mademoiselle Dionis ou Madame Calliop aimer les filles.

Il sourit.

- Au moins t'es partageur.

- Bin écoute, tu m'aurais dit dix, j'aurais peut-être dit, c'est cool, ça roule, avec un temps de repos entre chaque pour recharger les batteries, mais deux cents ça me fait penser à un livre de SF où c'est comme ça qu'ils exécutent les criminels sexuels.

Là, j’ai réussi à la faire rire. Moi… faut que je pense à autre chose…

- Alors à ton âge, j'avais un certain niveau. Mais toi, tu me bats à plate couture. Tu es effrayant mon petit. Ta vantardise est vraiment, vraiment effrayante.

Là, j’enfonce profondément les mains dans mes poches. Il fronce les sourcils car c’est interdit, il me gonfle ! Je les ressors en soufflant.

- Quoi, tu voulais une réponse, je t'en ai donné une. Et puis pourquoi vantard ?

Richard lève les yeux au ciel.

- Toujours est-il que ce soir tu es à seize heures à l'appart...

- Je serai en ville avec les copains.

Il n’a pas apprécié d’être coupé.

- Et bien non. Maintenant tu es consigné.

Là, les mains sont hors des poches et moi… hors de moi.

- Quoi ? Non, ce sera notre dernier samedi. T'es dégueulasse de me faire ça.

Là, je ferais bien comme… les filles, taper du pied.

- Tu préfères quoi, trois cent filles ou tes copains ?

Il croit quoi ?

- Mes potes !

Richard se met à rire.

- Petit joueur. Puis il a un mouvement de recul. A moins que ?

Je fais non des mains, horrifié qu’il puisse juste penser à ça.

- Hé mais non, mais...

- Seize heures à l'appart, disparaît ou en plus je te mets aux arrêts jusqu'à seize heures. Et n'oublies pas : trois cent filles. Il va jusqu’à derrière son bureau puis se retourne en riant. Trois cent filles !

Je hausse les épaules et sort de son bureau sans lui dire au-revoir ni fermer sa porte. Ça lui apprendra, faudra qu'il lève son gros cul.

Dans mon dos, je l'entends crier :

- Corvées de latrines, ça te mettra dans l'ambiance.

Je l'ignore.

Direction le cours de maths.

Mais, hélas ! Gâche m’intercepte.

- Weissenbacher, Le colonel vient de m'appeler, avant d'aller en cours, retroussez vos manches et corvée !

L'enflure ! Je montre les manches de ma chemisette à Gâche et saisis le seau contenant tout le matos pour récurer les chiottes à fond. Je ne dis rien, mais j'ai au fond de moi comme un terrible sentiment de haine envers mon cher tuteur.




- Non Weissenbacher, vous ne pouvez pas sortir.

Monsieur Cohen me saisit le bras. Les copains m’entourent.

- Mais pourquoi ?

Après m’avoir donné chacun une tape sur l’épaule, la tête, les fesses pour Garrot, mais lui un jour je vais le tuer. Les copains s’éloignent.

- Ah ça, aller voir le colonel, c'est lui qui a biffé votre autorisation et signé à côté. Regardez !

Monsieur Cohen me montre la feuille où sont marqués tous les noms des élèves pouvant sortir, mon nom est dûment barré. Même sans qu'il me la montre, je le croyais. Pourquoi me mentirait-il ? Et l'autre salopard m'avait prévenu. Pourquoi faut-il qu'il ne m'écoute pas quand je lui dis non ?

- Mais purée c'est mon dernier samedi avec mes potes.

- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise mon garçon.

Il a l’air navré, pas autant que moi.

Bref je remonte dans ma chambre. Sur le terrain de sport que j'aperçois par la chambre de Claude, des collègues s'entraînent, je décide de les rejoindre.



- Cambre-toi davantage et pousse-plus sur tes jambes.

Je retourne sur la ligne de départ, cette maudite barre que le prof remet en place une nouvelle fois, me nargue.

Je m'élance mais du coin de l’œil je capte la silhouette de Richard qui pénètre sur le terrain de sport. Il doit être seize heures, oups ! La barre tombe encore une fois.

 

Tenu par le bras, je me retrouve projeté dans l'appart.

- Je t'ai dit seize heures, non ?

Je me retourne prêt à en découdre.

- Oui mais...

- Il n'y a pas de mais ! Je lève les bras car je vois arriver sa main, mais c'est pour m'attraper par le tee shirt et me propulser dans la salle de bain dont il allume la lumière. Tes vêtements sont sur la chaise. Tu as cinq minutes, active-toi ! Il sort, ferme la porte puis l'ouvre à nouveau. Et tu as intérêt à sentir bon le savon sinon c'est moi qui te lave ! La porte se referme. Dans cinq minutes, j'envoie Isabelle te chercher !

Je reste d'abord immobile les poings serrés avec une forte envie de fracasser la porte. Porte où il n'y a toujours pas de verrou.

Je le déteste ! et le lui crie.

- Je te déteste !



Quand Isabelle toque à la porte, je boutonne ma chemisette.

- Ouais entre !

Elle ne rentre d’abord que la tête.

- Zut !

- Ah ah !

Fermer la porte c’est un truc que personne ne sait faire dans cette famille ou quoi ?

- Papa a dit que je devais vérifier si tu sentais le savon. Mais vu l'odeur du parfum de Papa et tes cheveux mouillés, je dirais que tu penses qu'il sera dupe.

- Je me suis douché ! Elle s'approche et me tourne autour, même pieds nus maintenant je suis plus grand qu'elle. Je souris. Tu cherches quoi ?

- La vérité.

Je tourne en même temps qu’elle.

- Je me suis douché.

Elle passe une main contre la paroi de la baignoire, les deux contre la serviette puis s’approche de moi.

- Hum, la baignoire est mouillée, la serviette aussi. Fais voir. Elle me renifle dans le cou, sous les bras. Ouais on dirait que tu ne mens pas.

Je rigole.

- Purée, tu seras comme ça avec tes gosses ?

- Oh encore pire !

Elle a l’air sérieuse, pauvres gamins. Et avec son futur mec ? Mais je n’ose pas le lui demander.

- Alors ? On peut partir ?

Richard en civil est très chic dans un costume gris clair avec une cravate du même ton.

- Pourquoi je suis en unif, moi ?

Il hausse plusieurs fois les sourcils en riant.

- Tu te rappelles ce que je t'ai dit ce matin ? Trois cents, souviens-toi trois cents !

Gisou arrive de la chambre. Elle a une robe, waouh ! vert clair, sans manche, en tissu satiné, petite ceinture noire à la taille et jupe qui s’arrête aux genoux, qui si elle tournait, j’suis sûr qu’on verrait sa culotte. Oui bon, enfin bref ! Elle est trop belle. Faut que j’arrête de la regarder.

- Mon chéri, c'est quoi cette histoire de trois cents ?

Je passe entre Gisou et Richard pour aller mettre mes chaussures à l'entrée. En passant, je refuse en écartant la tête, le baiser de Judas de Gisou, la complice de mon tortionnaire.

- Il m'a dit que j'aurais trois cents filles à mettre dans mon lit si je venais avec vous et j'ai dit que cela ne m'intéressait pas que je préférais sortir avec mes potes et du coup il m'a puni et consigné.

Ma seconde chaussette à la main, je me redresse pour admirer l'effet de mon petit laïus sur Gisou.

Son regard va de Richard à moi puis de moi à Richard. Derrière elle, les filles font pareil, la mine outrée..

- Vous restez tous les deux ici, j'y vais seule avec… mes filles comme ça vous me garderez Coco !

Elle ouvre la porte et sort suivie des quatre filles. Coco, elle, vient m'entourer la jambe sur laquelle je suis debout comme un flamant rose, de ses bras levant la tête vers moi avec un grand sourire !

Sur le coup, j'ai l'impression que Richard va faire un AVC, mais non. Il saisit Coco comme un sac de patates sous le bras et me propulse dans la cage d’escaliers avec un pied nu, ma chaussette toujours à la main.

- Ma pompe et mon calot !

Je les vois tous les deux s’envoler au-dessus de la rambarde des escaliers loupant de peu Fanfan qui ferme la marche des femelles.

Je préfère fermer ma gueule, descendre les récupérer, puis doubler tout le monde jusqu'en bas, et là encore en flamant rose finir de m'habiller. On ne sait jamais que je finisse moi aussi par-dessus la balustrade.

 

En plus, on y va à pied, si je rencontre des collègues, je vais encore devoir m'expliquer. Marre !

 

Oh ! Maintenant je vois de quoi il parlait avec ses trois cents filles. Sur le fronton de la grande bâtisse : École privée catholique de filles.

Je me penche vers Richard.

- Ils ne me laisseront même pas entrer, puisque jusqu'aux dernières nouvelles, je ne suis toujours pas une fille !

Il s'arrête, se retourne et me fait face. Je recule d'un pas.

- Gisèle avancez, on vous rejoint.

Là, je mets un bon mètre entre lui et moi.

Il serre la main à plusieurs personnes.

- Oui, mon fils... Oui, à l'école militaire... Oui bien sûr, votre garçon y sera le bienvenu. Toi, viens ici. 

Me tenant par le bras, il m'entraîne dans une petite ruelle. Aïe ! Je vais m'en prendre une discrétos.

- Je t'ai emmené car j'estime que tu es le meilleur exemple de réussite pour notre école. Tu vas donc te comporter comme il se doit, as-tu compris ?  J’opine de la tête. Ce qui veut dire comportement exemplaire.  Hé ! J’ai toujours un comportement exemplaire, moi ! Même si tu as des critiques à émettre sur l'école, sur moi ou sur le Capitaine, tu les gardes pour toi, compris ?  Et quand on sera rentrés à l’appart, je pourrai? Car il m’en vient plein d’un coup. Tu es la meilleure publicité pour notre Lycée. Tu es bon élève et beau garçon.  Ouais bof ! Je fais la grimace. Il fronce les sourcils. Je lui souris. Donc, dès que tu as passé le pas de cette porte, tu oublies les filles et tu ne t'intéresses qu'aux garçons... du moins aux jeunes garçons pour leur donner envie de s'inscrire chez nous. As-tu compris ? Insiste-t-il 

Cette fois son discours n'a qu'un seul effet sur moi : je souris. Je vais oublier les filles et m'occuper des garçons. Mais après faudra pas qu’il m'enquiquine.

Il secoue la tête et soupire puis me pousse devant lui.

 

Gisou est assise dans une salle de spectacle, elle nous a gardé deux places où nous nous glissons, Richard me force à m'asseoir entre lui et Gisou. Coco quitte les genoux de sa mère pour venir sur les miens. Je la passe à Richard.

- Non Coco, pas aujourd'hui, tu vas m'empêcher de draguer les garçons. Si ce que je lui ai chuchoté à l'oreille fait hurler puis rire la petite, cela me vaut deux regards noirs des parents qui font plus peur à Coco qu'à moi. Elle se tait d'un coup.

 

Oh non ! On va se taper une pièce de théâtre.

Je me penche vers Gisou.

- Véro et Isa jouent dedans ?

- Non, Véro a tout refusé, sa sœur oui, dans la pièce suivante.

Cette fois je me laisse glisser dans mon fauteuil au maximum que mes genoux me l’autorisent, je suis en pleine désespérance.

- Oh non, deux pièces de théâtre, on va sortir d'ici demain matin.

Gisou me passe la feuille que j'ai refusée à l'entrée.

- Des extraits.

Je me redresse.

- Ouf !

Richard se branche vers moi.

- Tu n'aimes pas le théâtre ?

- Sais pas. J'y suis jamais allé mais c'est chi... hyper nul à lire.

Je ne comprends pas son air désespéré, ce que je n'aime pas lire reste nul quoiqu'il arrive !

 

Après deux heures pas trop ennuyeuses, je suis les parents dans la cour où des tables sont dressées. On y retrouve Isabelle.

- Isa, j'ai bien aimé ta pièce.

Voilà mission effectuée, elle est contente, je peux passer à autre chose…

- Merci ! Tu la connaissais ?

Quoi ? Oublie-moi pitié !

- Heu, non.

Maintenant elle me tient par le bras, elle a du voir mon regard aller loin, mais loin,.. Au-delà d’elle. Quoi encore ?

- On t'a donné envie de la lire ou d'aller la voir en entier ?

- Heu, non.

- Zut !

Bon, OK, je vais faire un tout petit petit effort.

- Pourquoi tu me poses cette question ? T'es déçue ? Si tu me passes le livre, je le lirai.

Déjà, je la vois un peu plus contente.

- Au moins je pourrais dire qu'on a donné envie à mon frère de la découvrir.

J'ouvre la bouche pour lui expliquer que non, sa pièce ne m'intéresse pas et que si je la lis ce sera juste pour lui faire plaisir mais en face de moi, Richard se passe le pouce sous le menton alors je la ferme. 

Passons à autre chose, du moins à une autre fille. Question de rhétorique philosophique : les filles sont-elles autre chose que des choses. Faudra que j’en cause à Claude…

- Elle est où Véro ?

Gisou m’a entendu et répond avant Isa.

- Pas là, du coup vous ne vous disputerez pas.

- Oh purée, j'aurais...

Richard refait le même geste. Il m’énerve mais il m’énerve !

Bon, il a dit trois cents filles. Je repère vite les cops à Véro du ciné et les chieuses du magasin. Enfin, celles du magasin… elles, ne sont pas vraiment ses copines. De plus, il est rigolo Richard sur les trois cents, il y en a les trois quart qui sont : soit trop jeunes, soit moches. Enfin… pas à mon goût. Quant aux mecs, malgré toute ma bonne volonté, les quelques garçons que je vois ici sont soit encore une fois trop trop jeunes soit, je ne sais pas, j'ai pas envie d'aller les brancher. Mais elle est où l'Autre, bordel !

- Viens, je vais te présenter des copines. Isa m'entraîne, ses bras autour de mon bras droit, vers un groupe de cinq filles. Robert, je te présente Alice, Carine, Joséphine, Julie et Valérie.

Outch ! Je souris. Richard m'a dit d'être aimable alors soyons aimable. Mais franchement Isa, tu pourrais te choisir des copines plus jolies. La seule qui est potable c'est Joséphine...

- Pardon, tu disais ? Désolé, je rêvais.

Elles se mettent à rire. Houla et leurs rires…

L’une d’elle, c’est quoi son nom encore ? Purée faudrait que je sois un peu plus attentif mais là c’est Véro que je cherche. Elle me montre mon épaule gauche.

- C'est quoi ce truc ?

- Oh ça ? Une fourragère. Bon ce n'est pas une vraie mais c'est une décoration pour distinguer les majors des autres.

- Oh ! nous aussi on a des majors.

Je regarde Isabelle avec un sourire narquois.

- Non, j'ai jamais été major et je m'en fous et Véro pareil. On sait que ça aurait plu à Papa mais franchement, nous, on s'en fout ! Et là, mon bac en poche, je rejoins Michel à Chamo.

- Non ? Tu crois vraiment que ta mère va te laisser aller vivre avec Michel sans que vous soyez mariés ?

- Je ne lui ai encore rien dit, je compte la mettre devant le fait accompli.

Houla, j'espère ne pas être là, ce jour-là. Mais je la soutiendrai moralement.

Il me semble apercevoir un truc roux au loin.

Je les écarte le plus doucement possible…

- Désolé, je vous abandonne.

C'est bien elle, mais… je dois courir pour la rejoindre.

- Véro ? Elle essaie de fuir mais je la force à me regarder. Elle a pleuré. Je sens une vague de haine monter en moi… je dois me calmer. C'est qui ? Les trois garces ? Elle secoue la tête. Viens on va voir les parents.

Elle se débat, essaie d’ouvrir mes doigts qui tiennent son poignet.

- Lâche-moi !

- Oh que non ! Je veux savoir qui t'a fait pleurer que je la bute. Un sourire, bon début. Alors ? J'attends.

Elle recommence à vouloir m’ouvrir la main.  Alors là cocotte, ne compte pas dessus.

Des voix de garçons me font me retourner.

- Ah ! Avec toi aussi, elle fait l'effarouchée la carotte ?

Ma main s'est ouverte et a lâché son poignet pour se refermer et percuter un nez… qui craque. Le mec hurle les deux mains sur son visage.

Moi aussi.

- Ma sœur n'est pas une carotte !

Les deux gars qui l’accompagnaient ne semblent pas rassurés. Véro se met devant moi et cette fois c’est elle qui me tient, les mains refermée sur mes biceps, elle tente de me faire reculer.

- Non Robert, non ! Viens !

Je ne suis pas d’accord.

- Non Véro je te laisserai pas te faire insulter et maltraiter.

Des gens entourent le garçon, un homme me fonce dessus et me saisit par la chemise et... il se retrouve au sol, et moi… à faire des pompes au-dessus de lui. Richard me redresse.

- Véronique vient ici.

- Papa. Il n'a fait que me défendre. Pendant le spectacle j'étais avec Camille et Élodie dans la cour et ces trois garçons sont venus nous voir. On leur a dit de nous laisser tranquille mais ils ont continué. Alors on est rentrée. Mais quand je suis ressortie seule. Ils m'ont coincée derrière la salle d'accueil mais je me suis défendue. Lui, il doit avoir la marque de mes dents sur sa main et lui très mal à l'entre-jambe. Et si Robert l'a frappé c'est parce qu'il m'a insulté.

L'homme s'est relevé, énervé et penaud et s'en prend maintenant au garçon à qui je pense… J'ai cassé le nez.

Richard et un autre père le retiennent car il est prêt à frapper à nouveau, mais sur son fils cette fois. Je comprends d'un coup beaucoup mieux pourquoi son fils est con. Avec un père pareil !

Joséphine me tend mon calot.

- Merci !

- Et bien dis donc, t'as une bonne droite, tu dois être musclé.

C'est la plus potable des cinq, je lui rends son sourire.




Par contre maintenant j’ai interdiction de m’éloigner de plus de trois pas des parents et les gens me regardent en chuchotant. Mais je me tape tous ses serrages de mains et son blablatage avec les parents d’éventuels élèves. Je dois répondre poliment aux questions et “vanter” les mérites de l’école. Me saoule mais alors ça me saoule ! 

Et là, c’est la directrice de l’école, jupe bleu marine et chemisier rose vif avec dix colliers presque à l’horizontal dessus qui vante sa propre école.

- Ah ces garçons. Je vous plains monsieur de devoir gérer trois cents de ces énergumènes. Richard sourit mais ne répond rien. J'aimerais être télépathe pour lire ce qu'il en pense. Enfin tout est rentré dans l'ordre. Asseyons-nous donc pour manger.

 

Gisou me force à m'asseoir entre elle et Richard, je laisse Coco squatter mes genoux, vu mon fait d'arme, je n’ai pour seul droit, celui de me taire. 

D'ailleurs, du buffet ce sont les parents et Isabelle qui nous ramènent nos assiettes. Dans la mienne, Richard a mis un gros tas de carottes râpées et autour la charcuterie. Les autres ont droit aussi à du taboulé, de la salade de pomme de terre ou de la salade de riz. Pas moi. Veut-il me faire passer un message ? En tout cas je ne le comprends pas.

Le garçon est trois tables plus loin. Il me fixe puis mimant de sa main un pistolet dont il me pointe. Je le fixe aussi, impassible, tout en mangeant.

Richard doit l’avoir vu lui aussi.

- En tout cas moi. J'aime bien les carottes.

Heureusement pour lui.

- Vaut mieux, t'en as épousé une.

- Pourquoi tu réagis comme ça quand quelqu'un dit que ce sont des carottes.

En vrai ?

- Les carottes sont des légumes insipides et fades, Véro, Gisou et Coco sont plus des flammes qui illuminent ou brûlent, des pandas roux ou des renards sauvages, doux mais insaisissables. Bref tout, sauf fades et insipides. Mais surtout parce qu'en disant ça, ils veulent les insulter. Toi, si tu dis à Gisou ou Véro, ma carotte, je ne ressentirais pas ça comme une insulte. Et puis là, en plus, il avait osé penser que j'étais comme lui, que j'avais les mêmes envies envers Véro que lui et ça m'a rendu dingue. Désolé !

Gisou se penche vers Richard.

- Richard, je vais divorcer pour épouser ce garçon.

- Chouette, je pourrais me trouver une jeune carotte de vingt ans.

Nous nous mettons tous à rire.




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5 décembre 2010

Robert mercredi 15 juin 1977 le mur 3

 

 

 

Robert mercredi 15 juin 1977 le mur 3

 

Cinq heures trente, la sonnerie de ma montre a le don de me réveiller et provoquer en moi une onde de peur mêlée d'une incroyable joie.

Mes pieds touchent le sol à l'instant même où la lumière s'allume dans toutes les chambres provocant une bordée

de jurons de tous ceux qui n'aurait dû se lever qu'une heure plus tard. La voix du capitaine calme mon hilarité surtout lorsqu'il passe devant notre porte en poussant les deux compères en pyjama devant lui et me prenant par le bras me joint à eux pour une descente des escaliers sans douceur.

 

 

Debout au garde à vous entre Grondin et Charcot, j'attends le retour du capitaine et du colonel.

Dehors, nous entendons le capot crier des ordres à notre section qui passe du pas de courses au pas de gymnastique tournant sans fin autour de la cour. Lorsqu'ils passent devant le bâtiment le capitaine leur crie de faire halte . Nous entendons alors plusieurs fois nos camarades répondre en criant : « Non mon capitaine. » Puis la course de nos malheureux compagnons reprend.

 

J'en veux aux deux garçons debout à côté de moi.

J'ai froid, j'ai faim mais surtout je leur en veux de faire trinquer des gars qui n'y sont pour rien, enfin si, de leur avoir une nouvelle fois sauvé la mise.

J'ai envie de faire un pas en avant et de tout avouer.

J'ai sur les lèvres la phrase qui absoudrait tout les autres. Mais je ne peux pas.

 

2

Je ne peux ainsi jeter ainsi aux orties la confiance que Richard place en moi ainsi que celle de ceux qui cette nuit se sont mouillés pour nous éviter de nous faire pincer. J'aurais dû aussi mouiller au moins deux gars en plus de moi : celui qui était allé les prévenir et Michel, quoique Michel lui il était réellement malade et pourtant ce matin, il est comme les autres en train de tourner. Je serre les poings, impuissant, une rage folle au tripes, .

 

Finalement vers quinze heures nous sommes relâchés. Aucun d'entre nous n'a mangé et c'est le ventre vide que nous devons plancher sur un devoir de quatre heures.

En guise de repas du soir, nous goûtons une nouvelle fois aux graviers de la cour pendant une petite heure avant de nous retrouver jusqu'à l'heure du coucher enfermés dans une salle de cours où nous devons cette fois discourir par écrirt sur l'absurdité désespérante de devoir défendre un geste désespérant par son absurdité. En gros sur le tableau Gâches a écrit : minimum 10 pages ! Nous avions quatre heures.

Le retour en chambres est silencieux.

 

Nous étions mi-juin. Grondin et Charcot jurèrent qu'ils ne feraient plus le mur.

 

Cinq jours plus tard, Gâches alla les cueillir avec des gendarmes aux domiciles de leurs petites copines respectives, donnés par un indicateur inconnu que même si je ne l'approuvais pas, je remerciai secrètement. Nous ne les revîmes plus.

5 décembre 2010

Robert mardi 14 juin 1977 le mur 2

 

Robert mardi 14 juin 1977 le mur 2

 

Dans maintenant moins de quinze jours, à nous les vacances.

Assis sur le lit de Marion nous préparions le dernier devoir sur table du trimestre. Je le vois faire la grimace. Antoine et Damien se tiennent à l'entrée de notre chambre.

- Non les gars, c'est non je ne vous couvrirai plus, au contraire si vous vous cassez cette nuit, j'irai direct chez le croquemitaine.

- Attends tu ne peux pas nous faire ça. Dans quinze jours on rentre chez nous pour de bon, tu ne te rends pas compte toi. Tu ne sais pas ce que cela veut dire d'être amoureux.

- Mais si Antoine il sait ce que ça veut dire. Regarde sur son oreiller, son grand amour l'attend. Ce mec, il pourrait ce les faire toutes et il n'y a que les bouquins et les études qui l'intéresse.

- Ouais faudrait le disséquer pour voir si tout fonctionne normalement chez lui.

Je retiens Marion d'une main. Debout entre son lit et le mien, il remet ses lunettes qu'il venait de poser sur sa table de chevet.

- Hou la la, j'ai failli avoir peur du garde du corps de sa seigneurie.

- Retournez dans votre chambre, Lorient va bientôt venir éteindre les lumière.

Les deux garçons après quelques gestes obscènes m'obéissent. Il s'éloignent sûrement lassés de non réaction.

- Purée mais il est passé où le mec qui leur aurait rentré dedans il y a quelques mois ?

 

2

- Il a vieilli. Non il veut simplement finir cette dernière

année.

Debout devant mon bureau, face à la fenêtre, je range le classeur dans mon sac quand mon regard est attiré par un mouvement dans la cour. Gâches ! Qu'est qu'il fiche là encore ?

La porte des deux abrutis est une fois de plus fermée contrairement au règlement qui la veut ouverte sauf si la chambre est vide. Je fais exprès de l'ouvrir brusquement et claquer. La lumière y est déjà éteinte et je discerne les vêtements bien rangés sur les chaises. Je commence à sourire quand je me souviens que moins de deux minutes auparavant devant notre porte, je les ai vus en survêtement.

Dans les lits, oreiller et traversin simulent un corps assoupi. Dans un mouvement de rage j'arrache tout et me retourne pour partir à leur recherche quand je bute dans quelqu'un qui allume la lumière.

- Oups consigné à faire des corvées jusqu’aux vacances et même au-delà, quel alléchant programme.

- Mon Capitaine, j'allais justement venir vous chercher.

- Vous ? En délateur ? Non je ne peux le croire. Vous connaissez je pense l'adresse de leurs petites copines.

- Non, Mon Capitaine.

- Très bien alors nous attendrons donc ensemble leur retour. Gâches se penche par la fenêtre restée ouverte. Ainsi ils passent par l'extérieur. Ces messieurs n'ont donc rien inventé de bien nouveau. La lumière du couloir et des chambres s'éteignent simultanément. Cette fois mon garçon je les aurais. Vous allez me refaire le lit de Grondin et vous y coucher. Mais avant vous aller faire en sorte que l'on vous

2

croit en train de dormir dans le votre.

Il me tend les oreillers supplémentaires qui avaient gonflé les couvertures du lit quelques minutes auparavant.

- Eh qu'est-ce que tu fais ? Non, ne fais pas le con, ne fais pas le mur pour les retrouver, c'est toi qui vas te faire pincer. En quelques mots j'expliquai la situation à Marion qui a du mal à garder son sérieux. Non, mais il croit qu'ils vont tomber dans le panneaux ?

Je hausse les épaules, je n'ai pas le choix de toute façon.

 

Couché sur le côté, sous la couverture je meurs de chaud avec une irrépressible envie de bouger.

Devant moi, je ne le vois pas mais devine Gâche assis à califourchon sur la chaise derrière la porte grande ouverte. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il n'a pas pensé que les deux occupants de cette chambre tiqueraient en la voyant ouverte.

Doucement je jette un regard à ma montre : seulement minuit.

Dans cinq heures trente seulement elle sonnera.

Dans le couloir un bruit de pied nus me fait sourire. Une envie pressante a jeté l'un de mes camarades à bas de son lit. Moins de deux minutes plus tard, le même bruit nous apprend son retour. Le silence revient à nouveau troublé par le même style de bruit cinq minutes plus tard suivit il va sans dire par le retour.

Une envie de fou rire commence à monter lorsque le même manège se fait entendre pour la vingtième fois. Je vois alors le capitaine se redresser dans l'ombre pour sortir de la chambre.

3

Immédiatement pratiquement deux silhouettes se glissent dans la chambre en passant par la fenêtre. J'abandonne le lit bien chaud à son véritable propriétaire puis passant à mon tour par la fenêtre je rejoins ma propre chambre en marchant sur l'étroite corniche qui fait le tour du bâtiment en passant en-dessous de toutes les fenêtres de l'étage. Plaqué contre le mur, je ne peux m'empêcher de m'imaginer comment serait l'élève dont le pied glisserait. L'image macabre me fait fermer les yeux et un frisson aussi bien du au mistral soulevant ma veste de pyjama qu'à cette vision me glace et m'empêche momentanément de continuer.

- Bob! Dépêche-toi couillon. Qu'est-ce que tu attends ?

Marion me tend la main que je saisis puis m'aide à sauter sur les tomettes rouges du sol de notre chambre qui me paraissent étrangement chaudes sous mes pieds.

- C'est toi qui a manigancé tout ça ?

- Non c'est Claude et Michel. Enfin surtout grâce à Michel qui est réellement pris de courante et du coup Claude a eut l'idée géniale d'en profiter. Il a envoyé Jean-Jacques chercher les deux abrutis et les prévenir. Mais maintenant couches-toi vite.

Je ne me fais pas prier malgré l'angoisse de savoir comment Gâches réagira en voyant que nous avions réussi à déjouer sa surveillance.

 

 

5 décembre 2010

Caths mardi 14 juin 1977 Philo

  Caths mardi 14 juin 1977 Philo



Quatre fois qu’elle vérifie le contenu de ma trousse sous le regard exaspéré de Mitch qui m’enlève le sac des mains.

Assise en face d’elle, la jeune femme tangue à chaque fois que le camion tourne.

Elle sourit en la voyant vérifier à son tour, le contenu du sac à dos.

- Ça te suffira deux barres de céréales et cette petite bouteille d’eau ?

- Oui, oui. Vous par contre, vous surveillez bien le petit monstre.

Elle lui lance en retour un regard noir.

- Comme si tu ne le savais pas. C’est fou comme la confiance règne.

Catherine me jette contre elle, et elles tombent toutes les deux allongées sur le tas de couvertures qu’elles font écrouler.

- Fais-moi un câlin. J’ai peur. Je sens que je vais tout foirer.

Mitch met le sac derrière elle et l’enlace à son tour.

- Arrête tes bêtises. Tu as eu de bons professeurs.

Catherine est ses amis se mettent à rire, imités par Roro même si elle ne comprend pas pourquoi.

- Oui Mich tu as raison les meilleurs et surtout les plus patients.



Debout devant le portail du prestigieux lycée, Catherine a froid malgré son sweat, il fait à peine dix degrés et la météo ne promet que ça ne montera péniblement que jusqu’à vingt-trois, vingt-quatre.

Maty qui les y attendait, embrasse sa filleule en tentant de discipliner le peu de cheveux qui a commencé à repousser.

- Allez ma grande, tu es la meilleure et tu vas cartonner. Et plus tard tu pourras te vanter d’avoir passé ton bac à Georges V, ce qui n’est pas donné à tout le monde, avec autour de toi, parmi les meilleurs élèves de France.

- Pff aucun n’arrive à la cheville de mon homme.

- Et bien file et prouve-nous que tu vas bien avec lui.




Trois fois que la jeune femme relit la feuille posée devant moi :

 

PARIS, CRÉTEIL, VERSAILLES : illusions, politique et Marc-Aurèle.

SÉRIES C ET D

1) Admettre qu'il y a de l'intolérable est-ce cesser d'être tolérant ?

2) Y a-t-il des critères qui nous permettent de nous assurer du caractère scientifique d'un discours ou d'une pratique ?

3) Dégager l'intérêt philosophique d'un texte de Merleau-Ponty sur le sens de l'histoire. " (...) L'histoire nous offre des lignes de faits qu'il s'agit de prolonger vers l'avenir mais elle ne fait pas connaître avec une évidence géométrique la ligne de faits privilégiés qui finalement dessinera notre présent lorsqu'il sera accompli. (...) Cela ne veut pas dire qu'on doive hésiter et fuir la décision mais cela veut dire qu'elle peut conduire l'homme d'État à la mort. "



Elle a l’impression d’avoir la tête absolument vide. Pourquoi des sujets aussi pourris ?

Enfin… elle se décide et choisit le sujet deux.





Lorsque la sonnerie retentit, elle râle comme beaucoup d’autres autour d’elle. Mais bon, elle a eu le temps de se relire deux fois et je pense, espère avoir corrigé ses fautes d’orthographes.



Dehors, elle repère vite ses amis car les parents agglutinés devant le portail gardent une distance méfiante avec eux. Il faut dire que c’est deux mondes, deux classes sociales bien différentes qui se côtoient en cet instant.

- Alors ?

Elle leur tend la feuille avec les sujets.

- J’ai pris le B et j’ai régurgité tout ce que j’ai appris par cœur. Finalement je crois m’en être assez bien sorti mais bon, nous verrons. Maintenant, là, précisément j’ai faim.

Dan est déjà derrière son volant. Roro tape des mains lorsque sa mère monte et s’installe à côté d’elle. 

Mich se penche entre elles.

- Tu n’as pas d’autres épreuves aujourd’hui ?

- Si, maths à quatorze heures.










5 décembre 2010

Robert mardi 7 juin 1977 angoisses

  Robert mardi 7 juin 1977  angoisses

 

- Bonjour Madame Dionis, le colonel est-il visible ?

Elle me regarde avec une expression moqueuse.

- Et bien je ne crois pas qu'il sache se rendre invisible.

D’abord surpris, je corrige de suite ma formulation.

- Oh désolé. Le colonel pourrait-il me recevoir ?

Elle me fait oui de la tête.

- C'est déjà mieux. Je la regarde se lever et se diriger vers la porte. Comment fait-elle pour tenir sur de tels talons ? Mon colonel, j'ai ici un jeune homme qui veut vous parler.

- Si c'est pour se plaindre, envoyez le chez Gâche, j'en ai ma dose ce matin des pleurnichards. Elle se tourne vers moi. Viens-tu te plaindre ?

Je vais encore me faire frapper mais tant pis c’est tellement tentant.

- J'aurais beaucoup à me plaindre de lui, mais non, pas cette fois.

Je l'entend soupirer et reculer son fauteuil.

- Faîtes donc entrer cet animal que je le rosse pour avoir osé dire ça de moi. Elle s'écarte et je passe devant elle avec un grand sourire, puis elle referme la porte derrière moi. Il s'est laissé aller en arrière dans son fauteuil avec un air très sévère mais je sais maintenant reconnaître ces coins de lèvres relevés qui montre sa difficulté à conserver ce visage de pierre. Alors comme ça, c'est de moi que tu viens te plaindre ?

Je vais jusqu’à lui pour l’embrasser.

- Oui, je vais même demander à changer de tuteur, d'ailleurs j'aimerais aller voir Gisou pour lui demander d'être ma tutrice.

Je regarde vers le balcon mais les volets sont à moitié descendus.

- Bon sinon, blague à part, tu veux quoi ? Dix francs pour la bouteille ?

- Ah t’as compris mon allusion ?

Je prends son nouveau stylo, il est blanc cassé et l’attache est en or comme la plume, est le nom de la marque : “Mont Blanc”.

- Oui j'ai voulu l'interdire, ce fut un tel tollé que j'ai laissé couler, heureusement toi, tu n'auras pas dix-huit ans ici.

Je repose son stylo en souriant puis je vais m’asseoir sur une des chaises.

- Ils me l'ont offert pour mes seize ans justement pour ça. Sinon ton stylo il écrit super bien.

Je ne crois pas qu’il ait entendu la fin de ma phrase, je le vois se décomposer. Il se lève et vient devant moi, l’air sévère.

- Tu te fous de moi, là ?

Il m’amuse.

- Non, non, ce fut étrange mais agréable.

- Raconte.

Je prends un air outré.

- Heu non.

- Robert je ne rigole pas. Il me tient par les bras et me secoue. Tu es allé…

J’explique avec les gestes qu’il faut.

- Oui, oui, même qu'elle était... blonde, la trentaine avec de gros seins.

Faut pas déconner tout de même, j’allais pas lui dire qu’elle était rousse.

- Oh putain !

Bingo !

- Oui, c'est le cas de le dire.

Je crois que le pauvre, je l’ai séché car il s’assied sur l’autre chaise à côté de moi, pensif.

- Lorient le sais ?

Qu’est-ce qu’il me fait l’autre, bien sûr !

- Bah oui, le soir, il est venu faire le débriefing avec nous comme à chaque fois.

Il est debout aussi sec.

- Je vais le tuer !

Cette fois c’est moi qui le tient par les bras, debout entre la porte et lui.

- Non, arrête ! Il n'y est pour rien et il est le plus sympa des capots. D'une main dans ma nuque, il m'attire contre lui.

- Bon, ce qui est fait, est fait mais jamais, jamais un mot à personne ! Compris ? Surtout pas à ta mère.

- Bah oui.

Il est malade lui ? Il me voit raconter ça à Gisou ? Oui, oui, j’ai fini par assimiler que “ma mère” avec eux c’est Gisou.

Il me repousse et va derrière son bureau reprendre sa place et rôle de colon… et son air sérieux.

- Bon, sinon, tu veux quoi ?

- Bin… voir Gisou, j'ai un truc à lui demander.

Plus de colon, revoilà Richard.

- Demande-moi le.

Je secoue la tête.

- Non, c'est Gisou que je veux voir.

Il fronce les sourcils puis hausse les épaules et décroche son téléphone.

- Gisèle, mon amour, j'ai un sale gosse qui refuse de me parler et ne veut parler qu'à toi... Tu me raconteras ? Comment ça, non ? Il raccroche. Vas-y, elle va t'ouvrir, il est midi, je passe au mess et je t'excuse, tu manges avec nous. File !

Je ne me le fais pas dire deux fois.

- Au-revoir Madame Dionis.

Elle ne lève même pas la tête de son petit miroir.

- Au-revoir jeune homme.





Elle m'attend en bas, derrière la porte, dans le noir. A peine la porte refermée sur moi, elle me prend le visage entre ses mains.

- Qu'est-ce qu'il y a mon lapin ? Des mains ont lâché mon visage pour mes bras et elle me détaille de la tête aux pieds inquiète. Tu es malade ? Tu as un problème ? Allez viens, monte, tu vas me raconter avant que Richard arrive. Elle se suspend presque à mon bras pour monter, j'ai l'impression de la hisser.

- Rien, c'est pas grave mais j'arrive plus à dormir ces derniers temps c'est ch... épuisant.

Hola Gisou calmos, faut pas s’affoler, il n’y a pas mort d’homme !

Encore une fois, elle me fait face, sur le palier du second.

- Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

- J'ai juste peur, j'angoisse pour Salon. J'y pense H24 et du coup, bin, j'en dors plus. 

Elle s’arrête au milieu des marches. Ouf elle a l’air moins affolée. Maintenant on dirait qu’elle regarde un extra-terrestre…

- Pourtant dimanche, tu avais l'air bien.

Allez encore un petit effort, plus que quelques marches.

- Ouais si on veut, dimanche, je ... Au souvenir de dimanche, je fais la grimace, pourrait-on parler d’autre chose ? C'était la fête des mères, voilà ! En tout cas, je ne veux pas en parler à Richard, il va se moquer de moi. Et toi, tu ne lui dis rien, pitié !

Je joins les mains avec des yeux de cocker à la messe.

- Promis ! Mais tu sais, tu pourrais lui en parler, il ne se moquera pas de toi, j'en suis sûre. Lui aussi est allé à Salon et lui, n'avait pas fait une école militaire avant, c'était plutôt le petit garçon que sa maman gardait dans du coton.

D’une main, il empêche la porte de se fermer.

- Qui était gardé dans du coton ?

- Toi mon amour.

Il ne semble pas tout à fait d’accord.

- Moi ? Tu rigoles ou quoi ? J'ai été élevé à coup de triques. Il se tait et me regarde rire avec Gisou. Désolé bonhomme.

- Non, c'était drôle surtout quand on connaît Mammema et Papapa.

Je mime une poule, les mains sous mes aisselles, mes bras formant des ailes. Gisou sourit. Lui me fusille des yeux mais ne reste pas sérieux plus de trente secondes. 

- Maman, mère poule, oui un peu, même si mes jambes ont goûté du martinet. Mais Papa, des fois, je me demande comment on a survécu avec mon frère.  Il se déchausse et me montre mes pieds. Je refais la poule tout en lui obéissant. Et toi, je vais te plumer si tu continues ! Sinon ma femme, on mange quoi ? Si on faisait cuire ce gallinacé à la broche ?

Elle lui pince les poignées d’amour à travers sa chemisette.

- A prendre, c'est toi que je mettrais à la broche, tu es plus gras donc plus goûteux, lui, il n'a que les os sur la peau, regarde.

Elle me pince juste sous les côtes à gauche puis à droite, la cuisse, le cou, je me tortille en riant tout en reculant. Richard se rapproche en faisant la pince de ses doigts.

- Je peux aussi ?

Je fuis dans la cuisine.

- Nooooon ! Ils sont à deux sur moi et je finis presque à genoux. Pitié stop !

Ils arrêtent, Gisou m'embrasse sur la joue. 

Richard met la table, je veux l'aider, il me force à m'asseoir puis s'assied à côté de moi.

Gisou pose un gratin devant nous et de la salade.

- Les hommes, j'avais prévu pour deux, vous vous rabattrez sur le fromage.

Je les regarde, je les écoute.

En fait, ils n’ont pas besoin de se parler. Elle nous sert, lui coupe du pain pour elle puis pour lui. Il la complimente pour chacun des plats, elle minaude, on dirait presque une ado, je la verrais bien rougir.

Je suis bien avec eux deux, je n'ai pas envie de retourner à l'école, je n'ai pas envie d'aller à Salon ou n'importe où ailleurs, j'ai juste envie de rester là, avec eux.

Elle croise mon regard et le sien se teinte d'inquiétude.

- Tu ne manges pas ? Tu n’as pas faim ? Tu n’aimes pas.

Je sors gêné de ma rêverie.

- Si si c’est très bon.

Et je me dépêche d’engloutir ma tomate et de me saisir du plat à gratin pour l’attaquer directement.

- Hé, carrément !

- Richard, je t’en ai servi plus qu’il ne lui en reste.

- Oui peut-être mais c’est mon privilège de racler le plat !

Elle se lève l’air amusée pour aller ouvrir le frigo. Lui avec sa fourchette fait mine de taper dans le plat. Je change de chaise, je fais glisser le plat d’une place à l’autre, un bras levé devant en protection. Il passe, à ma suite, de chaise en chaise. Gisou soupire et revient s’asseoir à table, cette fois entre nous deux et pose la grosse boîte à fromage au milieu de la table. Puis se penchant au-dessus de moi, se saisit de son verre, de son assiette et de ses couverts qu’elle pose devant elle. Mais d’un coup saisissant sa fourchette, elle pique une rondelle de courgette dans le plat et la déguste.

- Hum Richard, tu as raison, elles ont bien meilleur goût comme ça.

Je glisse le plat devant elle.

- T’en veux encore ?

Et… je ne comprends pas son air surpris.

- Non poussin, mange.



Après le repas, Richard repart de suite, moi j’aide Gisou puis je vais m'allonger sur le canapé en attendant de retourner en cours.




C’est la voix de Miss ronchon qui me réveille.

- Hé lui, il fait quoi sur le canapé ?

J’entends Gisou intimer à Véro de se taire

- Chut Véronique, fait moins de bruit, il dort.

- Non, il dormait. Je regarde ma montre. Oh non Gisou, vous ne m'avez pas réveillé, j'ai loupé des cours moi.

Je me lève énervé, j'ai honte de m'être endormi.

- Calme-toi, Richard a donné une excuse pour l'après-midi, tu manges encore ici ce soir puis tu retourneras te coucher dans ta chambre à moins que tu veuilles dormir ici. Tu avais besoin de dormir c'est tout, la, calme-toi.

Je les suis jusque dans la cuisine ou les trois petites sont déjà attablées devant un bol de chocolat.

- Non, mais moi je veux retourner en cours.

Isabelle me tend un bol, surprise.

- Il est dix-sept heures trente, t'as encore cours toi ?

- Oui jusqu'à dix-huit heures et après je vais en sport, le mardi, j'ai athlé, jusqu'à dix-neuf heures, on mange puis on bosse ou on s'amuse jusqu'à vingt-deux heures et extinction des feux.

- Hé Maman, eux ils se couchent à à vingt-deux heures alors que nous… et par-dessus le marché moi, j'ai deux ans de plus que lui, c'est à vingt heures trente ?

- Et bien, toi, tu as ton compte de sommeil et pas lui, surtout que toi, je te réveille à sept heures et lui à six heures.

Ouais et je trouve ça pas top.

- Non, cinq heures trente depuis notre nouveau prof de gym, même le dimanche. N'empêche que le dimanche, ils pourraient nous réveiller à sept heures.

J’ai l’air de rendre Yvy rêveuse.

- Quelle chance de pouvoir s'amuser jusqu'à vingt-deux heures.

- S'amuser, si on a fait tous nos devoirs. Mais souvent on se réunit pour s'interroger les uns les autres.

Véro d’un coup interroge sa mère.

- Mais Maman, ça n’explique pas pourquoi il est encore là ?

C’est moi qui lui répond, en essayant de rester sérieux.

- Parce dorénavant je vais habiter avec vous.

Là, je ne peux que rire de sa réaction immédiate.

- Quoi ? Maman c'est ...  Hélas, j’suis pas Richard. Moi c’est plutôt, sérieux s’abstenir…  Ouf ! J'ai eu peur.

- Bon et si au lieu de vous disputer vous goûtiez ? Pour pouvoir ensuite vous mettre aux devoirs justement. Et toi, tu fais ce que tu veux, tu m'aides à préparer le repas et on parle ou tu vas à l'athlétisme.

 

Les grandes sont chacune sur leur bureau, Fanfan sur la table de la cuisine et Coco dans mes bras. Gisou ferme la porte. Elle me tend un économe.

- Tiens , épluche-moi ces patates. Alors qu'est-ce qui t'inquiète ?...






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4 décembre 2010

Robert dimanche 5 juin 1977 fête des mères

  Robert dimanche 5 juin 1977 fête des mères

 

- Non, ce n'est pas l'heure de se lever, j'ai juste une lettre à livrer.

Appuyé sur un coude, Marion me regarde en clignant ses yeux de myope.

- Arrête tes conneries. Ce serait con de te faire virer à moins d'un mois de la fin.

- Pour ça que tu restes ici, compris ?

- Ouais., mais...

- Pas de mais ! Ordre de ton major.

Il s'est assis.

- M'en cogne de tes ordres.

- Par contre si je te cogne, tu en tiendras compte ?

Il soupire et se rallonge.

- Si dans cinq minutes t'es pas de retour, je vais réveiller Claude.

- Tu fais chier, occupe-toi de ton cul, franchement.

J’ai droit à un grand sourire. Il me répond quelque chose que je ne comprends pas, suis déjà hors de la chambre.



La lune aussi fait chier. Éventuellement qu'il y ait des nuages m'aurait arrangé. En plus les graviers crissent sous mes pieds pourtant j'essaie d'être le plus léger possible.

Et merde ! Maintenant c'est la porte de la cave qui aurait besoin d'être huilée. Et plus, je vais lentement, plus elle fait de bruit. Du coup, je l'ouvre en grand rapidement puis la referme de la même manière. Ensuite, j'attends un peu pour voir si quelqu'un bouge.

Au troisième, je pose l'oreille contre la porte. 

Pas un bruit. 

Je sors l'enveloppe que j'avais glissée contre mon ventre dans mon boxer. Je vais pour la glisser sous la porte mais avant par acquis de conscience, je la porte à mon nez. Non c'est bon elle ne sent que l'odeur de mon déodorant.

Je la glisse sous la porte en lui impulsant un petit coup qui va, je pense, l'envoyer se mettre au milieu du couloir. Je croise juste les doigts qu'elle n'aille pas se perdre au milieu du salon. Il faut impérativement que ce soit Gisou qui la trouve en se levant et que… elle.



Dans son lit, Marion ronfle et cela m'amuse.

Couché sur le dos, j'imagine mille scénarios.

Bon je finis sur certains que je n'avouerais pas… même sous la torture mais sur lesquels je m'endors avec le sourire.



- Spé, aucun absent !

Devant moi, Richard n'a même pas un regard pour moi.

Je ne sais pas quoi en penser.

Lorsque Caprais distribue les corvées, je m'attends au pire mais non je suis en cuisine avec Firmin.




- Non ! non !

Les deux mains tendues devant moi, je tente désespérément d'éviter de me prendre du spray de produit nettoyant dans la figure. Jules lui s'amuse comme un petit fou mais en attendant, en dehors de moi, rien n'est nettoyé.

- Hum hum !

Jules s'arrête brusquement et se remet à frotter la hotte. Je me retourne sur un Richard mi-figue mi-raisin. Il est en civil. Il vient jusqu'à moi qui me suis remis à essuyer la vaisselle et la ranger.

Il m'enlève le tablier et le grand torchon des mains et les pose sur la tête de Jules qui soupire, les enlève et les pose sur une chaise.



Nous n'échangeons pas un mot jusqu'à l'appartement.

J'enlève silencieusement et lentement, très lentement, mes chaussures.

Au fond du salon, sur la desserte, ma bouteille, toujours pas totalement déshabillée de son papier cadeau doré. Seulement la bougie. Il a compris le clin d’œil.

Il ne m'a pas attendu et entre dans la cuisine. J'entends sa chaise glisser sur le sol sur ses patins de feutre.

Gisou sort de la cuisine et referme la porte derrière elle.

J'entends des bruits de chaises puis à nouveau le silence.

Je n'ai pas bougé et je ne n’ose pas la regarder.

Elle vient jusqu'à moi. Dans la poche de son tablier dépasse un coin d'enveloppe bleue.

Je ne sais que faire ou que dire.

Je n'ai pas posé mon calot sur mes chaussures comme je le fais d'habitude. Au moins, j'ai les mains occupées.

Elle sent bon. Pourquoi ai-je dit qu'elle puait ?

Son odeur est différente de celle de Véro, plus forte et en même temps plus fleurie. Souvent celle de Véro est… acidulée.

J'ai le ventre noué, une douleur qui monte du bas-ventre vers la gorge.

Elle m'attire vers elle en me tenant par le col de ma chemisette.

- Quelle est cette odeur, tu sors d'où ?

Je fixe mes pieds.

- De la cuisine du mess.

Elle me repousse et sa voix est chargée de reproches. Je vois ses pieds s’éloigner.

- Et bien, tu sens la graisse et le produit nettoyant. Tu mériterais un bon bain. Allez hop, après tu viendras manger.

Je ne bouge pas.

- J'ai déjà mangé.

Elle revient sur ses pas.

- Au moins le dessert, ce sont les filles qui l'ont préparé.

Elle m'enlève mon calot des mains et le pose sur leur téléphone.

Je hoche la tête et la laisse m’emmener d’une main dans le dos, qui me brûle à travers le tissu de ma chemisette, vers la salle de bain, dont elle ferme la porte derrière nous.

Elle sort une serviette du meuble et la pose sur la chaise puis descend le tapis de bain du rebord de la baignoire et le pose au sol. Elle ouvre le robinet d'eau chaude et d'eau froide et règle la température.

Elle retourne vers moi. J’évite de croiser son regard.

- Tu attends quoi ?

Je ne dis rien.

Mon cœur bat la chamade et mon cerveau semble comme noyé. J’ai la nausée.

J'ai dit dans ma lettre que j'étais d'accord pour une mise à nu. Il ne me reste plus qu'à m'exécuter.

Par quoi commencer ?

Je ferme les yeux, je commence à ouvrir les boutons de ma chemisette, ouvre ma ceinture…

Je l’entends fermer le robinet puis ses mains saisissent les miennes.

- Stop ! Te voir nu ne m'intéresse pas, espèce de fadat. Rhabille-toi et rejoins-nous après t'être lavé les mains. Elle m'embrasse sur la joue. Puis prend mon menton entre son pouce et son index et m'oblige à la regarder. Tu serais allé jusqu'au bout ?

- Oui. Bizarrement je n'ai plus honte. Pourtant je suis toujours chemise et pantalon ouverts devant elle. De toute façon, je pense que tu as déjà vu, plusieurs fois, mon corps dans son intégrité.

Elle sourit, me caresse la joue et sort.

Je regarde la porte fermée puis la baignoire et finis de me déshabiller et me glisse dans l’eau chaude.



Lorsque j'arrive, elle sourit.

- Tu t'es douché ?

- Oui tu m'as dit que je puais, mais bon mes fringues, elles, je n'ai pas pu les changer donc je dois toujours autant sentir le graillon.

 

Ce sont les grandes qui ont préparé le repas.

Le gâteau est sublime.

Leurs cadeaux aussi.

 

A vingt et une heures trente Richard me raccompagne jusqu'en bas de mes escaliers.

- Tiens, peut-être qu'avec celui-là, tu feras moins de tâches d'encre. Bonne nuit… mon garçon.

Je le regarde partir avec au creux de ma main gauche, son gros stylo encre noir.




4 décembre 2010

Gisou dimanche 5 juin 1977 fête des mères

  Gisou  dimanche 5 juin 1977 fête des mères





Gisou se tourne et se retourne depuis un moment, il est trois heures, trop tôt pour se lever.

Elle se dresse sur un coude et regarde son homme dormir sur le ventre.

Doucement, l'effleurant d'un doigt léger, elle suit la ligne de sa colonne vertébrale. Il frissonne et change légèrement de position en soupirant.

Elle a fortement envie de le réveiller mais y renonce, s'en voulant même un peu.

Elle se lève silencieusement, un verre de lait chaud l'aidera peut-être à se rendormir.

Avant, elle passe dans les chambres de ses filles, remonte une couverture, soulève une mèche de cheveux. Ramasse le journal de Véronique et le glisse à sa place sous le traversin de sa seconde.

S'amuse de voir que sa dernière dort toujours comme un nouveau-né, sur le ventre, les jambes repliées sous son ventre.

Cela doit être si inconfortable pense-elle.

Les volets du salon n'ont pas été fermés, son regard se porte vers les fenêtres des chambres sous les toits du bâtiment des dortoirs.

Elle a un petit pincement au cœur en pensant à l'ado qui dort de l’autre côté de la cour.

Tous les matins, elle assiste au lever des couleurs uniquement pour pouvoir l'apercevoir. A l'heure des récréations, elle entre-ouvre la fenêtre dans l'espoir d'arriver à percevoir sa voix ou son rire au milieu du brouhaha des voix de tous les autres élèves.

Elle soupire et essuie discrètement sa joue.

Son pied nu, devant le canapé effleure quelque chose de léger. Elle se penche et ramasse l'enveloppe bleue à moitié cachée sous le canapé. Richard a dû donner quelques-unes de ses enveloppes à une des filles et l'une d'elles s'est égarée. J'irai la poser sur son bureau quand je retournerai me coucher.



Le lait en tombant dans la petite casserole déjà chaude émet un pschitt mécontent. Elle arrête le gaz, range le lait au frigo, verse le liquide sur la cuillère de miel au fond du bol puis s'assied à la table pour mélanger et lentement boire le liquide tiède.

Son regard se pose sur l'enveloppe qui est fermée. Elle la saisit et la retourne.

- Oh !

Sur l'autre côté, elle peut lire : Mutti.

Vite, elle va se saisir d'un couteau pointu et ouvre cette missive qui fait battre son cœur.



Ode à ma flamme



J'ai perdu mon phare

J'ai perdu ma lumière

J'ai perdu mes amarre

En asséchant la rivière

Où mon coeur, jour après jour cultivait une fleur

Dont le parfum savait calmé toutes mes peurs.

Une sublime rose rouge au doux coeurs verts

Me tenant prisonnier de son parfum capiteux.

Cage oh combien des plus douce

Seulement fermé par sa chevelure rousse

Dont j'ai jalouser à un homme l'horizon

Comme je l'avoue ses galons.

Même si mes projets ultérieur

Étaient plus chargés de douces blondeurs

Ainsi que d'ailes et d'étoiles argentés.

Je marchais dans la vie, le regard fixé sur l'avenir.

Soutenu comme un enfant par un tendre sourire

Mais mon incommensurable bêtise d'enfant roi

Et venu à bout de la foi que cette lumière avait en moi

Et depuis tel un aveugle, j'avance dans le noir

Uniquement torturé par mon terrible désespoir.

Alors dans une naïve ferveur, je joins les mains

Priant de tout mon âme, pour que enfin demain

Quel qu'en soit le prix qu'il me faudra payer

Pour pouvoir a nouveau aimer ce qui m'a appartenu

J'accepterais pour cela, devant elle, de me mettre à nu.



Un enfant perdu dans une nuit sans arôme.



Plusieurs fois, elle la relit, elle ne peut retenir ses larmes. Elle s'en veut, lui du haut de ses seize ans a su faire ce qu'elle ne se sentait pas capable de faire :  demander pardon à l'autre.

- Qu'est-ce qu'il y a ? qu'est-ce qui se passe ?

Pourquoi pleures-tu ?

L'homme pose un genoux au sol et essuie de sa main la joue qu'il embrasse ensuite.

Il ramasse l'enveloppe et fronce les sourcils.

Sa femme lui tend la feuille calligraphiée.

Il se redresse.

- Je l'ai trouvée dans le salon et je suis sûre qu'elle n'y était pas hier soir. Tiens, lis. Elle passe ses bras autour de son corps, elle enfouit son visage au creux du ventre de son homme, embrassant son nombril.

- Hum, la fin est comment dire... Mais comment est-elle arrivée là ? Une des filles ?

- Non. Je pense qu'il l'a fait glisser sous la porte. Mais à quelques centimètres près, je ne la voyais pas. Il a eu de la chance.

- Oui mais cela veut aussi dire qu'il est venu cette nuit et que donc je vais devoir le punir.

- Richard !

- Gisèle, j'y suis obligé.

- Pas demain alors.

- Bon d'accord alors j'attendrai lundi. Mais les tâches qu'il a effacées font vraiment sale.

- Je l'avais remarqué lors des vacances, son stylo coule, il passait son temps à le démonter pour le nettoyer. Je voulais lui en acheter un autre mais avec tous ces événements, j'ai oublié. J'en achèterai un et tu lui donneras.

- Oui nous verrons. En attendant, viens, allons nous recoucher.

Il pose dans l'évier le bol à côté de la petite casserole, puis entraîne avec lui sa femme hors de la pièce. Elle a replié et rangé la lettre dans son enveloppe.

Lorsqu'elle s'assied à sa place sur son lit, elle la glisse sous son oreiller. Elle s'allonge et se tourne vers son mari qui, couché sur le dos, les mains sous la tête, regarde le plafond.

Elle caresse sa poitrine.

- Tu te rappelles quand on s'écrivait ? Tu étais à Salon et moi sur Albi. Ce temps épistolaire me manque un peu.

- Bon bin, je vais demander à être muté à Djibouti et on pourra recommencer.

Elle lui donne une tape sur le ventre puis se laisse tomber elle aussi sur le dos.

- Oh tu es méchant.

- Moi ?

Et il se met à rire…













3 décembre 2010

Robert vendredi 3 juin 1977 chevallissime suite

Robert vendredi 3 juin 1977 chevallissime suite




Deux heures de sommeil, pour moi, ce n'est pas suffisant.

Et quand je dis deux heures, je suis large car une heure serait plus juste parce que, énervé,  je n’arrivais pas à m’endormir.

 

C'est Marion qui retrouve le stylo… en marchant dessus.

La plume est tordue mais il écrit et... il coule.

Je déteste Gâche. Et là, je sais que je ne suis pas le seul.



Petit déjeuner vite avalé, je fini de copier avant d'aller en cours.

Je demande à Jussieu de me pincer s'il me voit piquer du nez. Il ne s'en prive pas.

 

A midi, je me rappelle que je devais faire trois tours de cours. Je prends le risque de miser sur un oubli aussi de Gâche. Le soir, c'est lui qui passe éteindre.

- Weissenbacher, demain six tours !

Il n'avait pas oublié.

2 décembre 2010

Robert jeudi 2 juin 1977 chevallissime

Robert jeudi 2 juin 1977 chevallissime



Je lève une main bleue.

Le prof prend un air désespéré.

- Allez-y !



Aux sanitaires, le fond du grand lavabo se teinte de bleu tout comme l'olive de savon orange fixée au mur et à l’origine d’une belle couleur orange.

Le stylo démonté est propre, mes mains, elles, ont l'air d'appartenir à un des habitants du Sahara.

Tant pis !

L'avantage de notre pantalon d'uniforme c'est que les tâches d'encre ne se voient pas.

Retour en classe. Remise d'une cartouche.

Heureusement que j'ai encore des buvards même si ceux-ci sont maintenant plus bleus que blancs.

Je copie le cours sur Jussieu.

- Weis au tableau ! Et bien mon petit, Madame Calliop ne va pas apprécier votre chemisette.

Et flûte, il n'y a pas que le pantalon qui a pris. Je suis au bout de ma vie.

L'important c'est que mon fuck de stylo encre accepte de tenir jusqu'à la fin de l'année car je n'ai pas de remplaçant et je ne veux plus rien avoir à demander à Richard.



Au cours suivant, je me prends un avertissement pour bavardage car je demande autour de moi qui peut me prêter un stylo.

Personne… bien sûr !

Plus des exos supplémentaires car j'écris au crayon gris. Bin oui j’suis un bras cassé mais je n’en ai pas…

Je déteste ma vie.



A treize heures, je vais en cours la mort dans l'âme, on a un devoir sur table et je n'ai plus de stylo.

Je lève la main.

- Bonjour Monsieur. J'ai un petit souci.

Le prof semble surpris.

- Vous ? A quel sujet ?

- Puis-je faire mon devoir au crayon gris, mon stylo plume étant à Luynes.

Je le vois sourire.

- Ce n'est que ça ? Je vous prête un bic le temps du devoir mon garçon. Depuis quand est-il cassé ?

- Vers dix-heures. Ça m'a coûté aussi un pantalon, une chemisette et mes mains.

Cette fois, j'ai réussi à le faire rire.

 

Le prof ouvre le triptyque du tableau noir, au boulot !

Bachelet me tape sur l'épaule et me passe un stylo plume que je reconnais, c'est celui de Marion. Ce dernier de sa place me montre celui avec le cheval qu'il a enfin trouvé.

Je suis content, il a l'air de lui plaire et moi j'ai un nouveau stylo encre.

A dix-heures, je rends mon devoir, écrit au bic car le stylo de Marion a refusé d'écrire, je dois être maudit !







Dix-huit heures, nous rangeons notre salle avec Garrot, mon binôme aussi dans les corvées. Éponge puis chiffon sur le bureau et la chaise que je remonte sur le bureau.

Au lieu de m’aider, Marion s’assied sur le bureau suivant.

- T'sais quoi ? Ton stylo il est fabuleux, je vais le garder toute ma vie.

Je souffle et le pousse. Grand bien lui fasse. Moi j’ai hâte de sortir d’ici.

- Tu sais quoi toi aussi ? Celui que tu m'as passé, lui il est bon pour la poubelle comme le mien et maintenant aide-moi, et bouge !

- Non ? Mais il est neuf. Il fouille dans mon sac, ma trousse, récupère le stylo et le dévisse. Enlève la cartouche que j'avais mis dedans, va à son bureau, prends une cartouche dans sa trousse et... ta dam... le stylo écrit ! Rhâ la la la l'est pas douée ma p'tite femme.

Sa petite femme a une envie furieuse de le lui planter dans l’œil son putain de stylo mais je n'ai pas le temps. J'ai encore mes devoirs, mes leçons écrites au crayon gris à recopier, plus mes punitions.

Après le repas du soir, je fous Marion hors de la chambre et ferme la porte.

A vingt deux heures, j'ai finis devoirs et punitions mais je n'ai pas tout recopié. Marion est déjà couché quand Lorient passe éteindre les lumières.

- Pitié, j'ai pas fini !

- Non, non, tu ranges dans le noir.

 

Je ferme mes cahiers avec le stylo dedans et les pose dans mon lit sous les draps. Vite déshabillé, je les y suis. Assis les jambes allongés, les pieds se rejoignant tenant la lampe de poche, je me recouvre de la couette et me remets à écrire.

Pfff j'ai presque fini, plus qu'une dizaine de lignes.

La couette vole, stylo, cahiers et moi…. aussi.

- Tu n'as pas sommeil ? Grand bien te fasse, suis-moi !

Derrière Gâche... Lorient et sa mine de chien battu. Je les suis et descends avec eux dans la cour. Vas te mettre devant le mât des couleurs. Garde à vous ! Lorient, vous prenez le premier quart. Je viendrai vous remplacer à trois heures.

Il fait noir, une nuit sans lune. Heureusement il ne fait pas froid. Lorient reste d'abord  debout devant moi puis se met à faire les cent pas. Gâche l'a puni comme moi. Il n'est pas venu vérifier si j'étais bien couché.

A trois heures, Lorient s’en va, remplacé par le capitaine.

Gâche arrive avec une chaise, il s'y installe à califourchon à trois mètres devant moi. Je ne vois que le bout incandescent de sa cigarette.

J'ai mal aux pieds, aux jambes, au dos et même au bras. Pourquoi aux bras ? Je ne sais pas, peut-être veulent-ils être solidaires avec les jambes...

De temps en temps, il s'amuse à m'éclairer avec la puissante lampe torche qu'il utilise la nuit pour faire ses tours de garde.

J'ai sommeil.

J'ai envie de pisser presque depuis le début.

- Mon capitaine?

- Je ne t'ai pas autorisé à parler, tu feras trois tours après le petit déjeuner.

Je n'ai rien à répliquer, c'est injuste mais c'est le règlement.

J'ai sommeil mais mon cerveau calcule pour moi : je vais tourner donc arriver en retard donc exos supplémentaires. J'ai pas fini ma copie donc exos supplémentaire.

Je vais, il y a de fortes chances, m'endormir en classe, ce sera alors soit exos supplémentaires, soit le bureau de Gâche ou de Richard. A choisir, je préférerais Gâche.

- Bon le petit con, vas pisser puis te coucher.

 

Dans la chambre, je ramasse vite fait la couette et les cahiers, le stylo, lui, est introuvable.

Pourvu qu'il ne soit pas cassé !













1 décembre 2010

Robert lundi 30 Mai 1977 anniversaire

   Robert lundi 30 Mai 1977  anniversaire 



Se lever.

Ouvrir les rideaux occultants et voir qu'il pleut. C'est le pire truc au monde.

Cela veut dire faire le lever au drapeau sous la pluie avec cette cape ridicule puis se la trimballer toute la journée dès qu'on doit sortir.

Évidemment, la strasse ou les rats n’ont pas de cape. Mais eux pourront enlever leur blouson et le faire sécher devant un radiateur… explication donnée par notre cher colon. Gna, gna, gna.

Déjà cette nuit, j'ai mal dormi et je suis de mauvais poil d'ailleurs Marion même pas levé en a fait les frais. C'est simple, ce matin tout me tape sur le système.

- Putain, pourquoi j'ai tes pompes devant mon lit ? 

Je le vois lentement se lever sur un coude les yeux mi-clos.

- Parce que mon lit est à côté du tien. Le coup de pied dans les pompes,  les envoie valser contre son armoire. Oh la, on se calme !




Je passe dans le rang, vous ai dit que j’étais de mauvaise humeur ce matin ? Ah oui. Et bien mes camarades de classe, en font les frais malheureusement pour eux. D'habitude je suis tatillon, mais là, c’est encore pire.

- Ton calot ! T'as vu tes lacets et tes pompes sont dégueulasses.

- Il pleut.

- Et alors ça t'empêche de les cirer ?

Yann se permet une remarque.

- Sully ne répond rien sinon le roquet va te mordre.

Le roquet se retourne sur Morvan mais Xavier me siffle doucement. 

Je reprends ma place car Richard remonte les rangs. J'ai droit à un regard noir et mon calot vole. Derrière moi, j'ai droit à des rires étouffés. Oui, bon, j'avais pas la capuche de ma cape. Maintenant, c'est malin, mon calot est trempé et boueux. Je le déteste !

Gâche me montre sa main ouverte de dos. Cinq tours ? Sous la pluie ? Fait ch... ! Derrière moi ça rigole encore.

- Spé, aucun absent !

Pour l'instant du moins, car si ça continue comme ça, je vais en envoyer un ou deux à l'infirmerie.

Au mess, je vire Autret pour m'asseoir à sa place, à lui le plaisir du service, il n'avait qu'à pas rigoler.

- T'as quoi ce matin ?

- Je sais pas. L'impression d'être à l'étroit dans ma peau.

- Tu aurais dû te branler ce matin, ça t'aurait fait du bien.

Je regarde Bachelet par en dessous.

- Qui te dit que je ne l'ai pas fait ?

Andréani ricane.

- Il n'a pas dû arriver à finir.

Je fusille Andréani du regard car toute la table se marre.

- Très drôle, les obsédés.

Ma réponse provoque une nouvelle salve d'hilarité qui s'arrête net d'un coup. Le colon debout se dresse en bout de table.

- Peut-on partager votre bruyante bonne humeur ? Nous sommes tous debout dans l'instant, nos bancs glissant sur le sol en grinçant dans la salle silencieuse. Notre réaction a l'air de l'agacer. Assis ! Alors messieurs ?

Nous échangeons des regards gênés.

- Nous nous moquions de Weissenbacher qui, ce matin, n'a pas réussi à péter.

C'est bon, cette fois, je sais qui partira à l'infirmerie en premier car quel garçon ici, ne sait pas ce que cache ce verbe. J'ai envie de mourir.

- Et bien Jussieu vous continuerez votre rôle de cafard en nettoyant les sanitaires, le cinquième sur qui cela devait échoir ce matin, vous en remercie. Weissenbacher quant à vous, allez donc effectuer la punition que le capitaine vous a donnée. Un peu d'eau fraîche vous calmera les nerfs. Quant aux autres, faîtes en sorte que je ne vous entende plus.

 

Je remonte trempé me changer et remettre mon uniforme. Si j'attrape la crève, je me ferai en plus engueuler, ras le bol ! Par contre, derrière une certaine baie vitrée du rez-de-chaussée, j'ai aperçu une bouteille sur un rebord de fenêtre. Est-ce pour ça ma nuit agitée ?

 

A pendant la récré de dix heures, je m’autorise un petit tour en cuisine. Jules m’accueille avec un lancé de trognons de brocoli.

- Firmin, vous savez qu'aujourd'hui, c'est l'anniversaire du colon ?

- Ah non, tiens ! Et alors ? Pourquoi tu viens me le dire ? Tu veux que je lui fasse souffler ses bougies ?

Je sens tellement d'animosité de sa part que je fais demi-tour et m'en vais. Lui aussi n'a pas dû réussir à péter ce matin.

 

A midi, j'embarque Vivien et d'autres de différentes classes que j'arrive à convaincre dans mon idée folle.

Je ne sais pas pourquoi Mademoiselle Dionis m'a à la bonne, je passe la voir à l’intercours de onze heures.

- Ah te voilà toi. Ta bouteille l'a bien fait rire.

- Il n'avait pas l'air furieux ? En colère contre moi ?

Elle sourit en faisant la moue.

- Si, il a dit qu'il allait t'étrangler un jour mais ça, ce n'est que du très habituel. Tu veux le voir ?

- Non, c'est vous, que je veux voir. J'ai encore un service à vous demander.

Son sourire s’agrandit.

- Je vais finir par me faire payer.

- Si vous voulez.

Là, ce n’est plus un sourire, c’est… je ne sais pas expliquer, elle me regarde bizarrement, qu’est-ce que j’aimerais être télépathe car suis vraiment pas doué pour décrypter les émotions sur le visage des gens.

- Oh ! et comment comptes-tu me payer ?

- Je ne sais pas, proposez, je verrai si j'ai les moyens. Comme elle ne dit rien, se contentant de me regarder en souriant, je me dis que je n'ai pas du comprendre qu'elle blaguait. Pourriez-vous le retenir un peu à midi, le temps qu'on soit tous assis au mess. Puis trouver une excuse pour qu'il passe au mess.

Depuis tout à l’heure je me passionne pour mes pompes qui auraient besoin d’un coup de cirage et ça me stresse.

- D'accord, je vais essayer mais je ne te promets rien.

- Merci !

La sonnerie de fin de récré retentit, je m'éloigne.

- Hep et mon paiement ? Je m'arrête et la regarde sans comprendre. Un bisou, là !

Oh ! En courant je fais demi-tour et lui en colle deux bien sonores puis repart aussi vite.



Je croise les doigts pour qu'elle y arrive.

 

Nous sommes tous rentrés et assis. On a commencé à se servir lorsqu'il arrive. Nous nous levons tous. Je me penche et mettant deux doigts en bouche, je vrille les tympans de tous et d'une seule voix, nous gueulons " Bon anniversaire". Puis nous nous asseyons. Je ne veux pas le regarder car il sait bien d'où ça vient, puisque je suis le seul à le savoir. Le garçon à côté de moi, me donne un coup de coude.

- Bob regarde Firmin.

Je me tourne vers la cuisine d'où je vois venir le cuistot avec un tout petit gâteau avec une bougie allumée. Lorsqu'il passe à côté de moi, il me saisit par le col et me force à me lever et me colle l'assiette dans les mains et me pousse devant lui.

Gâche et Richard semblent bien amusés et me regardent avancer.

- Et bien, cela fait quelques années que je suis ici et jamais je n'ai eu droit à ça. Merci Capitaine.

Non, ce n'est pas vrai, il a osé ? J'ai comme une envie de lui coller le gâteau sur la tronche. Je croise le regard de Richard qui semble surpris d'un coup. Je pose l'assiette sur la table des profs puis je retourne à ma place. Richard lui descend dans la salle et passe de table en table.

On a fini les hors-d'œuvre, lorsqu'il s’approche de notre table, je saisis le plat vide et me lève pour le ramener à la cuisine et rapporter la suite mais j’attends qu'il ait quitté notre table pour revenir.

J'en ai ras le bol, je ne veux plus avoir à faire à lui.




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