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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

25 janvier 2011

Robert dimanche 4 Décembre 1977 séjour acculturation en milieu froid

Robert dimanche 4 Décembre 1977 séjour acculturation en milieu froid

 

Chargés comme des baudets, sac à dos et deux sacs kakis go pour les sommets.

Le changement de température nous colle une claque. Le Mistral à côté c’est du pipi de chat.

 

En tout cas c’est cool d’avoir une mutti mère poule. Et un tuteur qui accepte de donner de bons conseils.

En fait, j’obtiens tout ça en plaignant Momo qui a toujours froid la pauvre. Insister lourdement mais alors très lourdement sur le fait que je la plains etc etc. Gisou est la première à craquer et à travailler Richard qui un soir me dit énervé : « Bon faut qu’on cause ! »

Mais bien sûr, cela pas empêcher Momo de se plaindre du froid tout le temps. Une vraie gonzesse !

 

 

La majorité n’avait jamais chaussé de ski, mais au bout de deux jours de ski de fond du lever au couché. Ce sport n’avait plus de secret pour nous.

Pour le ski alpin ce fut plus difficile, coquasse voir dangereux. Deux n’y survécurent pas d’une certaine façon, finissant le séjour avec des plâtres.

 

Mais la montagne ce n’est pas que du ski, c’est aussi… la montagne ce qui inclut la monter et la descendre et donc escalade, descentes en rappel.

Cet été on s’était pelé, là on s’est transformé en glaçons.

Et cette fois non seulement on a eu le plaisir de retrouver nos bonnes vieilles tentes mais en plus ils nous ont fait dormir dans des trous sous la glace avec une bougie en guise de chauffage centrale.

 

Même la bouffe restait chaude que le temps d’ouvrir la boîte.

 

Quant aux fringues, elles étaient trempées et bien sûr allez faire sécher quelque chose par moins quinze. Et en plus le vent s’est levé et on a eut droit à une sorte de tempête où on a finit tous tasser assis sur nos sacs et cette fois dans un ( enfin un inuit l’aurait sûrement mieux fait…) véritable igloo. Et comme la tempête durait on s’est juste couchés en sardines. J’ai forcé Momo à se mettre entre moi et Dédé. Même si, avec toutes nos couches de fringues, elle risquait grand-chose.

Le rigolo ce fut pour les petites et grosses commissions.

- Vous vous retenez !

Ah ah ah il est drôle l’adjudant.

Et les filles ont galéré les pauvres, elles y allaient ensemble.

Sauf une fois où Momo m’a dit : viens ! Et où j’ai du surveiller après l’avoir aidé à se creuser un trou où se planquer au fond.

Ah oui et pas de Pcul, nettoyage à la neige. Hum le bonheur. Me suis comme beaucoup, retenu trois jours.

Les derniers jours furent les plus sympas, réservés au ski de descente, où ils faisaient passer des brevets.

Et le dernier jours saucisses, merguez et marshmallows autour d’un feu de camp accompagnés de chants.

 

Mais bon le retour fut apprécié car il correspondait au départ en vacances.

Vacances que nous appelions tous de tous nos voeux.

 

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25 janvier 2011

Robert samedi 3 décembre 1977 Golf

    Robert samedi 3 décembre 1977 Golf




Le Zeff, alias Sous-Lieurenant L’Oiseau, alias mon parrain, se tient debout derrière moi.

J’entends les portes des casiers se fermer, les cadenas cliquer. Je vois mes cinq colocataires pressés de sortir de la chambre.

Je ne bouge.pas

Mon sac ouvert à mes pieds attend le reste de ce que je compte ramener à Aix. Je pense que je vais devoir le vider.

Je soupire.

Pourquoi ne dit-il rien ?

- Bon, tu attends quoi ?

Il est si proche de moi que je sens son souffle dans mon cou.

Je me retourne. Presque mon nez touche presque le sien.

Il sourit ce con, les bras croisés.

- J’ai l’honneur de vous rendre compte de ce que je ne sais pas ce que vous attendez de moi mon lieutenant.

D’abord surpris, il se met à rire.

- Fous moi tout ça dans ton placard et suis-moi.



Semblerait que je n’aille pas assez vite à son goût, il me tire en arrière, se saisit des chaussettes que j’ai en main, les jette au fond d’une étagère à sa hauteur. Enfonce mon sac à l’étage du bas et l’enfonce en s’aidant de son pied puis ferme la porte et le cadenas.

- As-tu mangé ?

- Oui mon Lieutenant.

Il lève les yeux au ciel.

- Moi, non. Tu as cinq minutes, il met en route son chrono. Pour me rejoindre au mess en tenue BUC complet.

Une bouffée de haine me fait serrer les poings.

Je le hais.

Je n’ai pas d’autre choix que de lui obéir.

Adieu Aix.

Je rouvre mon placard…







Mon couvre-chef dans la main, je me mets debout à côté de sa table.

Il lève les yeux vers moi, regarde son chrono, quatre minutes quarante deux, il l’arrête et sourit.

A la table derrière moi, des troisièmes années se mettent à rire.

- Tiens on dirait qu’il y en a un qui va servir de larbin.

- Ce n’est pas aujourd’hui le début du tournoi de golf ? L’Oiseau y participe, non ?









Debout devant la voiturette où j’ai chargé le gros sac avec les putters de mon parrain, je fixe ce dernier déjà assis sur le siège passager.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

Je pose mon couvre-chef à l’arrière puis m’assieds à mon tour.

Pas de clef.

Il se met à rire et appuie sur un gros bouton vert.

Il n’y a que deux pédales, une pour accélérer, enfin si on peut appeler ça accélérer et une pour freiner.

J’appuie sur cette dernière et le piaf à côté de moi a juste le temps de mettre les mains devant lui et, hélas, ne se mange pas le plexiglass devant lui.

- Pardon mon lieutenant.

Je dois reconnaître un truc à ce mec, il peut être le pire des cons mais il est bon joueur, il se met à rire.





Il va sans dire que je suis le seul con en uniforme,  L’Oiseau porte, lui, la traditionnelle tenue de golfeur.

Parmi les autres joueurs, des étrangers dont un écossais en kilt.

Mais aussi le Commandant de l’école dans la même tenue que mon parrain. Quand il passe à côté de moi, il s’arrête, s’appuie sur son putter et sérieux, me dévisage. Je me mets au garde à vous, mal à l’aise. Il se met à rire puis pose une main sur mon bras.

- Repos gamin, repos.

Puis je le regarde s’éloigner secoué par un rire que d’autres partagent rapidement avec lui en me regardant.

Je soupire, l’année va être longue mais longue, aussi longue que cette journée.

Je glisse mes pompes sous le radiateur de la chambre et mes chaussettes dessus. En respectant bien les plis de mon pantalon, je le pose devant sur le dossier d’une chaise.



Mon cher parrain se met à rire et je remonte mon boxer.

- Il n’est pas mouillé, lui ?

- Non, mon lieutenant.

Il s’assied à califourchon sur la chaise de Yakama et accompagne ses dires d’un geste las.

- Oh là, laisse tomber le «mon lieutenant». T’es allé becqueter ?

- Non.

Sa voix claque derrière moi.

- Non, mon lieutenant ! Cinquante pompes pour t’apprendre la politesse.

Je souffle mais j'ai déjà les mains au sol.

- Un, deux...

Il se met à rire.

- Habilles toi et viens.

Mais je continue.

- Quinze, seize, dix-sept…

Sa chaise percute le bureau de Yakama. Je suis debout dans l’instant, dos contre l’intérieur de mon armoire.

- J’t’ai dis quoi ?

- De m’habiller… mon lieutenant.

Mais il me tire par le bras pour m’éloigner de mon armoire.

- C’est quoi ce bordel ?

Je le regarde avec des envies de meurtre, vider l’étage où il a balancé mes chaussettes puis mon sac qu’il vide au sol.

Il s’écarte, me fixe puis me fait signe de venir ranger mais surtout ne s'écarte pas.

Je me glisse devant lui.

J’ai fini, je recule.

- Tu comptes venir manger dans cette tenue ?



Mais quand arrive le moment de mettre mes souliers, je réalise qu’ils sont encore trempés mais ai-je le droit de rester pieds nus ?

- Merde c’est vrai, mets-toi en kaki et affole-toi l’poussin !.



Quand je claque la porte de mon armoire, je l’entends soupirer.

- Putain, on a failli attendre !



























24 janvier 2011

Robert vendredi 25 novembre 1977 demi-ailes

Robert vendredi 25 novembre 1977 demi-ailes

 

 

Je sais ce qui manque dans nos chambre : un miroir !

Et je sais aussi ce que je vais devoir faire : aller voir ce cher fourrier pour une combi de vol à la taille au dessus.

 

- Elle ne t’est pas juste ?

- Si, mais ça passe encore. Purée que j’avais hâte de l’enfiler.

- Ouais moi aussi.

- Dédé. Le fiston. On a la classe, non ?

- Alex m’appelle pas comme ça.

- Attention vieux, il va mordre.

- Hélas je pense que ce sera ton call name1 dorénavant.

Soupir, je pense aussi. Richard m’a prévenu :  «ils vont te trouver le pire qu’il soit donc accepte.» Lui a refusé de me dire le sien, enfin les siens car il en a eu deux… je finirai bien par les apprendre.

 

 

 

Debout sur le tarmak, cheveux au vent au Mistral, nous faisons face aux officiers et sous-offs qui seront nos instructeurs de vol.

Ils sont trois, nous sommes vingt et un, même pas de quoi former une brigade.

Normal, ceux qui sont là, ce sont les poussins qui se sont engagés dans l’optique de devenir PN2 et donc pilote. Dans la majorité nous voulons tous entrer dans la DA3, bercés pour la plus part par les récits des héros de nos lectures : Guynemer, Clostermann, Biggles et surtout Tanguy et Laverdure. Deux élèves, pourtant, ont déjà choisi le transport Alex et Dédé. Je ne les comprends pas et passerai ma vie à leur reprocher ce choix.

 

 

Aujourd’hui, nous recevons nos insignes. Un macaron avec une demi-aile.

Mais d’abord pour le mériter nous devons passer en rampant sous le ventre d’un des fougas de la Paf.

Signe d’humilité par rapport à la machine.

 

J’ai hâte de retourner sur Aix et pouvoir l’exhiber fièrement.

 

 

 

 

 

1surnom

2Personnel Navigant

3Défense Aérienne

23 janvier 2011

Robert dimanche 13 Novembre 1977 trop court

Robert dimanche 13 Novembre 1977 trop court

 

 - Bon les gamins à table. Ce soir on a décidé de te ramener.

- Bin non, désolé, pas possible. J’ai rendez-vous avec un collègue.

- On peut le ramener aussi. Il est à quel heure votre train ?

- Dix-huit heures huit.

- Voilà, on a même notre heure de départ. Aller hop hop à table, j’ai faim moi !

- Toi, t’es comme Robert. T’as tout le temps faim.

Coco et Fanfan sortent de la salle de bain, en secouant leurs mains l’une vers l’autre et la grande s’arrête et regarde Yvy avec un air très docte.

- Maman elle dit que c’est parce que c’est des hommes. Mais alors je dois aussi être un homme car moi aussi j’ai tout le temps faim.

 

 

 

 

- Au-revoir monsieur et madame et merci de m’avoir ramener.

- Ce fut un plaisir.

Le sac sur le dos nous présentons notre badge au planton de garde pour pénétrer dans l’école.

- C’est un chibane ton tuteur ?

- Oui, un ancien de la Paf.

- Oh la chance.

Oui j’ai de la chance mais pas que pour ça.

 

 

22 janvier 2011

Robert Samedi 12 Novembre 1977 hummmm

Robert Samedi 12 Novembre 1977 hummmm



Le truc roux dort toujours mais c’est le bruit de succion qui m’a réveillé. Non décidément je ne m’y habituerai pas.

Dans l’appart tout le monde dort.

Je réalise que je n’ai plus ma montre. Gisou m’énerve. Comment fait-elle pour me l’enlever sans que je ne m’en aperçoive ?

Après un tour au pipi-room puis dans le frigo, je retourne vers mon lit mais le bruit que fait Coco me donne envie de fuir. Alors je la fuis pour aller me coucher dans son lit.





Une main doucement me caresse les cheveux.

Suis pas un chat !

- Aller Coco, c’est l’heure de te lever ma chérie.

Il y a des fois où je me demande si Richard réalise qu’il n’est pas drôle.

- C’est bon, fous moi la paix, tu me gonfles là.

Je me retrouve dans l’instant sorti du lit superposé  sans douceur.

- Pardon ?

Je crois qu’il n’a pas apprécié de se faire envoyer bouler.

- Désolé !

-Tu peux ne pas être Coco mais tu peux prendre comme elle une fessée.

Il le fait exprès ou il n’est pas conscient de ce qu’il vient de dire ?

Mon air contrit disparaît instantanément, remplacé par un franc sourire.

- Ça, j’aimerais bien voir.

Et moi, faudrait vraiment un jour que j’apprenne à me taire. Quoique…

Fanfan se met à hurler.

- Maman ! Papa et Robert se battent.

- Et bien appelle-moi quand ils auront fini que je vienne avec l’arnica et l’alcool à 90.

Richard et moi nous regardons et nous nous mettons à rire en nous asseyant sur le lit de Coco.

Nous voyons alors apparaître les pieds de Fanfan sur son échelle. Un nouveau regard complice. Nous lui laissons descendre encore deux barreaux puis faisons semblant de nous battre à nouveau. Elle remonte très vite en criant.

- Maman ! ils recommencent !

Nous nous arrêtons en voyant une spatule au-dessus de nos têtes.

- De vrais gosses !

Et c’est en riant comme deux imbéciles que nous la suivons jusque dans la cuisine.




- Tu repars quand à Ancelle ?

Bonne question ! Je tente de lui répondre, avant d’enfourner la cuillerée suivante.

- Je ne sais pas. D’ailleurs si je l’avais su cet été. J’aurais descendu toutes mes tenues de ski.

Il a un geste de la main assez évasif.

- Ça peut s’arranger mais est-ce que tu rentres encore dedans ? Vaudrait sûrement mieux que tu t’en achètes d’autres.

Il en a de drôle l’autre…

- Et je ferai ça quand ? et avec quel fric ?

Ce que j’adore avec Mutti c’est son assurance. Je fais ceci, cela et tout le monde doit être d’accord.

- La semaine prochaine, je viens samedi à Salon et on s’en occupe.

Ah zut ! Bin non !

- Nan mutti. Le week-end prochain je serai à Vinon1.

Cette fois c’est Richard qui a un sourire jusqu’aux oreilles.

- Oh ! Dis-moi Gisèle si on allait s’oxygéner dans les basses Alpes le week-end prochain ? Quant à toi, ils te fourniront vêtements et équipement.

- Pourquoi pas. J’aimerais bien essayer le nouvel objectif de mon appareil photo.

Non ! Pas eux ? Pas ça ! Et lui, il doit connaître tout le monde là-bas. 

- Vous êtes sérieux là ? Je vous préviens, je ferai celui qui ne vous connait pas.

Elle sourit et lui se marre.

- Gisèle, dis moi ? On le connaît ce morveux ? D’ailleurs pourquoi laisses-tu traîner ce bout de gâteau ?

Je le laisse ramener à lui l’assiette vide, ayant pris le morceau de gâteau aux poires. Avec, je m’enfuis vers la chambre de Véro.



Cette dernière est assise en tailleur sur son lit. Elle a mis un très grand livre sur ses genoux, au-dessus un cahier dans lequel elle écrit. Sous sa main gauche, un manuel de latin qu’elle tient ouvert de sa main gauche.  

- Tu vis dans ton lit ?

Elle ne me regarde même pas.

- Non mais c’est le seul endroit où je me sens vraiment chez moi.Je mets les pieds sur le premier barreau de son échelle.

- Je peux monter ?

- Si tu veux.

Je m’assieds à côté d’elle dos au mur, jambes pliées face à la porte. Je lui pose un tee shirt de l’école de Salon sur la tête*.

- Tiens, bon anniversaire !

Sans poser son stylo, elle le saisit pour le regarder.

- Merci ! C’est un des tiens ?

Je baille et m’étire.

- Ouais mais je peux m’en acheter d’autres.

Elle le plie et le pose devant elle puis se penche vers moi et m’embrasse sur la joue.

- Je le mettrai pour le sport au lycée.

- Tu pourras dire que c’est celui de ton petit copain.

Elle me regarde en souriant.

- C’est un peu vrai, non ?

M’asseyant aussi en tailleur, je me redresse en secouant la tête.

- Bin non, justement. Pourquoi tu t’en cherches pas un vrai ?

Elle ferme son stylo et le range dans sa trousse puis fermant cahier et livre, elle range tout dans un sac militaire décoré de dessins de toutes sortes. 

- Et je fais comment ? Les seuls moments où je suis hors de cette prison c’est pour aller m’enfermer dans une autre prisons avec QUE des filles. Présente-moi des copains à toi.

Je souris amusé en prenant son sac.

- Je pourrai dessiner dessus moi aussi ? Elle me l’arrache des mains avec un regard noir. Tu as bien réussi à sortir avec moi. Purée, tu as tout de même trois cents représentants de mon espèce, en bas de ton immeuble. Tu ne vas plus à la piscine du bahut ?

- Si avec Yvette. Mais ils savent tous qu’on est les filles de Papa alors tu comprends, ils nous fuient.

Ah ça...

- Ouais, je les comprends un peu.

J’étends mes jambes et me cale une grosse peluche dans le dos puis pose ma tête en arrière contre le mur. 

Elle glisse le grand livre sous son oreiller et s’assied comme moi à l’inverse. Elle pose sa main gauche sur mon genou puis s’amuse à me tirer les poils de jambes. Je lui tape sur la main puis lui tiens. Elle fait pareil avec moi lorsque ma main gauche se pose sur son genou et se glisse de quelques centimètres sous sa jupe.

- Non , stop ! Et toi, t’en es où ?

Je soupire et me remets en arrière.

- Il y a quatre filles pour cent pax et hier c’était la première fois que je sortais de l’école, alors bon.

Elle tire sur sa jupe puis se met à examiner ses jambes.

- Bref on en est au même point tous les deux. Mais toi au moins, tu t’amuses. Moi, je me fais chier comme un rat mort.

Je me redresse, pas trop d’accord.

- Oui, bon, s’amuser, c’est vite dit. Regarde ça, et répète que je m’amuse. Je soulève mon tee shirt et lui montre mon flanc où s’étale un bleu magnifique qui commence ,seulement maintenant à virer au jaune. Souvenir de notre dernière marche. J’ai dérapé et c’est un tronc d’arbre qui a stoppé ma chute. Ce n’est que le soir que je m’en suis aperçu. Mais ne le dit pas à ta mère sinon ils vont vouloir m’emmener à l’hosto.

Elle pose ses doigts dessus. J’ai un frisson et repousse sa main.

- Tu l’as montré à personne ?

- Non. Pour qu’ils m’empêchent de finir le stage ? J’arrivais à respirer correctement donc pas de fracture, donc pas grave.

Son expression m’amuse.

- Pfff t’es un vrai malade toi. Mais sinon, vas-y, raconte-moi ce que tu fais tous les jours ?

Je soupire et m’étire à nouveau, en tendant mes bras parallèlement à mes jambes.

- Je stacke, je stacke, je stacke comme les autres.

- Ne me dis pas que tu ne fais que ça.

J’ai un sourire amusé. Elle croit quoi l’autre ?

- Et bien, en vrai si. Surtout qu’ils se sont aperçu que j’étais en avance sur les autres pour plein de choses comme en langue par exemple, alors ils m’ont filé du boulot en plus de ce que j’ai à faire en temps normal. Tiens, si veux savoir. Comme je suis le plus jeune, je suis le Popotier. Bref, ça fait de moi le clown de service et ça me gave. Mais alors, ça me gave au plus au point. Toi vois s’il y avait un truc qui pourrait me donner envie de démissionner, ce serait ça.

- Mais qu’est-ce que tu dois faire ?

Elle prend ma main gauche dans les siennes et joue avec mes doigts. Je la regarde faire.

- Plein de choses, trop de choses en fait. Et que des trucs que je déteste. Tu vas te foutre de moi. Mais faut que, lorsqu’il y a un repas un peu spécial comme celui des «pères-tradi» que je chante le menu en présentant les divers plats de façon rigolote. Enfin... plutôt de façon paillarde. Et comme suis nul mais alors absolument nul, je finis avec une partie de leurs repas sur moi. Ouais, vas-y rigoles. Mais c’est franchement pas drôle. Là tu vois, j’aimerais pouvoir aller dans une librairie et me trouver des recueils de chansons paillardes pour m’en inspirer. Je dois aussi m’occuper à gérer le stock de bouffe et de boissons de notre salle de repos mais aussi lors des sorties, des grands repas ou occasions spéciales . Et j’aurais jamais cru que c’était aussi difficile surtout avec le peu de temps que j’ai.

- Mais tes copains, ils ne t’aident pas ?

- Ce n’est pas leur boulot car tu sais, ils ont leurs propres tâches à gérer.

- Mais quel rapport avec le métier de pilote de chasse ?

Je hausse les épaules.

- Notre brigadier un jour m’a dit : « Vu ton âge mon gars, ça te prépare à ta vie future en escadron où tu seras encore popotier pendant un certain temps». Imagine ma joie en entendant ça.

On se tait. Nous n’avons plus rien à nous dire.

 

Je me laisse tomber sur le côté en chien de fusil la tête sur un gros nounours imprégné de l’odeur de Véro. Elle sort un livre de son sac puis se tourne, pose sa tête sur ma hanche, je relève la mienne pour regarder sa position. Elle a les pieds levés posés à plat contre le mur et sur ses jambes tendues, elle a posé son livre.

 

Gisou me réveillera à midi pour aller manger.

1  Vinon sur Verdon, un des terrains d’aviation squatté par les élèves de Salon.

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21 janvier 2011

Robert Vendredi 11 Novembre 1977 premier week-end

Robert Vendredi 11 Novembre 1977 premier week-end

 

Le 11 Novembre, cela veut dire cérémonies et pour nous la bleusaille, l’occasion pour nous de montrer et de démontrer notre savoir-faire pour la première fois.

Cette fois nous n’iront pas bien loin. Salon même ou dans les villages aux alentours.

Avec une vingtaine d’autres, toutes brigades mélangées, j’ai la chance de me retrouver à la cérémonie qui se déroule au cimetière de Salon. 

Pourquoi la chance ? Parce qu’il y a vingt ans, Mossieur Richard y a fait lui aussi sa première cérémonie. Et c’est heureux que je marche dans ses pas.

Et puis ce monument n’est pas comme les autres. Ce n’est pas une statue, c’est une sculpture à même la paroi rocheuse et son auteur est inhumé au pied de son œuvre. 

Pendant les différents discours des personnalités présentes, j’ai le temps de détailler l’ouvrage de pierre. Je ne suis hélas pas sensible à l’art en général. Mais ce “sublime réveil” me met mal à l’aise. Pourquoi réveiller ces hommes qui ont fini de souffrir ? Ne peut-on pas les laisser à leur repos éternel ? Pour moi qui pense qu’il y a un après où tout est calme et paix  pourquoi revenir dans cet avant fait de souffrances et d’horreur ? Enfin les artistes ont des idées bizarres et je ne suis pas un artiste et n’en serais jamais un. 



Une heure une.

Mon sac est bouclé et je piaffe déjà au milieu de mes camarades de brigade. L’un d’eux s’amuse à me voir consulter ma montre toutes les secondes…

- Hé t’as quoi là ?

- Hâte d’être dans le train pour Aix. Hâte de retrouver ma chambre, enfin ce qui me sert de chambre dans ma famille d’accueil.

Ghislain se penche vers moi.

- Tu as le temps, je le prends aussi et il n’est qu’à quatorze heures trente.

 

Et c’est un peu en tirant la gueule que je vais avec les autres avaler mon steak frites qui me reste un peu en travers car ayant fait rapidement le calcul, je ne pourrai revoir Richard et Gisou que ce soir, vers dix huit heures… ces six heures vont me sembler longues, mais longues…

Et avec ma chance habituelle, le train est annulé et avec Ghislain nous ne partons qu’à quinze heures trente.

 

Enfin heureusement que ma condition de militaire me permet de ne payer que vingt-cinq pourcent du billet et que Richard continue à me donner de l’argent de poche, sinon ce week-end ne serait resté qu’un rêve…

 

A Aix avec Ghislain nous nous donnons rendez-vous pour dimanche soir. Là, je fais connaissance avec sa femme qui l’accueille comme un poisson pourri. Je ne comprends pas pourquoi il ne l’envoie pas paître lui aussi. Car ce n’est pas de sa faute franchement si la SNCF annule des trains. Mais, j’apprécie qu’elle me propose de me déposer devant l’école.

 

Là… personne !

Bon, j’ai les clefs.

La porte à peine refermée derrière moi, je laisse tomber mon sac et les yeux fermés, je reste quelques minutes à humer l’odeur de l’appartement. Je m’en remplis les poumons.

Si quelqu’un m’avait vu, il se serait demandé si je n’étais pas un peu marteau. Ainsi debout, immobile, les yeux fermés, savourant ce plaisir presque enivrant d’être ici.

Par contre, ils sont où ?

En attendant leur retour, je vais me changer, troquant mon uniforme pour un bermuda et un sweat et faire tourner le lave-linge.

Dans la chambre des petites, il n’y a plus de lit à barreaux mais seulement un lit superposé. Ce qui m’amuse c’est de voir la famille nombreuse de poupées en chiffon de Coco trôner sur le lit. Je plains un peu Fanfan d’avoir à la supporter.

Dans l’autre chambre, rien n’a changé mais au moment où je referme ma main sur le journal intime de Véro, j’entends le bruit de la clef dans la serrure et je me précipite dans le bureau où, assis sur le canapé, je fais mine de lire.

 

- Qu’est-ce que tu faisais ?

Posant le livre dont je n’ai pas lu un seul mot… Je me lève avec Coco au bras pour embrasser Gisou.

- Bin rien, je lisais. Vu son regard je comprends qu’elle n’est pas dupe. Mais je te jure que si.

- Qu’est-ce qu’il y a Gisèle ? Alors mon grand, ton séjour au gniouf1 t’a plu ?

- Bah c’est une chambre en plus spartiate.

Si Richard s‘éloigne déjà, Gisou elle, me passe en revue avec un petit regard critique.

- Tu as grandis mais pas épaissi. Ils te nourrissent aussi mal qu’au lycée ?

- Oh non, j’ai droit à deux entrées, deux fromages et deux desserts si je veux et celui qui sert, finit par bien me connaître et me sert des assiettes avec deux fois le contenu des autres. Mais tu sais, je crois qu’il faudra que tu t’y fasses.

Au regard qu’elle me jette. Je comprends qu’elle ne s’y fera jamais.

- Le repas est prêt. Au moins ici, tu mangeras à ta faim.

La laissant rejoindre Richard. Moi c’est dans la chambre des filles que je suis Véro.

- Tiens ça tombe bien que tu sois là, j’ai interro en maths lundi et j’y pige que dalle.

- Ah ! Ce n’est… que pour ça que t’es contente de me voir ?

S’appuyant sur son bureau, debout une jambe repliée, son pied posé sur sa chaise et un crayon à la main qu’elle mâchouille. Véro me sourit amusée.

- Et pourquoi devrais-je être heureuse de te voir ?

Je fais une moue innocente.

- Je ne sais pas... Je ne t’ai pas manqué ?

- Et pourquoi m’aurais-tu manqué ?

Coco toujours dans mes bras, me saisit le visage et me force à la regarder.

- A moi, tu m’as manqué.

Je frotte mon nez au sien, ce qui la fait rire.

- Ah bin voilà, ça fait plaisir. Au moins, j’ai manqué à quelqu’un.

Fanfan qui est venu s’asseoir sur le lit du bas. Maintenant, devenu le lit d’Yvy, se lève et se colle à moi, m’entourant la taille de ses bras.

- A moi aussi, tu m’as manqué.

Yvy qui n’a pas bougé, soupire.

- Ouais, à moi aussi. Mais pas vos disputes avec Véro alors essayez de ne pas vous disputer ce week-end.

Véro alors plisse les yeux et son crayon s’envole vers moi, je l’intercepte puis retour à l’envoyeuse qui se baisse, laissant ce dernier passer par la fenêtre ouverte. Et bien sûr pour madame c’est moi le fautif.

- Hé, non ! Mais t’es vraiment con toi ! Et je fais comment maintenant ?

Appuyée à la fenêtre, Véro se penche, je me colle derrière elle ayant posé Coco sur le lit l’entourant de mes bras.

- Ce n’est pas une excuse pour se suicider.

Elle se retourne. Elle est coincée entre la fenêtre et moi, son visage à quelques millimètres du mien. 

Dans la cour il y a encore des élèves et… Gâche, qui lève la tête. Je me recule très vite. Bordel, il est temps que je me trouve une copine moi !

 

- Je vais chercher un truc en bas !

La porte de l’appart claque derrière moi.



Évidemment Gâche a déjà ramasser le crayon. Il me le tend.

- Où est ton uniforme ?

- Dans le lave-linge. Et je ne vois pas pourquoi chez mon tuteur, je serais obligé de le garder.

 

- Pas trop dur Salon ?

- Les deux premiers mois, oui. Maintenant ça va.

Le crayon à la main, je reste à papoter avec le capitaine qui semble content de me voir. On a bientôt tous les anciens troisièmes autour de nous. Ils sont en première cette année et dire que j’ai leur âge.



Le ventre bien plein, je m’étends, les mains croisées derrière ma nuque, les jambes allongées sous la table.

Coco me grimpe sur les jambes, me forçant à les replier et face à moi, pose sa tête contre ma poitrine.

- Ah non, si tu veux rester, tu ne suces pas ton pouce.

Richard et Gisou qui font la vaisselle se retournent pour nous regarder puis après avoir échangé un sourire nous tournent à nouveau le dos.

- Dis-moi garçon, tu ne veux pas nous aider en l’essuyant et en la rangeant ?

- No soucis, mutti.

J’essaie de virer Coco. Mais cette dernière ne l’entend pas comme ça et se mettant debout sur mes cuisses, s’installe ensuite sur mes épaules. Heureusement que Gisou ne l’a pas vu faire sinon elle aurait eu une crise cardiaque.

Bref, avec mon habituel fardeau, je récupère le torchon dans le petit placard et m’attelle à la tâche, posant la vaisselle sur la table.




- Bon viens ici toi. Au dodo la vilaine fille.

- Non ! Veux rester avec lui.

- Je viendrai te faire un bisou.

Et telle une suppliciée que l’on mène à l’échafaud, je la vois s’éloigner dans les bras de son père. Criant silencieusement et tendant les mains vers moi au-dessus de son épaule.



- Tu sais... Tu as manqué à tout le monde, même à Véro.

La pile d’assiettes dans les mains, je reste stupidement à regarder Gisou s’éloigner dans le couloir à la suite de son mari.



Ils sont tous les deux devant les infos à la télé.

Je veux m’incruster entre eux. Avec Richard, pour le fun, nous nous battons un peu, mollement. Gisou me chatouille, je m’écroule au sol en riant. Richard s’écarte. J’ai gagné. J’suis bien.



La montre de Richard en bipant me réveille en sursaut. Cela les fait rire tous les deux.

Richard me tape sur la cuisse.

- Tiens remplace-moi. Vas éteindre la lumière des chambres des filles.

 

J’ouvre d’un coup leur porte.

- Bou !

- On t’a entendu arriver l’éléphant.

- T’es pas drôle Véro !

Yvy me jette un regard blasé au-dessus de son livre.

- C’est tout elle ça.

- Bon alors tu seras la seule à avoir un bisou.

Je m’assieds à côté d’Yvy qui me montre son carnet à dessins. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Anaïs.

Une ombre me fait lever la tête mais Véro enlève la sienne.



Dans l’autre chambre, Fanfan dort déjà, la tête posée sur un gros livre sur les animaux que je lui enlève et pose ouvert sur son bureau.

J’éteins la lumière après un bisou à Coco qui comate pouce à la bouche.

 

Si je retourne dans le salon c’est pour leur souhaiter une bonne nuit avant d’aller me coucher aussi. Mais dans mon lit, je ne reste pas seul longtemps.

- Chut ! Dis rien, faut que je te raconte. J’ai une amoureuse.

Allongé sur le ventre, je me redresse sur les coudes et la regarde.

- Quoi ? Corinne Granier, une, je veux dormir et tu dois rester dans ton lit. Et deux, les filles, elles ont des amoureux pas des amoureuses.

Allongée sur le côté, la couette ne laissant que le sommet de sa tête sortie, elle la secoue violemment.

- Y a pas de garçons dans mon école alors on se marie entre nous.

Je me laisse tomber, le visage dans mon oreiller.

- De mieux en mieux. Rappelle-moi… tu as quel âge ?

Elle ne me répond pas à ma question mais m’en pose une en retour.

- Et puis, c’est quoi un amoureux ?

Elle m’épuise…

- Coco vas te coucher !

- Je suis couchée ! C’est comme toi et Véro quand vous vous embrassez ?

Je lève la tête la fusillant du regard.

- Hé ! J’embrasse pas Véro.

Elle tire la paupière basse de son œil droit avec son index.

- Oui, oui, je te crois. C’est pas ce qu’elle dit à ses copines en tout cas.

Là, ça commence à m’intéresser.

- Corinne Granier ou tu me racontes tout ou j’appelle Papa. Dans le noir, je discerne un grand sourire. Bon, alors j’appelle Maman.

Je l’entends soupirer et elle repousse la couette pour sortir son bras droit.

- Pfff t’es pas drôle. Le matin c’est elle qui m’emmène à l’école et elle y va avec Béatrice et c’est «Robert, il m’a embrassé» à chaque fois.

Si ça pouvait être vrai.

- Mais c’est une vraie mytho cette fille ! Dis-moi Coco comment je ferais pour l’embrasser tous les jours alors que je suis à Salon ?

Je crois que j’ai donné matière à réfléchir à la petite cervelle rousse qui se tait.

Ouf je vais pouvoir dormir ! Je me recouche.

D’un coup elle se redresse et s’assied sur les talons.

- Tu sais que je sais lire ?

- C’est bien et moi…. tu sais que je dors ?

- Même pas vrai sinon tu ne parlerais pas. Écoute : «Il était une fois trois petits cochons. Ils vivaient dans une jolie maison avec leur maman. Ils s'appelaient Nif-nif, Naf-naf et Nouf-nouf.»

Je me retourne et me redresse. Elle suit du doigt les mots dans son livre.

Je tends le bras et attrape un livre au hasard sur la bibliothèque. L’ouvre puis le pose sur le sien.

- Super ! Maintenant, lis celui-là !

……………………………………………………………………………………………………….

 

- «Il était une fois trois petits cochons. Ils vivaient dans une jolie maison avec leur maman. Ils s'appelaient Nif-nif, Naf-naf et Nouf-nouf.»

- Stop ! Pose ce livre. Et viens ici.

Son geste me surprend. C’est presque violemment qu’elle m’a enlevé le petit album cartonné et soulevé pour me mettre debout et me traîner jusqu’à son bureau.

Je me débats, je ne veux pas la fessée.

- Je referai pas ! Je referai pas !

Je tente de m’enfuir. Je continue à me débattre, d’essayer d’enlever sa main de mon poignet. Elle s’arrête, surprise à son tour. Elle aussi un peu effrayée je pense par ma réaction.

- Arrête, mais arrête. Calmes-toi. Elle me tient à deux mains et me secoue doucement. De quoi as-tu peur ? De moi ? J’ai arrêté de me débattre et la regarde prêt à m’enfuir à nouveau. Je voulais juste t’asseoir sur mes genoux pour que nous lisions ensemble un autre livre. Je te lâche, voilà ! Regarde, tu le connais celui-ci ?

Je secoue la tête.

Sur son bureau un pile d’une dizaine de grands livres neufs attendent qu’elle les recouvre. Elle prend le premier et me le montre. Sur la grande couverture rouge, un drôle de dessin d’éléphant.

La dame qui m’a fait si peur c’est la directrice de l’école de Caths. C’est aussi la maîtresse de la classe des grands où est Caths.

Moi, je n’ai pas le droit d’être là mais depuis deux ans, je suis l’électron libre de cette école et je crois qu’elle m’aime bien même si elle me fait peur. Faut dire qu’elle est aussi large que grande, toute habillée de noir avec des lunettes noires elles aussi. Elle crie beaucoup et elle tape sur les doigts des enfants pas sages et distribue facilement des fessées. Mais moi, elle ne m’a jamais tapé jusqu’à maintenant.

Je monte donc sur ses genoux et elle ouvre le livre à plat sur la table devant nous.

Cette fois, l'éléphant est dans sa voiture et salue avec son chapeau.

- Tu sais ce que c’est comme animal ?

- Oui c’est un petit éléphant et il s’appelle Babar.

- Ah donc tu le connais déjà.

- Non, c’est écrit là !

Du doigt, je lui montre le mot écrit en gros. Mais comme elle recommence à pincer les lèvres et à avoir l’air mécontente, je me tiens prêt à filer.

Elle tourne la page et me montre les mots en bas de la nouvelle page.

- Tiens, lis ça.

Alors là, je suis OK !

- Dans la grande forêt un petit éléphant est…

En plus, je ne connais pas ce livre.

Lentement, suivant les mots de mon doigt, je lis. Je suis tout à ma lecture. Je ne fais plus attention à ce qui m’entoure, tout comme tout à l’heure quand elle m’a surpris assis sur le tapis, les jambes allongées, l’album posé dessus.

Je lis à haute voix car je ne sais pas encore lire autrement et parce que comme ça, j’ai l’impression que quelqu’un me raconte une histoire. J’aime ça qu’on me lise des histoires. Même si ce n’est pas des histoires comme quand c’est papa le journal.

Dans la classe autour de nous, les autres enfants se sont tus et m’écoutent.

Je sursaute et me tais à mon tour lorsque Madame Karfelden se met à parler.

- Vous voyez, vous devriez avoir honte, les enfants. Il a deux ans de moins que vous et lui, il sait lire.

J’affiche d’abord un grand sourire, très fier de moi. Mais ce dernier disparaît devant l’air furieux de Caths derrière son bureau au premier rang.

J’ai quatre ans et elle six.

…………………………………………………………………

 

- Ah non ! celui-là je sais pas le lire.

Je le referme en souriant et le remets à sa place. Lui enlève l’album des mains et lui mettant un bisou sur la joue, la force à s’allonger dans mes bras.

- C’est pas grave. Je t’apprendrai. Mais maintenant, dodo !























1prison

21 janvier 2011

Robert samedi 5 Novembre 1977 rêveries

  Robert samedi 5 Novembre 1977 rêveries

 

Je sursaute en entendant mon nom.

- Weissenbacher, vous êtes bien silencieux. Seriez-vous malade ?

Tous les autres élèves me fixent dans un silence monacal.

- Non monsieur. Je rêvais, j’avoue.

Ma franchise je devrais l’oublier parfois.

- Donc mon cours ne vous intéresse pas ?

Et je me rattrape comment moi, maintenant ?

- Si, monsieur. Bien sûr que si.

Sa question suivante me fait sourire.

- Dîtes-moi êtes-vous croyant ?

- Oui monsieur.

Enfin, je crois…

- Très bien. Ne vous a-t-on pas appris que le mensonge fait partie des péchés capitaux ?

Gnia gnia gnia, on dirait Camerer. Qu’est-ce qu’il veut que je lui dise le petit bonhomme mal fagoté dans son costume en velours marron ? Que son cours je pourrais le faire à sa place ?

- Désolé monsieur, mais mon esprit est resté entre ciel et terre depuis hier. Alors oui je rêvais de renouveler cette expérience.

Derrière moi, j’entends des : « Un malade, ce mec !» «Non, je suis comme lui.» «Et mec dégage des PN et fais para. Avec les vrais hommes.» «Qu’est-ce à dire ? Qu’on en est pas ?» Je souris, le prof non. Il aurait mieux fait de me laisser à ma rêverie pour une fois où je ne l’emmerdais pas avec mes questions.

Le «schlack» de sa règle sur le bureau ramène le silence.

- Décidément cette année, dans cette promo que des gamins de maternelle. Weissenbacher deux jours qui prennent effet immédiat. J’ai envie de tout envoyer balader mais je retiens mon geste. Vous êtes un sacré fouteur de merde dans votre genre.



20 janvier 2011

Robert vendredi 4 Novembre 1977 des corolles dans le ciel

  Robert vendredi 4 Novembre 1977 des corolles dans le ciel



Ce matin pas un iota de vent par contre ils nous prévoient de la flotte.

En nous mettant en rang devant le bâtiment, nous sommes tous le nez en l’air, croisant les doigts pour que ce ne soit pas avant ce soir.

- Qui croit en Dieu pour une petite prière ? J’ai besoin de sous pour Noël.

L’Helgouach surenchérit sur Ténor qui vient de parler.

- Par ce que tu crois être le seul ?

Yann l’a énervé, Pierre se retourne sur lui.

- J’ai des gosses moi, contrairement à toi.

Celui qui vient de parler n’est pas le plus vieux d’entre nous, ni le plus beau d’ailleurs mais il a déjà deux enfants. Je trouve ça d’une débilité sans nom.

Se marier, pourquoi pas… comme disent la plupart, au moins quand on rentre chez soi, on enfile les pantoufles et on peut souffler. Mais des mômes ? Non, pas possible !

 

Aujourd’hui nous passons de la théorie à la pratique.

Aujourd’hui c’est le grand saut dans le vide.

Bref aujourd’hui nous allons être largués d’un CASA pour nos premiers sauts en parachute.

J’ai hâte, Momo et André aussi, d’autres moins.

 

Sur l’herbe bien alignés, nos sacs contenant nos voilures sont prêts.

Les deux premières brigades sont en train de pénétrer dans le ventre de la grosse bête.

A notre tour de nous équiper.

 

Enfiler ces harnais c’est pas une nouveauté pour moi même si avec les patter, je mettais ça comme on met un blouson, sans réaliser que… bin oui… ça pouvait servir. Un peu comme le bob dans le planeur pour le soleil. Sauf que… quand l'instructeur a fait claquer son petit sac en papier, si nous avons tous rigolé c’était plus pour cacher notre angoisse. Et là pour la première fois, je fais vachement gaffe en passant les cuissardes.

- Paf !

Je fusille du regard ma voisine.

- Oh, Momo t’es trop drôle.

- Aller avoues qu’il t’a foutu la trouille.

Non, je n’avouerai rien même si c’est vrai.

- Gnia gnia gnia ! Si c’est vrai qu’une couille qui éclate fait ce bruit, alors imagine le bruit si c’est un de tes pamplemousses ?

- C’est toute la différence entre vous et nous. Nous sommes moins fragiles que vous.

Son voisin de gauche, ne peut s’empêcher de se glisser dans notre conversation.

- En tout cas, nos fragilités vous les aimez bien.

Là par contre c’est elle qui lui jette un regard mauvais.

- Et bien dans mon cas, non Gomez, je ne les aime pas.

- Madame a ses préférences…

Second regard noir.

- Et alors ? Il est où le problème ?

Avec Dédé même si nous échangeons un petit sourire entendu, nous préférons ne pas entrer dans la discussion. Qu’elle se débrouille avec les autres mecs.

 

Assis dans le ventre du gros avion, face à l’autre brigade. Aucun de nous ne parle…

Dans quelques instants, nous expérimenterons une nouvelle dimension.

On peut lire dans nos gestes, dans les regards que nous partageons une certaine dose d’appréhension et même de franche angoisse pour certains.

En tout cas, aucun d’entre nous ne moufte.

J’ai l’impression que des kilomètres me séparent des instructeurs qui se sont levés lorsque la lumière rouge s’est allumée et que la sonnerie a retenti.

Debout, nous suivons le mouvement.

Debout, nous fixons l’embout sur le câble. C’est lui qui ouvrira notre parachute.

Debout, nos jambes n’ont d’autre choix que de nous soutenir.

J’en vois certains répéter à minima les gestes que nous avons répété cent fois sur l’herbe puis dans notre chambre en sautant de notre lit superposé.

De là où je suis, je ne vois rien si ce n’est une ligne de casques.

Puis tout va très vite.

Go ! Go ! Go !

On a plus le temps d’avoir peur.

Et pourtant, même moi qui plonge volontiers du dix mètres et même de plus haut, je dois reconnaître que c’est impressionnant.

D’un coup… le vide est devant nous puis une main te donne une légère poussée et tu en fais partie.

Mains sur la tête, bras devant le visage, se jeter face à l’arrière de la carlingue et d’un coup un choc. Je repense au petit sac… c’est que ça tire bien.

Au-dessus de moi, une corolle kaki.

En dessous, une quarantaine d’autres. Laquelle est celle de Momo ou d’André, je ne saurais le dire.

Mais déjà je vois les premiers atterrir. Pour certains c’est plus percuter la planète. Je sais que lors de ces premiers sauts il y a un assez fort taux de blessures, de la foulure à la fracture. Il ne faut pas que j’y pense même si… avec ma capacité à me blesser.

Mes pieds bien à plat prennent contact avec notre dure planète. Je fais trois pas en avant puis suis entraîné en arrière. Mais déjà la corolle s’est aplatie. Pas le temps de rêver. Avec de larges mouvements des bras je « brasse » le parachute autour puis comme je peux je l’introduis à nouveau dans son sac.

Nous sommes tous arrivés et les uns après les autres nous nous dirigeons vers l’école.

Je regarde autour de moi, je n’en vois aucun rester au sol.

L’instructeur, content, dira : «Ah ! en voilà une bonne fournée !» Par contre quand il nous dira : «Allez messieurs, on y retourne !» Certains feront franchement la gueule.




Josef me tend son bout de fromage.

- Bob, tu veux mon camembert ? J’ai eu plus grands yeux que grand ventre.

- Ouais, aboules, je lui trouverai une petite place.

Mon voisin de droite rigole.

- Toi, y a rien qui te coupe l’appétit.

- Écoutez les mecs, je ne mangerais peut-être pas pendant un saut, mais là, le cul sur une chaise, je ne vois pas pourquoi je m’abstiendrai de me remplir le bide.

- En tout cas moi, le fiston, je ferai mes quatre sauts et basta.

- Tu sais ce qu’il te dit le fiston ? Que si je n’arrive pas à devenir pilote, et que je suis obligé de rester dans l’armée,  je ferai para.

Semblerait que j’ai fait plaisir à un collègue à la table de derrière.

- Oh un furieux intelligent !

Et je tape dans la main des trois collègues futurs officiers paras qui passent derrière moi.









20 janvier 2011

Robert dernier trimestre 1977 à Salon

  Robert dernier trimestre 1977 à Salon





Ai-je le droit de dire que je m’ennuie ?

Ai-je le droit de dire que je suis déçu ?



J’ai repris mes mauvaises habitudes de lycéen de lire pendant les cours…

Contrairement à d’autres que je ne citerai pas… j’adore les conférences. Mais hélas nous en avons que entre deux à quatre par mois et de niveau très inégal.

Par contre si pour la première, je suis assis au milieu des autres, dès la seconde, je prends de la hauteur et m’isole.

Oui bin écoutez, plus envie de me faire cranter parce qu’un de mes collègue se fait ch… et s’endort. Je laisse les autres le réveiller ou non. Moi, tel Ponce Pilat, je m’en lave les mains.



Nos emplois du temps sont prévus par quinzaine. Donc j’ai le temps pendant les cours de maths, de physique et autres dont le niveau me désespèrent vu qu’ils reprennent les cours de prépa, je lis tout ce que le CDI peut m’offrir d’infos sur le sujet abordé.

Et… le jours venu de la conférence, je gonfle tout le monde avec mes questions…

Ce qui me vaut une fois de plus d’être détesté 1) par le conférencier qui est souvent un jeune conscrit de haut niveau mais qui ne sera pas payé plus que ses francs mensuels, permettant ainsi à l’Armée de l’air de faire des économies sur son dos. Et quand j’en parle avec Richard ce dernier de me dire :

- Bah, ça fait toujours une bonne expérience pour ses gamins futurs profs en chair de se frotter à un auditoire de petits cons prétentieux.

A ces moment là je me demande toujours s’il se souvient qu’il a été lui aussi un petit con prétentieux ? Un jour j’ai craqué et je lui ai dit et sans sourcillé il m’a répondu :

- Oui et je suis devenu un vieux con prétentieux.

Et 2) par mes collègues que j’empêche de ronfler.



Bref ! Revenons à nos moutons ou plutôt à nos cours qui se succèdent du lundi huit heures au samedi midi.

Et le tiers de ces cours sont des cours de sports. Certains obligatoires comme ceux de sports de combat, le fameux TIOR où on donne autant de coups qu’on en reçoit… De piscine ou d’athlétisme. Ce qui me convient tout à fait. Et à côté on peut en pratiquer une tripoté d’autres. Et comme j’ai envie de goûter à tout, ce trimestre je le passe à tous les essayer pour me fixer en course à pied et plongeon mes sports d’origine d’Aix.



A côté, en tant que futurs officiers et normalement… futurs officiers supérieurs, nous avons droit à des cours de sciences humaines comprenant du droit (rien à comprendre, tout à apprendre par cœur, j’avale les codes...), gestion (ch…), sciences po (par contre là, je serais un très mauvais diplomate ou homme politique. Disons plutôt du style Staline ou Hitler j’avoue.) et histoire (basée bien sûr sur l’histoire militaire des dernières guerres du XXème siècle), géographie et… littérature (ces derniers pour forcer certains à lire.) où je découvre de nouveaux auteurs. ainsi que la réglementation statutaire et disciplinaire propres à l’Armée de l’Air et enfin la psychologie du commandement.

 

Si mes camarades pour la plupart horrifient les profs de langues pour leur niveau en anglais, moi, ayant, grâce à Richard et sa manie de me prendre pour une bête à concours, plusieurs diplômes universitaires d’Anglais et d’Allemand. J’oublie ces langues pour me voir inscrit d’office en chinois et russe. Ce qui me permettra d’ajouter, avec l’arabe et l’hébreu grâce à Josef, quatre langues supplémentaires à mon catalogue. Certains me prévoient un avenir d’espion mais peuvent se le carrer, moi je veux juste coincer mon petit popotin au fond d’un cockpit et m’envoyer en l’air.

On commence aussi les cours scientifiques qui nous confèreront le diplôme d’ingénieur. Nos professeurs sont ceux de la Fac d’Aix Marseille. Ils viennent nous donner des cours de statique, dynamique, thermodynamique, mécanique, mécanique des fluides, résistance des matériaux, etc. etc., qui donneront lieu à autant de certificats de licence, de douze à quinze. S’y ajoute ensuite tout ce qui touche à l’aviation, construction aéronautique, motorisation, météo, circulation aérienne, radio communications, navigation, etc. etc. 

 

Bref on ne s’ennuie pas…

Oui, je sais. J’ai commencé en disant que je m’ennuyais... ce qui ne m’empêche pas de stacker1 à mon habitude et de me faire traiter de moisi2.



Par contre, je suis profondément déçu d’apprendre que notre formation aéronautique ne commencera réellement qu’en troisième année.

Moi qui me suis inscrit en espérant voler… et courir en passant devant les fougas de la Patrouille de France me rend fou d’impatience.

Même si… Ayant déjà ma licence de vol à voile et mon PPL, le parc de planeurs de l’école m’est accessible et j’en profite dès que j’ai du temps libre, c'est-à-dire : trois fois !



Mais surtout ce trimestre voit notre amitié entre Dédé, Momo et moi se renforcer et ça… c’est cool ! Et on reçoit notre surnom de trio infernal. Bin oui, quand on en voit un, on voit les deux autres sauf en spécialité puisque Momo se prépare à être une commissaire aux comptes, quelle idée ! Et si certaines filles se feront emmerder tout au long de leurs trois années à Salon, elle non… enfin sauf par Dédé et moi...







1 Travailler dur.

2 Pax qui passe sa vie à bosser



20 janvier 2011

Caths mercredi 2 novembre 1977 premier jour

  Caths mercredi 2 novembre 1977 premier jour



La jeune femme s'approche de l'homme appuyé au mur à côté de la porte du vestiaire des infirmiéres et le prend par le bras et se moque de lui gentiment.

- Alors "mademoiselle l’infirmière", c’était comment ce premier jour en maternité ?

Pour réponse, elle a droit à un grognement.

Elle se met à rire.

Dan se tourne vers elle.

- Et toi, en oncologie pédiatrique ?




Ils n’ont pas fait un pas dans l’appartement qu’ils sont assaillis de questions.

 

- Stop ! D’abord je veux un bisou de ma poupée. Mais la poupée dans les bras de son esclave lui refuse le bisou. Et bien tant pis je vais aller pleurer dans mon bain.

 

Allongée dans l’eau chaude, elle observe le grain de beauté en relief qu’elle a sur sa cuisse droite, se demandant si elle ne va pas se le faire enlever.

La porte s’ouvre sur Dan et la poupée toute nue qu’il tient sous les bras et qui, plus il l’approche de l’eau, plus elle lève les pieds puis les jambes. Nous rions tous les deux.

Mais une fois dans l’eau, elle s’allonge sur sa mère, se tournant et se retournant nullement dérangée de se retrouver parfois la tête totalement immergée avec ses cheveux s’étalant à la surface tels une nappe de pétrole mouvante.

- Maman !

Avec Dan nous sommes surpris, cette chieuse a attendu dix-neuf mois pour dire ce mot si doux. Elle se redresse alors et la saisissant elle la serre contre elle et l’embrasse.

- Non ! Téter !

Déçue, elle se laisse aller en arrière à nouveau et sa sangsue se met à son activité préférée.

Dan est sorti.

Elle caresse le dos nue de sa poupée, savourant le bonheur de la sentir pleine de vie.

………………………………………………………………………………………………………….

Au fur et à mesure qu’ils passent d’une chambre à une autre dans ce service d’oncologie pédiatrique à Necker où elle va faire mon premier stage d’un mois, son cœur se serre devant ces visages d’enfants.

 

Dans la dernière chambre, un ado les accueille tout sourire.

- Alors Robert comment vas-tu ce matin ?

Son cœur fait un bond à l’annonce de ce prénom.

- Ça va, j’attends l’orthopédiste.

L’infirmière chef, soulève le drap sous lequel la jambe du garçon s’arrête au-dessus du genou.

- Ah c’est vrai, c’est aujourd’hui que tu essaies ta prothèse.

- Oui et normalement la semaine prochaine je vais pouvoir sortir. Tu veux bien expliquer à mes nouveaux élèves pourquoi tu es parmi nous.

- Alors j’ai eu un ostéosarcome que l’on m’a diagnostiqué à temps mais cette saloperie m’a bouffé une jambe mais le doc m’a dit qu’avec la prothèse je pourrais à nouveau faire du foot. Bon je ne peux plus rêver d’aller jouer au PSG, mais pourquoi pas dans une équipe paralympique.

- Et oui, car nous avons là un vrai champion.

Il rougit et baisse la tête avec un sourire gêné puis la relève fièrement.

- Bon c’est vrai que je me démerde pas trop mal.

L’infirmière en chef lui range une mèche rebelle retombée sur ses ses yeux.

- Sur les vidéos de tes matchs moi j’ai vu un vrai champion. Mais là je te promets d'essayer de venir assister à tes premiers pas.



Dans le couloir, une fois la porte refermée, son sourire a disparu. 

- Il en a au maximum pour quelques mois, car son ostéosarcome a déjà atteint ses poumons et son foie. Mais nous n’avons pas encore le courage de lui dire. Et ses parents nous l’ont interdit. Il sort demain, ils le ramènent chez eux, ils ne veulent pas qu’il meure à l’hôpital.

Deux filles s’éloignent vers les toilettes.  Catherine, elle sent mes larmes couler, discrètement elle les essuie.



Ce soir, juste avant de quitter le service, j’ai aidé la chef à lui poser une nouvelle perfusion, le gamin discutait avec son père de l’éventuelle arrivée du joueur Luis Fernandez au sein du PSG.

Il n’a plus de veine de bras accessible alors elle le pique dans une veine de la cuisse.

…………………………………………………………………………………………………………

 

Catherine surprend sa fille en glissant dans la baignoire de façon à immerger mon visage. Elle ne veut pas qu’elle la voit pleurer.






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