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grâce à vous deux Richard et Gisou (incomplet, en cours d'écriture )

11 janvier 2011

Robert lundi 29 août 1977 Salon

  Robert lundi 29 août 1977 et plus si affinité





C’est le soleil qui me réveille et sa présence en uniforme debout à côté de mon lit.

- Qu’est-ce qu’il se passe.

- Tu sais quel jour on est ?

- Oui je crois.

- Et quelle heure ? A mon poignet pas de montre. Il la tient entre son pouce et son index. Elle a dû me l’enlever et arrêter le réveil prévu. Je m’assieds. Debout et habillé, lavé prêt dans cinq minutes dans la cuisine et peut-être que je te la rendrai. On mange un morceau et on part.



Lorsque je débarque dans la cuisine, il y a non seulement les parents mais aussi Mammema et Papapa. Ce dernier se penche vers moi pour me confier tout bas.

- Ta grand-mère a tenu à venir pour soutenir sa bru mais moi je sais que c’est pour pouvoir pleurer comme quand on a accompagné son fils quelques années en arrière.

Tout en le tapant gentiment, Mammema le pousse pour venir m’embrasser.

- Raoul, franchement, pourquoi tu me fais passer . Tu racontes n’importe quoi. C’est seulement que oui, cela va nous ramener à une époque où nous étions encore jeune et beau.

- Mais vous êtes toujours jeunes et beaux.

- Richard, qu’est-ce que ton garçon veut nous soutirer pour ainsi nous flatter.

- Mais rien. Je…

- N’écoute pas ce vieux ronchon. Continue mon petit à me dire de si jolies choses. Papy c’est un homme. Nous les femmes par contre, nous savons apprécier quand un beau jeune-homme nous dit qu’on est belle. Pas vrai Gisèle ?

- Oh oui et puis avec lui, c’est naturel, pas besoin de le prier. Il fera une hécatombe lorsqu’il commencera à s’intéresser au sexe opposé.

- Parce que tu crois qu’il a attendu ton autorisation ? J’en ai déjà entendu de belles sur son compte.

- Ah tiens donc, raconte-nous donc mon amour.



A quatorze heures, lorsque Richard se met derrière le volant du break au côté de son père. Les deux femmes m’encadrent à l’arrière. Ils ne m’ont pas laissé une seule fois la possibilité de penser à l’issue de cette journée.



C’est seulement une fois sortis du parking de leur immeuble que je réalise et que mon cerveau se met tout seul sur off pour le monde extérieur.



En deux fois, mon repas va nourrir les plantes du bas côté et je finis le trajet appuyé à la portière, fenêtre grande ouverte.





Dans le parking bien plein de l’école, des familles font déjà leur adieu à des garçons tous beaucoup plus vieux que moi.

Despéro m’attend juste à côté du portail tenant comme moi, d’une main sa convocation et de l’autre son sac. Au sourire qu’il me fait, je sens qu’il n’en mène pas plus large que moi.

Si les autres sont restés à la voiture, Richard, lui nous accompagne serrant maintes mains et se présentant uniquement comme le directeur d’Aix.



Les familles sont parties et nous ne sommes plus qu’une centaine de jeunes mecs qui se demandent à quelle sauce nous allons être assaisonnés.

Il y a plusieurs bus.

Chacun d’un se remplit, je me présente devant le troisième juste après Despéro.

- Ton nom ?

- Robert Weisembacher.

Je vois l’aspirant aller à la dernière feuille de son dossier et biffer mon nom dessus, à côté il y a un petit dessin cabalistique qui ne me dit rien qui vaille et de la tête, il me désigne aux autres militaires présents.

- Tu peux monter le fiston.



Ils nous font asseoir avec nos sacs sur nos genoux, un à droit et un à gauche, avec Claude nous voilà séparés. Le dernier à s’asseoir est suivi par deux mecs en kaki.

- Tirez les rideaux et mettez vos mains sur votre tête et le visage entre vos coudes sur votre sac.

Le bus enfin démarre puis roule, roule, roule… je ne pensais pas que cette base était si grande.

Le silence est angoissant…





- Descendez, descendez, fissa, fissa !

Un pax devant moi, loupe une marche en descendant du bus, on entend les militaires le traiter de tous les noms.



Nous sommes répartis en compagnies, elles même séparées en deux brigades.



Nous devons courir jusqu’à une tente, dessous, trente lits.

- Posez vos sacs sur un lit et dehors ! Fissa, fissa !



Ils nous font mettre en ligne, et là commence une inspection où chacun de nous se fait mettre plus bas que terre, quelque soit notre tenue, elle devient pour eux, l’objet de moquerie. Je ne sais pas combien de temps ça dure mais assez longtemps pour que la nuit soit tombée.

En guise de repas, on nous distribue un sandwich au thon, un sachet de chips et une petite bouteille d’eau que nous devons expédier debout en cinq minutes. Je comprends pourquoi je me suis tapé du poisson matin, midi et soir pendant dix jours. Mais c’est toujours aussi mauvais.

Pour nous faire digérer, une petite balade s’imposait, il va sans dire, main sur l’épaule du gars devant nous, moi sur l’épaule d’une fille, nous partons en file indienne dans la garrigue. Merci Richard encore une fois qui m’a fait mettre en jean et basket même si ça me vaut des moqueries : «encore un sportif de salon».

Devant moi, elle galère avec sa jupe et ses talons. Derrière-moi, le pax me percute dedans à chaque fois que je stoppe pour rattraper la fille.

- Hé les mecs j’ai aussi un couple ici… le vampire il aimerait se farcir le fiston.

Et encore marcher ça va, mais courir dans le noir, combien se sont retrouvés par terre ? Tous je pense, au moins une fois.

Enfin retour sous la tente.

Explication bâclée en deux minutes de comment refaire le lit le lendemain et nous voilà tout habillés dans nos sacs de couchage. Dehors un orage pète et je crois que nous avons tous croisé les doigts pour que la tente soit bien arrimée.

Mais nous n’étions qu’à peine endormis que des bras musclés et sans douceur nous jettent au sol.

- Debout, garde à vous.

Putain que c’est dur, putain que ça fait mal. Certains râlent, ils pompent. Puis nous pompons tous, c’est ça la cohésion nous expliquent-ils, nous allons vite intégrer à la dure cette notion.



Lorsque enfin le clairon sonne nous avons dû dormir deux heures en tout et de façon hachée. Nous allons tous vite apprendre durant les deux prochains mois, à dormir peut-être peu mais n’importe où, dans n’importe quelle position et dans n’importe quelle condition.



Après un petit déjeuner rapide, commence alors notre circuit d’accueil avec entre autres, la signature de nos formulaires d’engagement. Moment fort pour moi de devoir apposer ce petit gribouillage longuement répété sur des dizaines de feuilles de mes cahiers... Sous les yeux et de ce souriant capitaine dont je fixe le macaron qui orne sa poitrine.

- Tu veux devenir pilote ?

- Oui mon capitaine.

- Alors je te le souhaite mais seul toi et ton travail pourront te l’offrir. Bonne continuation.

- Merci mon capitaine !



Puis c’est réception du paquetage auprès du service. Nous entrons en civil et nous ressortons habillés de pieds en cap de kaki avec au bout des bras un gros sac kaki, un sac paquetage beige et un gros sacs poubelles dont nous devons faire rentrer le contenu dans la toute petite armoire puis que nous passerons une nuit complète à marquer en cousant sur absolument chaque pièce un morceau du long ruban bien roulé, avec notre matricule.



Mais pour moi et mes collègues de chambrée c’est d’abord coiffeur. Si pour moi cela ne me change guère, pour Willemin et Zugger qui sont arrivés avec pour l’un une coupe à la Claude François et pour l’autre une coupe d’enfant sage avec la raie sur le côté. L’expression sur leur visage nous permirent nos premiers fous rire communs.

Puis de suite après le coupe-tif nous sommes pris en photo et franchement ce ne sont pas celles où je me trouve le mieux.



La fin du parcours administratif signe aussi la fin du séjour sous tente et notre assignation à une chambre à six. La mienne est bien sûr au dernier étage. Les filles ont un étage qui leur est réservé où elles ont rejoint les secondes années.



Nous ne sommes à peine dans la chambre, à faire entrer difficilement le contenu de nos sacs dans nos armoires qu’un pax en kaki, visage de la même couleur et casquette vissée sur le crâne passe dans les couloirs en hurlant :

- En tenue de sport, short et tee-shirt dans la cours dans deux minutes.

Les choses sérieuses commencent.

Nous voilà répartis en compagnies, elles même séparées en deux brigades.

Et jusqu’à l’heure du repas, le commandant D qui va encadrer notre promotion tente de nous expliquer qui fait quoi et simplement qui est qui dans notre encadrement plus restreint. Et j’y revois mon pilote de chasse qui sera notre brigadier. Un jour, je serai à sa place !

Mais aussi et je pense que pour lui c’est le plus important, actuellement, nous les bleu-bite nous ne sommes que des crasses de meules qu’il va tenter de transformer en hommes.

Et comme un con en entendant son discours, je me mets à sourire car pour moi la jolie blonde à ma droite aura du mal à devenir un homme.

- Vous là-bas, qu’est-ce qui vous fait rire ? Présentez-vous !

Je me raidis.

- Élève Weisembacher Robert promotion 77 seconde compagnie, deuxième brigade.

- Sortez du rang et venez nous montrer comment on fait cent pompes.



Ma punition faite, je me redresse et au garde à vous attends l’autorisation de retourner à ma place. Ils sont quatre à me tourner autour.

- Tu sais ce qu’on fait au fistons ici, on les résorbe, on les réduit à rien, tu entends ? Dans une semaine, tu pleureras en nous suppliant de te rendre à ta maman.



Lorsque je rejoins ma place, mes deux voisins ont l’air plus secoués que je ne le suis moi-même et j’ai beaucoup de mal à réfréner le sourire amusé qui monte. Ce sourire qui m’offrira ici comme à Aix ou ailleurs plus tard, de nombreuses occasions d’être puni...

- Putain j’en aurais même pas fait trente !

Elle… Elle va devoir apprendre à se taire.

Un des bleus se dresse devant elle et lui hurle dessus.

- Qui t’a permis de parler ? Puis la prenant par le bras, il la fait sortir du rang. Là, il est rejoint par deux autres mais des kakis. Puisque tu veux parler répète : Oui mon lieutenant, élèves officier du personnel navigant.

Elle répète mais se trompe car les deux verdâtres la bousculent, la repoussant vers l’autre comme si elle était une balle qu’ils se renvoyaient. Le bleu alors continue à lui hurler dessus.

- Répète ! Répète !

Quand elle revient se mettre à sa place, j’ai envie de lui dire un truc sympa mais je me tais et ça me donne une de ces rage qui ne se calme que lorsque nous revenons nous remettre en rang après avoir fait trois fois le tour de la PO.



Et nos repas, on en parle ?

Manger des petits pois ou de la purée sans couvert et ce en moins de dix minutes.

Manger assis sous la table et l’assiette bien à sa place sur la table.

Manger assis sur nos chaises, l’assiette posée au sol.

Manger debout sans couvert, dos à la table, et tout en mangeant aidé de la voix notre voisin qui est à l’inverse de nous et dont nous voyons l’assiette.

Manger ou plutôt faire manger notre voisine et dans mon cas ma voisine les yeux bandés.

Je me répète que tout ça a une raison d’être, enfin je l’espère…

En tout cas, nos estomacs apprennent à ne jamais être pleins. Et pas question comme à l’école de remplir nos poches de morceaux de pain. Cela me vaudra comme à d’autres de pomper, de pomper et encore pomper car si un pompe, les autres aussi… c’est ça leur vision de la cohésion.



Mais le pire, c’est le manque de sommeil, dormir une heure puis se faire réveiller et obéir à leur moindre folie, comme celle de devoir nous habiller en uniforme de fantaisie .

- Tenue BUC, papillon, chaussures de combat.

Et on apprend vite ce que veut dire mettre une ou l’autre paire de chaussures. Baskets : on va sur le terrain de sport et là, encore ça va. Les noires, ça va aussi, on va en cours. Mais les rangers cela veut dire : marche, dix, vingt, trente kilomètres avec sur le dos un sac de trente kilos.

Ah ces marches journalières, un bonheur pour «les pauvres petits bébés à leur môman», pour toutes «ces fillettes pleurnicheuses» qui se plaignent d’une ou deux petites ampoules. Je finis souvent avec un sac en plus. Certains donnent la main à celui de derrière ou pousse celui de devant. De toute façon, comme ils nous ont dit : «Vous terminez tous ou vous ne terminez pas !»

La fille, je la vois serrer les dents, le blond derrière moi, je le tire puis je lui prends son sac. Pourtant il est un ancien pipin, il devrait savoir marcher. Enfin, je m’en fous.

Il s’appelle André et elle Monique mais on l’appelle tous Momo ça fait moins fille car franchement avec ses cheveux courts et sa hargne, on a du mal à voir en elle une fille. Et puis elle sait se défendre, certains d’entre nous en ferons les frais mais ça, c’est une autre histoire…



Ces marches on s’y fait mais ce sont nos retours dans des chambrées où le Mistral à souffler. Parfois c’est juste tout le contenu de nos armoires jeté par les fenêtres et réuni en un tas immense au milieu de la PO qu’il nous faut résorber. Ou parfois c’est le mobilier qui a disparu laissant une chambre nue constellée de nos affaires mélangées. Et à nous de parcourir toute la superficie de l’école pour retrouver puis ramener lit ou armoire et ensuite tout ranger avant l’heure fatidique de huit heures ou nous devons être en rang avant d’aller en cours. Et tant pis pour ceux n’auront pas pu dormir. Quant au petit déjeuner, nous l’oublions souvent pur et simplement.

Ma ceinture déjà trop grande au début va bientôt pouvoir faire deux fois mon tour de taille.


































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10 janvier 2011

Robert dimanche 28 août 1977 il ronfle

Robert dimanche 28 août 1977 il ronfle

 

 

Le coucher se fit officiellement à vingt et une heures, (il fallait que je sois en forme) après un repas léger avec compote de pommes à la cannelle et tisane calmante.

Mais à minuit, je me vois arriver Gisou avec un bol de lait chaud au miel de tilleul.

- Tiens bois ça, cela t'aidera peut-être à dormir.

- Alors là, j'en serais bien étonné !  

Une demie-heure plus tard, elle revenait.

- Tu ne dors toujours pas ?

- Bin non, faut croire . Et il semblerait que je ne sois pas le seul d'ailleurs. Ne me dis pas que tu angoisses aussi ?

- Mais non ! Qu'est-ce que tu vas inventer ? Pousse-toi, fais-moi une petite place.  C'est Richard qui m'empêche de dormir, il ronfle.

Je souris, si moi je ne savais pas mentir, alors elle aurait pu être réellement ma mère !

Elle me pique alors tous mes oreillers et me force à me coucher dans ses bras, dos à elle. Je fais alors un bond dans le passé, presque deux ans plus tôt lors de mon premier séjour au chalet.

J'étais bien et c'est vrai que sa tendre présence me calme. Je ferme les yeux et me laisse bercer par ses paroles.

Elle me parle d'elle petite.

De son enfance où ses parents à cause de la guerre la mirent en pension avec sa soeur et son frère à la campagne chez leurs grand-parents.

De son père ayant rejoint les rangs de l'armée puis prisonnier de guerre.

De ses tantes venues les garder à Toulouse.

Et la tête sur sa cuisse, je m'endors en rêvant d'enfants roux parlant gaélique à des femmes ne connaissant que le patois landais....

 

9 janvier 2011

Robert jeudi 25 août 1977 il ne manque rien

Robert jeudi 25 août 1977 il ne manque rien

 

Mon sac avait été simple et rapide à faire avant notre départ pour le chalet début juillet.

Gisou m'en avait même acheté un, rien que pour cette occasion qu'elle avait rempli toute seule selon la liste officielle que j'avais reçue avec mon dossier d'inscription.

 

- du linge de corps, sous-vêtements ( 2 semaines d’autonomie environ ), et donc elle m’acheta six boxers qu’elle lava puis mit dedans avec interdiction d’y toucher.

- de la lessive pour du lavage à la main, un gros bloc de savon de Marseille dans une boîte étanche devrait faire l’affaire

- deux serviettes de toilette,

- une serviette de bain,

- nécessaire de toilette pour deux mois : savon, gel douche, shampooing, brosse à dents, dentifrice, mousse à raser, rasoirs manuels pour ces derniers, vu ce que je m’en servais...

- une paire de chaussures de sport de bonne qualité,

- plusieurs paires de chaussettes de sport, comme pour les slips, elle acheta et lavées, je n’eus pas le droit d’y toucher.

- maillot de piscine, lunettes et bonnet,

- plusieurs stylos “bic” noirs,

- un cadenas solide à clef,

- une lampe frontale avec des piles de rechange,

- lunettes de vue ( recommandées y compris pour les porteurs de lentilles de contact )mais ça je n’en avais pas besoin. Par contre Richard tint à ce qu’elle m’achète des lunettes de soleil avec une chaînette en plastique comme pour les petits vieux.

  • une montre s’éclairant la nuit, la mienne faisant tout à fait l’affaire.

  • une boussole type “course d’orientation“ ( conseillé ),

Une trousse de pharmacie avec dedans :

- Elastoplast et pansements ( plusieurs boites ),

- Compeed (pansements anti-ampoules) en quantité non négligeable,

- Désinfectant ( éosine 60 ml ) + coton.

A laquelle elle ajouta du paracétamol ( une si grande quantité que je crus d'abord qu'elle voulait que je puisse en distribuer. ) du Spasfon pour le mal de ventre et un médicament homéopathique contre une éventuelle gastro.

En rigolant Richard lui demanda si elle n'oubliait pas quelque chose pour la grippe, la malaria et la dingue, elle me rajouta alors deux boîtes de mouchoirs en papiers vidées et rangées soigneusement dans un emballage tissu qu'elle cousit elle-même et deux sachets de bonbons au miel et au propolis.

 

Vu que ses rajouts n'étaient pas sur la liste des choses autorisées, je me mis alors à angoisser de me faire cranter1 pour ça mais Richard me rassura en me disant que cela passerait sans problème.

Et donc hier soir à peine arrivés à l’appart, la première chose que j’ai fait, ce fut d’aller ouvrir ce sac, tout vérifier et relire tous les papiers.

- Bon hop ! confisqués, je te les rendrai lundi matin.

Et rien n’y fit, Richard les mit sous clef dans son bureau à l’école. Et heureusement qu’elle était vide car qui quelconque aurait assisté à la scène, m’aurait pris pour un dingue, le suivant pieds et torse nus en pantalon kakis trouvés, le suppliant mains jointes de me les laisser puis le retour poussé par lui râlant d’avoir un gosse aussi épuisant que sa femme.

Enfin bref j’ai peu dormi. Il est huit heures et je tourne en rond dans l’appart. Richard lui est assis à son bureau le nez dans des dossiers. Gisou dans la cuisine, ou à s’activer dans les différentes pièces.

- Richard, tu…

- Non je bosse.

- Gisou, tu crois que…

- Tu veux m’aider, c’est gentil, monte sur cet escabeau et descends moi ce carton… épluche-moi ces carottes... Tu veux bien m’enfiler cette aiguille...

Bref ! Mes baskets aux pieds, direction le stade .

- Ta mère veut que tu rentres, il fait trop chaud et tu n’as ni tees shirt, ni chapeau. Vous me rendrez dingue tous les deux !

 

Bref ! Je me retrouve assis sur le canapé devant la télé la porte du salon fermée à clef.

Si la télé fut une occupation qui me tint plus de trente secondes, le meuble de muscu de Richard, lui devint mon unique amour pour les trois prochains jours.

 

 

1punir

8 janvier 2011

Robert mardi 16 août 1977 une corde pour se pendre

 Robert mardi 16 août 1977 une corde pour se pendre



S’il y a un truc que je n’aime pas c’est me réveiller ailleurs que dans mon lit, ailleurs que dans mon cocon protecteur. Donc là, d’abord ce sont les voix des filles. Trop proches pour que je me sente en sécurité, c’est bête mais elles m’ont fait tellement de crasses que d’abord je me méfie et ensuite je leur fais confiance. Non c’est faux, jamais je leur ferai confiance. Et puis, quoi qu’il arrive je peux pas me lever de suite en considérant que mon “mon copain” est au garde à vous.

Bref je fais semblant de dormir et je les écoute parler.

Quand Coco vient me grimper dessus, elle est sortie sans douceur de la chambre par Maï. Bon là, je montre que je ne suis pas content d’être réveillé comme ça.

Et ça les fait rire !

Une fois seul, je peux enfin me lever mais là plus de fringues ! Quand je vous dis qu’elles ne savent que me faire des crasses. Donc pour pouvoir descendre, je dois d’abord : monter !

 

Arrivé en bas, le premier truc que je vois c’est miss Véro avec mon short sur les fesses.

- Ah c’est toi qui me les avait volés !

Alors madame se lève et tourne sur un pied devant moi un doigt dans la bouche. Une véritable aguicheuse.

-T’as vu, ils me vont mieux qu’à toi.

- Cool ! Je t’en fais cadeau !

Elle n’a pas tort, je trouve que mon bermuda et mon polo lui vont mieux qu’à moi mais je me garderais bien de le lui dire.

Je me demande ce que ses chieuses de copines vont penser en la voyant débarquer habillée comme ça. Mais la réaction de Gisou est désespérante. Pourquoi veut-elle absolument régenter notre façon de nous habiller ?

Ce matin je suis un vrai zombi, mon mug en main je vais m’asseoir à côté de Papapa et devant l’assiette de crêpes car j’ai aussi monstrueusement faim.

Merde, j’ai oublié de me prendre une petite cuillère. Papapa ne se sert plus de la sienne puisqu’il est en train de se bourrer une pipe, donc voilà, à moi sa cuillère !

- Hé ! Ça garçon, c’est du vol !

- Y a pas ton nom marqué dessus. Au pire, j’attraperai ta connerie mais ça ne fera qu’aggraver la mienne. 

Il se met à rire avec moi.

Véro nous fait sursauter en nous mettant un bras autour du cou et nous dit qu’elle nous aime avant de s’enfuir en courant.

Cette fois, Papapa et moi réagissons tous les deux en nous regardant surpris. Elle a quoi, elle devient folle ?

- Fiston, je crois que s’habiller avec tes vêtements est en train de la transformer en toi.

- Fichtre, alors je plains ses parents car avoir un combo de moi et elle, ça ne doit pas être vivable. Ils vont mourir. Je vais aller lui reprendre mes fringues.

Bon là, c’est Papapa qu’il va falloir ranimer.

 

Après un passage éclair dans leur chambre d’où je me fais sortir par cinq furies parce que j’ai osé dire que je voulais récupérer mon bien. Je redescends.

- Richard… Il lève la tête vers moi avec cet air “de colonel” qui me donne envie de fuir. Non… Je l’abandonne pour me diriger vers le grand-père occupé à se battre avec sa pipe dans son fauteuil devant la fenêtre. Papapa auriez-vous une corde d’une dizaine de mètres ?

Richard m’interpelle étonné et un peu énervé.

- Et pourquoi tu demandes à mon père et pas à moi.

Ce qui fait sourire Papapa qui lui répond à ma place.

- Et oui fiston, c’est là où on voit en qui il a le plus confiance. Allez, viens avec moi, je dois encore avoir dans un coin tout l’équipement de ton père, de l’époque où monsieur voulait devenir guide. Dire que ta grand-mère l’en a dissuadé parce que c’était un métier trop dangereux. Tu t’en souviens Lucette ?

Cette dernière, occupée avec Marine, ne tourne même pas la tête vers nous pour répondre.

- Oui Raoul Mais maintenant s’il est devenu pilote de chasse c’est de ta faute.

- De ma…

Je le coupe en touchant son bras. J’suis pressé moi.

- Papy ma corde ?

Là, j’ai droit à tous les regards vers moi.

- Papy ?

- Bin ouais.

Et c’est en grognant chais pas quoi, qu’il sort jusqu’au garage où il me fourre d’un geste brusque un énorme rouleau de corde rouge et bleue, dans les bras.

Je commence à retourner vers la maison quand il se met à courir vers moi.

- Robert, stop ! Attends mon petit gars !

Là, du coup je pique un sprint jusqu’aux escaliers.

Oh non ! Il ne me la reprendra pas !

Je l’entends affolé, crier à Richard de me récupérer la corde.

Au premier, direction chambre des parents puis balcon et hop sur le toit du garage.

 

J’entends des pas sur les graviers et derrière moi.

En bas la voix de Papapa qui se fait engueuler par les mutter.

- Oui, je sais, je n’aurais pas dû.



Assis sur l'arête au sommet du toit, je tends la main à Richard pour l’aider à s’asseoir derrière moi.

- Bon tu te rends compte de la peur que tu provoques ?

Oui je viens de le réaliser.

- Désolé.

Malgré mon air aussi contrit que possible, il n’a pas l’air calmé.

- Sinon tu joues à quoi ? Car moi, tout savoyard que je suis, ce n’est plus trop de mon âge tout ça.

Je ne peux m’empêcher de le regarder en souriant d’un air moqueur.

- Froussard !

Il me saisit par les deux bras avec un air encore plus fâché. Je manque de lâcher la corde pour agripper le faît du toit.

- Répètes et tu ne comprendras pas comment t’as fait pour descendre si vite.

Vu sa tête, je me contente de sourire. Quoique… Je lui montre de la main, le groupe des parents et des filles agglutinés en bas, juste sous nos pieds.

- Tu sais que si je tombe, j’en tue une, deux ou trois.

Il soupire.

- Non elles auront l’intelligence de s’écarter.

Là, je me tourne au maximum vers lui pour l’interroger aussi du regard.

- T’es sûr ?

Pour réponse j’ai droit à un grognement énervé en même temps qu’il regarde en bas.

- Bon sinon, t’es là pourquoi ? Parce que ces tuiles, malgré l’heure matinale, sont déjà bouillantes.

- Tu vois c’est l’avantage de ces pantalons, ils protègent bien.

Ok ok , vu l’humeur qu’il affiche je me tais. Pour un peu il me flanquerait réellement en bas.

- Sinon ?

Vu son humeur massacrante, j’opte pour la mettre en sourdine.

- Je veux accrocher la corde au crochet qui est au bout du toit pour m’en servir pour m’entraîner au monter de corde.

- OK ! Ta mère va encore devenir hystérique mais j’ai l’habitude. Je me mets à rire mais je stoppe de suite devant son regard. Toi ça suffit et dépêches-toi!

 

Le truc c’est que pour atteindre le crochet, je dois beaucoup me pencher. Richard me tient les jambes. Mais j’avoue que je me sens mieux une fois de nouveau totalement remonté sur le toit.

- Merci !

- Au passage tu sais qu’on a une échelle dépliable qui aurait fait le taff.

Je lui fais encore une fois un sourire contrit.

Oui… Mais ça aurait été moins drôle !

 

Il ne me laisse par contre, pas descendre directement par la corde et je n’arrête de râler qu’une fois en-bas sous le préau. Là, Gisou prend le relai niveau rouspétances. Mais elle, on ne peut pas la battre sur ce terrain mais je surveille ses mains au cas où... 



Elle me suit jusqu’au pied de la corde

- Mais non Gisou. Elle ne va pas lâcher, j’ai fait les nœuds que Rémy m’a appris. Regarde, ça résisterait même au poids de Richard.

J’ai commencé à monter et je suis obligé de continuer rapidement car derrière moi, je sens que Richard me suit.




Dans la voix de Gisou, on perçoit comme une légère incompréhension.

 - Richard vous jouez à quoi ?

- A rien. J’attends qu’il s’excuse. Et j’ai tout mon temps.

Je suis bien à cinq mètres du sol et lui juste en dessous, depuis bien trois minutes..

- Et de quoi je dois m’excuser ?

- D’avoir dit que les nœuds de Rémy supporteraient même mon poids…

- Oh ! Je ne voulais pas dire que t’étais gros, juste que t’es plus lourd que moi et donc que si la corde supportait ton poids, elle supporterait le mien.

- Hum mouais. Excuses acceptées.

En attendant, vu que je suis aussi grand que lui, s’il est plus lourd c’est que forcément il est plus gros que moi, mais ça je le garderai pour moi…










8 janvier 2011

Véro mardi 16 août 1977 lui !

Véro mardi 16 août 1977 lui !

 

 

- Qu’est-ce qu’il fout là, lui ?

- Bin cette nuit quand j’suis descendue boire et pisser. Ils étaient encore tous en bas dans le jardin et maman dans la cuisine m’a demandé de lui dire de venir dormir avec nous.

Mossieur, d’abord a refusé puis il a fini pas accepter et donc le gros bébé a fait dodo avec nous.

- Ouais bin ils font tous chier.

Mathilde se recouche en me tournant le dos.

La pendule avec Pimprenelle et Nicolas m’indique qu’il est sept heures.

J’ai faim. Je vais récupérer la boîte à biscuits que j’ai monté hier puis viens me remettre, assise en tailleur à côté de lui, tout en grignotant les coins du petit beurre made in Mamy.

Il dort sur le dos en étoile de mer.

En fait qu’il dorme avec nous je m’en fous mais c’est pour le principe, faut bien faire comprendre ça aux autres… et aux parents surtout !

Je préférerais un vrai bébé.

Suis jalouse d’Isabelle.

Une : elle va avoir un bébé et deux : un bonhomme et… trois : elle n’aura plus les parents sur le dos. Moi j’ai encore un an avant de pouvoir quitter cet enfer.

Et lui, je lui en veux aussi. S’il avait été normal, il aurait encore un an avant d’avoir le bac, puis je serais allée avec lui faire une prépa et j’aurais tenté de faire Salon comme lui. C’est Papa qui aurait été content et Maman qui aurait tordue ses mains dans tous les sens en faisant une crise comme d’hab.

Du coup bin... ils iront tous se faire voir, je ferai un boulot avec des gamins.

Pas puéri ou un truc dans ce style, j’aime les gamins plus grands mais pas trop. En plus on peut être interne pour préparer l’IUFM donc loin de Maman que du bon !

 

Fanfan se glisse à côté de moi et prend un biscuits en me faisant une grimace. Je lui fais chut du doigt.

- Oui, j’ai vu.

Mais elle a quoi cette môme ? Elle est tarée franchement ! Je lui fait signe de se taire et elle ouvre sa gueule. Pas une pour rattraper l’autre.

Je me lève. Il y a ses fringues d’hier soir sur la pile. Il fait la même taille que moi au niveau vêtements. Et hop un Robert roux.

 

- Véronique tu m’enlèveras ces vêtements, tu es ridicule ma fille.

- Oui maman mais le ridicule ne tue pas alors ce n’est pas grave. Il est où Papa ?

- Il est allé accompagner Rémy au train à Lyon.

Je vais entourer Sylvie de mes bras.

- C’est pas trop dur tatie ?

- Non ma chérie, je finis par en avoir l’habitude, c’est gentil ma grande.

 

Il ne descend qu’après les autres filles, il a remis ses pantalons tout recousus.

- Ah c’est toi qui me les avais volés !

Je me lève et tourne sur un pied devant lui.

-T’as vu, ils me vont mieux qu’à toi.

- Bin je t’en fais cadeau.

- T’as vu maman, il me les donne, j’irai au collège avec.

- Alors ça. Cela m’étonnerait.

Il secoue la tête d’un air désespéré. J’éclate de rire en voyant que lui et Papy font exactement la même tête.

Ils sont assis l’un à côté de l’autre.

Avant de monter je vais mettre mes bras autour de leur cou, les serre et leur dit tout bas :

- Je vous aime ! Avant de m’enfuir vers la chambre.

Mais avant de monter je les vois se retourner puis échanger un regard aussi surpris et encore une fois identiques. Mais c’est fou ça, pourtant c’est pas son grand-père ?

 

 

 

 

 

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7 janvier 2011

Robert lundi 15 août 1977 attention

   Robert lundi 15 août 1977 attention



Une main se referme sur mon bras au moment où j’entre dans le sas.

- Où vas-tu ?

Je me retourne sur la grand-mère. Quoi encore ?

- Il est dix-sept heures trente, j’ai le droit de sortir.

- Pas aujourd’hui, ce soir on descend au village.

Je lève les yeux au ciel et souffle, oh non !

- Ah oui c’est vrai, j’avais oublié. J’suis obligé d’y aller avec vous ? Mammema sourit mais… ce n’est pas un vrai sourire, j’ai l’impression qu’il est un peu triste. Bon ça va, ça va !

J’ai déjà fait demi-tour, elle me retient et me force à la regarder.

- Non, tu n’es pas obligé mais l’année prochaine, sais-tu si tu pourras venir ?

Je lui souris en faisant une grimace style j’suis horrifié.

- Hé je ne compte pas mourir d’ici là !

- Non, mais tu ne sais pas si tu auras des congés. Par contre cette année tu restes avec nous. Aucun de vous de ne s’éloigne seul.

- Oh ! J’ai un frisson au souvenir de ce qui s’est passé l’année précédente. Oui promis mais j’espère bien avoir des vacances pour Noël.

Elle sourit amusée.

- Noël ce n’est pas le quinze août.

- Oui, mais…

Elle secoue la tête.

- Allez s’il te plaît, fais nous grâce de ta présence avec nous.

Je soupire et… 

- Ouais OK ! OK ! Mais je ne mets pas sa tenue de clown.

Là, son regard est suppliant.

- Robert… fais-lui plaisir…

- Et elle ? Elle me fait plais… Je ne termine pas ma phrase. Elle me tient les deux mains. J’ai envie de me tortiller comme si je devais me dépêtrer d’un filet. Ce filet, c'est son sourire, son regard qui me fixe et que j’essaie d’éviter. Cette expression empreinte de douceur et de reproches en même temps. Ouais je sais que tous ici, enfin les adultes... essaient d’être gentils avec moi. Que c’est moi l’ado chiant et égoïste. Je me penche sur sa joue. A mon arrivée, je me mettais sur la pointe des pieds. Et y dépose un baiser. Elle sent bon la vieille dame et le chocolat. OK OK je viens.

Cette fois je ne la laisse plus me retenir…

Sur la chaise devant mon bureau, Gisou m’a déjà préparé la tenue ce matin pendant que je faisais du vélo avec Richard : pull, chemisette et bermuda. Je la récupère de dessus le lit où je l’ai jetée pour me servir de la chaise. Elle est toute  froissée car je me suis couché dessus tout à l’heure.

J’ouvre mon armoire et, en dessous une pile de draps, je récupère le short qu’elle a confisqué à Véro après moult disputes.

Non décidément, j’ai l’air trop cruche avec.

Puis cette année j’ai les jambes toutes blanches parce que je n’ai porté que mes pantalons treillis. On dirait un touriste.

Je me laisse tomber à plat ventre sur le lit.

Bon il va bien avec le gros, enfin ça faut le dire sans me regarder… nul que je suis.

Putain mais j’ai quoi là, ces derniers jours ?

 

Habillé pour faire plaisir, je redescends et me couche sur le canapé, un coussin cœur dans les bras, collé au dossier. J’ai pas envie de rester seul et pas envie d’être avec les autres. J’suis franchement tordu comme mec !




- Allez Robert, à table que l’on mange vite pour ne pas arriver trop tard.

 

Sylvie pose devant moi une assiette de crudités et de charcuterie. Je la fais tourner, j’ai envie de manger d’abord les légumes après on verra pour le reste… Le reste… il reste car je n’ai plus faim. Lorsque je dépose mon assiette dans la cuisine, Gisou semble inquiète, elle vient vers moi, Mammema la retient.

Le désert passe tout seul, c’est de la glace et de la chantilly.




- Je peux la pousser ?

Sylvie s’écarte, Marine dans sa poussette se tortille pour me regarder. Je la secoue un peu, elle se met à rire. Sylvie fait mine de me reprendre la poussette, Mammema la retient.

- Elle ne risque pas plus que quand c’est son père qui fait le con.

- Mamy !

Elle sourit aux deux mutter et en même temps, a un geste agacé.

- Oui je sais, je suis désolée mais d’où elles sont, les petites ne m’ont pas entendue.

Je prends le bras de Gisou à côté de moi et me penche vers elle, j’ai droit à un regard suspicieux.

- Gisou, tu sais Coco et Fanfan le connaissent déjà ce mot.

- Et on se demande jeune homme qui leur a appris.

- Pas moi,  lui !

Du menton, je montre Richard qui vient prendre sa femme par la taille que je lâche et reprend la poussette des mains de Sylvie. Il prend un air outré.

- Moi ? Non… Je n'emploie jamais ce vocabulaire voyons.

Mammema à côté de moi, me chuchote :

- Bin voilà, je retrouve mon sale gamin.

Le sale gamin il est toujours là mais… il est enseveli sous une montagne de sentiments divers et multiples qui l’écrasent.




Au stand d’auto-tamponneuses Véro, Maï, les jumelles et Yvy ont déjà choisi leur monture, chacune la sienne. 

Michel tient sa femme dans ses bras et lui dépose un baiser dans le cou.

- Non Isabelle les auto-tamponneuses dans ton état ce n’est pas indiqué.

Elle se retourne vers lui avec un air de reproche.

- Et toi, tu vas m’abandonner pour en faire ?

Michel se met à rire.

- Je vais défendre ton honneur.

Je laisse passer Michel et prends sa place à côté d’Isabelle.

- Moi, je reste.

Elle me pousse vers la piste en me tendant un billet.

- Non, vas-y, tu sais. Je disais ça pour l’embêter.

Les mains dans les poches, je regarde les autres sans bouger.

- Non, non, mais moi. Je suis sérieux je reste avec toi.

Elle me regarde un peu inquiète puis sourit amusée.

- Ah ! Toi, t’as un truc à me dire ?

- Non même pas… j’ai plus de sous.

Elle se met à rire.

- Demande à Papa, il t’en redonnera.

Je secoue la tête et m’assieds sur le banc métallique. C’est dingue mais en un mois, j’ai l’impression qu’elle a explosé au niveau du bide.

- Tu sais que t’es grosse.

Elle prend un air vexé.

- Ah bin ça c’est toujours agréable à entendre.

Je baisse la tête embêté.

- Oui désolé !

Elle me passe un bras autour des épaules et veut faire comme Rémy, frotter son poing sur ma tête, je me défends en riant.

- Mais non, t’as raison mais je sais qu’en janvier je maigrirai d’un coup.

Bin si elle y croit, c’est déjà ça…

- J’sais pas.

- Qu’est-ce que tu ne sais pas ?

Je dégage son bras. Pourquoi je l’ouvre tout le temps ? Pourquoi je ne sais pas me taire ?

- Bin d’être enceinte et tout ça… et je ne saurais jamais.

A son regard je sais que j’ai ouvert la boîte de Pandore…

- Et qu'aimerais-tu savoir ? Comment j’en suis arrivée là ?

Je me tourne vers elle outré cette fois.

- Ça va pas, non ? T’es pas bien toi !

Elle se met à rire.

- Tu as bien vu avec Sylvie… gros bide puis pfui plus rien et un bébé.

Je lui lance un regard en coin dubitatif.

- Ouais, bin, j’trouve qu’elle n’a pas beaucoup maigri.

Elle se tourne vers moi, moqueuse.

- Mais t’es dans ta journée de bonté dis donc ?

Je secoue la tête.

- Non, je crois que je suis toujours comme ça. C'est pour ça que les filles en général me détestent. Elle est de plus en plus amusée. Pourquoi tu rigoles ?

- Parce que le jour où les filles te détesteront, je serai devenue moi aussi un garçon.

- Quel rapport ?

- Aucun. Mais t’es trop con.

- Merci !

 

Je reste avec elle toute la soirée mais on ne se parle plus. Je donne en douce à Yvy mes sous qui les partage avec les autres sans dire d’où vient sa soudaine fortune.

Je n’ai pas envie de m’amuser, juste d’attendre que le temps passe et il passe si lentement.




Mammema me tend un mug de tisane bien chaude puis ressort dans le jardin rejoindre les autres adultes.

- Tiens bois ça puis monte te coucher.

Les filles, elles, sont montées se coucher dès notre retour.

Moi, assis par terre dans le noir, devant le canapé je fixe la cheminée éteinte. J’ai envie de l’allumer juste pour voir danser les flammes. Mais, je me ferais engueuler alors je reste à regarder l’âtre froid.

Je souffle sur le contenu de la mug de Mammema.

 

Je les entends discuter dehors sans comprendre ce qu’ils se disent.

Le bruit de leurs voix tissent autour de moi une sorte de cocon protecteur.

Le mug est chaud dans ma main, ça aussi c’est agréable.

Une des jumelles descend en petite culotte et marcel pourrave. Elle passe devant moi sans me voir. 



A son retour, elle s’arrête à ma hauteur.

- T’es toujours là ? Qu’est-ce tu fous ?

- Je buvais une tisane.

- Tu l’as finie ?

- Oui.

- Alors vas jeter ton mug et viens te coucher avec nous.

- Avec ou sans élan ?

- Quoi ?

- Bin jeter mon mug.

- Oh ! Avec élan comme ça, la maison s’animera un peu et je pourrai contempler ton massacrage.

- T’es trop gentille.

Elle me fait une sorte de révérence qui m’ouvre un décolleté que je n’avais pas envie de voir.

- Toujours mais ne me nifles pas trop ou j’oublie mon invit.

- OK ! OK !  Je vais chercher ma couette.

- Pas besoin fait trop chaud et au pire y en a plein dans la chambre comme pour les oreillers.



J’entre prudemment  dans la chambre devant elle. Elle murmure : 

- Fous-toi à poil et dodo sans faire chier.

Je tourne la tête vers elle avec un grand sourire moqueur et sur le même ton.

- A poil ? t’es sûre ?

Elle  hausse les épaules tout en s’allongeant à côté de sa sœur.

- Tu sais que t’es trop drôle dans ton genre ? Mais c’est pas moi qui serai la plus gênée.

Je pose mes fringues sur le tas des leurs et me laisse comme elle, tomber… la tête sur un oreiller entre Véro et Yvy.

Comment font-elles pour que ces matelas soient si moelleux ?

Véro suce vraiment son pouce, c’est rigolo, ça fait quoi de sucer son pouce ? Bon le mien a un goût pas ouf.

Bonne nuit les filles…















6 janvier 2011

Gisou mercredi 10 août 1977 table basse

Gisou mercredi 10 août 1977 table basse

 

- J’ai besoin de savoir. La table, il la vernit ou pas ? Auquel cas, il ne vous la donne pas aujourd’hui. En sachant que c’est le même bois traité que la maison.

- Non alors c’est bon.

- OK !

 

- Gisou, au lieu d’un gros gâteau si nous faisions une petite tarte au chocolat par personne. Ce sera plus pratique je pense à emmener dans la petite maison.

- Oui c’est une très bonne idée.

 

J’abandonne Sylvie et Mamy pour monter ranger les chambres.

Les filles dorment encore. Des bruits de voix dans leur chambre m’apprennent qu’elles sont réveillées.

- Les enfants descendaient déjeuner. Mais avant rangez et ouvrez les fenêtres pour aérer.

La porte s’ouvre sur Mathilde qui vient m’embrasser.

- Déjà fait Tatie, tu veux que je t ‘aide pour les lits ?

- Non ma chérie c’est gentil.

Des trois c’est celle qui ressemble le plus à sa mère et pourtant avec sa sœur ce sont deux polycops l’une l’autre. Il faut bien les connaître pour arriver à les reconnaître.

Richard a déjà fait notre lit. Je me contente de secouer un peu les oreillers et de ramasser notre linge sale que je pose dans la panière prévue à cet usage, où les gamines ont déjà posé leur leur ainsi que les grand-parents et Sylvie.

A l’étage du dessus, la chambre du garçon est plongée dans le noir. J’ouvre grand les volets, le temps de ranger un peu. Mais en fait il n’y a rien à ranger. Son lit est fait.

Sans sa panière à linge juste un caleçon mais c’est vrai qu’il s’est lavé hier soir. Lorsque je secoue son oreiller, je le porte à mon visage. Il n’a pas la même odeur que Richard ou Rémy qui en dehors de leur after shave et presque la même en dehors du fait que Rémy transpire plus et donc a une odeur plus forte.

Je range dans son armoire le tee shirt et le pantalon que Mamy a une nouvelle fois rapiécé. Il a de la chance qu’elle le fasse car avec moi, ces trois pantalons immondes auraient déjà terminé au feu.

Sur son bureau la maquette du porte-avion tient tout le plateau. Dessous un cahier. Doucement je le prends et l’ouvre.

Des dessins.

Certains me donnent envient de brûler ce torchon.

D’autres me font sourire. Des plans millimétrés en 3D de la table ronde qu’il fabrique avec les hommes. Puis des avions, des avions et encore des avions. Mais sur toutes les pages des gribouillis et je finis par réaliser que ce sont des signatures. Des lignes et des colonnes rectilignes de signatures qui évoluent de page en page. Je souris car quelque part elle imite celle de Richard. Mais son nom de famille est plus long.

Je remets le cahier à sa place. Je referme les volets. Avant de refermer la porte, je reste à embrasser la pièce d’un regard. Il y a trois ans, je ne faisais qu’en rêver.

 

 

- Corinne au dodo.

- Non pas aujourd’hui.

- Et pourquoi donc mademoiselle ?

- Parce que c’est mon anniversaire et que j’ai droit de faire ce que je veux.

- Ah bon ? Mamy, Papa, vous le saviez ?

- Zut ! Je n’ai pas fini son cadeau, pourrait-on le fêter demain.

- Non aujourd’hui !

- On s’y tient mais alors viens vite faire la sieste pour laisser à Papa le temps de finir ton cadeau.

Elle regarde son père puis s’approche de lui et le prend par la main.

- Aller debout Papa, vas le finir pendant que je vais faire dodo.

- Mais j’avais envie de faire dodo moi aussi.

- Non. Toi après.

Lorsqu’il passe à côté de moi, nos doigts se touchent.

- Aller mon amour sacrifies-toi comme moi pour la bonne cause.

- Et bien, présentement j’échangerais volontiers ton sacrifice contre le mien.

Marine au bras, je suis la petite fille jusqu’à notre lit, où je m’allonge en chantant des berceuses.

 

 

Doucement Yvette ouvre la porte de la chambre où sa mère dort avec a sœur et sa cousine. Corinne qui suce son pouce lève la tête. Yvette un doigt sur la bouche lui fait signe de venir.

La petite se met debout puis court sur le lit, saute par terre et sort de la chambre en bousculant sa sœur.

Leur mère se redresse avec sa nièce dans les bras.

- La douceur de ma fille m’impressionnera toujours.

 

En bas, suivie de sa grande sœur qui tente de la retenir, Corinne passe en trombe dans la cuisine et toujours en courant se dirige vers le garage du quel les quatre hommes sortent en la portant un impressionnant petit chalet en bois, exacte copie de celui qui les surplombe.

- C’est mon cadeau ?

- Oui mais il faudra le partager avec tes frère et sœurs.

L’ado grognon secoue la tête.

- Parce que tu crois que je vais jouer là-dedans ?

- Mais il va sans dire mon neveu. Il va sans dire.

Rémy en se moquant de lui, entreprend de fixer la porte puis les volets sur leurs gonds.

Papapa quant à lui tend une table au garçon.

- Tiens va mettre ça à sa place puis montre la à Mamy.

 

 

- Poussez-vous ! Virez vos cartes ! (Les quatre filles lèvent la tête sans bouger.) Oh vous faîtes chier !

Et sans se soucier si une tête ou des cartes se trouvent en dessous, il pose la table au milieu d’elles.

- Aïe, fais attention !

- Non, attends, y a nos cartes là.

- Aïe là c’était mon pied.

- Fallait le virer !

Mais déjà il s’éloigne laissant les gamines récupérer la moitié de leur jeu sous le meuble.

 

Dans la cuisine, il va jusqu’à la grand-mère, lui enlève la boîte de lait de lait en poudre deuxième âge qui a servi pour le biberon du bébé. Et la prenant par la main, l’entraîne derrière lui sans un mot.

- Hé là, doucement, je n’ai plus tes jambes moi.

- Elles ne t’ont jamais appartenues.

- Ne prends pas tout au premier degré.

- Oui je blaguais aussi.

- Ah !

Arrivés sous le cèdre, il la lâche et des deux mains tendues, ouvertes, il lui montre la table.

- Tadam ! Heureuse ?

Gisou et Sylvie nous les avons suivis et s’exclament avec moi.

- Oh, bravo ! C’est toi qui l’as faite ?

- Plus ou moins, beaucoup aidé tout de même.

- Alors les filles vous l’avez félicité pour son beau travail ?

- Ouais ouais, merci.

- Ouais merci, maintenant on pourra jouer dehors.

- Merci mais tu aurais pu la vernir.

Coco lui tend les bras, il la soulève.

- Elle est très belle. Tu es le plus fort.

- Fayote !

Nous nous mettons à rire sous le regard désespéré des grandes.

 

 

Laissant les deux petites jouer dans leur cabane. Le repas du soir étant prêt nous décidons de nous accorder un moment de repos en nous partageant un jus de fruit et le reste des cakes que les filles nous ont laissé.

L’un après l’autre nos maris nous rejoignent.

Rémy se laisse tomber sur son fauteuil.

- Il est où votre animal ? J'ai trouvé un bureau plus grand pour sa chambre.

- Je ne sais pas, il est reparti en vadrouille.

Juste comme je dis cela, nous le voyons se diriger vers moi. Il a encore des fleurs à la mains, des violettes cette fois.

- Tenez celui-ci il est pour vous.

Il me tend un petit bouquet. Je prend son offrande puis l'embrasse. Papy râle car la batterie de sa caméra est déchargée il n'a pas pu le filmer. Après moi Robert en offre un aussi à Sylvie et Mamie.

- C'est en quel honneur ces cadeaux mon garçon ?

Il regarde Mamie puis Sylvie et moi, s'empourpre et bafouille.

- Je ne sais pas, je les ai trouvée jolies et comme j’en ai offert à Coco et que tu as dit qu’elle avait de la chance...

Tout en disant ça, il recule vers la maison où il s'engouffre en courant.

- Mamy, je crois que tu l'as embêté avec ta question.

- Oui Sylvie j'aurais du tenir ma langue ou plutôt le remercier. Surtout que c'est trop mignon et en plus elles sentent très bon. Allez je vais m'excuser, ah là là mais je n'ai pas l'habitude moi d'avoir un charmant jeune homme qui m'offre des fleurs. Même Raoul ne m'a pas habitué à ça.

- Vous ne savez donc faire que ça nous reprocher de pas avoir fait ceci ou cela ? Et ce gamin, je vais te le mettre au plis moi, dorénavant à chaque fois qu'il fait un truc que nous ne faisons pas, je le plie en deux. Marre-moi, tu ne fais pas ceci, tu ne fais pas cela, pfff jamais contente.

Je entends Papy râler encore longtemps après qu'il soit parti.

- Tu sais Sylvie que ton homme ressemble beaucoup à son père ?

- Ah ! Pas ton homme peut-être ?

- Disons qu'il râle moins ou du moins il l'exprime moins.

- Ça pour sûr, ton homme c'est un bloc de marbre, que dis-je de granit.

Un bloc de granit au cœur de calcaire alors. Mais voilà la pierre de mon foyer qui s’était éloigné avec son frère qui revient avec lui.

- Holla les femmes nous avons grand faim.

- Vous savez ce qu'elle vous disent vos femmes ?

Richard m'entoure de ses bras et pose sa tête sur une de mes épaules.

- Que vous n'attendiez que nous pour servir ?

- Non ! Que si vous avez si faim que ça, vous pouvez toujours mettre la table car avec vos histoires de maison de poupée vous nous avez mis en retard et accaparez nos aides.

Déjà Rémy se relève et se met à crier :

- Les filles venez mettre la table.

Richard lui après m'avoir tendrement déposé un baiser dans le cou va se laver les mains et pour commencer à dresser les couverts. Le sourire et le regard que je lance à Sylvie doit être tellement éloquent que Sylvie hausse les épaules fâchée et me tourne le dos. Y suis-je pour quelque chose si Richard est largement plus agréable à vivre que Rémy.

Et flûte ces disputes stupides m'épuisent. Je vais pour parler à Sylvie lorsque Mamie sort de la maison en chantonnant. Ce qui nous fait rire et nous réconcilie sans le vouloir.

5 janvier 2011

Robert mercredi 10 août 1977 table basse

Robert mercredi 10 août 1977 table basse

 

- Mammema j’ai un truc pour toi.

Je la prends par la main et l’entraîne dehors jusqu’au pied du cèdre où les filles installées sur les fauteuils en tissus des parents, jouent aux cartes sur une table basse que j’ai posé devant elles quelques minutes auparavant.

Gisou et Sylvie nous ont suivis.

- Oh, bravo ! C’est toi qui l’as faite ?

- Plus ou moins, beaucoup aidé tout de même.

- Alors les filles vous l’avez félicité pour son beau travail ?

- Ouais ouais, merci.

- Ouais merci, maintenant on pourra jouer dehors.

- Merci mais tu aurais pu la vernir.

Coco me tend les bras, je la soulève.

- Elle est très belle. Tu es le plus fort.

- Fayote !

Les mutter se mettent à rire.

 

Au loin devant le garage, Papapa appelle les filles qui se précipitent toutes, jetant les cartes sur la petite table. J’ai posé Coco qui les suit, suivie de peu par les mutter.

Moi je ramasse les cartes qui sont tombées au sol et en fait un joli paquet que je pose bien au milieu de la table ronde.

- Tu ne viens pas ?

Mammema s’est arrêtée et m’attend.

- Si mais je sais pourquoi, il les appelle.

- Oui moi aussi. (Évidemment, le contraire eut été étonnant. Pourtant les mecs m’ont dit : ce sera une surprise, n’en parle pas.) Je sais aussi que tu les as bien aidé à la fabriquer. Ça t’a plu ?

Je hausse les épaules avec une grimace.

- J’suis pas fait pour ça. Mais ça passe le temps. Même si je préfère lire.

- D’ailleurs je suis contente que tu restes moins enfermé dans ta chambre.

- J’ai pas envie de rester seul.

- Ce n’est jamais très agréable de rester seul.

- Ouais si tu le dis.

Elle m’a pris le bras et s’y appuie.

 

 

 

Les deux dernières, équipées d'un sac de jute muni de trois ouvertures pour la tête et les bras, peignent consciencieusement les murs du futur logis de leurs poupées. Richard assis en tailleur à l'intérieur finit de visser des tablettes devant les fenêtre. Papy tourne autour en filmant. Il s'est offert une nouvelle caméra pour son dernier anniversaire et tout est occasion de s'en servir.

Il la tourne vers nous, je me cache derrière Mammema.

 

- Maman vient voir mes jolies fleurs.

Fanfan à genoux décore le bas des murs extérieurs de le petite maison en bois de fausses jardinières d'où sortent des fleurs extraordinaires certaines tellement grandes que leurs pétales s'étalent même sur le toit ce qui fait râler Yvy en train de dessiner avec un pinceaux des sortes de tuiles dessus.

- Elles sont superbes mon amour. Si les miennes pouvaient être aussi belles j'en serais ravie. Et toi Yvy ne tombes pas et fais attention de ne pas mettre de peinture sur la tête de tes sœurs.

- Elles n'ont qu'à pas rester en-dessous. Tu sais ça porte malheur de passer sous une échelle.

Richard appelle à l’aide en riant.

- Qui vient aider un pauvre Papa. J'arrive plus à bouger, je suis coincé, qui vient m'aider. Toutes les filles se précipitent pour le tirer par la main ou par le cou. Il tire la langue fait semblant d'être étranglé puis d'un coup les saisit et les attire avec lui dans la maison. Je ferme la porte derrière elles en poussant Maï qui est encore à moitié dehors. Il la chatouille, elle se met à rire. Richard ouvre les volets d'une des fenêtres et y passe la tête.

- Coucou Maman !

Véro le pousse et fait pareil en faisant une grimace.

- Coucou Maman. Viens dans la maison Maman !

- Mais il n'y a pas de place pour moi, ma chérie.

- Comment oses-tu refuser l'invitation de ta fille, honte à toi mère indigne !

Il re-ouvre la porte et elle doit venir s'asseoir sur un des petit tabourets qui forme le mobilier pour nain que Rémy a patiemment fabriqué. Richard s'appuie contre ses jambes et Corinne leur sert un thé virtuel, leur bonheur fait plaisir à voir.

- Toc toc ! On peut entrer aussi ?

- Houla garçon il n'y a plus de place attends que je sorte, je te cède volontiers ma place.

- Non non pas bougé Papa. Roro là !

Corinne me tire par la main à l'intérieur et je tombe sur les jambes de Richard qui accuse le choc par un outch qui nous fait rire.

- Tiens Corinne un bouquet de fleur pour ta maison.

- Merci Roro. Gentil Roro, Papa, Maman ne m’a pas donné de cadeau, elle..

- Elle n'est pas gonflée votre fille. Et tonton, il peut entrer ?

- Non tonton il est trop gros !

La petite secoue la tête avec véhémence et essaie d'empêcher Rémy d'entrer.

- Mais non mais non, en se poussant nous y arriverons. Rémy sort la petite table et les trois autres tabourets sous le regard désapprobateur de la petite qui se met à pleurer. Je la prend dans les bras en lui expliquant que ça va être drôle. Elle m’entoure le cou de ses bras avec un air pas convaincue du tout.. Rémy passe la tête par la fenêtre.

- Et vous trois là, il y a encore une chite place pour vous.

Rémy s'assoit à côté de Richard et je me cale contre la paroi entre le tabouret de Gisou et Rémy avec toujours la puce dans ses bras et son bouquet de fleurs sauvages dans sa main gauche. Bientôt les autres arrivent et avec force contorsionnements et fous rire nous arrivons à tous tenir dans leur petite maison à l'exception des grand-parents qui nous filment ou nous photographient en s'amusant autant que nous.

Les pater sont ravis, leur œuvre est résistante et suffisamment grande pour tous nous accueillir.

Enfin... nous sommes tous entrés mais delà à dire que nous sommes bien installés. Les jumelles sont autant sur leur père que sur Mathilde assise au sol à côté du tabouret de Sylvie, Isabelle de l'autre côté, Yvette et Françoise l'une sur les genoux de Gisou et l'autre sur Sylvie et Véronique plus ou moins couchée sur tout le monde se tenant au cou de son père.

Alors Mamy nous fait passer une plateau avec plein de tartelettes. Sur trois d’entre elles, une bougie.

- Bon anniversaire Corinne !

Une fois les gâteaux avalés. Pour sortir, Papy doit nous aider car ça crie dans tous les coins.

- Aïe lève ton coude !

- Non pas ton genoux !

- Mathilde ton pied !

Là je me retiens de frapper les jumelles qui font exprès de me marcher ou de me tomber dessus.

- Alors, vous voyez que nous y sommes arrivés à leur construire, il nous a fallu du temps mais nous y sommes arrivés.

Le plaisir et la fierté des pater m'amuse.

- Oui vous êtes les meilleurs.

Et le chouchoutage des mutter aussi.

- Hé vous en oublié un qui a bien aidé semble-t-il.

- J’ai fait que poncer.

- Oui ça on sait vu le nombre de pansements que t’as sur les doigts.

Je fais la grimace en plaquant mes mains dans mon dos.

- J’suis un intello moi pas un manuel.

Fanfan revient du chalet avec un petit vase à fleurs en plastique où Coco met son petit bouquet et va le poser sur la table que Rémy a remis dans la maison, puis ferme la porte derrière elle.

- C’est chez moi !

- Hé non, c’est la mienne aussi. Fanfan se bat avec sa sœur pour ouvrir la porte puis abandonne et passe par la fenêtre ce qui déclenche les hurlement de sa petite sœur et un avalanche de coups de sa part.

Retour de Richard dans la maison.

Moi, j’en ai assez vu et surtout entendu.

Dans la vallée, le vieux clocher retentit cinq fois. Je vais récupérer mon chapeau de brousse puis mon vélo.

- Attends garçon je viens avec toi, y a trop de cris pour moi ici.

Je souris en me disant que j’suis bien d’accord avec lui. Une des raisons qui fait que plus tard je n’aurais pas d’enfant.

Finalement Rémy se joint à nous. Son frère, lui, est coincé dans sa maison de poupées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 janvier 2011

Robert mercredi 20 Juillet 1977 farniente

Robert mercredi 20 Juillet 1977 farniente



Il n’y a pas le moindre souffle de vent, j’ai beau fixer les plus petites branches de l’arbre, je n’y discerne même pas un mouvement d’un micron. 

Ah si !  Non c’est un stupide piaf, qui parcours la branche en sautillant, la queue levée, une fois vers l’Ouest, une fois vers l’Est. Il semble s’apercevoir de notre présence et se penche… tellement que je le verrai bien se retrouver tel un chiroptère, la tête en bas. Mais après une trille s’envole.

- Richard j’aimerais savoir ce qu’on va nous apprendre là-bas.

Je l’entends soupirer.

- Tu verras quand tu y seras.

Sa réponse ne me convient pas une fois de plus.

- Allez, sois sympa !

Il soupire une nouvelle fois et j’entends Rémy et Papapa étouffer des petits rires. Faut dire que j’essaie tous les jours de lui soutirer ces précieuses infos.

- En tout cas, il y a un truc qu’ils vont attendre de toi c’est que tu obéisses sans râler comme une fille.

Gisou réagit de suite.

- Hé jeune-homme, c’est quoi ces propos ?

Couché sur le dos entre la chaise longue de Richard et le pliant de Gisou, je « farniente » avec eux.

- Pourquoi tu n’es pas avec les filles ?

Je tourne la tête vers l’arrière en levant le menton pour regarder Mammema allongée sur son transat à côté de celui de Papapa de l’autre côté du cercle parental. 

Je lui grogne une réponse désabusée.

- La seule qui ne m’envoie pas chier, c’est Coco.

Sylvie me gronde pas contente.

- Quel langage mon petit. D’ailleurs elle est où encore celle-là ?  Mutti qui s’évente avec son grand chapeau blanc, s’arrête et avec lui montre le chalet . Non, continue j’aimais bien, ça me faisait un peu d’air.

- Maïté la fait monter avec elle pour qu’elle fasse la sieste avec Marine. D’ailleurs Sylvie, tu ne l’allaites plus du tout ?

- Gisou, n’aborde pas les sujets qui fâchent par pitié. Rémy en disant cela se lève de sa chaise longue qui jouxte celle de Papapa. Qui veut un café ? Je vais m’en servir un sinon je vais m’endormir. Mammema lève la tête vers lui.

- Et bien dors mon petit. Regarde ton père.

La réaction de Rémy ne se fait pas attendre.

- Maman, j’ai pas soixante-dix ans.

Mammema lui répond mécontente.

- Soixante-neuf sale gamin, arrêtes de nous vieillir. Robert mon chéri, tu veux bien aller chercher une bouteille de limonade et des verres, car c’est vrai que j’ai un peu soif moi aussi. Et prends-toi du gâteau si tu veux.

Dans la cuisine, je me bats pour rire, comme à notre habitude avec Rémy, pour pouvoir me servir moi aussi un café. Et si je reviens avec un plateau avec des tasses et des verres. Lui ramène une table basse et la bouteille de limonade.

Sylvie nous accueille ravie.

- Merci, mon homme. Quelle bonne idée cette table. Il nous en faudrait une que l’on puisse laisser dehors.

Papapa se redresse en soupirant.

- Ça les garçons, ça veut dire : fabriquez-nous une table basse pour le jardin.

Mammema ramasse le chapeau de paille que son mari a fait tomber et lui remet sur la tête.

- Vous pourriez en profiter pour apprendre à Robert à travailler le bois. Ce gosse a l’air de s’ennuyer. Tu n’as pas pris de gâteau, ma puce ? Je secoue la tête, je n’ai pas faim. Gisou il ne mange pas beaucoup en ce moment ton gamin, tu ne trouves pas ?

Ils me regardent tous, je m'allonge à nouveaentre Richard et Gisou qui tente de m’appuyer sur le nez pour m’embêter.

- Il a peut-être fini sa poussée de croissance... qui sait.  Je fais mine de me relever. Reste, j’arrête.

Mammema sursaute.

- Ah mais c’est ça que j’ai oublié de faire, je n’ai pas encore mesuré les enfants. Bon les grandes ça fait deux vacances qu’elles n’ont plus bougées. Lui par contre, je sais qu’il a grandi. On verra bien à la Toussaint.

Richard fait non de la tête.

- Maman, en Octobre, il a de fortes chances de ne pas être parmi nous.

- Ah c’est vrai. Et bien, je le re-mesurerai la prochaine fois qu’on aura le plaisir de le revoir.

J’ai fermé les yeux, couché sur le dos, je suis leurs conversations sans vraiment les suivre. Juste avant de venir, avant de me donner les tenues kakis, Madame Calliop m’a mesuré… un mètre soixante et quinze. Si j’ai fini ma croissance, je devrai m’en contenter mais ça ne m’empêchera pas, d’un jour pouvoir péter la gueule à mon géniteur.

Mais si je n’ai pas beaucoup d’appétit c’est parce que j’ai tout le temps comme une boule dans l’estomac.

Et sinon oui, je m’emmerde. Les copains me manquent. Même Marion me manque, enfin pas vraiment lui, mais de pouvoir me disputer avec lui. J’ai hâte d’être à Salon et de retrouver Despéro que je connais et de m’en faire d’autres.



3 janvier 2011

Robert Lundi 18 Juillet 1977 les hommes….

Robert Lundi 18 Juillet 1977 les hommes….



La porte de ma chambre s’ouvre lentement.

- 114. je m’arrête bras tendus et tourne la tête. C’est Coco. Elle referme la porte puis vient s’asseoir sur les talons à hauteur de ma tête. Je reprends mes pompes. 115, 116… Montes sur mon dos. Je ne supporte plus le bruit de succion sur son pouce. Elle sourit en l’enlevant. Elle va devoir se tenir et je n‘entendrai plus ce bruit… 208, 209…

 

Je descends avec elle assise sur mes épaules.

Mammema s’approche de moi.

- Ah elle était avec toi. On la cherchait.

- Et j’y peux quelque chose ?

D’abord surprise, elle semble triste.

- On ne te reproche rien gamin. Nous allons bientôt manger, ne remonte pas. Après le repas, tu te laveras.

- Je voulais aller faire du vélo.

Elle passe le doigt dans une nouvelle déchirure de mon pantalon.

- Alors... on en a discuté. Entre midi et dix-sept heures, voire dix-huit heures, tu restes dans la maison, il fait trop chaud.

Non, pourquoi ? J’ai besoin de sortir, de bouger, de tuer mon corps pour calmer mon cerveau, pour anesthésier un peu, un tout petit peu, mes nerfs…

- Je mets un chapeau ou une casquette.

Je souffle car elle fait non de la tête..

Coco se penche et croise ses mains sous mon menton en posant le sien sur mon front.

- Je suis ton chapeau.

Sylvie qui vient d’arriver sourit.

- Coquine !

Je la pose au sol, elle file en courant dans le jardin, je l’y suis.

Dehors les pater sont assis sur leurs chaises-longues sous le cèdre.

- C’est vrai que je suis consigné tous les après-midi dorénavant ?

Les trois lèvent la tête vers moi. Richard me montre le ciel.

- Pourquoi consigné ? Cet après-midi, je voulais aller voler, il y a des petits cirrus sympas là-bas. Tu veux venir avec moi ?

- Ouais. Mais pou…

Il se redresse brusquement.

- Arrêtes de suite ! Ne joues pas les martyrs s’il te plaît.

- Je ne joue…

Papapa se moque de moi.

- Richard tu devrais avoir honte de martyriser ce gosse franchement.

Je fais demi-tour et colle un coup de pied rageur dans les graviers. Je n’avais pas vu les filles couchées un peu plus loin au soleil, en maillot sur une couverture.

- Aie !

Maïté se redresse en me jetant un regard noir.

- Oh pardon ! Vous avais pas vues. Qu’est-ce que vous faites ?

- On bronze. Viens avec nous.

Je secoue la tête. C’est bien une occupation de fille ça : bronzer ! Je vois qu’il en manque une. 

- Elle est où, Isa ?

- Michel est venu la chercher ce matin. Ils vont habiter ensemble et ils sont allés visiter un appart.

J’enfonce mes mains au fond de mes poches et laisse échapper un : 

- Quelle chance !

Yvy opine de la tête.

- Ouais, hein ? Elle ne se tapera plus les parents.

Véro grogne pas convaincue.

- Oui mais Yvy, elle va devenir la bonniche d’un mec, à voir si c’est mieux.

Les jumelles et Maï hochent gravement la tête. Pourquoi sa boniche ? Il ne va pas la payer.

- Elle va pas être sa bonne mais sa femme. Lui, il bossera pour ramener le fric et elle, ben, elle s’occupera de la maison et des enfants.

Je me suis accroupi à côté d’une des jumelles.

Maintenant, elles me fixent toutes comme si je venais de dire une incongruité.

Maï se redresse et me fixe.

- Moi plus tard, je bosserai et mon mec restera à la maison. Tu resterais à la maison si ta femme, elle, veut aller travailler ?

Je hausse les épaules.

- Je serai pilote et je ne me marierai jamais.

- Et le jour où tu tomberas amoureux d’une jolie fille.

Elle me gonfle avec ses questions à la con.

- J’aime déjà une fille et si elle veut aller bosser cela me sera égal, vu qu'on n'aura jamais d’enfant.

Elle pouffe.

- Ah oui ta fameuse Cath. Et tu nous la présentes quand ? Parce que moi j’suis sûre qu’elle n’existe pas.

Richard qui vient d’arriver derrière moi, ne me laisse pas le temps de lui répondre.

- A table les enfants ! Et si Maïté, sa Catherine, existe bel et bien mais pour nous la présenter, il faudrait déjà qu’il la retrouve. Et toi, tu viens ici !

Il saisit Coco accroupie à côté de moi, imitant absolument tous mes gestes, qu’il soulève en la jetant en l’air.

Je me redresse, le suis et m'assois à table.

Richard pose Coco à côté de son oncle. Elle manifeste son désaccord à coup de décibels puis se laisse glisser au sol pour venir à côté de moi sur le banc. Elle se tait en se mettant debout puis me prends la tête entre ses mains pour me forcer à la regarder.

- Si tu ne retrouves pas ton amoureuse, tu te marieras avec moi, hein ?

J’ai une moue amusée et blasée.

- J’serai un vieux monsieur quand tu auras l’âge de te marier.

Véro qui s’assied en face de nous, interpelle sa petite sœur.

- Robert n’exagère pas tout de même. Mais tu sais Coco quand tu seras devenue grande, tu ne l’aimeras plus car tu t’apercevras qu’il est aussi bof que tous les autres mecs.

Gisou craque.

- Véronique ton langage ! Et mon dieu pourquoi as-tu donc cette aussi horrible vision des hommes. Ils ne sont pas tous ignobles, regardes ton père.

Richard affiche un air béat qui me donne envie de rire.

- Merci ma chérie.

Je regarde Véro lever les yeux au ciel et les jumelles se mettre à rire. Je croise les doigts sous la table en espérant que Caths ne soit pas devenue aussi conne qu’elles.








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